L'Alamblog - Mot-clé - Alcanter de Brahm2024-03-28T18:27:22+01:00Le Préfet maritimeurn:md5:891a4437ffb56035bcdd99ce6fc8c9f0DotclearLe maquis de Montmartreurn:md5:5d851e05a340efc88ea640a431cb6c932019-11-23T01:14:00+01:002019-11-25T14:08:58+01:00Le Préfet maritimeLes lauriers sont fanésAlcanter de BrahmCarrières de plâtreGeorges BrandimbourgMaquisMontmartreMétropolitainNord-SudUrbanisation <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.MonmartreMaxilimienLuce_m.jpg" alt="MonmartreMaxilimienLuce.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="MonmartreMaxilimienLuce.jpg, nov. 2019" />
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Nos chroniqueurs<br />
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<strong>Le maquis de Montmartre</strong><br /></p>
<p>Je l'aimais, cette vétuste colline, bien avant que d'en connaître par le menu les fastes millénaires.<br />
Je J'aimais, comme on aime les témoins familiers de sa jeunesse ; parce que l'ascension des ruelles tombant presque à pic au pied du collège était devenue pour moi le dérivatif nécessaire au labeur studieux, gymnatique (sic) pédestre dont l'essoufflement passager se compensait, au sommet de la butte d'une splendide vision du Paris en travail sur lequel tombait lentement le rideau crépusculaire ; celui-ci, bientôt, se parsemait des cent mille étoiles d'or des luminaires humains à la faible clarté, dans un immense cercle nimbé que les scintillements argentés des feux célestes apâlissaient encore.<br />
Je les chérissais ces ruelles, désertes le jour, farouches dans la nuit et dont les hautes et sombres murailles, enclosant de délicieux jardinets, attestaient par mille inscriptions le naturisme primitif des amours qui s'abritaient en leurs retraites. Combien de dimanches successifs gravissais-je la côte abrupte des rues Lepic et Tholozé, pour aller retrouver au vire lot de. la Galette une jeunesse endiablée, avide de recueillir les mille et un bonnets égarés là par les folles victimes de nos modernes don Juan. Combien de fois montrais-je aux camarades les maisons rustiques et placides sous les toits desquelles des artistes célèbres avaient vécu les heures difficiles qui préludent à la célébrité ! C'était l'atelier de Ziem, celui de VolIon, le petit pavillon de la rue Girardon où Paul Alexis, aujourd'hui presque oublié, contribuait à édifier la gloire d'un Zola, tout en brochant quelque conte hanté de ce naturalisme que l'Assommoir et Nana avaient mis à la mode ; où le modeste et sagace critique. Edmond Frank sélectionne avec une pacifique indulgence les nouveautés littéraires qui, chaque semaine, seront signalées aux lecteurs de L'Illustration.<br />
Presque en face, la propriété dans les jardins de laquelle, la muse familière du bon poète Clovis Hugues, lui ménageait ; sous de grands arbres bien touffus, l'heureuse inspiration lyrique qui lui faisait oublier un moment les soucis de la vie parlementaire, cependant que dans l'atelier qu'elle s'était aménagé de plain-pied, face à ces riants bosquets, Mme Clovis Hugues faisait mollir la glaise à dessein de quelques bustes gracieux ou sévère, ménageant ainsi à la tristesse des jours de deuil, hélas ! trop précocement' advenue, la pure joie de contribuer elle-même, par son art, à la consécration du souvenir de celui qui chanta les Soirs de Bataille, les Libres Paroles et l'épopée de Jehanne, la bonne Lorraine. Ah ! le bon temps que c'était là, quand, dévalant des moulins du père Debray, nous allions faire escale au cabaret du Lapin Agile, où nous étions presque certains de rencontrer, devant son éternelle absinthe, le pauvre Georges Brandinbourg rassemblant la copie du Courrier Français, et qui se trouvait là, souvent, en compagnie de Jules Roques, de Courteline et de Willette, — et bien mieux qu'en son modeste logis de la rue Saint-Vincent.<br />
Ce logis, pourtant, n'était pas sans agréments divers. Ombragé de vieux arbres aux essences variées, il donnait l'illusion d'une villa, à cent lieues de Paris ; on n'y payait que très rarement son loyer : c'était une escale de rêve pour les artistes, et si ma mémoire est bonne, George Bonnamour qui produisait alors de curieux romans pour l'Écho de Paris, l'artiste Georges Dupont et Saint-Pol Roux le Magnifique avaient découvert, en ce coin de paradis, fermé aux bruits extérieurs, l'asile propice à leurs méditations. Tout proche était le château des Brouillards, étique bâtisse, mais relique sacrée d'une demeure seigneuriale lointaine dans l'histoire de Montmartre, qui, du reste, évoque tant dé souvenirs.<br />
Hélas ! tout cela ne sera bientôt plus que souvenirs !<br />
<br />***<br />
Le bon peintre Chénard Huché qui aima passionnément ces parages, et qui du haut de son balcon de la rue Caulaincourt dominait le versant nord de la, colline, ne passait pas une journée sans scruter son horizon familier, sûr qu'il était d'y découvrir un motif idoine à sa palette de coloriste, m'a conté sa désolation :<br />
- Oui, disait-il, les puisatiers, les perceurs, les terrassiers sont venus tour à tour forer, sonder, jeter bas le monticule, et la sylvestre symphonie s'est muée en un glas désolé. Tout cela s'en est allé, par un hiver, comme fondu avec la dernière neige qui mettait son manteau d'hermine sur ces hauteurs.<br />
Avec les beaux jours sont revenus les maçons. Et voici les gratte-cieî qui nous masquent la basilique. Les imprudents, qui ont osé bâtir, non pas même, sur le sable, mais sur le vide ! Comment ne se sont-ils pas rendu compte que de ces flancs profonds nos ancêtres ont extrait tout le plâtre qui, des siècles durant, a pourvu aux bâtisses des alentours ? L'exemple de la maison écroulée de la rue Tourlaque n'a donc pas suffi !<br />
<br />Bien mieux, on a creusé là-dessous le tunnel du Nord-Sud, dont la station est là, devant nous, place Constant Pecqueur ; et demain, tous ces jardins, ces frondaisons que vous voyez suc mes toiles, auront fait place, au hasard des lotissements, à des maisons modère nés de six à sept étages, peut-être huit.<br />
Le croiriez-vous, j'ai pleuré, l'autre jour, quand, assis devant mon chevalet, j'ai vu les bûcherons porter leur cognée meurtrière sur ces vieux arbres que j'aimais, et qui dormait encore à notre pauvre maquis l'illusion de la nature. Mais, en revanche, j'ai entendu des brutes de tout âge et de tout sexe, lesquelles, penchées aux lucarnes des masures ou s'écoula leur existence, clamaient leur joie devant le sacrilège. Oui, ceux-là semblaient tout heureux ; probablement pensaient-ils qu'ils allaient voir enfin quelque chose derrières ces vieux arbres. Ils étaient joyeux, parce que le fond de l'âme .- humaine est de mauvais aloi, que la souffrance des choses égaie le barbare, que le pittoresque est pour eux un cauchemar, et qu'ils se persuadent qu'aujourd'hui les travaux des hommes sont autrement supérieurs et commodes que ce qu'ont produit leurs aïeux.<br />
- Sans doute, répondis-je, ce sont là comme des preuves évidentes de l'état d'anarchie latente mais progressive qui règne aujourd'hui sur notre béat pays de France, où la raison du plus fort est toujours la meilleure, où la force prime le droit, où mille tyranneaux prépareraient inconsciemment le règne d'un seul, par seul besoin de satisfaire d'immédiats appétits. Ces pauvres bougres ressemblent à ceux de la Commune de 1871, qui se faisaient mitrailler au détour de ces mêmes ruelles.<br />
Encore ces derniers avaient-ils la folie qui soutient même les mauvaises causes. Aucun de vos barbares n'a pensé que ces coups de hache avançaient son propre exil et qu'il lui faudrait déguerpir en hâte, lorsque les architectes auraient jeté sur le papier les plans des nouvelles demeures d'apparence confortable et, qui, durant quelque vingt ans, dresseront leurs façades altières au long de ces vieilles rues.<br />
Je dis quelque vingt ans, parce que vous savez de quels matériaux l'on sabote la bâtisse de ce temps et sur quels fondements- éprouvés reposeront ces châteaux de cartes. Le château des Brouillards était bien préférable...<br />
<br />***<br />
Et, mélancolique, je m'en fus contourner ces vestiges fantômes pour jeter un coup d'œil ami à la maison de Berlioz, dans la rue du Mont-Cenis, et revoir la petite église de Saint-Pierre, gardienne, parmi ces ruines du Vieux-Montmartre, des traditions d'un culte qui vouait une saine et fidèle vénération à ces lieux que le martyre des trois saints, Denis, Eleuthère et Rustique avait depuis si longtemps consacrés.<br />
Du haut de la rue de Ravignan, je contemplai, une fois encore, la grande cité qui s'estompait dans les brumes du soir, indifférente aux inhumains sacrifices qui confirmeront à la Butte son nom désormais deux fois légendaire du Mont des Martyrs.<br />
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Alcanter de Brahm<br />
<br />
<em>Le XIXe siècle</em>, 2 juin 1911.<br />
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<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2019/11/25/Le-maquis-de-Montmartre-par-Alcanter-de-Brahm#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/4109Jeunesse d'Alcanterurn:md5:bf1606eeaad688819f078f2a11ae403d2011-01-16T10:33:00+01:002011-01-16T10:55:59+01:00Le Préfet maritimeApostilleAlcanter de BrahmWilly <p><img src="http://www.alamblog.com/public/JeunessedAlcanter.jpg" alt="JeunessedAlcanter.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="JeunessedAlcanter.jpg, janv. 2011" /><br />
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<br /></p>
<blockquote><p>(...)
ALCANTER DE BRAHM, primate dolichocéphale, très dolicho, au chef ombragé d'une chevelure calamistrée galamment, dont Fortunio dirait que le soleil «. la dore et qu'elle est blonde comme l'Hébé » de la brasserie où je passe mes soirées à prêcher les doctrines anarchistes. Cette tête fière, toujours en équilibre, repose avec quiétude sur la première vertèbre cervicale, sans se pencher jamais, jamais ! Immobile et dédaigneuse, laissant au repos les muscles sterno-hyoïdien, omoplathyoïdicn, slerno-cléido-mastoïdien et trapèze ; — doux noms ! D'ailleurs, rictus suffisamment satanique, œil monocle comme il sied aux disciples de Scholl, allure Montmartroise d'un Masher de la Butte, à l'aise dans les salons de l'Elysées-Montmartre. Circumchahutez, débris du monde enduit de C6H2 (Az06H)3, vous pourrez tourbillonner autour d'A. de B. sans que le plus fugitif émoi vienne ravacholer son front, impavide emmi les ruines.
Voici SAINT-JEAN, dont on connaît toutes les herbes : esprit objectif, fortune insolente, système pileux très développé. Conrartiquement silencieux avec les inconnus, cette constipation verbale ne résiste pas à l'Hunyadi-Janos tics laxatives sympathies. Littérateur discret, il découpe des phrases d'une élégance menue, avant de les vernir de poésie, amoureusement ; alors, avec le rire muet du trappeur, il les regarde luire. Une grande dame, une très grande dame, la baronne X...(vous l'avez reconnue) m'a confié que des sombres cheveux de Saint-Jean se dégagent des effluves « délicieuses » comme dit la jeune bourgeoisie, toujours, et la jeune littérature, quelquefois.<br />
Poilante, leur technique. Jamais, — fût-ce devant les alexandrins de l'âge de pierre taillés par Leconte de Lisle, ou les strophes ductiles qu'étirent de trop roublards praticiens, chipeurs de métaux à La Forge des Complaintes — jamais je ne ressentis d'impression aussi poilante. Tantôt, Alcanter de Jean, grâce à une consommation d'apostrophes dont on ne trouverait l'équivalent que dans les plus incandescentes vociférations oratoires de Paul Déroulède, mue cette indication topographique « Près de l'Ecole de médecine », en un hexapode « Près d'I'Ecol' de méd'cine », car Moréas lui-même ne manie pas plus audacieusement l'apocope. Tantôt Saint Brahm, s'amuse à la <em>Messe des Oiseaux</em>, parodie dont la finesse n'a pas été comprise de tous, notamment de M. Brunetière qui l'a passée sous silence au cours de ses récentes conférences odéonesques ; il accumule l'ingénuité des hiatus, la puérilité voulue des énumérations ornithologiques, la naïve fraîcheur des sensations et les ruisselets et les cou-cou, et les cui-cui, à faire crever «le jalousie le spécialiste Jean Rameau. Pour synthétiser en un seul mot mon jugement sur cette œuvre, je n'hésite pas à la déclarer... Poilante. (...)</p></blockquote>
<p><br />
Willy <em>Soirées perdues</em> (Paris, Tresse & Stock, 1894, pp. 215-216)
<br />
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<br /><strong><a href="http://www.alamblog.com/index.php/tag/Alcanter%20de%20Brahm">Alcanter de Brahm</a></strong> est alors, avec Saint-Jean, l'auteur de <em>Chansons poilantes</em> (Alcanter et Saint-Jean, Au Nouvel Echo, 1892).</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2011/01/16/Jeunesse-d-Alcanter#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1511Marc Stéphane contre Alcanter de Brahmurn:md5:00c87833b3a458116de17cbe79d2a5c62009-07-19T01:36:00+02:002009-07-19T01:36:00+02:00Le Préfet maritimeLes Lacunes de l’AlamblogAlcanter de BrahmBruno LeclercqMarc StéphanePlagiat <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.alcanterdebrahm_m.jpg" alt="alcanterdebrahm.jpg" title="alcanterdebrahm.jpg, sept. 2008" /><br />
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Bruno Leclercq nous communique cet entrefilet déniché dans <em>La Critique</em> (n° 4, 20 Avril 1895), à la rubrique « La Critique – De Tout », signé Aspic :<br /></p>
<blockquote><p>« Notre collaborateur Alcanter de Brahm vient, dit-on, de publier une réédition de l’Arriviste, cette étude si curieuse du monde des lettres modernes et des cénacles décadents. Mais pourquoi diantre a-t-il pris pour pseudonyme Marc Stéphane ? »<br /></p></blockquote>
<p><br />
Pour avoir lu <em>L’Arriviste</em> de <strong>Marc Stéphane</strong>, roman de formation, nous ignorons tout de celui d’<strong>Alcanter de Brahm</strong> qui nous permettrait de nous faire une idée.<br /></p>
<p>Deux hypothèses :<br /></p>
<p>“Comme tu le sais, ajoute Bruno, Alcanter de Brahm avait fait paraître chez Souque, son <em>Arriviste</em> en 1893, il inventait ainsi ce néologisme.”<br />
Néologisme réutilisé par Stéphane ?<br />
<br />
On ne peut s’empêcher d’imaginer l’hypothèse numéro deux : le créateur pléthorique de néologismes Marc Stéphane se réappropriait en 1895 un mot lancé trop vite près d’une oreille trop attentive ? La suite de sa carrière littéraire prouve qu’il avait du talent pour la néologosserie… Et la réappropriation individuelle était bien dans son caractère. L’anonyme Aspic faisant naturellement payer à l’impétrant l’outrage au maître (les maîtres ont toujours raison).<br />
A bien y penser, il se pourrait qu’Alcanter de Brahm soit le personnage de maître peu vertueux peint par Stéphane ! Là, l’anecdote prendrait une profondeur insoupçonnée…<br /></p>
<p>En attendant qu’une bonne âme nous permette de lire le roman d’Alcanter de Brahm, supputons…</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2009/07/02/Marc-St%C3%A9phane-copieur#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1098Alcanter de Brahm dans Toutes les lyres (1909)urn:md5:7fb8a4c8674066d690cce388c5266b482009-02-28T12:57:00+01:002009-03-02T21:50:21+01:00Le Préfet maritimeAd Usum BibliofilousAlcanter de Brahm<p><img src="http://www.alamblog.com/public/./.alcanterdebrahm_m.jpg" alt="alcanterdebrahm.jpg" /><br />
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Puisque l’on n’a pas souvent l’occasion de voir <strong>Alcanter de Brahm</strong> (pseud. de Marcel Bernhardt, Mulhouse, 1868-Paris, 1942), le fameux inventeur du point d’ironie, nous en remettons une couche avec, pour les plus curieux, le détail de sa notice dans <a href="http://www.alamblog.com/index.php/post/2008/04/28/Florian-Parmentier-en-1919">Toutes les lyres</a>, l’anthologie critique des éditions Gastein-Serge.<br />
On y trouve quelques éléments d’informations et des vers qui ne signalent point trop le grand poète moderne. Il est vrai que ce sont des “Voix Anciennes”…<br /></p> <p>Né à Mulhouse, M. Alcanter de Brahm est surtout très connu comme poète, comme critique, comme satiriste.<br />
Il publia, en 1892, un premier recueil, Chansons poilantes, précurseur de la chanson “rosse”, genre actuellement si répandu et si goûté.<br />
En 1895, paraissait cvez Vanier <em>Eros chante</em>, dont le succès auprès des lettrés fut très vif. En 1904, L<em>es Voix Anciennes</em> achevèrent de mettre en relief ce talent si personnel. Le volume comprend divers longs poèmes, notamment “Le Vin du soir”, évocation dramatique du Moyen-Age, “La Légende du Kolonger”, “Le Songe de Délia”, “Le Cantique des Cantiques”, etc. Les vers réguliers, les vers libres ou “libérés”, et même les vers blancs y alternent ; et, dans une curieuse préface, M. Alcanter de Brahm invoque les témoignages de Boileau, de Fénelon et de Sully-Prudhomme, à côté de ceux de Stéphane Mallarmé et de Rémy de Gourmont (sic), — rencontre imprévue, — en faveur d’une absolue liberté d’expression prosodique. “Le poète, ajoute-t-il, oeuvre, crée, ainsi que le justifie son titre de poète. Il crée selon sa vision, il oeuvre selon sa grammaire personnelle et son tempérament. A lui de savoir s’imposer par la puissance du souffle qui l’anime et la beauté de l’harmonie qu’il dégage.” Voilà, certes, une exacte conception de la poésie, que M. Alcanter de Brahm a la rare sagesse de ne point confondre avec une ne sait quel “art poétique” purement mécanique et conventionnel.<br />
Le poète prépare actuellement l’édition prochaine des <em>Carnavalettes</em> et de <em>Florilège</em>, dont divers extraits ont été déjà des plus appréciés des lettrés et du public.<br />
Il a fait paraître en prose différents ouvrages justement remarqués, entre autres : <em>L’Arriviste</em>, roman (1893), dont le titre constitue l’un des néologismes les mieux accueillis de notre langue actuelle ; <em>Critiques d’Ibsen</em> (1898) ; <em>Telle que toujours</em>, roman synthétique ; <em>l’Ostensoir des Ironies</em>, 3. vol. (1899-1900), magistrale et curieuse critique des moeurs de ce temps ; <em>Lauzun-Carnavalet</em> ; <em>Visite à Carnavalet</em> (1906) ; et tout récemment : <em>La Peinture à Carnavalet</em> (1909 ; Sansot, Edit.) ouvrage original qui marquera une date dans les annales esthétiques des musées parisiens. Enfin, suivront incessamment <em>Le Calvaire des Pauvres</em>, roman social en cours de publication dans <em>l’Evénement</em>, et <em>Recoins de Paris et Maisons de Poètes</em>, où seront consignées avec art les mille précieuses découvertes du passionné fureteur qu’est M. Alcanter de Brahm.<br />
Les collaborations du poète, du critique littéraire, artistique, dramatique ou musicla, du chroniqueur et du romancier ne se comptent plus. Il suffira de rappeler qu’elles s’exercent en particulier au <em>Rappel</em>, à <em>l’Evénement</em>, à <em>La Critique</em>, à l<em>‘Alceste</em>, au <em>Penseur</em>, au <em>Chroniqueur de Paris</em>, à <em>Paris-Noël</em>, et dans la plupart des publications d’art.<br />
M. Alcanter de Brahm est secrétaire du Musée Carnavalet, de la Commission des Bourses Nationales de Voyage Littéraire, de la Société des Peintres du Paris-Moderner, du Nouveau-Paris, etc., etc., et Membre du Jury du <em>Salon des Poètes</em>.<br />
Il a conquis divers titres à la reconnaissance des lettrés, notamment par la fondation de la <em>Société des Poètes Français</em> (1902), dont il fut effectivement l’organisateur le plus actif, et dont il demeura, six années consécutives, le dévoué secrétaire général.<br />
Car M. Alcanter de Brahm n’est pas seulement un patient orfèvre d’idéal ; il est aussi un poète en action, un valeureux promulgateur de la beauté.<br />
<br />
Pol Villox.<br />
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<strong>En guise d’adieu</strong><br />
<br />
La plainte du violoncelle<br />
gémit, gémit toujours,<br />
et sa cantilène est bien celle du regret des amours.<br />
<br />
Des souvenirs d’anciennes joies<br />
Nous reviennent au coeur,<br />
et des illusions chatoient,<br />
puis volent, l’air moqueur.<br />
<br />
Quand sonne l’heure de retraite<br />
où l’âme vient à Dieu,<br />
sur la chanterelle inquiète<br />
se module un adieu,<br />
<br />
la plainte du violoncelle<br />
gémit, gémit toujours,<br />
et sa cantilène est bien celle<br />
du regret des amours.<br />
<br />
1895 (<em>Eros chante</em>)<br />
<br />
<br />
<br />
<strong>La violette de Toulouse</strong><br />
<br />
Pour Jean Rosmer<br />
<br />
Divine fleur que j’ai choisie<br />
pour être l’éternel parfum<br />
d’amour embaumé de ma vie,<br />
petite fleur de mon jardin,<br />
<br />
Non, tu n’es pas la tubéreuse<br />
qui fait muer en pâmoison<br />
de sa substance vénéneuse<br />
ceux qu’elle prive de raison,<br />
<br />
ni cet iris mélancolique<br />
se mourant tout plein de langueur<br />
dans une pose très attique ;<br />
morte la fleur, brisé le coeur !<br />
<br />
Tu n’as pas l’orgueil de la rose<br />
dont le rubis couleur de sang<br />
évoque l’aspect grandiose<br />
d’un amour trop incandescent.<br />
<br />
Ni le lotus aux chastes poses,<br />
ni le muguet, un peu pâlot,<br />
ni l’églantine, enfant des roses,<br />
ni l’oeillet blanc, frêle jabot,<br />
<br />
ne sont doués du charme tendre<br />
que tu revêts, au dmi-deuil,<br />
grave et modeste, à me surprendre<br />
par ton parfum de bon accueil.<br />
<br />
L’exquisité de ton délice<br />
me grise d’un calme bonheur,<br />
et je puis bien ce ce calice<br />
vider la coupe en ton honneur.<br />
<br />
Petite fleur tendre et jalouse,<br />
toi qui possèdes mon secret,<br />
ma violette de Toulouse,<br />
reste bien close en ton coffret.<br />
<br />
Nov. 1901 (<em>Les Voix anciennes</em>)<br />
<br />
<br />
<br />
<strong>Le vieux faucheur</strong><br />
<br />
Au maître Roll.<br />
<br />
Le vieux faucheur s’en vient, paisible et solitaire ;<br />
au détour de la route, il a pris le chemin<br />
qui mène doucement jusques à la chaumière<br />
où, dans la paix du soir, il songe au lendemain.<br />
<br />
Le lourd poids de la faux sur l’épaule robuste<br />
a rivé l’instrument témoin de son labeur.<br />
Il marche pesamment, imprimant à son buste<br />
comme un balancement éternel et berceur.<br />
<br />
Lorsqu’il m’est apparu vers l’heure vespérale<br />
où les vapeurs mourant mêle aux teines d’opale,<br />
d’azur et de rubis l’or pur de son blason,<br />
<br />
j’ai ressenti l’émoi des visions magiques ;<br />
car le vieux paysan, dans ce vaste décor,<br />
de la grande Faucheuse au geste symbolique<br />
paraissait évoquer cette image de mort.<br />
<br />
1906 (<em>Florilège</em>)</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2009/01/31/Alcanter-de-Brahm-dans-Toutes-les-lyres-%28-%29#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/949Alcanter de Brahm par l'imageurn:md5:82979eb7fd09d455c8c9ab81a993f0d62008-09-08T03:41:00+02:002008-09-08T03:41:00+02:00Le Préfet maritimeAd Usum BibliofilousAlcanter de Brahm <p><img src="http://www.alamblog.com/public/./.alcanterdebrahm_m.jpg" alt="alcanterdebrahm.jpg" /><br />
<br />
<br />
On n'a pas souvent l'occasion de voir <strong>Alcanter de Brahm</strong> (pseud. de Marcel Bernhardt, Mulhouse, 1868-Paris, 1942), le fameux inventeur du point d'ironie.<br />
<br />
En voici donc la frimousse.<br />
<br />
(Apparemment inchatouillable, le poète...).</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2008/08/27/Alcanter-de-Brahm-par-limage#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/844Bibliographies des éditions éoliennes & à héliceurn:md5:e7fb1bf656babff46581c5fa1de055662008-02-07T06:24:00+01:002009-12-01T12:56:54+01:00Le Préfet maritimeLe Petit porte-voix des gens du métierAlcanter de BrahmAndré MartelDavid Lee FongEl LissitzkyHenri PichetteHervé BazinJean-François BoryJulien BlaineJérôme PeignotLouis-Ferdinand CélineMaurice RochePaul de Kockraoul HausmannTypographieXavier Dandoy <p><img src="http://www.alamblog.com/public/itwXDDC_13signe.jpg" alt="itwXDDC_13signe.jpg" /><br />
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<br />
Ancien élève des Arts déco, <strong>Xavier Dandoy</strong> (il est né en 1969 à Madagascar) aurait tout aussi bien pu suivre les cours de l’école Estienne où sont formés les typographes français. Déjà connu des lecteurs de Luc Dietrich et de René Daumal pour ses éditions à l’enseigne de l’Éolienne, il signe un petit traité typographique très plaisant consacré aux signes de la ponctuation ancienne et moderne. Jonglant avec une maquette colorée et extravagante, Xavier Dandoy rappelle l’histoire des douze signes usuels ([:.![{…, etc. et s’inspire des inventions telles que le “point de poésie” (J. Blaine), le ” trait de pensée ” que l’on retrouve chez Arno Schmidt ou les “…” déjà présents chez Paul de Kock Céline n’a pas tout inventé pour proposer la “bifurcation”, le “contrefort” et même la “virgule flottante”. Néanmoins, sa préférence va au “!” trafiqué. Attention, il ne s’agit pas d’un point d’exclamation standard, étique échalas d’usage courant, mais du ” point d’ironie ” (non reproduisible ici, satanés caractères iso, mais reproduit en couverture de l’opus) inventé par le poète Alcanter de Brahm (Marcel Bernhardt, 1868-1942).<br />
Si l’on ajoute les noms de El Lissitzky, Maurice Roche, Henri Pichette, Raoul Hausmann, Hervé Bazin ou Jean-François Bory, on voit à quel point la ponctuation passionne. N’oublions pas non plus les <em>typoèmes</em> de Jérôme Peignot ou les <em>types aux graphies</em> de David Lee Fong qui rappellent cette autre curiosité que sont les poèmes exclusivement composés de signes typographiques. Leur prototype apparaît dès <em>L’Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux</em> de Charles Nodier (1830) et pourrait bien encore faire des émules après André Martel. Les voies de la typographie sont insondables…<br />
<br />
<br />
Ce livre, drôlement innovateur, fut publié en 2003. Xavier Dandoy, chercheur dans l’âme, en a produit depuis une version enrichie, comme nous le verrons au cours de ce panorama complet du catalogue de la maison éolienne.<br />
Chaque chose en son temps, n’est-ce pas ?
<br />
<br /></p>
<p><strong>La librairie La Hune</strong> fête éolienne/à hélice en lui consacrant depuis une quinzaine de jours une vitrine. A voir, si vous êtes à Paris.<br />
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<strong>Xavier DANDOY</strong> <em>Le Treizième Signe, ou la Nouvelle Ponctuation ancienne et moderne</em>. - Paris, à hélice/éolienne, 2003, 78 pages, 17 e<br />
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<a href="http://www.editionseoliennes.com/">éditions éoliennes & à hélice</a><br />
collectif de recherche fondamentale en ponctuation<br />
6-8 rue Vulpian, 75013 Paris<br />
01 53 80 20 33 — 08 71 49 33 13</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2008/02/06/Bibliographies-des-editions-eoliennes-a-helice#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/697