L'Alamblog - Mot-clé - Christian Bachelin2024-03-29T14:20:27+01:00Le Préfet maritimeurn:md5:891a4437ffb56035bcdd99ce6fc8c9f0DotclearToujours Bachelinurn:md5:e40b73cb99aa051a439db3d8fa927bf92020-10-06T04:15:00+02:002020-10-07T16:06:07+02:00Le Préfet maritimeAd Usum BibliofilousChristian Bachelin <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.9782954465784_1_75_m.jpg" alt="9782954465784_1_75.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="9782954465784_1_75.jpg, oct. 2020" /><br />
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<br />
En attendant d'en savoir plus sur , ces premiers vers d'un recueil magnifique...<br />
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<br /></p>
<blockquote><p>Jadis dans le faubourg ouvrier<br />
Le voisin grisâtre s'appelle André<br />
<br />
Les peaux de lapin rétrécissent<br />
Le cambouis se méfie des marteaux<br />
<br />
En été la tristesse des troènes<br />
Est immense comme le sperme enfantin<br />
<br />
Les bérets bricolent les grillages<br />
La petite fille d'un square ressemble à une liane.<br />
<br />
(...)<br /></p></blockquote>
<p><br />
<strong>Christian Bachelin</strong> <em>Atavismes & Nostalgies</em>. - Aizy-Jouy, L'Arbre (Jean Le Mauve), 1999, 34 p.<br />
Et toujours
<strong>Christian Bachelin</strong> <em>Contes des forêts closes</em>. - Limoges, On verra bien, 2019, 233 pages, 19 €.<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2020/10/07/Toujours-Bachelin#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/4580Songes et visions de Bachelinurn:md5:61d9d847b1710d04133df75fd150c0832019-04-12T06:03:00+02:002019-04-13T18:38:56+02:00Le Préfet maritimeChristian BachelinSonges <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.BachelinCouvCont_m.jpg" alt="BachelinCouvCont.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="BachelinCouvCont.jpg, avr. 2019" /><br />
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C'est une grande joie de découvrir un recueil inédit de Christian Bachelin, ce vieux Ténébros, magicien désemparé et malicieux.<br />
Avec les <em>Contes des forêts closes</em>, on atterrit en plein pays bachelinien comme on a pu lire en terre nervalienne, comme on a pu flotter au contact des songes éveillés de la famille Brontë. Rêveries, consolations et convocations, ce sont des histoire d'"Or du Labrador", des « Provinciales », des orphelins et orphelines, des voyages en Moravie ou en "grand orient", tous les univers que Christian Bachelin (1933-2014) mobilisait dans ses écrits pour enchanter la terre et sa vie.<br /></p>
<blockquote><p>Je vais vous raconter l'histoire de la veuve du cuirassier. Je ne sais pas si j’en aurai la force mentale, je ne sais pas si je me rappellerai le timbre particulier du grelot de la sonnette de son corridor lorsque quelqu'un arrive et que dehors il neige dans un silence épais somptueux comme une fourrure ou comme un tombeau de marbre. Quelquefois mon obsession est fatiguée. Le point blanc du fond des temps commence à clignoter. La veuve du cuirassier habitait donc une ancienne maison brûlée, dans une petite ville de Rhénanie orientale. Elle passait le plus clair de l'hiver de sa vie à écarter des rideaux pour regarder tomber des flocons.<br /></p></blockquote>
<p>Disparu il y a cinq ans, Christian Bachelin, qui fut l'ami d'Yves Martin, de Dominique Joubert, de Jacques Sommer et même d'Alain Mercier à une époque, n'a pas perdu une once de son rayonnement littéraire, quand bien même il fait partie des éminement négligés, comme l'indique sa préfacière, Valérie Rouzeau. Mais c'est à peu près certain, on découvrira lentement la grâce de cet homme désolé mais riche, imaginatif mais solitaire, choyé par ses rêveries qu'il nous fait partager, cette "Oeuvre initiatique, comme nous l'explique la poète, aux figures multiples de la mère notamment (...) par l'expression d'un imaginaire allant chercheur loin, telles les racines d'un chêne séculaire en sa terre nourricière. <br />
Une occasion de signaler aussi le travail des éditions On verra bien qui ont rendu à la lecture des romans de Georges Magnane (le fomidables <em>Des animaux farouches</em>), Ernest Pérochon (<em>Les Hommes frénétiques</em>), Pigault-Lebrun (<em>L'Enfant du carnaval</em>) et le magnifique Paroutaud dont on sait l'immense intérêt - on n'a pas le droit de négliger <em>Le Pays des eaux</em> et <em>La descente infinie</em>, ces deux très grands classiques du XXe siècle)... Bref, du très beau travail d'éditeur qui, en plaçant Bachelin parmi ses pairs, rend confiance. Il reste des éditeurs, et la génération montante sait ce qu'elle fait. Enfin, bref, On verra bien.<br />
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<br />
<strong>Christian Bachelin</strong>. <em>Contes des forêts closes.</em> - Préface de Valérie Rouzeau. - Limoges, On verra bien, 2019, 240 pages, 19 €<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2019/04/11/Visions-de-Bachelin#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/3846La confusion des guéridonsurn:md5:e094367bd9270c36679b1c1e0664d05e2018-04-08T09:48:00+02:002018-04-08T17:13:31+02:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimChristian BachelinJean-Pierre MartinetYves Martin <p><img src="http://www.alamblog.com/public/ChristianBachelinSoirMemoire.jpg" alt="ChristianBachelinSoirMemoire.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="ChristianBachelinSoirMemoire.jpg, avr. 2018" /><br />
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Occupé à lire d'excellents écrits, le Préfet maritime a failli s'oublier dans un moelleux confort de sybarite, bercé par les mots de quelques-uns de ses auteurs favoris. Il a relu en particulier le <em>Soir de la mémoire</em> de <strong>Christian Bachelin</strong>, qui est, comme Yves Martin, une sorte de Jean-Pierre Martinet lui aussi : tous trois furent presque de la même bande, confits dans leurs obsessions, majestueux dans leurs ires, dotés d'un verbe gracieux et d'une humanité d'airain. De grands hommes, non sans défauts, mais de grands hommes qui ont porté les couleurs de la littérature tout au long de leur vie et ont laissé chacun plus de lignes magiques que beaucoup d'autres écrivains célébrés par mous et par veaux.<br />
Christian Bachelin aura tenu le pompon de la mélancolie probablement, comme celui de la nostalgie. Cette dernière, il l'a mise en boîte parfumée. La boîte appartient à sa mère, qu'il visite dans sa retraite un peu nuageuse de vieille femme égarée par la chronologie des faits et par la trompeuse usurpation des jours neufs qui gomment les anciens, les gaietés d'autrefois et les souvenirs joyeux, tous ces moments enfuis, toutes les figures aimées.<br />Le fils parcours l'appartement poussiéreux et se souvient. Tout en retrouvant la trace des objets qui s'étaient parfois égarés dans cet univers crépusculaire, il établit l'inventaire après décès du père suicidé. On songe à l<em>'Etat des lieux. Ce que vous auriez pu deviner</em> d'Yves Martin (1997) où ce dernier déroulait le tapis rouge de son modeste appartement pour en offrir à ses lecteurs l'ultime luxe.<br />
Pour Bachelin, tout ça se passait autrefois, "aux confins de l'âge du mazout" où la vie vaquait sans qu'on se doute des vacheries qu'elle gardait dans sa poche. La vie n'était pas toujours facile. Ses parents avaient fichu Christian aux Enfants de troupe, ce qui n'était pas gai-gai et guère susceptible d'attirer les petites copines. Mais il semble avoir toujours eu une formidable propension aux l'escapades de l'esprit<br /></p>
<blockquote><p>Les jours moites d'été, j'allais parfois furtivement me déculotter sous les ramages de ce marais, au milieu de la fraîcheur opaque des têtards, éprouvant par là, de me sentir nu et comme intimement touché par la fraîcheur marécageuse, un obscur frisson enfantin, à la fois un peu honteux et nimbé d'on ne sait quelle étrange limpidité entre le maléfice et le sortilège.<br /></p></blockquote>
<p>Dans sa préface au <em>Soir de la mémoire</em>, Valérie Rouzeau, qui a bien connu ce poète drôle d'oiseau, souligne son "lyrisme sans âge" qui confine parfois "à la cocasserie". Il est drôle Bachelin lorsqu'il se laisse capter par son double Ténébros, mais il est drôle aussi lorsque l'absurde le dépasse et qu'il tend la main pour se laisser tracter, en toute connaissance de cause, par les inconvenances du destin. Ainsi, de son père suicidé par noyade...<br /></p>
<blockquote><p>le marteau de mon père, ce vieux marteau-là ne tapera plus sur rien, en tout cas sur rien de bien totalement réel, il pèse là tranquillement de tout son désoeuvrement sur la dérive des petites pelures, le court-circuit des reflets figés.</p></blockquote>
<p>Et à l'avenant, des miettes du temps et des pertes subies, Christian Bachelin tresse une élégie magnifique, douce et délicate. On la recommande à tous, il était <a href="http://www.alamblog.com/index.php?post/2014/08/31/†-Christian-Bachelin-%281933-2014%29">un grand écrivain</a>.<br />
<br /></p>
<blockquote><p>Ah ! que les années sont lointaines et le néant incertain, et si tout doit s'éteindre, si tout doit finir, que ce soit au moins au long d'un crépuscule sans fin.<br /></p></blockquote>
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<strong>Christian Bachelin</strong> <em>Soir de la mémoire</em>. Préface de Valérie Rouzeau. - Paris, La Table ronde, 139 pages, 2018, 7,30 €.</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2018/04/06/Aux-confins-de-lage-du-mazout#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/3491Limerick à la mainurn:md5:2d0986ea851f9e449e5a4711d97c8da82018-02-08T03:44:00+01:002018-02-08T03:44:00+01:00Le Préfet maritimeChristian BachelinEdward LearGerson LegmanHenri ParisotJacques BarbautLimerickValérie Rouzeau <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.BarbautAliceZanzibar_m.jpg" alt="BarbautAliceZanzibar.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="BarbautAliceZanzibar.jpg, fév. 2018" /><br />
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Comptine nonsensique en rimes ne crachant pas sur la gaudriole, l'alcoolisme et la vulgarité, le limerick est une trouvaille anglosaxonne qui n'a jamais vraiment passé la Manche.<br />
Plus le limerick est cochon, meilleur il est. Comme le bourgeois. Mais sa petite musique de comptine à provocations fonctionne assez mal en français, même s'il lui reste le charme terrible des produits d'importation aux senteurs fortement exotiques.<br />
Une société des amateurs de limericks avait failli voir le jour au début des années 2000 (2002 peut-être) dans l'entourage de Valérie Rouzeau et de Christian Bachelin qui avait donné lieu à quelques exercices partagés. Le projet avait fait pschitt, malheureusement. On aurait pu lire des vers de Gillies Orlieb et de quelques autres qui ne manquaient pas d'allure. Mais y'a pas, le limerick, c'est exactement comme le rock'n'roll et autres trucs en "ck", ça n'est pas franchement franchouillard. (La preuve avec la grande majorité de nos rockeux françoués). Certains disent que, comme les fraises et en l'absence d'ale, le limerick voyage mal et la tentative de <strong>Jacques Barbaut</strong> n'en est que plus méritoire.<br />
Dans une tradition qu'illustrèrent Lewis Carroll, Edward Lear et Gerson Legman, il nous propose deux cent trente-huit limericks en version bilingue, suivi de leur recette (à l'instar du volume sur les haïkus de Mille et une nuits : Au fil de l'eau qui fournissait le même service pour le petit poème japonais, ceux deux livres sont donc frères), le tout agrémenté d'une postface et d'un index. Après tout, qui dit gaudrioles variées dit index, c'est parfaitement légitime.
Si le haïku a trois vers, le limerick en a cinq et il s'orne de deux rimes.
Si le haïku impose la présence d'un mot de saison et l'absence de mot de racine chinoise (easy en français), le limerick nomme un personnage et raconte une absurdité aussi grosse que possible contenant des détails obscènes.
Henri Parisot, qui traduisit le <em>Book of nonsense</em> de Lear donna de tout ça une idée particulièrement précise en conférant au petit poème typé l'exact espace situé entre la berceuse et la fatrasie.
Quelques vers pour la route ?<br /></p>
<blockquote><p>Dès que cette serveuse de chez Lipp<br />
Lui ôta incongrûment le slip<br />
Il songea à René Magritte<br />
(Cette oeuvre l'habite)<br />
Sa copie conforme d'une pipe.<br /></p></blockquote>
<p><br /></p>
<blockquote><p>Cette lexicographe de chez Larousse<br />
Qui pratique l'acte en douce<br />
T'attire jusque dans les bureaux<br />
Du secteur Mots Nouveaux<br />
Teinte en flamboyante rousse.<br /></p></blockquote>
<p><br />
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<br /><strong>Jacques Barbaut</strong> <em>Alice à Zanzibar</em>. - Aethalidès, 93 pages, 12 €</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2018/02/08/Limerick-de-la-main#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/3461Un nouveau domicile pour Ténébrosurn:md5:73fbe2e7a3a2581a9f8027a361cde4e82014-09-07T15:16:00+02:002014-09-07T22:25:03+02:00Le Préfet maritimeChristian Bachelin <p><img src="http://www.alamblog.com/public/TombeauBachelin.jpg" alt="TombeauBachelin.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="TombeauBachelin.jpg, sept. 2014" /><br />
<br />
Depuis vendredi, l'adresse de <strong>Christian Bachelin</strong> est : Cimetière de Cachan, carré J.<br />
Fait peu commun, sa nouvelle demeure portait son nom, gravé dans le marbre, depuis la disparition de son épouse en 1991.<br />
Des inédits de ce grand poète et prosateur devraient paraître d'ici quelque temps.<br />
Les plus patients patienteront, et ils auront raison.<br />
A suivre.<br />
<br />
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<strong>Bibliographie</strong><br />
<em>Stances à la neige</em>, 1953. Prix Marie-Bonheur.<br />
<em>Neige exterminatrice</em>. - Paris, Guy Chambelland, 64 p. coll. « Prends garde aux yeux bleus », 1967, 64 p.<br />
<em>Le Phénix par la lucarne</em>. - Paris, Guy Chambelland, 1971, 59 p.<br />
<em>Ballade transmentale</em>. - Paris, Guy Chambelland, 1974, 60 p. Prix de poésie Charles-Vildrac 1975.<br />
<em>Médiéval in blues</em>. Préface de Guy Chambelland. - Paris, Guy Chambelland, 1981, 39.<br />
<em>Fatrasies en revenant d’aujourd'hui</em>. — Charlieu, La Bartavelle, 72 p., coll. « Parler bas », 1988.<br />
<em>Complainte cimmérienne</em>. — Paris, Éditions de La Différence, 89 p., coll. « Littérature », 1989.<br />
<em>Cantilène engloutie</em>. — Charlieu, La Bartavelle, 1991, 56 p.<br />
<em>Soir de la mémoire</em>. — Paris, Méréal, 1998, 142 p.<br />
<em>Atavismes & nostalgies</em>. — Aizy-Jouy, L’Arbre, 1999, 34 p.<br />
<em>Buttoirs rouillés de la mémoire</em>. — Charlieu, La Bartavelle, 1999, 128 p. (NB les éditions produites par La Bartavelle dans ces années sont typographiquement très contestables.)<br />
<em>Y seul, roman</em>. — Paris, Éditions Zulma, 2001, 274 p.<br />
<em>Neige exterminatrice. Poèmes, 1967-2003</em>. Préface de Valérie Rouzeau. Bibliographie du Préfet maritime. — Cognac, Le Temps qu’il fait, 2004, 247 p.<br />
<em>Le Démon d’antichambre</em>, dessins d’Evelyn Ortlieb. — Paris, Rehauts, 2007, 99 p.<br />
<em>Mémoires du mauve</em>. — Rennes, Apogée, coll. « Piqué d’étoiles », 2007, 60 p.<br />
<br />
<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2014/09/07/Un-nouveau-domicile-pour-T%C3%A9n%C3%A9bros#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/2506† Christian Bachelin (1933-2014)urn:md5:77c801d8a2bc86f2bdf4d02d3e41a5ec2014-08-31T10:40:00+02:002018-04-08T17:22:02+02:00Le Préfet maritimeNécrologe à l’usage des gens de lettresChristian Bachelin <p><img src="http://www.alamblog.com/images/bachelin2.jpg" alt="" /><br /><br />
<br />
<br />
<br /></p>
<blockquote><p>Cette nuit un grand silence règne sur toute la terre...<br /></p></blockquote>
<p><br />
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Le poète et romancier <strong>Christian Bachelin</strong> s'est éteint vendredi soir, à la veille de son anniversaire, au Kremlin-Bicêtre, à 18h52.<br />
C'est une très grande perte. Ceux qui ne l'ont pas encore lu s'en apercevront bientôt.<br />
Il était né le 1er septembre 1933 à Compiègne.<br />
<br />
Ses obsèques auront lieu demain, vendredi 5 septembre, à 15 h 15, au cimetière de Cachan.
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<br /></p>
<blockquote><p><strong>Dernier cri</strong><br />
<br />
J’écris ce poème avec de la fumée<br />
Avec du sable avec de l’ombre<br />
Mes mains s’enfoncent dans la neige<br />
Sans jamais rencontrer la terre<br />
Mais tout à coup le vent disperse la poussière<br />
La poussière du poème<br />
Tout à coup un cheval couronne de sa mort<br />
Le royaume ébloui que me prête l’hiver<br />
Tout à coup un rose éclate les ténèbres<br />
Tout à coup un poisson ruisselle sur la table<br />
Tout à coup un oiseau traverse la fenêtre<br />
Et la maison s’effondre en gerbe de cristal<br />
<br />
Il reste le cri nu de la réalité<br />
Le cri pulvérisé de l’œuf en train d’éclore<br />
Le cri rouge du rat encerclé par le feu<br />
La nudité de l’os quand retombe la cendre<br />
L’évidence du roc de la dent arrachée<br />
Ce qui vibre immobile et se tord de fureur<br />
La clarté sans issue où gravite la mer<br />
La terreur du granit que le gel assassine<br />
Les objets à pétrir comme un pain de famine<br />
Le présent à saisir dans son flagrant délit<br /></p>
<p>
Christian Bachelin</p></blockquote>
<p><br />
<br />
En 1999, année de la double parution d'<strong>Atavismes & Nostalgies</strong> (fruit merveilleux des presses de Jean Le Mauve) et de <em>Buttoirs rouillés de la mémoire</em> (très beau texte massacré par les photocopieuses — militaires, ce qui convient parfaitement à l'enfant de troupe qu'était Christian Bachelin, pas du tout au poète et à ses lecteurs — du triste éditeur de La Bartavelle), le Préfet maritime consacrait ces petites lignes à Ténébros :<br /></p>
<blockquote><p>Christian Bachelin ouvre l'une de ses boîtes à souvenirs. Il l'a intitulée Atavismes et nostalgies parce que ce poème est une évocation de son histoire personnelle (nostalgie) et des figures familiales de son père noyé (atavisme), de sa mère et de sa femme disparues. Sa partition est douloureuse mais il la décline en "bonheur nostalgique", "fermentation des impressions" pour soulever d'"imperméables amnésiques" et aboutir dans les Butoirs rouillés de la mémoire, titre d'un autre recueil.
On devine quel poète il est dès ses premiers mots. Pudique emballeur, il fait le coup de poing avec des images puissantes mêlées parfois de fatrasies complices, des images franches qui se gravent vite dans l'esprit : "Le cambouis se méfie des marteaux", l'oublierait-on?</p></blockquote>
<p>Après neuf volumes de vers et une première prose, l'admirable Soir de la mémoire (Méréal, 1998), il fait de désastreux constats et s'assure de "ne plus être en tout que le moindre fait divers". De tels mots d'échec attirent le soupçon sur une existence terrible et sa corollaire, la solitude. Aujourd'hui fantomatique, Christian Bachelin est né en 1933 à Compiègne. Il fut enfant de troupe avant d'occuper de petits boulots jusqu'au début des années 1990. Après c'est la déroute, il est "englouti dans un tourbillon immobile" dit son ami Yves Martin qui le comparait à Strindberg. Retiré du monde, il n'écrit plus et publie quand il le peut ses poèmes dont la forte charpente, la portée lyrique ou musicale, l'éclat d'évidence lui offrent d'équitables opportunités. Celle, notamment, d'entrer au catalogue de l'éditeur-typographe Jean Le Mauve qui a fait d'Atavismes et nostalgies une authentique merveille. On n'en dira pas autant de Butoirs rouillés de la mémoire littéralement saboté par un éditeur indélicat. Fort heureusement, la poésie de Bachelin ne se dissout pas dans les coquilles. Elle mérite néanmoins beaucoup d'attention. Le message vaut aussi pour les lecteurs.<br />
E.D.<br /></p>
<p>Un précédent <a href="http://www.alamblog.com/index.php/post/2007/04/30/357-le-demon-d-antichambre-de-christian-bachelin">billet sur Christian Bachelin</a>.<br />
Pour entendre l'<a href="https://www.youtube.com/watch?v=Tzm5RclltdA">Emission Clair de nuit (France Culture, 2000)</a> qui lui était consacré.<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2014/08/31/%E2%80%A0-Christian-Bachelin-%281933-2014%29#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/2499La 18e Luneurn:md5:049c052e42e39b9f0eef2b8a944f99432010-01-31T10:19:00+01:002011-02-07T16:00:20+01:00Le Préfet maritimeDernier reçu Premier serviChristian Bachelinedouard estlin cummingsFanette MellierJacques DemarcqJean-Pierre GeorgesPascal CommèreValérie Rouzeau <p><img src="http://www.alamblog.com/public/danslalune.jpg" alt="danslalune.jpg" title="danslalune.jpg, janv. 2010" /><br />
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Superbe 18e livraison de <em>Dans la Lune</em>, la revue de Valérie Rouzeau et du Centre culturel de Tinqueux : un sommaire délectable, un graphisme épatant.<br />
Avec beaucoup d'à-propos, Fanette Mellier s'est chargée de décliner sur papier noir la lune en formes et en couleurs, tandis que tiennent la plume Christian "Ténébros" Bachelin, e. e. cummimngs, Jacques Demarcq, Jean-Pierre Georges, Pascal Commère et Marc Monchois, nouvelle arrivant listeur.<br />
<br />
Au clair de la lune, et au milieu d'une nuée de zozios, La chandelle de cette revue est assurément bien entretenue.<br />
<br />
Pour vous, alamblogonautes, cet incipit dont vous devinerez, ô gourmets, l'auteur :</p>
<blockquote><p>Le ventre de l'ogre était une immense forêt noire autour d'un caillou blanc.</p></blockquote>
<p><br />
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<br />
<strong><a href="http://www.danslalune.org/commun/frameset_liensinternes.php?lienid=3">Dans la lune</a></strong></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2010/01/31/la-18e-Lune#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1246La rentrée littéraire du vieil inconsolable (Christian Bachelin passera-t-il à la télévision ?)urn:md5:653b994328e8579ba8210df4677051c72007-10-04T06:15:00+00:002010-01-04T09:40:00+00:00Le Préfet maritimeDernier reçu Premier serviChristian BachelinJean Le MauveTénébros <p><img src="http://www.alamblog.com/images/bachelin2.jpg" alt="" /><br />
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<strong>Christian Bachelin</strong> a publié son premier livre il y a quarante ans. Voilà qui se fête. Et pour marquer le coup, il publie grâce à d’habiles et vertueux éditeurs et passe-textes plusieurs ouvrages dont le premier, <em>Le Démon d’antichambre</em>, manuscrit esseulé mais persistant d’autrefois, a jailli il y a quelques semaines.<br />
Pour ne pas nous lancer dans la notice biographique ordinaire ou dans l’histoire littéraire déprimante, disons tout de go que plus tard, bien plus tard, on regrettera de n’avoir pas lu l’oeuvre de Christian Bachelin. On regrettera de méconnaître <em>Y seul</em>, ou de ne pas posséder <em>Atavismes & Nostalgies</em> publié par feu l’exquis Jean Le Mauve. Mais il sera bien tard pour culpabiliser : on n’aura pas été là pour soutenir le vieux poète ou pour faire partager à nos contemporains le plaisir de sa lecture.<br />
Reste une chance : se procurer ce nouveau recueil de poèmes en prose : c’est lui qui entonne le chant de la rentrée littéraire du vieil inconsolable. Des opus suivent, paraît-il. On vous en informera mais notez d’ores et déjà ce titre, <em>Mémoire du mauve</em>, cette marque, Apogée, et cette date, 2 novembre 2007. Avec ça, vous êtes armés.<br />
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Christian Bachelin est là, qu’on se le dise.<br />
<br />
Lui et puis tous ses doubles…<br />
<br /></p>
<blockquote><p>“Chacun son autre, chacun son frère mandragore”<br /></p></blockquote>
<p><br />
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<strong>Petite Bibliographie pour ne pas prendre encore du retard</strong><br />
<br />
Neige exterminatrice (Paris, G. Chambelland, 1967)<br />
Le Phénix par la lucarne (Goudargues, G. Chambelland, 1971)<br />
Fatrasies en revenant d’aujourd’hui (Gap, La Bartavelle, 1988)<br />
Complainte cimérienne ( Paris, La Différence, 1989)<br />
Soir de la mémoire (Paris, Méréal, 1998)<br />
Atavismes & Nostalgies (Aizy-Jouy, L’Arbre, 1999)<br />
Cantilène engloutie (Charlieu, La Bartavelle, 1991)<br />
Y seul (Paris, Zulma, 2001)<br />
Neige exterminatrice, poésies 1967-2003 (Cognac, Le Temps qu’il fait, 2004).<br />
<br />
<br />
<strong>Christian BACHELIN</strong> <em>Le Démon d’antichambre</em>. Postface de Jacques Lèbre ; avec douze dessins d’Evelyn Ortlieb. - Paris, Rehauts, 2007, 99 p.<br />
<img src="http://www.alamblog.com/public/bachelinde_mon.jpg" alt="bachelinde_mon.jpg" /><br />
<img src="http://www.alamblog.com/images/bachelin1.jpg" alt="" /> <em>Photo du Préfet maritime</em></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2007/04/30/357-le-demon-d-antichambre-de-christian-bachelin#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/528