L'Alamblog - Mot-clé - Cocaïne2024-03-28T12:57:47+01:00Le Préfet maritimeurn:md5:891a4437ffb56035bcdd99ce6fc8c9f0DotclearVictor Cyril (1872-1925)urn:md5:8c476ef5fe018438fad353ab6ebe9c222019-12-10T06:40:00+01:002019-12-10T15:35:10+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimCocaïneGueux <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.VictorCyril_m.jpg" alt="VictorCyril.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="VictorCyril.jpg, déc. 2019" /><br />
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<br />Journaliste à <em>L'Humanité</em>, à <em>Clarté</em> (1919) et à <em>l'Intransigeant</em>, Victor Édouard Désiré Berger avait pris le pseudonyme de Victor Cyril. Avec son frère Eugène Berger, il publia plusieurs romans-enquêtes d'inspirations sociologiques sur des sujets sombres d'alors, et cette fois sous le pseudonyme de Cyril-Berger. En particulier <em>La Main sur la nuque</em> (1909), fiction-reportage consacrée à la plèbe parisienne, un peu avant <em>La Maternelle</em> (qui reparaît, réjouissons-nous, dès janvier aux éditions L’Éveilleur) et <em>Aubervilliers</em> (qui est toujours disponible, réjouissons-nous dans la collection L'Alambic, à l'Arbre vengeur), parallèlement aux flâneries de Jean-François Louis Merlet, et avant celles de Jacques Yonnet.<br />
Né le 3 mai 1872 à Bordeaux, Victor Cyril ne fera pas trop long feu : il décède le 4 janvier 1925 à Paris. Ce qui explique cet article nécrologique dans la page récapitulative des morts de l'année par Comedia, où il figure aux côtés d'Erik Satie.<br />
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<strong>Victor Cyril</strong><br />
Victor Cyril était un employé de banque, assez joli garçon, ressemblant, d'une ressemblance un peu ratée, à Bonaparte. Il écrivaillait pour se distraire. Un soir d'hiver, aux Champs-Elysées. un mendiant l'implora. Victor Cyril se mit à causer avec lui. En échange de son aumône, il reçut les confidences du malheureux qui lui proposa de le guider à travers le monde des miséreux, des déchus, des hors la
loi. Alors commença une « tournée des grands ducs ». mais une tournée tragique et sincèrement organisée.<br />
Rares sont les œuvres d'une qualité comparable à celle de <em>Amants et Voleurs</em>, de <em>la Maternelle</em> ou de <em>Marie-Claire</em>. On peut les dire de grande classe. De grande classe aussi est <em>La Main sur la nuque</em>, qui résulta de cette enquête.<br />
Pour documenter son livre, l'auteur s'est vêtu en loqueteux et s'est étroitement mêlé, durant plusieurs mois, aux modèles qu'il voulait .étudier. Il s'imprégna de leur souffrance, confessa patiemment les consciences les plus rebelles. Une telle fréquentation lui valut quelques poux et un bel ensemble de notations dignes d'un Dostoïewsky.<br />
Après <em>La Main sur la nuque</em>, Victor Cyril s'adjoignit la collaboration du docteur Eugène Berger, qui lui ressemble comme un frère, car c'est son frère. Tous deux entreprirent <em>Les Têtes Baissées</em>, étude socio-psychologique, de cette catégorie spéciale d'humanité, classée par eux sous le nom de « paupérisme solitaire ». Ce fut ensuite une longue série de romans d'action, d'où s'échappe souvent, comme dans <em>Cri-Cri</em> et <em>Pendant qu'il se bat</em>, le grand cri d'amour et de rédemption..<br />
C'est aujourd'hui, enfin, sous ce titre, <em>La Coco</em>, une émouvante enquête sur le plus funeste des poisons modernes, la cocaïne, qui fait, tout comme la misère, des martyrs et des déchus.<br />
Victor Cyril n'est plus, aujourd'hui, qu'écrivain. La sobriété forte de son style, l'ordre qui met en valeur ses enquêtes, son intelligence pénétrante, et sa bonté, font de lui un de nos littérateurs les moins littéraires, un de nos évocateurs les plus puissants.<br />
<strong>Paul Reboux</strong> (<em>Paris-Soir</em>, 4 mai 1924).<br />
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<strong>Victor Cyril est mort</strong><br />
Nous apprenons la mort de Victor Cyril, décédé dimanche dans la soirée à la suite d'une hémorragie cérébrale. Frère du docteur Berger, il donna, l'année dernière, en collaboration avec celui-ci, un important ouvrage sur <em>La Cocaïne, poison moderne</em>. Cette monographie obtint un gros succès, et il sera désormais impossible d'étudier la question des stupéfiants sans y recourir.<br />
Toujours en collaboration avec son frère, il avait déjà écrit <em>Les Têtes baissées</em>, roman social qui parut en feuilleton en 1912 dans
<em>L'Humanité</em>. <em>La Main sur la nuque</em>, qui avait depuis longtemps établi la réputation de ces deux écrivains, manqua de peu le prix Goncourt. Collaborateur à <em>L'Intransigeant</em>, il mena récemment une campagne vigoureuse contre les « garnis » et le scandale des quartiers malsains, refuges de la misère et foyers de maladies.<br />
On lui doit encore plusieurs romans : <em>Cri-Cri</em>, <em>L'Expérience du docteur Lorde</em>, <em>Un As</em> et <em>La Merveilleuse Aventure</em>. Sa traduction des <em>Prisonniers de guerre</em> de Léon Feutchwangen (sic), et du <em>Tunnel</em>, de Dermud (sic) Kellermann, et <em>Les Yeux qui changent</em>, pièce en quatre actes, ont tout dernièrement paru en librairie.<br />
Les obsèques sont fixées au jeudi 8 courant, à midi précis, en l'église Saint-Augustin, où l'on se réunira. Le corps sera conduit à Lubersac (Corrèze), où aura lieu l'inhumation. (<em>Comoedia</em>, 7 janvier 1925).<br />
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<strong>Victor Cyril est mort</strong><br />
(...) Adhérent à Clarté après la guerre et membre influent de ce groupe dont il fut, pendant quelque temps, secrétaire général, il fut poursuivi pour antimilitarisme. Il disparut de la lutte politique et se consacra entièrement à la littérature. Il publia des contes et des
chroniques dans de nombreux journaux et écrivit des romans romanesques, genre romans d'aventure et d'épouvante, et quelques
pièces de théâtre dont l'une, pensons-nous, avait été retenue par M. Rodolphe Darzens, le directeur du Théâtre des Arts.<br />
(...) La meilleure de ses œuvres personnelles reste <em>Les Têtes baissées</em>, où il a "brossé des tableaux de pauvres hères parisiens qui resteront". (...) (<em>Paris-Soir</em>, 7 janvier 1925).<br />
<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2019/12/10/Victor-Cyril#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/4125C17 H21 Az O4 H Clurn:md5:14b3b27c898e165c32dd3aa8e09116eb2019-12-09T00:21:00+01:002019-12-09T17:17:30+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimCocaïneDrogueLittérature opiacéeVictor Cyril <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.VCyrilCok_m.jpg" alt="VCyrilCok.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="VCyrilCok.jpg, déc. 2019" /><br />
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Clin d'oeil renouvelé au <a href="http://www.alamblog.com/index.php?post/2019/09/08/Psychostrophes">volume compilateur que Cécile Guilbert</a> consacre aux drogues en littérature, voici un article de Victor Cyril sur les usages plaisant du milieu.<br />
Demain, nous présenterons quelques documents sur Victor Cyril lui-même.<br />
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<strong>C17 H21 Az O4 H Cl</strong><br />
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"L'artiste conçoit et enfante ses œuvres dans la. douleur M, a dit George Sand. Sans vouloir faire de. l'artiste, et plus particulièrement du littérateur, une sorte de supplicié volontaire, je crois que d'une façon générale, il crée dans le tourment, et que le travail d'inspiration est rarement joyeux. J'en appelle à tous ceux qui, pensant accoucher de quelque œuvre grandiose, mais encore assez nébuleuse, se sont assis, la plume à la main, devant une feuille de papier blanc !<br />
C'est pour échapper à cette souffrance, et dans l'espoir combien alléchant qu'au lien de se torturer l'esprit ils enfanteront dans une riante ivresse, dans une hyperactivité miraculeusement obtenue de leurs facultés intellectuelles que, de tout temps, nombre de romanciers, de poètes, de dramaturges eurent recours aux excitants cérébraux, à ces poisons de l'intelligence que sont l'alcool, le haschich, l'opium, l'éther. Tels furent Hoffmann. qui fonda ses meilleurs contes sur les hallucinations éthyliques, dont il était victime ; Edgar Poë puisant dans l'alcool l'inspiration démentielle qui éclaire toute son œuvre d'un reflet d'enfer, et dont l'ivrognerie devint presque une méthode de travail, énergique, mortelle, mais appropriée à sa nature passionnée : Afred de Musset, alcoolique et. opiophage ; « buvant par force, écrit-il lui-même, comme s'il se fût agi d'un remède ordonné par un médecin » ; Verlaine qui fit de la fée verte le soleil de sa vie spirituelle ; Théophile Gautier et Baudelaire, princes du haschich ; Thomas de Quincey, chantre de l'opium, dont l'œuvre est celle d'un visionnaire ;
Hégésippe Moreau qui chercha, lui aussi. dans la fumée des bâtonnets, à ranimer la flamme éteinte ; Jean Lorrain qui avait fini par ne plus pouvoir écrire sans le secours de l'éther dont il iarrosait des morceaux de sucre !<br />
Ils s'ouvrirent ainsi les portes d'un palais magique où, délivrés des pesantes contingences, ils promenèrent l'ivresse de leur pensée ; mais ces portes se refermèrent sur eux ; et les mondes imaginaires, que leur orgueil avait édifiés, s'écroulèrent, les ensevelissant sous leurs ruines, Hoffmann, la moelle épinière atteinte, dut vendre pour vivre jusqu'à ses vieilles redingotes, Edgar Poë finit dans le ruisseau, Musset n'avait plus de génie à trente-cinq ans, Thomas de Quincey traîna la pire misère. Verlaine eut l'hôpital comme principal refuge, et Hégésippe Moreau s'y éteignit. Jeun Lorrain connut « les mornes ennuis des maisons de santé » et mourut victime de sa passion !<br />
La leçon, hélas, n'a pas servi !<br />
A ces poisons romantiques a succédé la « coco », poison moderne, poison chimique et discret, sans odeur, sans vain attirail, sans vertu lyrique, tenant dans la terrible sécheresse d'une formule. Nons avons maintenant le C17 H24 Az O4 H CL.<br />
Les grands ancêtres, dont s'allonge plus haut la funèbre liste, eurent au moins l'excuse de leur bohème. Ils avaient fait de leur poison favori, à la face du monde, la rançon de leur gloire.<br />
Ce poison était publiquement inscrit au tableau de leurs vices. Désordre et Génie ! Le littérateur d'aujourd'hui — je parle, bien entendu, d'une infime minorité de monomanes — procède tout autrement. « C'est la drogue nouvelle » pourrait-on chanter. Il y a recours avec méthode, et sans fla-fla, mais le crier par-dessus les toits, ce qui du reste lui causerait des ennuis certains. Pas si bête ! Les temps ont changé, La coco se cache prosaïquement sur sa table de travail, entre le tampon et d'encrier, quand ce n'est pas dans le stylographe; Il prétend la doser dans l'exacte limite où elle constitue un adjuvant cérébral ! Il se dope posément, bourgeoisement. Il prise, pour travailler, comme on prend des pilules Pink contre l'anémie. Il est de son époque !<br />
De son époque, en effet, de cette époque de féroce utilitarisme et de godicherie tout aussi grande, sous le vouloir d'immédiat profit, en raison peut-être de cela même. Il se croit beaucoup plus fort. Il n'est que beaucoup plus bête. Il se suicide tout aussi vite et sans moins de bénéfice encore !<br />
Il est certain que, pour la première fois, tel écrivain, sous l'emprise de la drogue, peut produire avec plus de facilité plus, plus de vitesse aussi... mais non mieux, ce qui serait assez effrayant ! Un de nos hommes de lettres les plus justement célèbres me citait le cas d'un auteur dramatique qui, pour avoir usé de cocaïne, put terminer, en l'espace d'un jour et d'une nuit, une pièce de théâtre, dont il avait mis six mois à écrire les deux premiers actes. Je connais, pour ma part, un romancier, qui écrivit en un mois un très beau roman, en puisant la poudre dans une tabatière finement ouvragée, sans pour ainsi dire sortir de son lit.<br />
Seulement, voilà... Cela débute toujours ainsi... Griserie du cerveau !... Inspiration facile !... Confiance !... Magnifique optimisme !... Et puis, c'est l'accoutumance..On est vite mithridaté. L'organisme exige des doses toujours croissantes. Et alors, on est tout étonné de ne plus reconnaître ses amis. Mais qu'a-t-il donc ? se demande-t-on. X... verse depuis quelque temps dans une extraordinaire verbosité, Y. dans un effrayant désordre psychologique. Z. dans une mégalomanie insupportable, et leurs œuvres, à tous trois, dans une belle loufoquerie.<br />
Cocaïne !... Cocaïne !... Leurs devanciers, qui ne connaissaient, eux, que les poisons végétaux, avaient au moins le mérite de se suicider avec éclat, en s'entourant d'un délire retentissant dont les récents avaient encore leur beauté !...<br />
X., Y., Z., ont, voulu se traiter chimiquement, en se cachant, sans rien dire à personne. Ils ont demandé le miracle pour eux seuls. Ils n'ont, hélas ! trouvé que l'oubli dans la petite voiture où on les promène l<br />
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Victor Cyril<br /></p>
<p><em>Paris-Soir</em>, 1er mai 1924</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2018/10/12/Jean-Lebrau#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/3663Pitigrilli 1924urn:md5:3f1b174dfd5b1150048d3d441a8f46ad2018-06-29T21:40:00+02:002018-06-29T21:40:00+02:00Le Préfet maritimeDernier reçu Premier serviCocaïneDino SegrePitigrilliUmberto Eco <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.Pitigrilligiovene_m.jpg" alt="Pitigrilligiovene.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Pitigrilligiovene.jpg, juin 2018" />
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Parce qu’il est l’heure de lire Cocaïne, de Pitigrilli, tout juste paru avec une magnifique postface d’Umberto Eco.<br />
On se souvient peut-être qu’il fut d’abord traduit en français par Gabriel de Lautrec, amuseur s’il en est. Pitrigrilli, qui a trouvé son pseudonyme « Petit-Gris » dans les peaux d’écureuils cousus sur le manteau de sa mère, l’a probablement rencontré lorsqu’il vivait à Paris.<br />
Il faisait alors dans le journalisme et la vie folle.<br />
Son roman <em>Cocaïne</em> en dit quelque chose.<br />
C’est Paris-Babylone avec une poignée de personnages, et cet Italien qui meurt à la fin.<br />
Il y a aussi une fraîche Maud, une Arménienne ravageuse, des us et coutumes boulevardiers, des voitures automobiles, des fleurs, des papillons d'Amérique latine, et même cet "homme dont on ne sait qui il est » présent dans toutes les rédactions d’alors... et la coco ! la coco !<br />
Bon sang, les mains de cocaïnomanes, voilà ce qui se remarque.<br />
Visite de Paris-Babylone par un bon vivant, celui qui fit rougir la mère d’Umberto Eco...<br />
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<strong>Pitigrilli</strong> (Dino Segre dit) <em>Cocaïne</em>, traduit de l’italien par Robert Lattes. Postface d’Umberto Eco. - Paris, Séguier, 348 pages, 21 €
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Illustration du billet : Pitigrilli (1893-1975) en 1924 (agence Rol).</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2018/06/28/Pitigrilli-1924#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/3572Héroïne et cocaïne sont les mamelles de la nuiturn:md5:185b734aa5741d0658fa2c0b0158eed32011-12-01T00:37:00+01:002011-12-01T10:47:43+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimClaire PaulhanCocaïneHéroïneMireille Havet <p><img src="http://www.alamblog.com/public/HavetHeroCoco.jpg" alt="HavetHeroCoco.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="HavetHeroCoco.jpg, nov. 2011" />
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Les éditions Claire Paulhan poursuivent la publication du journal de <strong>Mireille Havet</strong> (1898-1932), cette écrivain brûlée aux cent feux de la vie parisienne, l'une des plus importantes redécouvertes des vingt dernières années, disparue dans sa trentaine, vaincue par la tuberculose.<br /></p>
<p>Rappel des faits : en 2003 paraissait le journal 1918-1919, <em>Le monde entier vous tire par le milieu du ventre</em>, puis vinrent <a href="http://www.alamblog.com/librairie/mireille-havet.html">sous de très belles couvertures typographiques</a> les volumes des années<br />
1919-1924, <em>Aller droit à l'enfer, par le chemin même qui le fait oublier</em> (2005) ;<br />
1924-1927, <em>C'était l'enfer et ses flammes et ses entailles</em> (2008)<br />
1927-1928 <em>Héroïne, cocaïne ! La nuit s'avance...</em> (2010).</p>
<p>En attendant la suite, c'est-à-dire le <em>Journal 1929</em>, ainsi que le <em>Journal de jeunesse</em> (1913-1918), le premier volume a reparu dans une édition augmentée de quarante-huit pages, de vingt-huit photographies et de fac-similés.</p>
<p><strong>Mireille Havet</strong> <em>Le Monde entier vous tire par le milieu du ventre</em>. Nouvelle édition. — Paris, <a href="http://www.clairepaulhan.com">Claire Paulhan</a>, 2010, 24 €<br />
— "Héroïne, Cocaïne, la nuit s'avance...". — Paris, Claire Paulhan, 2010, 352 pages, 35 €
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On peut également se fournir auprès de la <a href="http://www.alamblog.com/librairie/mireille-havet.html">librairie Lekti</a> !</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2011/11/30/Hercocomamnuit#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1740Les orgies de James S. Leeurn:md5:8bd815fe4b2d510e4fbfbfca52632f772009-10-07T01:17:00+02:002009-10-19T19:49:48+02:00Le Préfet maritimeDernier reçu Premier serviCocaïneDrogue pauvreHaschichJames S. LeeMorphineOpiumThéo Varlet <p><img src="http://www.alamblog.com/public/opiomane.jpg" alt="opiomane.jpg" title="opiomane.jpg, oct. 2009" /> <em>Couverture illustrée d’une image du film</em> The Dividend <em>(USA, 1916)</em><br />
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En 1935, paraissait à Londres un curieux ouvrage intitulé <em>The Underworld of the East. Being eighteen years’ actual experiences of the underworlds, drug haunts, and jungles of India, China, and the Malay Archipelago. With plates</em> (London, Sampson Low & Co. IX-278 p.). C’est, à l’évidence, l’un des plus extraordinaires documents que l’on puisse imaginer, doublé d’un récit de voyage singulier. Et même très singulier. William Burroughs ne s’y est pas trompé qui le tenait pour un maître-livre.<br /></p>
<p>Et c’est en effet un classique de la littérature de voyage que cet <em>Underworld of the East</em>, et, malgré sa curieuse absence du panoramique l<em>‘Opium : histoire d’un paradis infernal</em> de Mary Hodgson (Le Seuil, 1999), un authentique grand livre de la « drug literature ». Il n’avait encore jamais été traduit en français.<br /></p>
<p>L’Anglais <strong>James S. Lee</strong> (1872-?) aura attendu l’âge de 62 ans pour publier le récit scabreux de ses voyages “à thème” durant lesquels la chasse au tigre ou la défense contre les Dacoïts ne furent pas les occupations les plus récurrentes, et de loin… De fait, dl’Inde en Malaisie, de Shanghai au Brésil, des beuglants portuaires aux jungles tropicales, et des lupanars aux fumeries d’opium discrètes, notre gentleman-junkie a laissé un testament surprenant.<br /></p>
<p>Le titre anglais de son ouvrage, que l’on pourrait traduire par <em>Les Bas-Fonds de l’Asie</em>, ne laisse aucune ambiguïté sur le sujet principal de l’opus rédigé par un ingénieur mécanicien, spécialisé dans les mines et le chemin de fer, qui, de 1895 à 1915, n’a cessé de s’enquérir des produits hallucinants, procédant dans la description de leurs effets avec le même soin que <a href="http://www.alamblog.com/index.php/post/2009/04/28/Th%C3%A9o-Varlet-et-le-Hachich-(Andr%C3%A9-Billy)">Théo Varlet dans son essai</a>. Concoctant à l’aide de son laboratoire portatif toutes sortes de poudres et mélanges liquides, il profita des plantes inédites que lui offrait une nature pléthorique afin de ne pas se limiter au tout-venant de la stupéfaction. James S. Lee raconte ainsi avoir découvert à Sumatra une plante spécifique dont les décoctions lui auraient permis d’obtenir ce qu’il nomme un “élixir de vie”, souverain, bénéfique et, malheureusement, resté secret…<br /></p>
<p>Il faut dire, à la décharge de cet aventurier de l’intraveineuse, que la loi britannique n’autorisait alors plus les drogues. Mais notre petit chimiste amateur avait ses réserves et, après avoir perdu sa compagne par overdose, avait assez d’expériences pour se détacher des substances. C’est du moins ce qu’il rapporte, tout en admettant avoir conservé jusqu’au soir de sa vie, à cause des piqûres, un torse et des bras bleus.<br /></p>
<p>Entre deux shoots, James S. Lee, qui prétend avoir contrôlé parfaitement son rapport aux drogues - au point de parvenir à consommer tout à la fois, le même jour, opium, morphine, cocaïne et haschisch - et à se sevrer lorsque cela était nécessaire, trouve dans ses souvenirs les plus remarquables, de quoi nous traîner dans les rues louches de Shangaï, dans la jungle auprès du Mangeur d’hommes et d’exposer ainsi un tableau assez personnel, et apparemment crédible, des colons et des populations locales du Commonwealth victorien rayonnant des années 1900.<br /></p>
<p>En livrant son observation de ce monde colonial appelé à disparaître, <em>Les Tribulations d’un opiomane</em> analysent assez précisément les conditions de vie des uns et des autres et, c’est inévitablement le trait d’un technicien, les conditions de production. Restent aussi de limpides récits de visions opiacées, des anecdotes délectables et, plus rarement, un coq-à-l’âne philosophique mièvre ou barré. Pour autant, rien ne disqualifie ce livre, surtout pas ces glissades qui témoignent peut-être des lassitudes d’un esprit éprouvé. Au fond, James S. Lee pourrait bien rester le plus grand consommateur de drogues connus pour ses écrits, juste derrière Quincey.<br />
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Il serait dommage de passer à côté de ce livre singulier. A lire sans délai, adoncque, ou à noter dans un coin pour ne pas l’oublier.
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NB : L’Alamblog est preneur des scans des douze planches que contenait l’édition originale anglaise d<em>‘Underword of the East</em>, espérant y trouver (notamment) un portrait de James S. Lee. Une image semble avoir été réutilisée par Mary Hogdson et en rabat de la présente édition, mais sans mention de source, nous empêchant, de ce fait, de vous livrer son image.
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<strong>James S. Lee</strong> <em>Les Tribulations d’un opiomane</em> (<em>Underworld of the East</em>), traduit de l’anglais par Sophie Azuelos. Préface de Mike Jay. Postface de Patrick Boman. - Paris, Intervalles, 328 pages, 19 euros</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2009/09/30/Les-orgies-de-James-S.-Lee#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1160