L'Alamblog - Mot-clé - Colette2024-03-28T18:27:22+01:00Le Préfet maritimeurn:md5:891a4437ffb56035bcdd99ce6fc8c9f0DotclearRapports de femmes et d'éditeurs (en marge de Cachées par la forêt)urn:md5:8f884004d1815ee8ea30d9f36a775d3d2019-10-16T06:39:00+02:002019-10-16T16:07:06+02:00Le Préfet maritimeColetteJean BaldeJehanne d OrliacKikou YamataMarie-Louise PailleronRachilde <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.PanierCeleste_m.jpg" alt="PanierCeleste.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="PanierCeleste.jpg, oct. 2019" /><br />
<br />
<br />
<br /></p>
<blockquote><p>Réponse de la Bergère aux propos du Berger<br />
<br />
M. Bernard Grasset, qu'on pourrait surnommer le moraliste immoraliste, vient de nous révéler, dans une série d'articles retentissants, sa conception du rôle de l'éditeur. Il y a du bucolique là-dedans : l'éditeur est à la fois pour lui le « nouveau berger » qui guide l'opinion sur les pacages intellectuels et sélectionne les « bêtes » du troupeau - et la « poule aux œufs d'or » dont les ovaires miraculeux sont pour l'écrivain une source constante de richesses. Bien des idées offrent matière à controverse, dans le système de l'éditeur-auteur. En particulier, l'article intitulé La Poule aux œufs d'or, paru dans le Journal du 11 novembre, part de cette affirmation, qu'il développe sur deux colonnes : « Jamais les écrivains n'ont été aussi gâtés qu'aujourd'hui ».<br />
Les écrivains « arrivent-ils » plus facilement aujourd'hui qu'avant la guerre ? L'éditeur est-il bien la « poule aux œufs d'or » à laquelle on ne saurait tordre le cou sans dommage ? Le syndicat des moutons pourrait, bien envoyer au berger, sur ces deux questions, la réponse de la bergère. En attendant, nous avons voulu savoir ce qu'en pensent les brebis.<br />
La plus illustre tête du troupeau nous a répondu en deux temps.<br />
La première fois, par la voix de sa secrétaire :<br />
- Mme la comtesse ne peut se déranger en ce moment. Elle est en train de signer un contrat avec un éditeur.<br />
C'était déjà répondre. Mais le lendemain.<br />
- Vous posez des questions étonnantes, nous dit la voix ailée, mordante et précise de Mme de Noailles. Comment me passerais-je de mon éditeur ? Je fais mon métier, qui est d'écrire des livres. Il fait le sien, qui est de les éditer. J'envisage les rapports de l'auteur et de l'éditeur comme une collaboration amicale. J'ai souvent donné des conseils à mes éditeurs. ils les ont toujours suivis et s'en sont bien trouvés. Je ne vais pas plus loin. Quoi donc ? Il y a des écrivains qui s'éditent eux-mêmes ? Mais qui ? Mais lesquels ? Mais comment ? Ce n'est pas soutenable.<br />
- Pensez-vous que les conditions actuelles soient plus favorables aux écrivains que les conditions d'avant-guerre ? Arrivent-ils plus vite et plus facilement à la notoriété ?<br />
- Il m'est difficile de le croire, puisque mon premier livre fut publié avant la guerre et que, sans la moindre réclame, alors qu'on avait toutes les raisons. du monde de se défier d'une personne très jeune, femme et inconnue, Le Cœur Innombrable ouvrit d'emblée à mon nom la voie triomphale.<br />
- Vous êtes, madame, une éclatante exception.<br />
- Peut-être, mais il ne m'appartient pas de le dire. Je pense en tout cas que les conditions actuelles sont plutôt moins favorables aux écrivains que les anciennes. Avant la guerre, la valeur s'imposait d'elle-même ; l'écrivain touchait directement le public par la seule vertu de son labeur. Aujourd'hui, il n'y parvient qu'à l'aide de la publicité. Avoir besoin de la grosse caisse pour se faire lire, c'est plutôt une déchéance qu'un progrès. Plus de réclame, moins de conscience : telle est la formule des succès d'aujourd'hui, comparés à ceux de naguère.<br />
Plus de réclame, moins de conscience : cela signifie que le rôle de l'éditeur s'est développé aux dépens de celui de l'auteur.<br />
***<br />
Rachilde, cantonnée comme un gros chat frileux entre son poêle, son paravent, sa table à écrire et sa lampe à pétrole, prend parti pour les modernes, de toutes ses mèches blanches en bataille, de tous ses yeux fulgurants :<br />
- Grasset, évidemment, il « cherre un peu ». Je fus un des premiers à l'accuser de gâcher le métier littéraire par l'abus de la réclame. Mais quoi ! à une nouvelle époque, il faut un nouvel éditeur. Si Grasset, par son exemple, n'avait fait que secouer l'apathie des vieilles maisons d'édition, il aurait droit, rien que pour cela, à notre reconnaissance.<br />
Les procédés d'avant-guerre ? Heum ! Je pense à cette maison ancienne et respectée qui vint me dire un jour : « Votre livre se vend bien. Abandonnes-nous donc deux ou trois éditions pour le soutenir par la publicité ! » Ainsi, autrefois, quand un livre « marchait », on demandait de l'argent à l'auteur. Aujourd'hui, on lui en donne : avouez que c'est un progrès.<br />
La poule aux oeufs d'or ? » Je ne sais pas si les écrivains sont plus riches qu autrefois : la vie est si chère ! Je crois qu'ils ont plus de facilité à se faire éditer, les femmes surtout. De mon temps, nous étions cinq ou six femmes de lettres sur la place de Paris : on nous montrait au doigt comme des chiens galeux. Pour un peu, on nous aurait refusé la confession et l'inhumation en terre chrétienne !<br />
Quant à nous éditer nous-mêmes, c'est pure utopie. Comment ferions-nous notre publicité ? Où trouverions-nous le temps de visiter nos libraires ? Ou alors, nous deviendrions une petite maison d'édition - à côté des grandes.<br />
Une remarque pour finir : un bon éditeur est le collaborateur indispensable et bienfaisant de l'écrivain. Mais il y a trop d'éditeurs qui s'occupent d'autre chose : certaines maisons d'éditions sont des alibis ! Supprimons les alibis ! Et laissons vivre la bonne volaille, plus ou moins pondeuse.<br />
***<br />
Nouveaux bergers, nouveaux bergers, seriez-vous plus gras que vos moutons ? Allons quêter l'avis de Colette.<br />
Cette fois, c'est une voix profonde et lente :
- Oui... J'ai oublié vos questions, mais je sais bien que je suis décidée à ne pas y répondre.<br />
- ...<br />
- Ah ! les éditeurs, les écrivains... Non, non. Je ne me mêle jamais de ces questions-là. Je savais bien que je ne voulais pas répondre.<br />
Mme Colette a de la suite dans les idées.<br />
Sur les prés fleuris qu'arrose la Gironde, Mme Jean Balde, toute douceur et toute poésie, n'a cueilli que satisfaction, bienveillance, optimisme.<br />
- Réussit-on plus vite aujourd'hui qu'avant la guerre ? Je ne sais pas. Il n'y a, me semble-t-il, qu'un petit nombre d'écrivains qui bénéficient d'une publicité retentissante. Les autres courent leur chance. Cela n'a jamais été facile. Mais, quand un livre est bon, il y a toujours quelqu'un pour le dire. Une oeuvre, comme un visage humain, a son rayonnement irrésistible. Je ne crois guère à ce qu'on appelle la tactique littéraire. Mais je crois au courage, à la foi, à la patience. Le succès d'un écrivain est en lui-même, seulement, cela peut être un succès à retardement.<br />
Il faut aussi compter avec la générosité du monde des Lettres. Oui, malgré une agitation de surface ! L'énorme bénéfice de la publicité, c'est qu'elle fait gagner du temps. Le succès, pour un écrivain, c'est la possibilité de travailler. Enfin, il faut compter avec le public, si indifférent aux querelles d'écoles, que certaines formes de la réclame étonnent encore, parfois irritent, et qui sauve en dernier ressort par on ne sait quel classement unanime et mystérieux les ouvres viables.<br />
Quant à supprimer la « poule aux œufs d'or », Jean Balde n'y songe pas : Je ne vois pas bien comment nous pourrions éditer nous-mêmes nos livres. Ne sommes-nous pas assez occupés ? Serions-nous si bons commerçants ? Aurions-nous déjà oublié le temps où, cherchant des éditeurs, nous étions si heureux d'en avoir trouvé ? Je crois me souvenir que Balzac, et peut-être Lamartine, firent des expériences de ce genre : cela ne leur a pas réussi. Pensons à la fable Les membres et l'estomac : entre les écrivains, les éditeurs et les libraires, il y a collaboration.<br />
***<br />
Mme Jehanne d'Orliac, elle, n'est pas de l'espèce des brebis confiantes. Sa réponse pessimiste et superbement désinvolte oppose les droits de l'artiste à ceux du commerçant : Notre époque est bien un âge d'or pour ceux qui écrivent, car il y a des débouchés nombreux, et d'innombrables façons d'employer sa plume. Elle n'est pas un âge d'or pour l'écrivain qu'il ne faut pas confondre avec les autres, parce que sa conscience répugne à certaines concessions, et son honneur à certaines publicités. Je vois peu d'écrivains véritables parmi les auteurs à gros lancement. et à grands frais. C'est ce qui crée une confusion regrettable chez les étrangers, qui, ne connaissant que ceux-là, publient que la littérature française est en décadence. Il n'y eut jamais tant de valeurs ignorées du présent, et qui témoigneront dans l'avenir, de la fécondité de notre époque. Ceux-là, les vrais écrivains, sont pauvres ou ignorés ou méconnus.<br />
Surtout qu'on ne nous oblige pas à publier nous-mêmes nos livres. Nous ne saurions avoir le temps de nous occuper de cette cuisine. L'éditeur est indispensable. Qu'il nous vole, qu'il nous pille, tant pis, là n'est pas la question. A lui le profit, mais à nous le bénéfice d'un travail qui est à lui seul le plus grand luxe qu'on puisse avoir sur la terre, et qu'aucune réussite matérielle ne donnera jamais.<br />
***<br />
Kikou Yamata, chrysanthème des Lettres, résout la question par un sourire où la malice française s'allie à la courtoisie nipponne : Je trouve que c'est assez d'écrire le livre sans avoir tout le tracas de l'édition. D'autant plus que l'éditeur demande maintenant à l'auteur de s'occuper de sa publicité et de la critique ! Les livres sont aujourd'ltui des enfants qu'il faut présenter et conduire dans le monde ! Une femme de lettres y exerce son instinct maternel et l'éditeur fait figure de bon ou mauvais parrain de parrain ladre ou généreux !<br />
J'ai eu plusieurs éditeurs. A part l'un qui me fit d'abord des compliments puis un procès, un autre notoirement constipé quant à dire une « poule aux œufs d'or » comme le dit Grasset, je suis enchantée des autres.<br />
Mes éditeurs Stock sont pour moi des amis sincères, un appui moral de valeur. Ils agissent en banquiers probes et selon le « capital » déposé entre leurs mains par mes livres.<br />
Leur premier conseil au début de ma carrière fut celui-ci : « apprenez à réclamer, mademoiselle ! »<br />
Quant à Mme Marie-Louise Pailleron, elle écoute la voix du réalisme et du bon sens :<br />
- L'Age d'or ? C'est bien vite dit. Pas au point de vue financier, je pense ? Car vous savez comme moi que si le terrassier et le marchand de sardines en boîtes ont décuplé leurs prix, l'écrivain ignore encore cette bienfaisante amélioration.<br />
Au point de vue de la facilité de la production, oui, disons que l'âge est favorable. Certes, il n'y a pas d'exemple dans le passé de la facilité que trouvent aujourd'hui les auteurs à se faire imprimer, qu'ils appartiennent ou non aux lettres. Nous parlons des nouveaux venus, n'est-ce pas ? et des romanciers (car pour les historiens qui ont une thèse à faire imprimer, par exemple ?...) Sans cette facilité, comment expliquer la surabondance de livres, dont si peu sont à retenir ?<br />
Ce qui reste de tout cela f Uniquement ce qui plaît au public, ne nous y trompons pas. Mais quand l'appui de l'éditeur ne révélerait qu'un nom sur mille, il serait encore un bienfait.<br />
Editer soi-même ses livres ? Ceux qui ont un mauvais éditeur évidemment y gagneraient. Par « mauvais », entendons : qui donne des signes de mollesse. Mais si l'éditeur s'occupe de son auteur (je veux croire qu'il est honnête) pourquoi changer de méthode ! Quant aux jeunes inconnus, ils pourront à la rigueur s'imprimer eux-mêmes, mais comment feront-Ils le lancement de leurs livres ?<br />
Jusqu'ici, les réponses recueillies étaient conservatrices au moins en ce qui concerne le rôle de l'éditeur lorsque s'éleva la voix de la bergère par excellence : Je m'édite moi-même, disait Jeanne d'Arc, ce qui me dispense de commentaires.<br />
Je levai la tête et reconnus Delteil.<br />
<br />
Simone Ratel.<br /></p></blockquote>
<p><br />
<br />
<em>Les Nouvelles littéraires</em>, 1er décembre 1928<br />
<br />
<br />
Illustration du billet : photographie utilisée par Kikou Yamata pour un article sur le Japon. Elle montre un musicien ambulant (apparemment de la secte bouddhiste Fuke) coiffé du "panier céleste" symbolisant son détachement du monde. Et il joue de la flûte... Les Alamblogonautes sont priés de n'y voir aucun rapport avec le sujet de l'article de Simone Ratel.<br />
<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2018/01/09/rapports-de-femmes-et-d-diteurs#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/184Les affres de Taupin-Mifluurn:md5:7ce09461870f832ae57668d5299dc3a12019-05-01T00:01:00+02:002019-05-01T10:01:48+02:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimAntoinette DeshoulièresArthur Conan DoyleCharles d OrléansColetteEugène IonescoFiodor DostoievskiFrançoise DoltoHeinrich von KleistJules BonnotLouis PergaudMadame RollandMarguerite DurasPaul MorandStéphane Mallarmé <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.TaupinMiflu_m.jpg" alt="TaupinMiflu.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="TaupinMiflu.jpg, avr. 2019" /><br />
<br />
<br />
Vous ne saviez plus quoi lire après avoir fini <em>A la ligne</em> de Joseph Ponthus ?<br />
Attaquez donc <em>Des écrivains imaginés</em> de Cécile Villaumé !<br />
<br />
On nous a fait, trop souvent, le coup de l'écrivain imaginaire pour que cela nous intéresse encore : qui n'est pas capable d'inventer un ludion aux aventures cocasses ? Plus dur est d'inventer l'oeuvre solide qui va avec... On nous a fait, très souvent aussi, entre autres, le coup du pastiche et le coup de l'inédit retrouvé. C'est la loi du genre : quand on aime, on ne compte pas et on en veut toujours plus, quitte à inventer les vers manquants du jeune Cendrars ou les autographes qui font lacune (<em>Caradec did it</em>). On a même des photographies incertaines de Rimbaud retraité (mais toujours pas de manuscrit de Molière !) et, grâce à feu Dominique Noguez on dispose du témoignage de Lénine dans sa période dada. On le voit, nombreux sont les farceurs qui s'emparent de la vie rêvée de l'écrivain - grantauteur autant que possible - pour produire de la prose. La matière est souple, l'investissement léger. Ça ne mange pas de pain. Certains écrivains qui se sentent incertains face à la postérité ou la vibrante vie webnautique procurent du reste eux-mêmes les éléments de la fable pour faciliter les choses (suivez mon regard).<br />
On est donc assez surpris en tombant sur <em>Des écrivains imaginés</em> de Cécile Villaumé. Surpris et très amusé. D'abord parce qu'elle aborde un sujet galvaudé sans frémir, ensuite parce qu'elle fait d'emblée preuve d'une ironie citronnée qui nous emballe. Elle n'est pas lectrice de Bloy et de Muray pour rien. Son allant n'a aucune naïveté : elle a des lettres, nous sert du vocabulaire de paléographe (qui oserait 'opime' aujourd'hui ? un coup à être recalé par Busnel) et maîtrise bien les codes de l'érudition et des atours de la doxa du moment. Surtout, elle a en plus ce <em>grano sali</em> qui fait les gens d'esprit - la dernière partie de son ouvrage le démontre encore brillamment. Quand on a comme elle le goût de la langue (et de la grammaire), l'art du biais et du quant-à-soi, en plus du don de l'observation, comment le passer sous silence ?<br /></p>
<blockquote><p>"L'Ecrivaine sait bien qu'elle n'est pour rien dans ce processus. C'est comme si l'oeuvre s'autoengendrait. A peine a-t-elle tracé quelques lignes sur la page que le sujet mute en COD, le COD en apposition. Alors, le complément circonstanciel s'écartèle, la forme empathique déploie ses rets, la proposition incidente arrive à point nommé. Des conjonctives antéposées accourent. Le lecteur, secoué dans cette prose comme dans le tambour d'une machine à laver, parvient au bout de l'ouvrage sans le comprendre, tout étonné d'être conduit si loin par la grâce de la parataxe dont il a appris à adorer les décrets."</p></blockquote>
<p>Qu'elle aborde le sujet de la Vologne soumise aux lubies de la pythifiante Duras ou la comptabilité de Charles d'Orléans, Cécile Villaumé nous enchante. Elle sait prendre la biographie du grand écrivain avec la distance d'un Alphonse Allais ou d'un Renard : c'est délicieux et doucement pamphlétaire. Une mise à plat était nécessaire, les petits détails font sens désormais. Et si cette moqueuse ne respecte ni la Louison révolutionnaire, ni les tics conjoncturels de l'université (ah, les affres de Mme Taupin-Miflu...), et particulièrement pas l'écriture inclusive, c'est vrai, son propos contient toujours cette part de vérité historique qui nous frappe dans les petits faits vrais, lorsque le nimbe de gloire est atténué.<br />
La lumière trop forte écrase les nuances... Voici donc Pergaud et Proust comme vous ne les avez jamais vus ni lus, Dostoievski, Kleist, Conan Doyle (recommandant Bonnot, qui fut son chauffeur automobile lors d’un séjour parisien, c’est avéré), Antoinette Deshoulières, Ionesco, Dolto, la mécanique subtile (?!) d'un festival de poésie en région autrefois industrielle (moteurs à piston rotatif), les dernières heures de la digne Manon Rolland, Colette découvrant la vie, Paul Morand ou Mallarmé, qui n'utilise les mots qu'au quatrième sens que leur affecte le dictionnaire... Tout ça est apocryphe, mais qu'est-ce que c'est drôle ! Jusqu'à l'apothéose de ce dictionnaire des idées (esthétiques) reçues placé <em>in fine</em> pour nous expliquer comment parler des monstres de la littérature. Le passage est chaudement recommandé.<br />
Au bout de cet éloge sans retenue, une conclusion s'impose : Cécile Villaumé devrait poursuive en réinventant la littérature de notre époque. Peut-on décemment l'en prier ?
<br />
<br />
<strong>Cécile Villaumé</strong> <em>Des écrivains imaginés</em>. - Paris, Le Dilettante, 2019, 223 pages, 17,50 €</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2019/05/01/Pour-en-finir-avec-les-idees-rekues#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/38837 femmesurn:md5:8ab4f339c7d42d470225bc03d89986e72013-03-28T00:05:00+01:002013-05-08T16:39:23+02:00Le Préfet maritimeDernier reçu Premier serviColetteDjuna BarnesEmily BrontëIngeborg BachmannMarina TsvetaevaSylvia PlathVirignia Woolf <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.Salv7_m.jpg" alt="Salv7.jpeg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Salv7.jpeg, mar. 2013" /><br />
<br />
<br />
Après <strong>Marie NDiaye</strong>, qui n'en proposaient que trois mais des puissantes (1), <strong>Lydie Salvayre</strong> donne <em>7 Femmes</em>, un recueil de portraits de femmes particulières... Agréable à la main, quasiment au format de la collection "L'Un et l'Autre", ces sept vies sont celles de femmes écrivains, ou d'auteuses comme cela se dit chez les Québécois, dans des formats chronique, agréablement lisibles et claires sans ostentation ni élucubrations. L'idéal donc pour se cultiver.<br />
Emily Brontë, Marina Tsvetaeva, Virginia Woolf, Colette, Sylvia Plath, Ingeborg Bachmann, Djuna Barnes sont celles-ci.<br />
Si l'on en croit le préambule du livre, il s'agirait de "Sept folles". Si dans la plupart des cas, on pourrait en cas de besoin plaider la pathologie, ou le déséquilibre, l'une des femmes présentées ici semble faire office d'intruse. Comme toujours dans les recueils, il en faut un/une et le but est de la trouver.<br />
Ici, certaine opératrice en littérature pour grosses rotatives ne peut être qualifiée de folle : jamais Colette n'a été une déséquilibrée au point d'être tenue pour folle. Jamais non plus elle n'a cessé d'assouvir son ambition et, aux yeux passablement mal ouverts du Préfet ce jour, elle paraît avoir été aux antipodes d'une Woolf et d'une Brontë, mais elle vendit beaucoup de livres, au point que le marché du livre de Brancion ne sait plus que faire des exemplaires qui, aux côtés de ceux de Gide et de Georges Duhamel, s'empilent, numérotés qu'ils sont pour la plupart, dans les courants d'air.<br />
Colette ne vécut pas non plus ce que vécut Tsvetaeva. Elle fut bien plutôt prompte à jouer à la marchande et à la rouée qui laissa entendre qu'elle incarnait la libération de la femme à elle tout seule, comme Simone. Preuve que c'était un bon créneau (que d'autres ont envahi depuis).<br />
En toute liberté, avec ou sans folie d'ailleurs, car est-ce bien la question ?, on est très heureux d'aller voir le portrait de Bachmann ou de Barnes dont tout, ou presque, nous échappe encore, grâce à ce <em>vade mecum</em> pour gens pressés (que nous sommes parfois).
<br />
<br />
<br />
A propos de femme, ne ratez pas notre prochain billet (court) consacré à Patricia Grace.
<br />
<br />
<strong>Lydie Salvayre</strong> <em>7 Femmes. Emily Brontë, Marina Tsvetaeva, Virginia Woolf, Colette, Sylvia Plath, Ingeborg Bachmann, Djuna Barnes</em>. — Paris, Perrin, 230 pages, 18 €<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
(1) <strong>Marie NDiaye</strong> <em>Trois Femmes puissantes</em> (Gallimard, 2009). Selon l'avis de certains, ce livre ne serait pas le meilleur livre de NDiaye, Goncourt soit-il.</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2013/03/24/7-femmes#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/2114Les Théories de Lemice-Terrieux (Paul Masson)urn:md5:6475271d72227e30ad3507c5ce86f0592012-08-29T09:58:00+02:002024-02-27T11:20:27+01:00Le Préfet maritimeAd Usum BibliofilousColetteLemice-TerrieuxMystificationsPaul Masson<p><img src="http://www.alamblog.com/public/.PMLT_m.jpg" alt="PMLT.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="PMLT.jpg, oct. 2011" /><br />
<br />
<br />
<br />
<strong><a href="http://www.alamblog.com/index.php/?q=lemice">Paul Masson/Lemice-Terrieux</a></strong> a toujours excité la curiosité. Celle de ses contemporains, d'abord, qui en firent un personnage mythique (cf. les articles recueillis par feu Bruno Leclercq sur Livrenblog), les 'pataphysiciens ensuite, notamment ceux qui se chargeaient d'établir l<em>'<a href="http://editions.bnf.fr/pdf/revue/extrait31.pdf">Encyclopédie des Farces et Attrapes</a></em> (1964). Ils ont réuni la plus grosse part de la documentation que l'Alamblog complète ici un peu.<br />
Grand amateur de personnages folichons, François Caradec a amassé sa vie durant les informations qu'il a trouvées - manquent encore des lumières sur la carrière administrative de Masson aux colonies), Bruno Leclercq a poursuivi de son côté, et Raymond Josué Seckel a fait le point sur le passage de Lemice-Terrieux à la Bn où, selon cette grande gigue de Colette, il aurait créé de fausses notices du catalogue, manoeuvre hautement délicate qui se verrait vouée à l'échec et contrecarrée assez simplement.<br />
Ci-dessous, la reprise d'un article du journal Adolphe Brisson, repris en volume, en 1897.<br />
<br />
<br /></p> <p><br />
<strong>LES THÉORIES DE LEMICE-TERRIEUX</strong><br />
<br />
<br />
Je suis allé voir le monstre en son antre (1). M. Lemice-Terrieux occupe, non loin de l'Odéon, un sixième étage, d'où il domine Paris. Il contemple ainsi de haut ses victimes. Tout en gravissant l'escalier je me remémorais ce que j'avais lu et entendu raconter sur cet étrange personnage. Il se nomme Paul Masson, il est ancien magistrat, il a siégé comme juge à Bône, à Tlemcen il fut président du tribunal de Chandernagor, et c'est de ce poste éminent qu'il lança sa première mystification, la première dont l'histoire ait gardé le souvenir. Il envoya au Figaro une lettre saignée Joseph de Rozario, où il retraçait en termes pathétiques l'expulsion des jésuites de Chandernagor, en exécution des décrets du 29 mars. Cette narration fit grand tapage; la polémique s'en empara. Le gouvernement ému prescrivit une enquête et s'adressa au président Paul Masson pour avoir des renseignements sur le prétendu Joseph de Rozario. Il ne pouvait mieux tomber !<br />
De ce jour, naquit la vocation de Lemice-Terrieux. Il dépouilla la toge, revint en France, se fit bâtir à Meudon une maison moresque, auprès de la villa du peintre Jules Garnier, son ami. Il partagea dès lors ses loisirs entre la fumisterie est l'érudition, collaborant à Y Intermédiaire des chercheurs, travaillant au catalogue de la Bibliothèque nationale, posant sa candidature à l'Académie, sollicitant du président de la République la place de bourreau en remplacement de M. Deibler.<br />
Cet homme doit habiter un logis qui lui ressemble, un logis incohérent. M'y voici. Une porte bâtarde sur laquelle est clouée une carte de visite. Je sonne. l'huis s'entre-bâille. Une voix courtoise me souhaite la bienvenue. M. Lemice-T.errieux en personne est venu m'ouvrir, il me guide en ses appartements où règne une propreté méticuleuse. La bibliothèque est admirablement rangée, quelques bibelots sont disposés avec coquetterie sur la table, quelques estampes clouées au mur. Je puis me. croire transporté chez une vieille rentière de province if n'y manque que le chat et le perroquet. Il frise la cinquantaine ce qui est un âge assez avancé pour un émule de Cabrion. Il a le regard franc, les dents très ^blanches; il parle lentement, avec un léger accent alsacien sa parole est parfois hésitante, surtout quand il exprime des idées générales d'assez longs silences coupent ses discours. Sa tète change de caractère, selon qu'on la voit de face ou de côté. M. Lemice-Terrieux (soit dit sans l'offenser) a exactement le profil d'un chimpanzé. Peut-être existe-t-il un secret rapport entre son profil et son humeur. Il est un peu singe au moral comme au physique.<br />
« Ainsi c'est bien à M. Lemice-Terrieux que j'ai l'honneur de parler ?. »<br />
Il sourit. Et dans ce sourire je vois passer comme une lueur de douce ironie. Il semble nie dire « Assurément, je suis le grand fumiste des temps modernes, et vous croyez, chétif, déchiffrer mes secrets ? Vous n'en saurez que ce que je voudrai. Je suis impénétrable comme le sphinx. » Nous nous regardons, un moment, sans parler. Ainsi deux adversaires se mesurent avant d'engager i^épée. Puis bruquement il s'écrie « J'affirme, cher monsieur, qu'il n'y a pas au monde une plus vive jouissance que de se moquer du public ! » Et il ajoute, sans se départir de son sang-froid « Je suis indigné qu'on m'ait attribué la dépêche de Guillaume II relative à la mort de Jules Simon; c'est une détestable facétie. » II continue de sourire, ce qui signifie en bon français « Après tout, cela m'est indifférent. Vous en croirez ce qu'il vous plaira. »<br />
Oui, M. Lemice-Terrieux est ravi de son sort; il n'en connaît pas de plus enviable. Entre nous, je le suppose un tantinet grisé par tout le bruit qui se fait autour de lui. On le discute, on le met en scène; le chroniqueur Willy lui a consacré un article de revue substantiel et documenté. Il n'en faut pas davantage pour exalter lâ vanité qui sommeille au fond de tout homme de lettres eût-il été président à Chandernagor M. Lemice-Terrieux est convaincu de l'utilité de sa mission sociale; il a la prétention d'être un philosophe et, sans qu'il y paraisse, un bienfaiteur de l'humanité. Il se flatte, sinon d'avoir inventé un genre, du moins de l'avoir porté à la dernière perfection. Et il voudrait qu'on le traitât avec moins de dédain. La mystification égale en noblesse les plus hautes manifestations de l'esprit; elle est une des formes de la critique. Jugez plutôt. Trois poètes ridicules postulent pour entrer à l'Académie. Lemice-Terrieux leur fait écrire, à tous trois, le même jour, une lettre, où ils déclarent se désister. Ne met-il pas en relief, par ce moyen ingénieux, l'excès de leur infatuation ? Et que d'autres leçons il a données Il a attribué au général Boulanger des paroles mémorables qui ont été traduites dans toutes les langues il a rédigé les mémoires de Bismarck et pétri à son idée l'âme du chancelier; il a transformé des avares en prodigués et s'est amusé des transes de la police en la lançant sur de fausses pistes, à seule fin d'aiguiser sa sagacité. Il tient entre ses doigts les fils, qui font manœuvrer ces marionnettes; ils viennent se concentrer en cette mansarde du boulevard Saint Michel. Il les agite à son gré. Il jette, du haut de son balcon, sur la cité, le mot qui allume les discordes et met aux prises les intérêts et les vanités. Et tandis que l'oeuvre s'accomplit, l'auteur se frotte les mains et s'épanouit dans l'estime de soi-même. M. Lemice-Terrieux m'exposé gravement ses théories.<br />
« Je satisfais de la sorte au besoin de mystère qui est en moi, et qui existe, je pense, chez tous les hommes. Accomplir un acte et ne point le révéler; ne l'avouer qu'à demi et laisser planer un doute; garder à part soi un petit coin d'ombre où jamais nul regard ne pénétrera cela est exquis. On m'a prêté beaucoup de facéties dont je ne suis pas coupable. Je n'ai point écrit le fameux billet par lequel M. Osiris attribuait cinquante mille francs au Salon du Champ de Mars. J'en ai désavoué la paternité; on n'a pas ajouté foi à mon démenti. Vous-même, en ce moment, vous ne savez pas au juste si je vous trompe ou si je suis sincère. Et votre perplexité me rend heureux. Avouez que mon art est plus délicat que celui des Sapek et des Viviers. Ceux-ci pratiquaient la fumisterie en action; ils jouaient un rôle. Ils se livraient à la risée des foules. Moi, je demeure dans la coulisse. C'est parle verbe que j'agis sur elles ! »<br />
Le plus beau jour de sa vie fut, pour M. Lemice-Terrieux, celui où l'une de ses œuvras eut l'honneur d'ètre déposée sur le bureau de l'Académie des sciences. La catastrophe de Saint-Mandé venait d'affoler Paris. Une brochure parut, encadrée de noir, intitulée « les Trains éperons, projet d'un dispositif aussi commode qu'infaillible pour prévenir tout accident de chemin de fer ». L'auteur dédiait son. opuscule aux « mânes de sa chère tante, écrasée à Saint-Mandé », et proposait d'établir désormais en avant de chaque train un plan incliné muni de rails, partant du niveau de la voie et suivant le sommet de la locomotive et des wagons. Avec ce système, plus de collisions possibles. Les trains, au lieu de se heurter, passaient élégamment au-dessus les uns des autres, imitant dans leur allure le jeu du saut-de-mouton. Un grossier schéma accompagnait ce travail. Lemice-Terr.ieux s'était faufilé à la séance. Quand il vit son humble volume entre les mains de M. Joseph Bertrand, secrétaire perpétuel, il éprouva un grand saisissement. M. Bertrand le feuilleta d'un doigt distrait et prononça cette phrase « Renvoyé à la commission des chemins de fer ! Lemice-Terrieux faillit mourir de joie il venait de duper la plus illustre compagnie de l'univers. Napoléon ne fut pas plus heureux après avoir gagné la bataille d'Ansterlitz !<br />
Comment s'exécutent les mystifications ? Quelles sont les conditions où elles doivent s'accomplir, pour avoir leur plein effet ? J'ai forcé Lemice-Terrieux, le poing sur la gorge, à me dévoiler ses procédés. Me voyant déterminé à la violence, il s'est exécuté de bonne grâce. Il m'a confié que le bon fumiste devait être un excellent psychologue, choisir le moment favorable et tâter le pouls. de l'opinion avant de lancer son brûlot. Pour qu'une mystification réussisse, il faut qu'elle soit mûre, qu'elle soit dans l'air, que le public l'attende inconsciemment, qu'elle réponde à un état d'âme général.<br />
« Plusieurs de celles que j'ai tentées ont fait long feu, parce que j'avais commis des erreurs de diagnostic Un jour j'ai déclaré que j'inspirais Mlle Couédon et que cette voyante était mon élève. Ce bruit fallacieux est tombé de lui-même. Le peuple épris de merveilleux, préférait croire à l'intervention de l'ange Gabriel. Au contraire, pour Boulanger, j'ai deviné juste. Il avait énervé et fatigué les trente-huit millions de Français. Ils accueillirent avec empressement les inepties prudhommesques que je mettais sous sa plume. On était enchanté de trouver un prétexte de se « payer la tête du brav' général ».<br />
Pour ce qui est des moyens matériels d'exécution, ils sont innombrables. Il en est de prompts et il en est de sournois, qui éclatent brusquement ou qui cheminent sous terre. Tous les véhicules sont susceptibles d'être employés selon les cas, la poste, le télégraphe, le pigeon voyageur, l'aréostat, ou même la parole humaine. Une rumeur, adroitement semée et volant de bouche en bouche, arrive à son but. La lettre est excellente; la dépêche vaut mieux, car il est difficile d'en contrôler la provenance. Quelquefois, le mystificateur élabore son plan durant des mois, d'autres fois il le réalise sur l'heure. On se rappelle la fausse lettre de M. Lacaussade, envoyée à M. Jules Lemaître. M. Lemice-Terrieux n'en était pas l'auteur, mais il résolut de s'en emparer; il envoya sans tarder un petit bleu au critique qui l'accuellit avec un soupçon d'impatience et une longue épître qu'il reproduisit dans son feuilleton. Au. bout de huit jours, l'affaire était si bien embrouillée qu'on ne pouvait plus s'y reconnaître ni distinguer le vrai du faux Lacaussade ce qui était de Lemice-Terrieux et de cet autre fumiste, dont l'état civil ne sera jamais sans doute établi. Mais admirez l'adresse du scélérat. Il eut soin d'expédier sa missive au dernier moment pour que l'esprit subtil de M. Jules Lemaître n'eût pas le loisir de flairer la supercherie. C'est là une précaution essentielle. La victime ne doit pas avoir le temps de se ressaisir. Lorsque les secrétaires de rédaction sont dans le feu de la mise en page, leur méfiance naturelle est endormie, ils hésitent et se décident, n'ayant pas des moyens immédiats d'investigation. Ajoutons que leur scepticisme, mis en éveil par tant de déconvenues, est devenu intraitable et qu'ils se laissent difficilement tromper.<br />
« Après l'incident Jules Simon, me dit M. Lemice-Terrieux, il n'y a rien à faire, pendant au moins six semaines. Mais patience! patience! En attendant de rentrer dans la vie active, je range mes paperasses. »<br />
Il est allé chercher un gros registre où sont collés et classés les nombreux articles qui lui furent dédiés. Il soigne sa gloire. Cet homme qui aime le mystère ne hait pas la publicité. Et ainsi n'échappe-t-il pas au ridicule qu'il épanche sur ses contemporains. Il accorde à une besogne stérile et qui peut être en certains cas malfaisante, une importance démesurée. Tandis que je parcours ses cahiers, son éternel sourire me poursuit. ({ Vous trouvez que le but auquel je m'attache n'est pas en proportion de l'effort que je m'impose? Vous êtes étonné que j'éprouve tant de satisfaction à vivre dans le mensonge. Mais, songez-y, le mensonge nous entoure. Le passé, le présent ne sont qu'illusion. Les événements les plus proches de nous sont enveloppés de nuages. On n'est pas d'accord sur la mort de Gambetta, sur la maladie de Napoléon III. Il est reconnu que les mots attribués aux rois, aux princes, aux grands capitaines sont pour la plupart apocryphes. Il est douteux que François Ier et Henri IV aient prononcé les paroles qu'on leur prête. Donc, cher monsieur, ne m'accusez pas d'imposture. En créant des légendes, je fais de l'histoire à ma façon. Telle de mes inventions d'aujourd'hui sera la vérité de demain. »<br />
M. Lemice-Terrieux s'est échauffé; son oeil dardé des étincelles; mais cette flamme s'éteint. Il retombe dans son flegme.<br />
« Au reste, je suis un peu fatigué de ce métier. J'attends, pour me retirer,' qu'un autre Lemice-Terrieux, plus malin que moi, amuse la galerie à mes dépens. Je n'ai encore été mystifié par personne. N'est-ce ce pas inconcevable ? »<br />
<br />
<br />
<strong>Adolphe Brisson</strong> <em>Portraits intimes. 3e Série. (Promenades et visites)</em>. - Paris, Armand Colin, 1897, pp. 263-270.<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
(1) Depuis que ces lignes ont été écrites, Lemice-Terrieux a quitté la terre. On n'a pas oublié les circonstances singulières et tragiques de sa mort.</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2012/08/29/Les-Th%C3%A9ories-de-Lemice-Terrieux-%28Paul-Masson%29#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1942