L'Alamblog - Mot-clé - Fiction2024-03-29T07:58:15+01:00Le Préfet maritimeurn:md5:891a4437ffb56035bcdd99ce6fc8c9f0DotclearRedécouverte de Lascaulturn:md5:7d13505e52995d52cc4fb9216cb96b362020-06-16T01:48:00+02:002020-06-19T14:49:48+02:00Le Préfet maritimeAd Usum BibliofilousEsthétiqueFaux et Usages de fauxFictionFrançois AyrolesGilbert LascaultL AlambicPure fictionTrompe-l oeilUchronieUtopie <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.LASCAULT-COUVERTURE-essaiscouleurs-glissees_m.jpg" alt="LASCAULT-COUVERTURE-essaiscouleurs-glissées.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="LASCAULT-COUVERTURE-essaiscouleurs-glissées.jpg, juin 2020" /><br />
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Ancrés dans un temps qui vénère la vérité scientifique, et parfois même historique, ce leurre, Gilbert Lascault, grand homme de cultures et d’esthétiques, nous revient dans l’exercice de sa fantaisie : sa Petite Tétraglogie du fallacieux reparaît cette semaine de la collection L’Alambic !<br />
Rassemblés en un volume, quatre petits opus signés Gilbert Lascault sont quatre expériences narratives différentes, drôles et inventives.<br />
Gilbert Lascault y joue avec les mensonges et les menaces diffuses de l’au-dessous dans « Un monde miné »...<br />
Avec les trompe-l’œil de l’antérieur et les souvenirs inventés dans « Enfances choisies »...<br />
Avec un lointain fourbe et féroce dans « Un îlot tempéré »...<br />
Et avec une ethnologie française imaginaire dans les équivoques du pourtant familier « Voyage d’automne et d’hiver ».<br />
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Nul besoin d’égo-fiction, d’auto-fiction, voici de la fiction par un imaginatif puissant, qui est aussi un faussaire de bel eau.<br />
Sa Tétralogie est une plongée dans une autre dimension qui est celle de la fiction pure.
Notre monde s’y rétracte tandis qu'un carrousel délirant mais ordonné de figures historiques ou mythiques, de réinventions du passé, de jeu sur la mémoire et notre goût pour les classifications prolifèrent comme ils savent le faire par le biais de la littérature.<br />
Un livre fou, excitant, raffiné, subtil qui a marqué le temps littératire d’après le structuralisme et d’avant l’égo et la bio-fiction.<br />
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<strong>Gilbert Lascault</strong> <em><a href="https://www.arbre-vengeur.fr/?p=6156">Petite Tétralogie du fallacieux</a></em>. Illustrations de François Ayroles. — Talence, 18 juin 2020, coll. « L’Alambic », 365 pages, 16 €</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2020/06/16/Redecouverte-de-Lascault#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/4389Vertus de la fausse nouvelleurn:md5:a0508c3482b98492d17508a70655c0ec2019-12-02T06:37:00+01:002019-12-02T13:03:59+01:00Le Préfet maritimeAd Usum BibliofilousCanardFake NewsFausse nouvelleFaussetésFictionLittératureMythologiesRevueRumeur <p><img src="http://www.alamblog.com/public/Desfaits2.jpg" alt="Desfaits2.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Desfaits2.jpg, déc. 2019" /><br />
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<br />A l'orée d'une semaine qui s'annonce riche en billevesées, mensonges, omissions et manipulations verbales diverses prétendument véritables (1), il nous paraît grand temps de saluer une revue qui n'a pas eu droit jusqu'à présent à sa vitrine - légitime - sur l'Alamblog, silence dont le Préfet maritime se repend, vous pouvez le croire, trop conscient qu'il est du rôle émollient de ce délicieux petit alizé qui souffle doucettement sur son île cette saison... Allons, au fait : il s'agit de la revue <strong><em>Des Faits</em></strong>.<br />
Lancée par les éditions Prairial il y a un an, elle paraît peu, prudemment, c'est-à-dire une fois par an, ce qui en fait un titre discret mais bien présent au coeur de ceux qui l'ont approchée. Ses deux premiers numéros ont assez de consistance (voir les sommaires infra) pour que l'on se permette de poser un jugement très favorable sur son entreprise un peu folle. Oui, car comme la revue <em>R</em>, par exemple, qui expérimenta sa forme propre pour se distinguer du lot des revues revuistiques, <em>Des Faits</em> a opté pour un positionnement particulièrement audacieux en ces temps de chasse aux sorcières...<br />
En s'inscrivant dans la tradition du canard, décrite par Nerval dans <em>Le Diable à Paris</em> (P., Hetzel, 1845, "<a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5578064j/f517.image.r=diable%20%C3%A0%20paris">Histoire véridique du canard</a>"), puis exploitée, par exemple, par Rodolphe Bringer, Gabriel de Lautrec et Roland dans leur "Petite Semaine du Sourire, quotidien hebdomadaire de fausses nouvelles", et, naturellement étudiée de près par le duo Arnaud-Caradec dans leur épatante <em>Encyclopédie des Farces et Attrapes</em> (Pauvert, 1964), <em>Des Faits</em> prenait un risque majuscule en prétendant à l'heure des "mooks" rivaliser par défaut sur leur territoire, le reportage, et en le faisant avec l'outrecuidante intention de s'inspirer de la réalité pour la détourner. Sans vergogne, cela va de soi.<br />
Alors que ces "mooks" ont perdu dans la plupart des cas l'intérêt que leur valait leur "nouveauté", il ne reste de cette mode de "nouveau reportage très écrit" que quelques livres, rares, et ce besoin toujours renaissant d'en savoir plus. Avec <em>Des Faits</em> voici que la fiction assumée vient mettre un bémol et du sel à l'intérêt que l'on partage pour l'information.
N'est-on pas déjà convaincu que la littérature est l'un des meilleurs vecteurs du savoir ? Ne lit-on pas déjà les ouvrages de science-fiction comme des propositions désormais utiles à la vie collective ? Ne sait-on pas, par ailleurs, que les meilleurs fables sont celles qui ont toutes les apparences de la réalité ? Avec beaucoup de courage, <em>Des Faits</em> nous apporte ce que nous ne saurions voir, notamment parce que cela n'existe pas mais encombre néanmoins nos imaginaires quotidiens.<br />
Combien de sous-marins russes n'ont pas remonté les fleuves français avant que l'on rêve d'en remonter un, tout de même, à leur bord ?<br />
Le roman descriptif de notre monde rationalisé ayant un peu lassé tout le monde (Perec déjà disait <em>Les Choses</em>...), il est temps de surfer avec Des Faits sur les mythes de notre époque. Roland Barthes poussant son travail jusqu'à la fiction, Edgar Morin poussant le bouchon jusqu'à la littérature, nous retraçant, pourquoi pas, la filière de traite des blanches qui n'existe pas à Orléans, c'est <em>Des Faits</em> et c'est bien. car c'est à leur audace, à leur puissance imaginative et à leur désinvolture ou à leur morgue qu'on reconnaît les écrivains qui mènent loin. Parions qu'ils sont en germe, ici, au milieu <em>Des Faits</em> sans certitude, <em>Des Faits</em> sans fondement.<br />
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<strong>Sommaire du numéro 1</strong><br />
Rumeur (Maxence Béget, Marie Lavigne, Léon de Perthuis & Miranda Pochon)<br />
Quelque part sous la terre<br />
Main basse sur le pétronium (Benjamin Levy)<br />
Bravitude : l’assassinat d’un mot (Florence Weiss)<br />
Terreur rouge en ce vert paradis (Brune Forestière)<br />
« Le corps comme champ de bataille » (entretien avec Virginia Berlín) (Yves-Marie Aurélien)<br />
Les loups et les hommes (Sven Eriksson)<br />
A ingré, les employées harcelées balancent leur « porc-épic » (Anne Siam)<br />
Crasses, rap et tacos (Quentin Vuillerminaz)<br />
Louise la guérisseuse (Adrien Lalanne)<br />
Haro sur le bois blond (Lila Lakehal)<br />
Mon petit Pierre, empereur du Brésil<br />
Tchernobyl, c’était moi (Jacques Cassoub)<br />
Jean Wallenstein, le silence et la gloire (Lucien Jude)<br />
Horoscope (Maxence Béget)<br />
Jeu (Quentin Schwab)<br />
Dessins : Géraldine Chazel & Quentin Schwab<br />
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<strong>Sommaire du numéro 2</strong><br />
Rumeurs (Guillaume Le Testu & Marie Pinaud)<br />
Poincarémania (Marie Pinaud)<br />
Rififi au pays du matin calme (Florence Weiss)<br />
Objectif thune (Marie Pinaud)<br />
Ensauvagement : la grande menace (Gaëtan Lucerne)<br />
Un sac de nœuds (Miriam Deslogis)<br />
Aux portes de l’en-deçà (Benjamin Lévy)<br />
Chute à Auch (Jacques Cassoub & Clémentine Geay-Cassoub)<br />
Kraken, kraken (Guillaume Le Testu)<br />
Sous les menhirs, le carnage (Maxence Béget)<br />
Les silences du capitaine Sturt (Lucien Jude)<br />
L’étrange cas du Dr. Enid Blyton (Édouard Launet)<br />
Tsai ing-wen rebranchée (Anne Siam )<br />
Les pictogrammes venus de l’abime du temps (Miranda Pochon)<br />
Le bon tour de Londres (Adrien Lalanne)<br />
L’horoscope de Maxence<br />
Dessins et gravures : Géraldine Chazel & Quentin Schwab)<br />
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N° 1, 64 pages, 10 €<br />
N° 2, 72 pages, 10 €<br />
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(1) Ce qu'elles seront vraiment cependant en tant que faussetés...<br />
<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2019/12/01/Fausses-Nouvelles#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/4117Au-delà du zéro (la fiction des dieux)urn:md5:ef5b03a136bedacd246459e08b6a14ca2014-04-20T09:35:00+02:002014-06-05T15:03:20+02:00Le Préfet maritimeDernier reçu Premier serviAffabulationAlain NadaudDieuFablesFictionManipulationZéro <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.alainnadaud_m.jpg" alt="alainnadaud.jpg" title="alainnadaud.jpg, avr. 2014" /><br />
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Depuis son premier roman, <em>Archéologie du zéro</em>, <strong>Alain Nadaud</strong> nous a habitué à des livres construits et nourrissants, qu'il s'agisse de fictions ou d'essais. Et puis, il y a quelques années, un grand tournant s'est présenté à lui. Pour être clair, il lui est arrivé ce qui devrait arriver à beaucoup d'entre nous : la perte de la foi dans la fiction. La qualité des rentrées littéraires et des auteurs montés au pinacle ne sont pas pour lui donner tort. Quand bien même on se pencherait sur le cas des vieilles gloires françoises encore vivantes, et certaines pour longtemps encore, il n'y a pas lieu de faire les fanfarons. Bref, l'industrie papetière ne lui donne pas tort en donnant forme de livres à des textes sans grâce. Pour dire les choses autrement, beaucoup d'élus, peu d'élan.<br /></p>
<p>Alain Nadaud s'est donc tourné vers l'essai et, hors un programmatique <em>D'écrire j'arrête</em> (Tarabuste, 2010) — voilà de l'original ! — et un <em>Journal du non-écrire</em> (Tarabuste, 2014) au titre paradoxal qui raconte ce parcours d'écrivain "repenti" (catégorie honorable s'il en est), il s'y cantonne. Paraît aujourd'hui Dieu est une fiction, un Essais sur les origines littéraires de la croyance qui s'ouvre sur cette sentence de Paul Veyne qui va mettre tout le monde d'accord...<br /></p>
<blockquote><p>Croire, c'est obéir.<br /></p></blockquote>
<p>Et Maxime Rodinson ajoute<br /></p>
<blockquote><p>La capacité des hommes à se duper eux-mêmes est infinie.<br /></p></blockquote>
<p>"Pour une mystique de l'athéisme" conclue ce volume éclairant, revenant sur des traces que beaucoup ont déjà suivies, mais sans doute pas à la façon d'Alain Nadaud qui s'appuie sur les contes anciens pour expliquer les fariboles d'aujourd'hui. Ou les fables que nous servent les clergés de toutes robes.<br /></p>
<p>Ainsi expose-t-il qu'avec la Trinité, cas manifeste de tératologie, "A la candeur des paraboles succède la quadrature du cercle théologique ! Car si la solution d'une monade trine qu'est Dieu apparaît sur le moment inespérée, elle ne tarde pas, à peine énoncée, à devenir le talon d'Achille de la foi nouvelle". Et comment !<br />
Tous n'avalent pas la pilule : le prêtre Arius est condamné dans son opposition à ce principe aberrant par la concile de Nicée, mais sa propre "hérésie" va se perpétrer en Orient et les Barbares durant plusieurs siècles, scindée elle-même entre homoiousiens, homéens, et autres pneumatomaques — ceux-là refusent la divinité de l'Esprit Sain -, chacun y allant de sa petite doctrine... fictionnelle, forcément fictionnelle.<br /></p>
<p>A travers une étude des textes et des discours depuis les origines de cette fiction qui ressemble fort à de l'autopersuasion (Méthode Coué ?) et, indéniablement, à de la manipulation d'esprits faibles, quand bien même existe un "besoin de croire" qui n'excuse rien, le livre d'Alain Nadaud est une très belle manière de retrouver le fil de ces histoires abracadabrantes qui ont fini par cristalliser en êtres tutélaires surplombants l'humanité depuis les âges promotifs de l'animisme et des polythéismes fabulants.<br /></p>
<p>Pour se remettre à niveau sur ces questions qui fondent nos civilisations (personne n'est épargné !), c'est le livre captivant autant réjouissant, doublé qui plus est d'un authentique manuel de révision des plus grands classiques de la manipulation.<br />
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<strong>Alain Nadaud</strong> <em>Dieu est une fiction. Essai sur les origines littéraires de la croyance</em>. — Paris, Serge Safran, 285 pages, 19 €<br />
<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2014/04/02/Au-del-ro#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/2379