L'Alamblog - Mot-clé - Jules Renard2024-03-29T01:51:09+01:00Le Préfet maritimeurn:md5:891a4437ffb56035bcdd99ce6fc8c9f0DotclearD'âne en vieille museurn:md5:a42bcd1466786c674a181be781fd88ff2023-04-29T00:17:00+02:002023-04-29T00:17:00+02:00Le Préfet maritimeDernier reçu Premier serviBestiaireCuriosaHaïkuJules Renard <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.TombeauJulesRr_m.jpg" alt="TombeauJulesRr.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="TombeauJulesRr.jpg, avr. 2023" /><br />
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Oeuvre composite, ce <em>Tombeau de Jules Renard</em>, réédité, se compose d'un bestiaire classé alphabétiquement auquel on a adjoint une petite série de haïkus amoureux rédigé en une heure.<br />
On note la performance, d'autant que certains de ces petits poèmes ressemblent aux limericks qui plaisent tant à Reumaux, Chevrier et consorts. Ne crachons pas sur notre plaisirs.<br /></p>
<blockquote><p>La jeune vicomtesse<br />
sourcille violemment<br />
et serre les fesses<br /></p></blockquote>
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<strong>Ivar Ch'Vavar</strong> <em>Le Tombeau de Jules Renard et autres haïkus.</em> — Lurlure, 56 pages, 9 €<br />
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<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2023/04/26/D-%C3%A2ne-en-vieille-muse#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/5754Le bon voisinurn:md5:3e358d64008673bbd44ddb2d46ea33512019-05-07T00:21:00+02:002019-05-07T14:50:30+02:00Le Préfet maritimeBibliothéconomieBon voisinHasard du livreJules RenardSérendipité <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.ForsythIncognita_m.jpg" alt="ForsythIncognita.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="ForsythIncognita.jpg, mai 2019" /><br />
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Façon stand-up, l'étymologiste anglais <strong>Mark Forsyth</strong> se fait humoriste lorsqu'il s'agit de nous dire combien les livres le comblent.<br />
Il y a la bière de son pub, aussi, car il est Britannique, mais les livres font sa joie et il a éprouvé le besoin de nous le dire à bâtons-rompus. Sur le ton d'une conversation primesautière, il évoque dans un petit texte ses aventures en librairie, ses fantasmes de librairie, et, pour tout dire, sa joie de s'ébattre comme un jeune marsouin au milieu des bouquins.<br />
Comme chaque génération peut en faire l'expérience (1), Forsyth redécouvre ce que savaient les grands anciens : on n'a pas fini de se faire plaisir (2) et il y a toujours un livre qu'on ignore quelque part pour nous (3).<br />
Savoir que l'on ne sait pas, voilà un très bon premier pas vers la sagesse. Les bibliographes connaissent très tôt cette sensation, pardon, cette certitude - qui vient apparemment très tard aux politiciens et aux hauts-fonctionnaires. Les femmes et hommes de la bibliothéconomie connaissent par ailleurs une loi très simple qu'il nous plaît de proposer à notre Anglais bibliophage. Elle permet de conclure<br />
1. Que tout livre parvient à son lecteur (si la vie lui est assez longue, naturlich) ;<br />
2. et qu'un grand texte ne reste jamais longtemps ignoré.<br />
Cette loi a un nom, et elle recouvre une large partie de ce que nous raconte Mark Forsyth : c'est la loi du "bon voisin".<br />
Comme M. Prudhomme, vous l'avez vous-mêmes éprouvée lorsque, plumeau à la main, vous faisiez mine de dépoussiérer votre bibliothèque. (Ne niez pas... Le mensonge est ici particulièrement inutile.). Puis vous l'avez éprouvé à nouveau lorsqu'en cherchant, chez vous ou ailleurs, telle édition, vous avez renoncé à la dernière minute parce qu'un autre volume vous a fait les yeux doux... Une fois encore, il n'est pas utile de nier, d'autant que cela vous est arrivé maintes fois - c'est une loi aussi efficace, voire plus, que celle de Murphy.<br />
Idem en bibliothèque, pareillement en librairie. Et l'on ne parle pas des puces, le pire pousse-au-plaisir qui soit... (4)<br />
De là à faire de la bibliomancie une façon de guider sa vie... Laissons à Mark Forsyth ses plaisirs et ses amusements et réjouissons-nous que la curiosité soit le moteur qui nous meut,<br />
Rendons grâce enfin à la vie qui, toujours, nous réserve un livre délectable. Et c'est justement ce que loue au fond Mark Forsyth. Nous lui offrons, par ce que le bon voisin surgit toujours au cours d'une quête, celle du bibliophile Christian :<br />
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<strong>La Quête</strong><br />
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Les librairies sont des boutiques à surprises<br />
où l'âme papillonne, aise entre un choix précieux<br />
de livres inconnus, de livres prestigieux<br />
dès longtemps convoités et quêtés comme prises.<br />
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Sais-je le grave émoi d'ambuler silencieux<br />
emmy le demi-jour des coins aux ombres grises<br />
où s'étagent les vieux bvouquins jusques aux frises,<br />
où la trouvaille engfouie échappe à mes yeux.<br />
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La sais-je cette joie de fouiller dans les coins,<br />
de scruter ce désert nombreux, comme un bédouin,<br />
avec désir anxieux, avec hâte fébrile !<br />
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Ah ! le sais-je le cri contenu ! quand ma main,<br />
heureuse en sa quête a saisie l'aubaine utile<br />
avidement serrée contre ce coeur sereine.<br /></p>
<p><strong>Christian</strong> (5)<br />
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<strong>Mark Forsyth</strong> <em>Incongnita incognita, ou le plaisir de trouver ce qu'on ne cherchait pas</em>. - Préface de Paul Vacca, traduction de Marie-Noëlle Rio. - Paris, Le Sonneur, 48 pages, 5.50 €
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(1) Ce fut le cas récemment avec la "sérendipité" redécouverte avec son principe original mêlé de hasard et d'une logique singulière, ou la "dystopie" réveillant d'un vocable techno la contre-utopie.
(2) "Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux." C'est ce génie de Jules Renard qui le disait à son journal le 23 juin 1902.<br />
(3) C'est à la fois rassurant est parfaitement naturel : songez au nombre des seuls romans publiés chaque année à travers le monde...).<br />
(4) Qu'on en connaît de ces chasseurs qui affichent la photo de leurs prises dès le samedi ou le dimanche soir...<br />
(5) Christian (1895-1969) <em>Un pérégrin dans l'ombre</em>. T. I. <em>Propitiation</em>. - Saint-Raphaël, Les Tablettes, 1917.</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2019/05/07/Le-bon-voisin#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/3891Jules Renard se penche sur Marc Stéphane (1896)urn:md5:95d8987583bfb98a7b3e5c6b1f73472a2018-08-28T00:46:00+02:002018-09-02T16:11:01+02:00Le Préfet maritimeJules RenardMarc Stéphane <p><img src="http://www.alamblog.com/public/MSfleursdeMorphine.jpg" alt="MSfleursdeMorphine.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="MSfleursdeMorphine.jpg, août 2018" /><br />
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<blockquote><p>21 avril. Marc Stéphane, l'auteur de "Fleurs de morphine (1), m'envoie sa petite amie pour me demander si je n'ai pas l'intention de faire un article sur son livre à "L'Echo de Paris" ou au "Mercure de France". Elle a des bandeaux, un petit chapeau plat, des dents jaunes et de grosses joues, et un fort accent. Elle comme effrontée et innocente.<br />
Et je fais le maître, moi. Je parle des illusions que doit avoir ce jeune homme de 26 ans, des difficultés que j'ai eues, moi, de ma bonne volonté à moi. Et je suis flatté. Pensez donc ! C'est la première visite qu'une femme me fait. Elle ne se dégrafe pas, mais ça viendra. Vive la littérature française ! Le métier a du bon. Ca m'embêtera tout de même, de faire cet article. Aussi, j'ai eu la précaution de prévenir la petite dame que çà ne paraîtra pas dans le prochain numéro, qu'un articule au Mercure n'avaient aucune importance, mais que, sç ça pouvait lui être agréable que je passe un quart d'heure à écrire deux ou trois lignes...
- Merci, Monsieur. Vous êtes bien aimable, et je vous demande pardon de vous avoir dérangé.<br /></p></blockquote>
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<strong>Jules Renard</strong> <em>Journal</em>, éd. d'Henry Bouillier. R. Laffont, 1990, p. 261.<br />
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(1) Réédition programmée.<br />
<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2018/04/25/Jules-Renard-se-penche-sur-Marc-Stphane#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/3514Le Mauvais livre encadréurn:md5:42bd72169194bb871c4d58e4e8e982592017-03-13T04:04:00+01:002017-03-13T04:04:00+01:00Le Préfet maritimeHenry CéardJules RenardMauvais livre <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.ceardMauvaisLivre_m.jpg" alt="ceardMauvaisLivre.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="ceardMauvaisLivre.jpg, fév. 2017" /><br />
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<em>Le Mauvais Livre</em> n'appartient pas qu'à <strong>Jules Renard</strong>. <strong>Henry Céard</strong> en a également donné une leçon.<br />
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<strong>Henry Céard</strong> <em><a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k241243r/f1.image">Le Mauvais livre</a> et autres comédies</em>. - Paris, Librairie Française, 1922.<br /></p>
<p><strong>Jules Renard</strong> <em><a href="http://www.arbre-vengeur.fr/?p=3706">Le Mauvais livre</a></em>. - Talence, L'Arbre vengeur, 128 pages, 12 €</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2017/02/13/Le-Mauvais-livre-encadr%C3%A9#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/3214Marchand est en coffreturn:md5:45b424f653b83b69f64649af2e293adc2012-07-11T00:34:00+02:002012-07-11T13:15:56+02:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimClaire PaulhanGuillaume LouetJean José MarchandJules RenardMaurice NadeauPascal Pia <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.MarchandCoffret_m.jpg" alt="MarchandCoffret.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="MarchandCoffret.jpg, mai 2012" /><br />
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<strong>Jean José Marchand</strong>, homme de télévision et de culture est mort le 8 mars 2011. Il était, à l’instar de Pascal Pia, un érudit indépendant et un lecteur forcené, un critique et une référence de la recherche en histoire littéraire - certains se souviennent de l’inestimable série d’entretiens intitulée « Les Archives du XXe siècle » qu'il donnait à la radiodiffusion-télévision française (il y était chef de service) entre 1969 et 1974. Contrairement à Pascal Pia qu’il suivit à l’agence Express après son départ de <em>Combat</em>, il a eu droit ce printemps, de manière posthume il est vrai, à l'édition de ses œuvres critiques complètes grâce aux soutiens de jeunes chercheurs et à des éditeurs plutôt audacieux puisqu'ils ont admis qu'il fallait reprendre l’intégralité de ses articles littéraires en quatre volumes conséquents. Chance que n’a pas eu, malheureusement, Pascal Pia jusqu’à présent.<br /></p>
<p>Jean José Marchand, c’est d’abord un esprit, l’esprit d’indépendance, et un temps celui qui prévaut pour certains encore, le temps qui mit l’humanisme et la culture devant toute autre préoccupation. Une forme d’universalité qui lui faisait dire : « Mieux vaut trop de richesses que pas assez ». Maurice Nadeau, dans sa nécrologie de <em>La Quinzaine littéraire</em> dont il fut un pilier, le présentait comme un personnage « hors normes, franc-tireur, doué de trop d’humour et de curiosité pour ne pas déplaire à ceux qui font l’opinion ».<br /></p>
<p>Ne donnons pas ici le détail des sommaires, sachez toutefois qu’il y est question d’art, d’idées, de cinéma, de vie culturelle et politique, d’idées politiques, de littérature ancienne, moderne et contemporaine, d’expositions, etc. C’est au fond une véritable agenda culturel de la seconde moitié du siècle dernier qui nous est offert. C’est passionnant et riche d’enseignements et de sagesses. A propos de Jules Renard, par exemple, lors de la parution du volume de la Pléaide, on peut lire ceci :</p>
<blockquote><p>« Le vrai classique, tel Descartes, s’avance masqué. Le faux classique, Anatole France, par exemple, a des qualités de mesure, d’élégance, de clarté, qui donnent à sa prose un léger parfum d’archaïsme ; que les années passent et ce qui semblait une belle statut est appréciée comme un joli bibelot. Il en est tout autrement du vrai classique ».</p></blockquote>
<p>On est admis à se demander si avec Jean José Marchand on n’a pas perdu l'un des derniers exemplaires d’une grande époque de la critique journalistique libre, cultivée et ferme dans ses connaissances comme dans ses convictions.
Et pour commencer, on constatera d'abord la pertinence du tout jeune homme qui écrivait en 1941 – il a alors 21 ans - à propos de <em>L’Anthologie de la poésie française</em> de Marcel Arland (Stock, 1941) : « il est remarquable de sentir, à l’heure actuelle, le besoin général de témoignages encyclopédiques, d’anthologies, etc. C’est comme si l’on pensait qu’une grande nuit va s’étendre sur la civilisation et que l’on veuille au moins sauver un florilège »</p>
<p>Jean José Marchand va rater ensuite son départ pour Londres et le regrettera toute sa vie, lui qui voulait être un héros de guerre ou un héros en littérature... <a href="http://www.alamblog.com/index.php/post/2010/11/21/Les-moustaches-de-Jean-Jos%C3%A9-Marchand">Il ne lui resta donc que les livres et les femmes ; il s'en pourlécha.</a>.</p>
<p>En ce qui concerne les livres, J. J. Marchand opposait la culture démonétisée qui fait parler du bruit médiatique de certaines œuvres à ce que l’on appelle la culture au sens traditionnel, l’expérience vécue des œuvres. Ce sont donc bien soixante-dix ans d’écrits critiques et d’humeur qui sont rassemblés ici. Depuis son premier article dans <em>L’Écho des étudiants</em> de Montpellier (1941) jusqu’à son article cité ici sur la culture publié sur son blog – car il avait un blog – et repris dans <em>La Quinzaine littéraire</em> dont il fut le collaborateur à partir des années 1970 et jusqu'à une préface rédigée sur son lit d’hôpital.</p>
<p>Le travail d’annotation a été effectué sous la responsabilité de Guillaume Louet, jeune chercheur associé à l’IMEC et collaborateur de la <em>Revue des Revues</em>. Bref, une somme remarquable qui se livre sous coffret.</p>
<p>Aussi, soyez d'avant-garde, lisez du lourd.
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<strong>Jean José Marchand</strong> <em>Ecrits critiques</em>. Édition établie et annotée par Guillaume Louet. - Paris, Éditions du Félin & Éditions Claire Paulhan, 2012. Volume I : 1941-1948 / Volume II : 1949-1957 / Volume III : 1958-1981 / Volume IV : 1982-2011. 3000 pages/ Volume V : index, 3000 pages, 120 €</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2012/05/24/Marchand-est-en-coffret#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1890Kenneth Grahame le très grandurn:md5:f5750dea28512046ec088ba06b2fd1912006-10-30T09:31:00+00:002009-11-06T09:22:54+00:00Le Préfet maritimeDernier reçu Premier serviA. A. MilneJames BarrieJean-Benoît PuechJules RenardKenneth GrahameLouis PergaudMichel PlessixTristan Derême <p><img src="http://www.alamblog.com/images/2840551683.08.LZZZZZZZ.jpg" alt="" /><strong>Kenneth Grahame</strong> (1859-1932), l’universel auteur du <em>Vent dans les saules</em> — un livre dont on sait à peine l’importance capitale tant il est mal promu, connu de vaporeuse manière et destiné, par tous ceux qui ne l’ont justement pas lu, à l’unique usage des enfants (quelle triste blague) —, le fabuleux créateur du “Dragon récalcitrant”, le mémorialiste inspiré des <em>Jours de rêve</em> et de <em>L’Âge d’or</em>, où la marmaille vibrante se voit confrontée aux discours et actes saugrenus de l’engeance adulte, ces Olympiens mal comprenants, Kenneth Grahame, disais-je, aura eu droit à une gloire tenace au Royaume-Uni et, de notre côté de la Manche, à une désinvolture indigne.<br />
<img src="http://www.alamblog.com/images/Kenneth Grahame.jpg" alt="" />Si Jean-Benoit Puech ou Alberto Mangel ont dit tout le plaisir qu’ils avaient eu à lire et relire ces trois chefs-d’oeuvre — répétons toujours : <em>Jours de rêve</em> (1896) et <em>L’Âge d’or</em> (1899), ces deux derniers prenant le titre collectif de <em>Au royaume des enfants</em>, et puis <em>Le Vent dans les saules</em> (1907) —, le parcours éditorial de Kenneth Grahame fut, en Angleterre, serti de bonheurs :<br /><img src="http://www.alamblog.com/images/Yellow Book.jpg" alt="" /> Il débuta à peu près dans les pages de <em>The Yellow Book</em>, la revue sublime où se coudoyaient John Buchan, Henry James, Max Beerbohm, Arthur Symons, George Moore et Baron Corvo, avec, au poste de directeur artistique, nul autre qu’Aubrey Beardsley — tandis qu’en France, il fut traité grosso modo avec le mépris dans lequel on tient généralement les auteurs de littérature pour mômes — quand il ne s’agit pas du St-Ex hexagonal —, exception faite de la traductrice Léo Lack qui sut lire juste et de Michel Plessix, un auteur de bandes dessinées qui a eu récemment et le nez creux et le formidable talent de mettre en pages les aventures de Taupe, de Blaireau et du compère Crapaud, le dingue d’automobiles, avec une grâce vraie et un sens impressionnant du texte que n’ont pas toujours eu les éditeurs de chef-d’oeuvre.<br />
Que l’on aborde l’œuvre de Kenneth Grahame par <em>Le Vent dans les saules</em> ou bien par <em>Jours de rêve</em>, on est immédiatement touché par une grâce magique – elle est encore épicée de la drôlerie et d’une tristesse souterraine, qui sont, avec la nostalgie, les composés majeurs mais si délicats à manipuler, des deux livres du <em>Royaume des enfants</em>. Ce que l’on peut considérer comme une autobiographie – mais l’autobiographie d’un autre, le gosse que Grahame tentait de rattraper – reconstruit une enfance autour des moments les plus forts, les plus doux, les plus étranges. Une enfance fantasmée pour l’exemple, qui parle à chacun et tire à tous le cœur vers l’autrefois, celui où il faisait bon gambader sans souci parmi les herbes folles, construire des cabanes idéales – bien souvent idéelles -, se repaître de l’air du monde dont nul poison n’avait rendu la consommation dangereuse.<br />
<img src="http://www.alamblog.com/images/Couv. Wind.jpg" alt="" />On n’a guère, en France, d’œuvres similaires. <em>Le Petit Prince</em> de Saint-Exupéry fait grise mine – il est si raide, si peu enfantin - aux côtés d’un <em>Peter Pan</em> folâtre (James Barrie) ou d’un <em>Oncle perdu</em> (Mervyn Peake) dont les lettres tiennent du coup de génie. Il faut fouiner du côté de <em>Patachou petit garçon</em> de Tristan Derême (Emile-Paul frères, 1929) — le modèle que s’est choisi Saint-Ex, comme l’a démontré Denis Boissier naguère —, du côté de <em>Poil de Carotte</em> de l’acide Jules Renard (Flammarion, 1894), ou de <em>La Guerre des boutons</em> de Louis Pergaud (Mercure de France, 1912) pour retrouver les humeurs vraies de l’enfance. Ils sont rares ceux qui savent faire résonner ce timbre délicat chez le lecteur adulte, et Kenneth Grahame, qui se plaça naturellement contre les « Olympiens », ces adultes tellement infatués, méprisants, incompréhensibles, incohérents et menteurs, fit un miracle. Comme, un peu plus tard, James Barrie avec Peter Pan.<br />
C’est en 1929 qu’A. A. Milne, le créateur de <em>Winnie l’ourson</em> assura d’une adaptation théâtrale aux personnages du <em>Vent dans les saules</em> une célébrité universelle. Kenneth Grahame pouvait être rassuré sur le sort réservé à ses créatures. Héritier du roman pastoral anglais, digne descendant des Romantiques anglais - qui, depuis Blake, ne considéraient plus les enfants comme de petits animaux -, pouvait rejoindre les harmonieuses prairies de Pan et poursuivre ses belles rêveries bachelardiennes, nostalgiques et douces qui nous font, aujourd’hui comme toujours, tant de bien.<br />
<strong>Michel Plessix</strong>, <em>Le Vent dans les saules</em>. — Delcourt, 1996-, 4 vol. <img src="http://www.alamblog.com/images/product-605352.jpg" alt="" /><br />
<strong>Kenneth Grahame</strong> <em>Jours de rêve, précédé de L’Âge d’or (Au royaume des enfants)</em>. Traduction de Léo Lack. — Paris, Phébus, 2005. <img src="http://www.alamblog.com/images/Jours de rêve.jpg" alt="" /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2006/10/30/176-grahame-le-grand#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/368