L'Alamblog - Mot-clé - Ménilmontant2024-03-29T01:51:09+01:00Le Préfet maritimeurn:md5:891a4437ffb56035bcdd99ce6fc8c9f0DotclearLa Maternelle ouvre ses pagesurn:md5:46a76f6f261da68a4d745206e4d3bc1a2020-01-07T00:54:00+01:002020-01-07T18:11:52+01:00Le Préfet maritimeDernières nouvelles du Préfet MaritimeEcole républicaineHussards noirsLéon FrapiéMaternelleMénilmontantMénilmuche <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.FerapieMaternel_m.jpg" alt="FerapieMaternel.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="FerapieMaternel.jpg, janv. 2020" /><br />
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<br />Le Préfet maritime est un petit verni : il aura cette année 20/20 l'occasion de publier quelques-uns des grands livres de son panthéon personnel.<br />
Le premier, c'est <em>La Maternelle</em> de Léon Frapié, roman béni dès 1904, date à laquelle il reçoit le deuxième prix Goncourt de l'histoire, à une époque où les querelles esthétiques étaient menées par des personnages qui se posaient un peu là. Et roman béni qui reçut à trois reprises l'hommage du grand écran. Trois réalisateurs lui consacrèrent une version, Gaston Roudès (1925), Jean Benoît-Lévy (1933) et Henri Diamant-Berger (1948), et cette dernière version a reparu il y a peu en dvd.
Le 16 janvier prochain, Rose, la narratrice de <em>La Maternelle</em>, contera une fois encore son aventure dans une école de la République au début du XXe siècle. Y professent les Hussards noirs, qui, bien formés glissent dans les crânes la morale républicaine, Née bourgeoise puis frappée par quelque mauvaiseté de la vie, Marie, désargentée bien que diplomée, doit accepter un emploi de fille de salle dans une école maternelle d de Ménilmontant. Alors bien sûr, comme dit Huysmans, ça "pue la crasse des gosses"... Les conditions de vie ne sont pas idéales dans ce quartier populaire de la rue des Plâtrières et la jeune femme ne peut que constater ce qui se laisse voir de la vie des plus humbles parmi les plus humbles, et ça n'est pas sans empathie ni sans colère qu'elle accompagne ces petits êtres qui sont comme des anges déchus.<br />
Léon Frapié n'aurait écrit que ce livre qu'il aurait bien mérité de l'humanité. Il en a écrit d'autres et a insisté sur le tort que l'on faisait à l'enfance désarmé. Son livre, que vous rangerez à coup sûr à côté de <em>Marie-Claire</em> et d<em>'Aubervilliers</em>, ses pairs en littérature, restera, c'est à peu près sûr dans votre esprit comme il a envahi ceux qui avant vous l'ont lu.<br />
Vous êtes vous aussi des petits vernis : vous allez découvrir un sacré livre.<br />
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<strong>Léon Frapié</strong> <em>La Maternelle</em>. Illustrations Steinlen. Préface du Préfet maritime. - Bordeaux, L'Eveilleur, 297 pages, 18 € (parution 16 janvier 2020)<br />
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<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2020/01/07/Ne-ratez-pas-La-Maternelle#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/4153Sur la Maternelle de Léon Frapié (1904)urn:md5:7ca645672c3491c2fe737f92db11abf32019-04-20T01:17:00+02:002019-05-01T09:37:17+02:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimMaternelleMénilmontantPédagogie maternelle <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.FrapieMaternelle_m.jpg" alt="FrapieMaternelle.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="FrapieMaternelle.jpg, avr. 2019" />
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<strong>La Maternelle</strong><br />
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Voici, sous un titre idyllique, évocateur de câlineries lentes, de douceur et de joie, d'adoration et de tendresse, et sous une couverture qu'illumine étrangement le crayon ironique et incisif de Steinlen, le livre le moins pédantesque et le plus fécond en enseignements précieux, le plus sincèrement dénué de littérature et le plus délicieusement littéraire, où ce le récit qui lamente, rit en frémissant et griffe » nous conduit insidieusement, — à travers la vision cruellement lucide de "cette jeune licenciée es lettres, obligée, pour vivre, et « parce qu'elle n'a pas en vain frôlé de près le mariage », pour créer un dérivatif à son besoin de sortir, d'agir, de vivre, de ne pas s'ennuyer lorsque « Paris ensoleillé offre son irrésistible sourire d'or aux femmes ennuyées » d'accepter une place' de femme de service dans une école maternelle — au plus merveilleux et plus douloureux spectacle qui soit : l'enfance pauvre de Paris, qui ressemble comme une soeur à l'enfance pauvre de partout, à cet embryon d'humanité avec ses vertus et ses vices, ses beautés et ses lares, ses germes morbides et violents, cette lamentable a graine humaine » dont les moissons, plus tard, seront si copieusement mêlées d'ivraie et de coquelicots sanglants : je veux parler de La Maternelle de Léon
Frapié.<br />
Dans la cour de celle école, sise à Ménilniontant, dans le quartier maussade a où les ruisseaux ont une maladie noire, où la chaussée, de la largeur de deux fiacres, sue gras quand elle n'est pas noyée par la pluie..., où, sur vingt boutiques, il y en a quatorze de marchands de vins » grouille en raccourci tout un peuple spécial, toute une humanité frémissante. Et Rose, la licenciée devenue femme de service, tout en lavant les parquets en allumant les feux, "en préparant, les paniers et les tables de réfection de la cantine, en veillant" à la netteté des museaux, des mains et des « visages inférieurs », regarde, observe, s'attache à.pénétrer le caractère individuel de ces petits êtres, "de ces « brimborions d'élèves », écoute les leçons, analyse les parents, renoue — selon une psychologie serrée, vraiment humaine et féconde que ne savent employer ni la Directrice, ni les adjointes, ni surtout la normalienne, cette « plante de serre chaude » au visage semblable à une effigie de Diane, et qui, d'un mouvement de ses belles paupières, semble dire : « Mortels, ne me touchez pas !» — l'âme de l'enfance,'plus encore que son. moi physique, au moi des parents, s'inquiète de la qualité de cet enseignement dispensé à jet continu à la cire molle des cerveaux, de [cette morale unique, tombant, comme une pluie d'orage, sur ces individualités si diverses, et déjà si marquées, et conclut, dans des pages navrantes de clairvoyance, à une négation d'une ironie formidable et monstrueuse,<br />
Que dire en effet, de cet axiome, tombant des lèvres de déesse de J!" 0 Bord, sur cette enfant « à qui sa mère donne chaque soir Un papa nouveau » : « Vous devez suivre l'exemple de vos parents, (oui de vos parents) disent, ordonnent et font, est bien dit, bien ordonné, bien fait, car ils incarnent la sagesse » ; de cet autre : « Il faut"une place pour chaque chose, et, chaque chose à sa place», sur une fillette dont-la mère. habite, au cinquième, une chambre de quatre mètres carrés, où elle ne peut entrer que lorsque les enfants ne sont plus là ?<br /> Ce n'est point risible ; ce n'est que lamentable. Et ne criez pas à l'outrance : c'est la réalité toute crue, observée par un témoin impitoyable.<br />
Tout le livra est plein de ces observations sagaces et cruelles, de ces documents vécus. La Maternelle, telle que la dépeint Frapié, c'est un hôpital où les malades seraient répartis par âge, dans la même salle, et où le médecin, faute de temps, ordonnerait la même potion à ses soixante malades.<br />
Que faire ? Donner un enseignement spécial à chaque enfant ? Chimère ! Alors, la Maternelle? c'est une erreur ? L'enseignement universel ? une utopie ? Que non pas. M Frapié, — s'il est un observateur scrupuleux, dont la cruauté est la cruauté même des choses — n'est pas un contempteur, systématique de l'institution. Et Rose, qui n'est pas, elle, une « planté de serre chaude » indique très simplement le remède que lui suggère sa Clairvoyance avertie et son coeur pitoyable, affamé de maternité ; ces tristes déchets d'une lamentable humanité, il suffirait de choisir des institutrices « qui n'aient pas trop de diplômes, mais qui aient passé l'examen du coeur », il faudrait, selon le mot adorable de Bonvalot, ce gosse inquiétant, qui crachote, et dont le cou, long et mince, semble promis à la guillotine « qu'il y eût des images dans leurs yeux »<br />
Ah I le beau, le bon, l'admirable livre ! J'aurais voulu dire tout, son charme prenant et sincère, la poésie grave .et lumineuse de son style, là richesse robuste de sa pensée, la mer veilleuse inflexibilité de sa logique... Toute sa fleur légère, comme celle d'un beau fruit manié par une main maladroite et brutale s'en est allée. Lisez-le, vous la retrouverez entière, et il vous en restera le délectable parfum d'une âme surprise et goûtée en toute sa vérité savoureuse, pitoyable, vraiment et chaudement, maternelle !..
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<strong>Louis Dumont</strong><br />
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P.-S, — Au. moment où je corrige les épreuves de cet article j'apprends que le prix Goncourt, de cinq mille francs, vient d'être.décerné h La Maternelle. Ce choix, dont se réjouissent tous les amis de Frapié et des lettres, honore grandement les Dix</p>
<p><em>La Jeune Champagne</em>, janvier 1904</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2014/01/03/SUr-la-Maternelle-de-Lon-Frapi-%281904%29#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/45Zone à croquantsurn:md5:663a9dce3dcacc2962b69a941ccb850f2015-05-04T01:03:00+02:002015-05-04T16:03:48+02:00Le Préfet maritimeBellevilleButtes-ChaumontCurzio MalaparteHenri CaletJean-Pierre BarilLa VilletteMénilmontantParisPère-LachaiseStalingradXIXe arrondissementXXe arrondissement <p><img src="http://www.alamblog.com/public/CaletRoture.jpg" alt="CaletRoture.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="CaletRoture.jpg, mai 2015" /><br />
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Le Croquant indiscret est de retour ! Non plus chez les aristos et les emperlousées du XVIe mais bien parmi les siens les plus malchanceux : dans les zones vraiment mystérieuses de Paris, ces villes sans tour Eiffel ni brasseries de luxe placées entre la ville et la banlieue, entre les haussmannités du bourg et les craquelés d'Aubervilliers, ces XIXe et XXe arrondissements de Paris où les snobs peinent à mettre un pied. Des fois qu'on les détrousse. Mais Jacques Réda et Richard Gotainer y vivent paisibles depuis si longtemps qu'il ne leur viendrait pas l'idée de faire la promo de leur havre situé au beau milieu de ces <em>Huit Quartiers de roture</em> dont va nous parler <strong>Henri Calet</strong>.<br />
Si les pirates ont calté comme Casque d'or depuis lurette, on n'y voit guère de touriste, hormis pour admirer l'immeuble en couleurs bizarre du haut de la rue de Pixérécourt. Il n'existait pas au temps du reportage que Calet effectuait pour le "Programme parisien" de la radio à l'automne 1952 — on nous en sert ici un bon bout sur CD afin de nous mettre dans l'ambiance — non plus que lors de la rédaction des articles réunis.<br />
Evidemment, tout ça n'est pas gai-gai, même si le Lac Saint-Fargeau, la guinguette de Serette agrémentée d'un lac artificiel fut le plus grand cabaret de France à la fin du XIXe siècle...<br /></p>
<blockquote><p>On a asséché, comblé le lac factice, rasé Les Montagnes françaises, supprimé L'Île d'amour. A la place de tout cela, il n'y a plus que de hautes bâtisses de briques rouges, pareilles à celles que l'on a édifiées tout autour de la ville. En cherchant, je ne trouvai plus qu'un gros tilleul qui déborde sur la chaussée. C'est ce qui demeure encore du bal le plus élevé de Paris. Où va sautiller maintenant la jeunesse courageuse de Ménilmontant et d'ailleurs ?<br /></p></blockquote>
<p>Et puis ces rues manquent de grands hommes — pourtant "Cartouche y fréquenta". Pas de hauts faits, pas de bustes qui, comme l'écrivait Francis de Miomandre, survivent aux villes. Juste le souvenir des bals de la place des fêtes, et la Villa des otages de la rue Haxo où furent fusillés les otages de la Commune, avec plus bas, au Père-Lachaise, son pendant, le Mur des fédérés. Quant au gibet de Montfaucon, il n'a pas de plaque. Non plus que la guillotine de la Roquette d'ailleurs. On voudrait nous faire croire que ce sont des quartiers sans grandeur...<br />
Son <em>Paris Guide</em> de 1867 en main, (Alexandre Gastineau ou Charles Monselet scripsit), Calet enquête, furète, comme il sait faire. Il retrouve la trace de sa famille, et sa propre trace : petit on l'a photographié, langes nouées à une grille pour le maintenir, devant une boutique d'écrivain public nommé Henri Calet du côté de Stalingrad. Et c'est ce qui fait tout le charme de ces reportages dans Paris, son intérêt personnel pour son sujet. Son goût de la retrouvaille avec un passé éteint. Alors, si, en effet, ses références sont parfois un peu erronées, ça n'est pas l'essentiel. Le croquant s'immerge et note bien mieux que beaucoup d'historiens.Il semble que la tristesse soit partout. Au même moment, Jacques Audiberti est en reportage dans les "îlots insalubres"* que l'on va finir par abattre. Et Jean-Paul Clébert trouva sa propre zone du côté de la Porte des Lilas. Mais chez Calet, il y a la vie et, toujours, de quoi admirer.<br />
D'ailleurs Curzio Malaparte corrobore. Dans son <em>Journal d'un étranger à paris</em>, il a vécu en 1947 chez son amie Cécile près du canal. Il y a fait des constats identiques :<br /></p>
<blockquote><p>"Nous sortons sur le quai, passant devant les tristes, les misérables passer de cette ruelle entre le canal et la rue Rouvet. Des femmes en cheveux sont aux fenêtres, respirant l'air saturé de brouillard et l'odeur lente et lourde du canal. Des enfants jouent, assis sur le seuil des taudis. C'est un pan de Naples, mais d'un Naples prises, déjà nordique, avec quelques de belge, de flamand, et ce ciel gris où les arbres, au-delà du canal plongent leurs cimes immobiles, aux feuilles brillantes comme du laiton, sans mouvement, arrêtées, prises dans le ciel brumeux comme une aiguille à piqûres dans un tampon d'ouate.''<br /></p></blockquote>
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Calet lui répond ceci :<br /></p>
<blockquote><p>En vérité, il faut y être appelé par une sorte de voix secrète, ou bien y être plus ou moins attaché par des racines. Il m' bien semblé reconnaître parfois, dans une de ces rues, cette espèce de brume grisâtre que j'ai bue étant tout petit : c'est mon lait. Ne suis-je pas né officiellement dans le passage Julien-Lacroix?<br />
Et d'ailleurs, ces quartiers ne sont pas si disgraciés que je l'ai dit. Je me suis montré injuste. C'est une question de saison. Oui, il suffit d'un peu de soleil pour transformer, embellir n'importe quelle ruelle, n'importe quelle impasse. Il la diapre instantanément, il l roule, comme on fait un beignet, il l'irise, il la dore, il la mordre, il l'argente, il l'ocre, il la cuit... Il suffit aussi quelquefois d'un sourire, ou d'une chevelure... C'est également une question d'heure. Il est des moments où l'on ne croise que des vieux, des éclopés, des ivrognes ou des paralytiques ; il en est d'autres, au contraire, où chacun de nous porte sans le savoir son auréole sur le derrière de la tête, telle une casquette mal mise. Il s'agit cependant des mêmes gens, dans les mêmes décors.<br /></p></blockquote>
<p><br />Faites-vous plaisir, suivez Calet !
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<strong>Henri Calet</strong> <em>Huit Quartiers de roture. (Petit guide des XIXe et XXe arrondissements de Paris)</em>. Edition établie, présentée et annotée par Jean-Pierre Baril. — Paris, Le Dilettante, 224 pages, 20 € CD inclus. En librairie le 6 mai.<br />
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Et aussi<br />
<strong>Curzio Malaparte</strong> <em>Journal d'un étranger à paris</em>. Traduit de l'italien par Gabrielle Cabrini. — Paris, La Table ronde, "La Petite Vermillon", 360 pages, 8,70 €<br />
<strong>Jacques Audiberti</strong> <em><a href="http://www.clairepaulhan.com/auteurs/jacques_audiberti.html">Paris fut</a></em>. — Paris, Claire Paulhan, 220 pages, Epuisé.<br />
<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2015/05/03/Zones-de-croquants#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/2704