L'Alamblog - Mot-clé - Marcel Proust2024-03-28T18:27:22+01:00Le Préfet maritimeurn:md5:891a4437ffb56035bcdd99ce6fc8c9f0DotclearIl faut toujours avoir un petit Proust chez soiurn:md5:0ef19daaf8244058942effb4c2eb67782019-02-01T06:42:00+01:002019-02-01T12:21:09+01:00Le Préfet maritimeChristian PéchenardJean CocteauLouis de RobertMarcel ProustPierre Klossowski <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.Lafiguredujour_m.jpg" alt="Lafiguredujour.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Lafiguredujour.jpg, oct. 2018" /><br />
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Un Proust en cache-t-il un autre ?<br />
Si l'on avait envie d'éviter Proust et de lire, allons, Céline Minard ou Jeanette Winterson, disons, ou bien encore Ben Metcalf, tiens, oui, voilà, <em>La Contrée</em> de Ben Metcalf ou bien encore <em>Billy le Menteur</em> de Keith Waterhouse qui vient de paraître aux éditions du Typhon, on serait éberlué un peu par le renouveau éditorial des fonds qui se joue sous nos yeux : un anniversaire suffit à ce que Proust envahisse les libraires comme un seul homme. Pourtant, qu'ils sont nombreux... les proustiens....<br />
Pour ne pas nous lancer dans une exégèse fastidieuse et sans originalité sur le génie propre de notre Marcel national, quelques pistes pour les amateurs, le tout au format de poche ou presque :<br /></p>
<p>Tout d'abord un essai inédit de <strong>Pierre Klossowski</strong>, sobrement intitulé <em>Sur Proust</em>. Inattendu et précieux. Klossowksi avait relu la <em>Recherche</em> à l'instigation de Michel Butor qui préparait un documentaire sur cette oeuvre pour la télévision intitulé "Proust et les sens". Evidemment, Klossowksi y trouva l'occasion d'y rencontrer l'extase.<br /></p>
<blockquote><p>Proust a donné une version occidentale du bouddhisme que Nietzsche redoutait de voir s'établir en Europe. En plein XXe siècle, dans cette vie parisienne de la précédente guerre et après-guerre, avec les moyens et les normes de diverses traditions de la narration française, Proust a édifié un plateau du Tibet, a creusé dans la conscience occidentale une cité souterraine de Lhassa, a développé d'une manière des plus secrètes une discipline du dévoilement progressif des différentes toiles de fond, des différents écrans qui font obstruction à une vision dernière '(une sorte de livre des morts tibétains) ; cette vision extatique dont depuis toujours, depuis qu les hommes lisent ou écoutent ou contemplent des simulacres, le lecteur n'a qu'une appréhension confuse, puisque la plupart ne lisent que pour se divertir ou se renseignent et ainsi se détournent du vrai phénomène et somme toute le méprisent et aujourd'hui ne s'y livrent que pour tuer le temps, si ce n'est pour trouver le moyen de gagner du temps. Toutefois, "tibétain", Proust ne l'est évidemment pas au sens littéral d'un adepte occidental du bouddhisme, mais avec les moyens proprement occidentaux. (...)</p></blockquote>
<p>Et Klossowksi de nous éclairer sur les voies "détournées" de Proust. Edité par Luc Lagarde, ce texte est passionnant.<br />
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Ensuite, poursuivons l'enquête avec le romancier <strong>Louis de Robert</strong> (1871-1937), l'auteur du <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9773254m/f7.image">Roman du malade</a> (Fasquelle, 1911) qu'avait lauréé le Prix Femina en 1911 (1). Il nous raconte <em>Comment débuta Marcel Proust</em> puisque c'est vers lui que le jeune homme s'était tourné pour l'aider à publier son oeuvre. Les deux firent ce qu'ils purent, en vain et on connait la suite : un volume parut à compte d'auteur chez Grasset en 1913... Edité parfaitement par le musicologue Jérôme Bastianelli, cette nouvelle édition augmentée est un incontournable délicieux et vite dévoré. L'enthousiasme...<br />
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La partie copieuse de ce billet consacrée à l'exégèse proustienne revient naturellement à <strong>Christian Péchenard</strong> (1930-1996), de l'écurie la Table ronde, il faut le souligner parce qu'elle est particulièrement férue de prousteries (on le constatera <a href="https://www.editionslatableronde.fr/Catalogue/%28recherche%29/proust">ici où se retrouvent encore</a> Michel Erman et Lorenza Foschini). Ces trois essais délicieux, <em>Proust à Cabourg</em>, <em>Proust et son père</em> et <em>Proust et Céleste</em>, comparés à des enquête du docteur Watson par Bernard Franck autrefois valent assurément le temps qu'on y passe. Ce sont les livres d'un lecteur de Proust aussi enthousiaste que spirituel, et l'on peut confesser qu'en ces pages on retrouvera le goût de <em>la Recherche</em>, et l'envie de s'y replonger. Le vade-mecum parfait.<br />
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Pour ne rien laisser au hasard, il faut signaler enfin que <strong>Claude Arnaud</strong> tente la défense de Cocteau dans sa postérité qui serait, selon l'essayiste, écrasée par Proust. Ce dernier aurait été injuste dans sa prise de distance avec Cocteau. On peut bien y croire, mais... Mais peut-on vraiment juger de ce que l'admiration de Proust pour le jeune Cocteau pourrait avoir d'incidence sur les créations ultérieures dudit Cocteau. Le XXe siècle a passé, il s'est éteint, ses lustres ont été mis au grenier, On vit aujourd'hui avec des ampoules basse consommation. L'esthétique a pris des plis aussi nets que les plissements hercyniens ont maltraité les sols du dévonien. Cocteau appartenait à un âge où on aimait encore se déguiser en duchesses et où on célébrait Bernard Buffet. Mais si. Il n'est pas certain que sa postérité ne poursuive encore sa lente mais inévitable chute, puisqu'il incarne désormais pour toujours cette abeille ouvrière à tricot d'Arlequin, il a tout fait pour ça. Et puis on est obligé de constater qu'en incarnant lui aussi l'artiste polyvalent Warhol a terminé ce que Proust "aurait" entrepris, l'effacement définitif que M. Jean Cocteau, aimé des mondaines d'un temps, délaissé des lecteurs du notre.<br />
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<strong>Pierre Klossowski</strong> <em>Sur Proust</em>. - Paris, Serge Safran, 144 pages, 15,40 €<br />
<strong>Louis de Robert</strong> <em>Comment débuta Marcel Proust</em>. - L'Eveilleur, 136 pages, 9,50 €<br />
<strong>Christian Péchenard</strong> <em>Proust et les autres</em>. - La Table ronde, "La Petite Vermillon", 640, 10,50 €<br />
<strong>Claude Arnaud</strong> <em>Proust contre Cocteau</em>. - Paris, Arléa, 272 pages, 9 €<br /></p>
<p>(1) voir aussi sa "suite naturelle" : <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8798411/f1.image">Paroles d'un solitaire</a> (A. Michel, 1924).</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2019/01/31/Il-faut-toujours-avoir-un-petit-Proust-chez-soi#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/3790Sept inédits d'Albert Thibaudeturn:md5:86cfd15a8849fa7c81594ce51118bbb62018-05-16T00:31:00+02:002018-05-25T16:34:34+02:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimAlbert ThibaudetLéon BoppMarcel ProustStéphane Zékian <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.RonsardThib_m.jpg" alt="RonsardThib.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="RonsardThib.jpg, mai 2018" /><br />
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Belle surprise combinée par <strong>Stéphane Zékian</strong>, l'auteur de <em>L'Invention des classiques</em> (CNRS, 2012) : il vient de faire paraître rien moins que sept petits essais<em> inédits</em> d'Albert Thibaudet (1874-1936) à l'enseigne des Equateurs.<br />
La France aime les exégètes singuliers. Et Elle en a connu des Bachelard, des Albalat ou des Etiemble, et encore quelques autres qu'on ne va pas nommer ici pour ne pas se gâcher la journée, mais Thibaudet, c'était quelqu'un. On l'a nommé l'outsider de l'intérieur, parce qu'il appartenait au corps professoral, mais il se tenait prudemment hors des zones calamiteuses où s'échangent les honneurs et les rentes, les médailles et les fauteuils. Il l'a payé d'un nimbe de poussière assez vite répandu sur son travail, d'autant que sa mort, juste avant la guerre n'avait rien de bon pour la propagation de son œuvre. S'il était le critique de la Phalange, puis de la NRf, son ton et sa liberté ne plaisaient décidément pas à tout le monde.<br />
Au-delà de son <em>Histoire de la littérature française</em> posthume, Albert Thibaudet a laissé beaucoup de matériaux. Dans son <em>Histoire</em>, il prenait la génération comme pivot naturel des esthétiques et en tirait des "perspectives inattendues". Gallimard fit la grimace au moment de publier ce gros volume en guise d'hommage, juste après sa mort. Et c'est d'ailleurs le CNRS qui l'a réédité récemment dans sa collection Biblis. Il y aurait lieu de revoir aussi son <em>Liseur de romans</em> (Crès, 1925) d'une grande fraîcheur, fruit d'un véritable et utile essai de synthèse comme on en a peu à l'époque.<br /></p>
<blockquote><p>Bien qu'Anatole France ait appelé le livre l'opium de l'Occident, que la lecture d'un roman agréable soit assez comparable peut-être au divertissement que procure une bonne pipe, et que ces divers genres de fumée constituent également une sorte de nourriture spirituelle, laissons de côté un rapprochement dont il ne faut pas abuser, et demandons-nous à quel moment apparaissent les lecteurs de romans, à quel besoin nouveau répondent les romans, de quelle manière le goût des romans est incorporé au mouvement général qui fait la civilisation moderne.<br /></p></blockquote>
<p>On se demande d'ailleurs bien pourquoi <em>Le Liseur de romans</em> n'est pas encore réédité lui aussi. Quoi qu'il en soit, ce sont sept nouveaux Thibaudet qui font surface aux Equateurs, ce n'est pas rien. Ils concernent (dans le désordre) Fontenelle, Ronsard, Chénier, Gautier, Vigny, Taine et Michelet, Ils datent tous des premières années de plume de Thibaudet qui est alors jeune professeur et tente de se faire une place dans le monde des lettres. Poésie et prose ne l'emballent pas, après l'échec d'une première tentative symbolarde. Reste l'essai, et là, Albert va prendre toute sa mesure en utilisant comme terrain préparatoire le concours biannuel d'éloquence de l'académie française pour lequel il rédigea ces courts essais à sept reprises, durant quatorze ans. Ces écrits dormaient sagement dans les archives de l'Académie où Stéphane Zékian est allé les réveiller.<br />
Le premier, sur Ronsard, lui vaut une demi-victoire en 1896. Il doit partager le prix car les académiques le jugent frais mais audacieux, non conventionnel. Il est vrai qu'il n'hésite guère à tordre l'image, et bouscule le caractère réglementaire de l'exercice critique. C'est ce que Léon Bopp, l'éditeur de son <em>Histoire</em> pour Paulhan, nomme en 1936 la "tradition du débraillé".<br />
De fait, tout le monde n'appréciait pas le vivant de Thibaudet et ses audaces ont valu parfois des répliques au provincial. On se souvent assez de celle de Proust à son article sur Flaubert (<em>Sur le style de Flaubert</em>, Sillages, 2014).<br />
Nous y reviendrons.<br />
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<strong>Albert Thibaudet</strong> <em>Ronsard, Michelet, André Chénier, Théophile Gautier, Fontenelle, Alfred de Vigny, Taine</em>. Présentations de Stéphane Zékian. - Sainte-Marguerite-sur-Mer, Les Equateurs, 2018, 77 pages environ, 9 € chaque.<br />
Et aussi<br />
<strong>Albert Thibaudet</strong> <em>Histoire de la littérature française</em>. Avant-propos de Michel Leymarie. - Paris, CNRS, 2016, "Biblis", 600 pages, 12 €<br />
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Frédérique Roussel a consacré <a href="http://next.liberation.fr/livres/2018/04/13/trouvaille-dans-les-archives-de-l-academie-francaise_1643246">un article très vivifiant</a> à ces inédits dans Libération du 13 avril dernier.</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2018/05/16/Des-indits-de-Thibaudet#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/3537Du beau lingeurn:md5:59d39383941a8b11754f3da283a5a8922016-09-25T00:11:00+02:002016-09-25T00:11:00+02:00Le Préfet maritimeDernier reçu Premier serviBottinesCravatesLucien DaudetManteauMarcel Proust <p><img src="http://www.alamblog.com/public/DaudetCravates.jpg" alt="DaudetCravates.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="DaudetCravates.jpg, sept. 2016" /><br />
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Avec les cravates de <strong>Lucien Daudet</strong> et le Manteau de Proust de <strong>Lorenza Foschini</strong>, on a d'abord pensé que les <em>Bottines proustiennes</em> de <strong>Michel Erman</strong> relevaient d'une nouvelle exploration des panards du grand homme. C'était dans la continuité lingère d'ailleurs et notre appareil supérieur, à peine irrigué aux aurores il faut dire, n'en a pas été remué outre mesure.<br />
En fait, on a songé que La Table ronde, très amatrice d'auteuses anglosaxonnes, avait choisi de mettre en évidence ce qui du tissu et du cuir fait l'Homme qui se respecte. Du style, de l'élégance quoi !<br />
Mais ça n'était pas ça.<br />
Trompé par les vieilles habitudes de lecture transversale - le contraire de la lecture insistante de feu Jean Bollack, comme on sait —, nous avions équipé d'un e des bottins qui ne demandaient qu'à ne pas se laisser marcher sur les arpions. Un bottin, ça se respecte (1).<br />
En somme, voici une triplette pour les proustiens avec l'ami, le manteau et les adresses de "La recherche".<br />
Ajoutons ce propos du particulier singulier qui préface la nouvelle de Daudet (L.) : "C'est le fils d'Alphonse, le frère de Léon, l'ami de Marcel, et c'est la première fois depuis des lustres qu'on le réédite - sa toute première nouvelle, pour être précis, charmantissime, entre Balzac et Proust. Avec en goodies, une présentation de l'auteur, sa bibliographie commentée, deux articles de Proust sur ses livres et un de lui, lumineux, sur la Recherche."<br />
Du dandy adoncque.<br />
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<strong>Lucien Daudet</strong> <em>Le Prince des cravates</em>. — La Table ronde, "La petite vermillon" (n° 419), 112 pages, 5,9 €<br />
<strong>Lorenza Foschini</strong> <em>Le Manteau de Proust</em>. — idem (n° 417), 140 pages, 5,90 €<br />
<strong>Michel Erman</strong> <em>Bottins proustiens</em>. — idem (n° 418), 239 pages, 7,10 €<br />
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(1) Notez qu'une bottine également.<br />
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<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2016/09/24/Du-beau-linge#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/3076le XXe siècle de Benjamin Crémieuxurn:md5:b92cdfc9440efbea06862d07e06063c52011-01-05T01:55:00+01:002014-05-13T13:11:08+02:00Le Préfet maritimeDernier reçu Premier serviBenjamin CrémieuxEdmond JalouxHenri DuvernoisHenri PourratJean et Jérôme TharaudJean GiraudouxJean PaulhanJules RomainsMarcel ProustPaul MorandPierre BenoitPierre Drieu La RochellePierre HampPierre Mac OrlanValery Larbaud <p><img src="http://www.alamblog.com/public/Cremieux.jpg" alt="Cremieux.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Cremieux.jpg, déc. 2010" /><br />
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Remarquable esprit de son temps, <strong>Benjamin Crémieux</strong> (1888-1944) reste un auteur qu'on ne lit plus qu'exceptionnellement. C'est dommage, même s'il reste accessible en librairie dans ses traductions de l'italien (Svevo, Pirandello). A l'instar de Jean-Richard Bloch par exemple, il fait partie de la cohorte des essayistes de prime importance qui, s'ils ont compté en leur temps, ont fini par se ranger humblement dans le second rayon.<br />Ces princes de la critique, auxquels on doit associer Jaloux (Edmond) ou Pia (Pascal), afin de ne pas oublier ces deux derniers quand on a tenté de nous faire prendre Frédéric Lefèvre et Maurice Martin du Gard pour des lanternes, bref, ces princes de la critique étaient d'un temps où le geste critique, justement, valait pour ses principes de clairvoyance, d'appréciation, de culture générale et de maturation. Toutes choses qui ont disparu de la presse papetière où l'on empile les papiers comme le loufiat les soucoupes. Et avec la même grâce.<br />
La réédition du <em>XXe Siècle</em> de Crémieux est donc une très bonne chose : on y redécouvre ce qu'est prendre le temps de se cultiver, de lire, puis de réfléchir, et enfin de s'exprimer clairement. Bien sûr, on regrette que Crémieux n'ait pas eu le souci de mettre en évidence des auteurs moins "téléphonés", mais il faisait avec son temps, contingence imparable, comme nous faisons avec le nôtre - à ce propos, on ne devrait pas écrire en 2010 que Luc Durtain ou Pierre Hamp sont des auteurs méconnus, tout de même...<br />
Son recueil d'articles de 1927, ici augmentés de deux textes sur Edmond Jaloux, "le moins attardé des critiques" selon Gide, et les frères Tharaud, ces "stylistes", témoigne d'un modernisme qui nous est devenu poussiéreux, certes, et fort gallimardien, certes itou, mais <em>XX Siècle</em> sert désormais à éclairer la figure de Benjamin Crémieux (nette préface de Catherine Helbert) et l'histoire de la réception de quelques grands noms et de certaines gloires déclinantes des lettres françaises du siècle dernier. De plus, au petit jeu des absents, il nous invite à jouer...<br />
Au sommaire de cette nouvelle édition : Marce Proust, Jean Giraudoux, Henri Duvernois, Pierre Hamp, Valery Larbaud, Jules Romains, Pierre Benoit, Pierre Mac Orlan, Paul Morand, Pierre Drieu La Rochelle, Jean Paulhan, Luc Durtain, Henri Pourrat, Jerôme et Jean Tharaud, Edmond Jaloux.<br />
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<strong>Benjamin Crémieux</strong> <em>XXe siècle</em>. Edition augmentée. Textes établis, présentés et annotés par Catherine Helbert. - Gallimard, 2010, coll. "Cahiers de la NRf", 304 pages, 26,50 euros</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2010/12/25/Jules-Romains-par-Benjamin-Cr%C3%A9mieux#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1494Le nouveau Grand Jeu de l'Alamblog !urn:md5:786f4e78787121de40ed8f76910dcb222010-08-18T01:25:00+02:002010-08-18T01:25:00+02:00Le Préfet maritimeApostilleLouis-Ferdinand CélineMarcel Proust <p><img src="http://www.alamblog.com/public/Jeu.jpg" alt="Jeu.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Jeu.jpg, août 2010" /><br />
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Jeu de plage : saurez-vous découvrir d'où est issu ce dialogue ?</p>
<p>Un livre de la collection <strong>L'Alambic</strong> à gagner, comme d'habitude.
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<blockquote><p>— Vous avez lu le dernier Céline ?<br />
— Ouou...i<br />
— Et alors ?<br />
— Heu...<br />
— N'est-ce pas ?<br />
— On se demande...<br />
— Pour moi, il est fou, cette fois, Céline !<br />
— Assurément, il est malade, ce garçon !<br />
— Quand même, il exagère !<br />
— Ces grossièretés !...<br />
— C'est tellement démodé, tout ça !<br />
— Les Juifs sont des gens comme les autres.<br />
— J'en connais de très bien... J'ai de très bons amis...<br />
— Mais, pensez, voyons !<br />
— Et pour les critiques, vous avez lu ?<br />
— Oui !... Et Proust ?<br />
— Proust ! Ah, Proust <br />
— Prou-Proust, il dit ! Et il fait allusion... Il paraît que Proust...<br />
— Jeune homme riche ! Habitué de bonne heure aux valets de chambre, n'est-ce pas ?<br />
— Et Stendhal !<br />
— Cézanne !<br />
— Racine !<br />
— Quoi, Racine aussi !<br />
— Comme je vous le dis !<br />
— C'est du délire !<br />
— Vous avez prononcé le mot. C'est du délire !<br />
— Moi, je m'étais bien dit tout de suite, en lisant son premier, vous savez : Au bout de la nuit...<br />
— On en avait fait tout un plat !<br />
— Entre nous...<br />
— Quiand on juge, aujourd'hui...<br />
— Avec le recul.<br />
— Il faut le recul...<br />
— Dame ! Qu'est-ce que c'est, en somme, la postérité ?<br />
— Le recul, évidemment !<br />
(...)<br /></p></blockquote>
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Résultat le 14 septembre prochain</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2010/08/18/Le-nouveau-Grand-Jeu-de-l-Alamblog-%21#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1418Femmes proustiennes (Anna Vateva lit Judith Oriol)urn:md5:c79e5365a699377f8ca14b99156dde702010-04-09T04:51:00+02:002013-04-04T09:45:34+02:00Le Préfet maritimeDernier reçu Premier serviAnna VatevaFemmesJudith OriolMarcel Proust <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.JudithOriol_m.jpg" alt="JudithOriol.jpg" title="JudithOriol.jpg, avr. 2010" /><br />
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Dans l’immense champ de la critique proustienne, j’opérerais une distinction très générale entre deux types d’ouvrages : ceux qui tendent à élaborer des modèles de lecture où la matière de l’œuvre apparaît comme fondement à des constructions plus ou moins abstraites ; ceux qui nous ramènent au plus près du texte en éclairant les liens transversaux dont il est tissé. <em>Femmes proustiennes</em>(1) de <strong>Judith Oriol</strong> fait partie des seconds. C’est précisément sa richesse en rapprochements révélateurs et en analyses pertinentes, placés sous le signe du féminin, qui a suscité de nombreux échos en moi et m’a incitée à rédiger la présentation sommaire qui suit.<br /></p>
<p>Les femmes sont d’abord considérées sous l’angle de la transformation poétique du réel (ou du « poïesis ») qui constitue un des moteurs narratifs principaux de la Recherche (2). De nombreux exemples à l’appui, Judith Oriol montre que les personnages romanesques féminins font souvent l’objet d’une mythification surnaturelle, amoureuse ou social qui les rattache à un domaine rêvé et inaccessible tout en les rendant d’autant plus désirables. Autre ressort puissant du désir dans la Recherche : l’aura de mystère qui entoure les femmes. La part d’inconnu et d’ombre que la vie de chacune d’elles réserve engendre une curiosité insatiable dans l’esprit de l’amant avide de possession totale. Mais ce besoin de savoir tout sur l’aimée est voué d’emblée à l’insatisfaction : dans l’œuvre proustienne nul être ne se prête à une connaissance objective ; les personnages de la Recherche, et a fortiori les femmes, sont bien plutôt appréhendés comme une succession d’impressions subjectives qui peuvent diverger, voire se contredire entre elles. Voici la citation, très éloquente en ce sens, sur laquelle s’achève la première partie de l’ouvrage :<br />
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<blockquote><p>Je m’étais rendu compte que seule la perception grossière et erronée place tout dans l’objet, quand tout est dans l’esprit.<br /></p></blockquote>
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Une fois cette suprématie de la subjectivité établie, Judith Oriol tente de la dépasser cherchant à démêler de la vision imposée par le narrateur les éléments qui relèveraient d’une imitation du réel (ou du « mimesis »). C’est ainsi qu’elle analyse le rôle prépondérant des femmes dans la comédie sociale à travers les enjeux et les mobiles qui déterminent leurs actes au sein d’une société snob et fortement hiérarchisée, ainsi qu’à travers les moyens par lesquels elles arrivent à leurs fins. Une place importante est accordée également à la sexualité féminine et plus précisément à l’amour lesbien que Proust désigne par le nom de la cité biblique Gomorrhe. Bien qu’il s’agisse là d’un phénomène parfaitement réel, la façon dont il est abordé par le narrateur l’éloigne de la simple observation pour l’investir d’une fonction spécifique : rendre la femme aimée encore plus fugace et définitivement inaccessible de par l’impossibilité pour l’homme de pénétrer, et encore moins d’éprouver lui-même, le plaisir qu’elle recherche du côté de Gomorrhe. Actrices sociales ou amantes constamment soupçonnées d’infidélité, les femmes ne sont en définitive jamais cantonnées dans une image figée : elles restent des personnages complexes chez qui le bien et le mal coexistent.<br /></p>
<p>L’univers féminin de la Recherche est enfin interrogé par rapport au sens que l’œuvre littéraire fait advenir. Quel est le rôle des femmes dans la création artistique ? Elles sont d’abord considérées comme des « êtres-pour-l’amour ». Celui qu’elles inspirent au narrateur n’est jamais réciproque. En tant qu’êtres de fuite, elles provoquent en lui une souffrance qui, l’incitant à l’introspection, se transforme en moteur de création :<br /></p>
<blockquote><p>Chaque personne qui nous fait souffrir peut être rattachée par nous à une divinité dont elle n’est qu’un reflet fragmentaire et le dernier degré, divinité (Idée) dont la contemplation nous donne aussitôt de la joie au lieu de la peine que nous avions. Tout l’art de vivre, c’est de ne nous servir des personnes qui nous font souffrir que comme d’un degré permettant d’accéder à leur forme divine et de peupler ainsi joyeusement notre vie de divinités.<br /></p></blockquote>
<p>Sorte de modèles qui posent pour le narrateur et lui permettent d’accéder à la connaissance profonde de la douleur, les femmes sont par là-même interchangeables. Le narrateur devenu écrivain a bien la conscience de s’être servi d’elles pour nourrir son œuvre. En effet, l’amour et l’art ne sauraient coexister : le premier n’est que le chemin qui mène vers le salut par le second. <br />
Certaines femmes peuvent également jouer le rôle actif d’initiatrices dans la transformation progressive du héros en créateur. C’est le cas notamment de la Berma par l’intermédiaire de laquelle le héros entre pour la première fois en contact avec l’Art. Même si sa première rencontre avec l’actrice est une déception (3), la deuxième représentation à laquelle il assiste lui révèle la grandeur et la transparence de son interprétation devenue elle-même acte de création.<br />
Enfin, lorsque le narrateur entame l’écriture de son œuvre, Françoise, la vielle servante fidèle (et non moins cruelle), se transforme en sa gardienne, la protégeant « de toutes atteintes extérieures ».<br /></p>
<p>Véritable galerie de personnages au féminin où Gilberte côtoie Albertine, Mme Verdurin se reflète dans l’image de Mme de Guermantes, et la mère du héros jette son ombre sur les amours de son fils, le livre de Judith Oriol montre que la multitude d’apparitions féminines générée par l’œuvre proustienne nourrit tous les thèmes de la Recherche, que ce soit la mondanité, le désir, le temps, l’imaginaire, et – pour couronner tout – l’art. Cette omniprésence des femmes conjuguée au fait qu’elles soient les personnages les plus troublants et les plus attachants du roman proustien autorise l’auteur à définir résolument ce roman comme féminin.<br /></p>
<p>Une remarque très personnelle, pour finir : la lecture de <em>Femmes proustiennes</em> a été pour moi une belle occasion de renouer avec un amour littéraire quelque peu négligé ; je remercie mon hôte de l’avoir mis entre mes mains.<br />
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<br /><strong>Anna Vateva</strong>
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<strong>Notes</strong><br />
(1) Joli titre qui permet une double lecture : les femmes peuplant l’œuvre proustienne, certes, mais également celles qui en sont amoureuses et parmi lesquelles je crois ne pas me tromper en rangeant l’auteur.<br />
(2) En effet, Proust loge l’essence de la création littéraire dans la vision transformatrice de l’écrivain qui, loin de se contenter d’une simple notation de la réalité extérieure, doit extraire du plus profond de son être la racine de son impression, seul gage d’originalité.<br />
(3) « La déception est un moment fondamental de la recherche ou de l’apprentissage » dans le roman proustien (Gilles Deleuze, <em>Proust et les signes</em>, 1971, p. 44). C’est elle qui impose la réinterprétation de l’objet du désir, que ce désir relève du sentiment amoureux ou de l’aspiration artistique.<br />
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<strong>Judith Oriol</strong> <em>Femmes proustiennes</em>. Couverture illustrée d'un dessin de Maria Mikhaylova. - EST (Samuel Tastet Éditeur), 2009, 625 pages, 26 euros.</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2010/04/07/Femmes-proustiennes-%28Anna-Vateva-lit-Judith-Oriol%29#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1299