L'Alamblog - Mot-clé - Nécrologie2024-03-29T07:58:15+01:00Le Préfet maritimeurn:md5:891a4437ffb56035bcdd99ce6fc8c9f0DotclearLes Croque-morts de Lettresurn:md5:186f4df2ed5895708ae69f1049612a0d2011-08-25T01:14:00+02:002011-08-25T01:14:00+02:00Le Préfet maritimeNécrologe à l’usage des gens de lettresCroque-mortNécrologiePresse <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.cmlettres_m.jpg" alt="cmlettres.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="cmlettres.jpg, août 2011" /><br />
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<strong>LES CROQUE-MORTS DE LETTRES</strong><br />
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Tout journal qui se respecte — je ne dis pas qu'on respecte — a, parmi ses rédacteurs, au moins un fabricant d'articles nécrologiques.<br />
C'est d'ordinaire au plus gai de la bande que cette tâche incombe.<br />
Personne mieux que Villemot, à ses débuts dans le journalisme, n'a pleuré « sur l'oreiller encore tiède » d'un confrère décédé.<br />
La presse d'alcove excelle à rendre compte des derniers moments de tel ou tel dans leurs moindres détails.<br />
Tant pis si l'exactitude est sacrifiée à l'imagination du reporter ! On a des clichés dès longtemps préparés : on s'en sert.<br />
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<em>Le Siècle</em> ne manque jamais de signaler « l'attitude libre-penseuse du mourant ». <em>L'Univers</em> avance qu'au contraire « le grand homme qui vient de s'éteindre » s'est confessé vingt fois. <em>Le Figaro</em>, LUI, prétend que ses dernières furent : « Dieu est mon Roy ! »<br />
Il va sans dire que nous ne faisons ici aucune allusion à une mort récente.<br />
J'ai dit que le croque-mort de lettres était un joyeux compère.<br />
Certains cependant visent à la sensibilité. Leur articles sont plein d<em>'oignon</em>.<br />
Les rédacteurs en chef n'aiment guère ce modu flendi qui n'amuse pas la galerie.<br />
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Je connais un jeune nomme, doué de plus de bonne volonté que de talent, lequel, après avoir
fait pendant quelque temps des échos pour la <em>fosse commune</em> d'un journal-panade, voulut monter en grade.<br />
Bravement, il se présente au <em>Moniteur</em>. Dalloz le reçoit bien et le charge spécialement des articles nécrologiques.<br />
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O bonheur ! Rossini venait de mourir...
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Vite notre jeune homme, de sa plus belle main, écrit un touchant panégyrique de l'auteur du
<em>Barbier</em> et court, triomphant, le porter à son rédacteur en chef.<br />
Dalloz lit attentivement l'article.<br />
— Ce n'est pas mal, mon ami, mais franchement, là, entre nous, <em>vous n'avez pas la note gaie !</em><br />
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Il y a cinq ans que Rossini n'est plus..<br />
Eh bien, son article nécrologique a déjà servi pour Théophile Gautier, Nélaton et Gaboriau.<br />
On a changé le nom du mort et le titre des oeuvres principales.<br />
Ce n'est pas plus malin que cela !<br />
Rien n'est sacré pour un croque-mort de lettres toujours à l'affût des moindres rhumes de cerveau des célébrités contemporaines, il se dit avec anxiété :<br />
— Sapristi ! un tel ne remerciera donc pas son éditeur !... J'ai dans mes cartons une si belle bio-
graphie !<br />
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Mirecourt, Vapereau et <em>Le Trombinoscope</em>, tout est bon.<br />
Dès qu'un homme marquant a passé la soixantaine, il peut être certain que son dossier mortuaire, derniers moments compris, date de la mort en blanc existe chez les employés des pompes furnèbres de la presse parisienne.<br />
Et c'est à qui, pour <em>écouler de la copie</em>, souhaitera la mort du grand homme !<br />
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On m'affirme qu'il existe à Paris un croque-mort de lettres qui vient d'assassiner Sarah Bernhart pour gagner quinze francs...<br />
<em>C'est maigre !</em><br />
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George Spack'ing <br />
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<em>La Feuille de Madame Angot</em>, dimanche 26 octobre 1875, n° 4.</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2011/08/23/Le-Croque-mort-des-Lettres#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1665Du lyrisme dans la nécrologieurn:md5:d84282761147ed188375b15afad2f5af2009-05-30T09:24:00+02:002009-08-24T13:04:04+02:00Le Préfet maritimeApostilleNécrologieOpium <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.garconneII_m.jpg" alt="garconneII.jpg" title="garconneII.jpg, mai 2009" /><br />
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<blockquote><p><strong>UN FAIT DIVERS</strong><br />
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Mlle Germaine Fouilleul, au théâtre Wanda Sylvano, habitait 18, rue Victor-Hugo, à Courbevoie, un petit hôtel particulier. Jeune encore — elle avait trente-quatre ans — elle appartint naguère à la Renaissance et au Théâtre Sarah-Bernhardt ; actuellement ses goûts la portaient vers le cinéma. Elle y tourna notamment « La Garçonne ». Elle fréquentait les établissements de nuit, les villes d’eaux où elle se faisait inscrire sous le nom d’une des plus illustres familles françaises.<br /></p>
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Tout récemment, à la suite d’un procès, elle eut l’occasion de rencontrer Mlle Hyvrard, avocate. Les deux jeunes femmes devaient plus tard se lier d’étroite amitié. On les voyait souvent ensemble au spectacle, jolies, gaies, heureuses.<br /></p>
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Rien ne laissait pressentir un drame.<br /></p>
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Un soir, Mlle Germaine Fouilleul et Mlle Hyvrard partirent pour Paris dans la voiture de l’artiste. Elles allèrent au théâtre et soupèrent dans un établissement de nuit. A 2 heures du matin, elles rentrèrent à Courbevoie. Le lendemain, Mme Fouilleul, inquiète de ne pas voir sa fille, frappe. Pas de réponse. Elle appelle : «Germaine !» et secoue fortement la porte.<br /></p>
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Elle entend alors la voix défaillante de Mlle Hyvrard qui, dans un grand effort, vient tourner la clé et presque aussitôt s’écroule sans un mot.<br /></p>
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Inanimée, mais le corps appuyé au pied d’une table, Mlle Germaine Fouilleul semblait dormir. Effrayée, sa mère voulut la réveiller ; le corps roula sur le tapis. Elle était morte.<br /></p>
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Prévenu, un docteur fit étendre les deux femmes sur des lits. Il ranima l’avocate, mais donna l’ordre de ne point la transporter. Il ne put que constater le décès de Mlle Germaine Fouilleul et, en raison des circonstances mystérieuses de sa mort, il refusa le permis d’inhumer.<br /></p>
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Sur la table de nuit, on découvrit une certaine quantité de chlorydrate d’héroïne. Un plateau d’opium fut également saisi.<br /></p>
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Il ne nous sied pas de remuer le cloaque qui va jaillir en scandale et retomber sur un cadavre et sur l’avenir d’une femme. Que d’autres satisfassent à ce jeu leur rancune d’honnête homme.<br /></p>
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Nous voulons, nous, jeter le voile sur cette douloureuse plaie sociale.<br /></p>
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Hélas ! les ciels artificiels sont trop souvent la rançon de la gloire. Les Baudelaire, les Musset, les Edgar Poë, les Verlaine — que d’autres encore ! — ne durent leurs immortels poèmes qu’aux fumets de l’alcool, aux énervements du haschich, ou aux moins avouables des passions humaines… De cela rien ne demeure que leur génie…<br /></p>
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Maudissons cependant les tueurs d’enfants qui, sans profit pour l’art ni la beauté, déciment la jeunesse de Montmartre et viennent encore de coucher, pantelants, deux moineaux confiants et fragiles, sur le pavé de Paris.<br />
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Albert LEFEVRE. <br />
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<em>Les Spectacles</em>, 16 avril 1926, p. 7.</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2009/05/22/Du-lyrisme-dans-la-n%C3%A9crologie#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1044