L'Alamblog - Mot-clé - New York2024-03-29T07:58:15+01:00Le Préfet maritimeurn:md5:891a4437ffb56035bcdd99ce6fc8c9f0DotclearLe punk et le bac de drouilleurn:md5:50bf4da90cc8bca7a43a57cc987bebf82020-12-23T09:37:00+01:002020-12-24T12:06:17+01:00Le Préfet maritimeDernier reçu Premier serviBouquinistesChasse aux livresDrouilleLibrairie d ancienLivres d occasionNew York <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.AaronCombetbusBestiaire_m.jpg" alt="AaronCombetbusBestiaire.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="AaronCombetbusBestiaire.jpg, déc. 2020" /><br />
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Pur produit de la Gen X qui vit rugir le punk rock, Aaron Cometbus n'a pas attendu d'avoir fini de s'esquinter les tympans au CBGB pour s'arracher les rétines sur des bouquins plus ou moins décatis. Il est bouquiniste à New York sous la bannière de la librairie Book Thug Nation ! Il est aussi plein de sagesse, suivant en particulier un précepte lui commandant "Ecris ce que tu sais", et qui nous vaut son fanzine. Y compris la 58e livraison où, abandonnant un temps l'histoire du rock, il révèle la vie du bouquiniste new-yorkais de la fin du XXe et du début du XXIe siècles.<br />
Soyons clair, il est auteur de fanzine à la manière Xerox (1). Son travail un peu dépeigné traduit par Emmanuel Parzy paraît en français chez Tahin Party, une maison militante lyonnaise de tous les combats. Et ce livre, s'il n'est pas typique des bastons politiques les plus sanglantes, révèle assez ce qui prime pour l'être humain passionné : le livre. Fût-il à un dollar dans un bac de drouille - l'alpha et l'omega d'Aaron.<br />
Composé par chapitres centrées sur une figure du milieu, ce <em>Bestiaire de bouquinistes</em> qui met en scène de drôles d'oiseaux compose une sorte de promenade d'ethnologie participative mêlée d'anas du métier. Figures typiques - qu'on trouverait en France itou — côtoient personnages scandaleux, ou en tout cas hors morale commune, à la limite de la clochardisation ou de l'esclavage moderne, manifestant des usages sociaux déviants et, parfois aussi, des tendances prédatrices très variées. De là à dire qu'il s'agit d'une jungle...<br />
Très empathique mais sans inclinaison angélique, Aaron Cometbus relate bons coups et joies d'un métier où la circulation du papier est aussi vitale que pour le corps humain celle du sang. Et pas de globule moins important que les autres, le fameux bac à un dollar est une jauge de l'activité essentielle.<br />
Fictionnant un poil parfois, son livre reste aussi un excellent moyen d'envisager et la vie des livres et la vie des oeuvres. Ses contacts avec les lecteurs et les auteurs — il en faut — n'est pas peu plaisant et regorge d'informations pour les bibliophiles. Il faut savoir, notamment, que le livre a plusieurs vies. Si l'on fait mine dans l'interprofession éditoriale (livre neuf) de l'ignorer, on devrait pouvoir forger cet adage à notre tour : "Livre neuf un jour, livre veuf toujours". La cote de cet abandonné (2) évoluant avec le temps... N'évoquons pas ici le déchirement des auteurs trouvant leur livre dans le bac à un dollar, absolue dépression garantie... Ou ne le trouvant pas, ce qui est presque pire, puisque, de l'avis d'Aaron, la présence d'un livre sur le marché de l'occasion est un excellent signe de la réception et de l'intérêt d'un livre. Ce en quoi Aaron Cometbus fait la démonstration qu'il est un professionnel subtil et qu'il voit plus loin que le bout de son nez.<br />
En somme, et malgré les acidités d'estomac que causeront certaines des anecdotes du <em>Bestiaire</em> de Cometbus à nos amis écrivains, éditeurs, et tous autres professionnels de la profession, réjouissons-nous de lire un bouquiniste sincère et expérimenté. Il en restera toujours quelque chose, la première étant que son Bestiaire nous conte le destin de livres américains lus... ou pas.<br />
Nous nous permettrons de copier une citation ou deux dans les jours prochains pour vous mettre l'eau à la bouche, en espérant que l'idée d'une édition annotée, maintenant que le plus gros est fait, verra le jour dans l'esprit des éditeurs. ça ne sera pas un luxe pour les amateurs de livres qui n'ont pas arpenté la Grosse Pomme.<br />
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<strong>Aaron Cometbus</strong> <em>Un bestiaire de bouquinistes</em>. — Lyon, éditions Tahin Party, 2020, 176 pages, 7 euros<br />
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(1) C'est un truc d'époque que comprendront ceux qui ont plus de, etc... Voir aussi "Xerox Machine" chanté par tel punkoïde à peinture faciale.<br />
(2) Tous les trente ans, c'est la durée du cycle du retour à la vente de deuxième main d'un livre que l'on retrouve sur le marché après la disparition de son/sa propriétaire. C'est donc le temps que dure une génération de lecteurs en moyenne. Comptez vos os...</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2020/12/23/Aaron-et-le-bac-de-drouille#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/4657Hiératiques urbainsurn:md5:9a56bb50c6047f14389fac98b80cc1d12018-03-24T07:15:00+01:002018-03-25T17:56:40+02:00Le Préfet maritimeDernier reçu Premier serviArchitecteur ornementaleNew YorkUrbanisme <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.GargoFreemanG_m.jpg" alt="GargoFreemanG.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="GargoFreemanG.jpg, mar. 2018" /><br />
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Pour découvrir New York, John Freeman Gill a trouvé le coche : marcher le nez en l'air.<br />
Déambuler en ne regardant pas sa route, c'est un coup à se ramasser quelques gamelles, mais c'est la seule façon de voir ce qui trône au sommet des immeubles anciens de la Grosse Pomme, ville changeante, toujours changeante, sans cesse changeante, sorte de Moloch qui se nourrit de lui-même.<br />
On dit, par habitude, que la ville change toutes les dix ans. Il faut croire qu'on exagère, mais les enjeux immobiliers sont tels, et la pression économiques également, que les pâtés d'immeubles un peu anciens ne trouvent guère de salut : on détruit, on reconstruit, voyez caisse.<br />
Cette tabula rasa permanente a ceci de problématique qu'elle n'offre aucun recours aux chefs-d'oeuvre de l'architecture qui sont inexorablement détruits et remplacés par des immeubles plus hauts, plus modernes, généralement moins décorés.<br />
Hiératiques et silencieuses, les gargouilles, ornementations de façade et autres figures sculptées dans la pierre depuis deux siècles n'ont guère de défenseurs aussi militants que Griffin, treize ans, le narrateur de cette histoire, et son père rendu à peu près dingue par son obsession, préoccupé des pièces magnifiques du passé qu'il découpe, vole en cas de besoin, entraînant son fils dans des aventures scabreuses et même dangereuses.<br />
Le roman est dépaysant. Il est aussi apparemment autobiographique. <em>Les Chasseurs de gargouilles</em> racontent la formation d'un jeune New-Yorkais devenu un esthète urbain, sensible à son environnement fragile, quoique de pierre, qui ne bénéficie pas de la sacro-sainte vitrification de nos propres villes "patrimonialisées", pas toujours à bon escient (on pense ici à Haussmann), qui pourraient sans doute aussi choisir la voie de l'architecture moderne <em>et</em> innovante.<br />
Une certitude : un roman à lire avant d'aller visiter le MoMa.<br />
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<strong>John Freeman Gill</strong> <em>Les Chasseurs de gargouilles</em>. Traduit de l'américain par Anne-Sylvie Homassel. — Paris, Belfond, 444 pages, 21,90 €</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2018/03/24/HeratiquesZoneUrbaine#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/3480