L'Alamblog - Mot-clé - Pamphlet2024-03-28T10:09:25+01:00Le Préfet maritimeurn:md5:891a4437ffb56035bcdd99ce6fc8c9f0DotclearDes pays habitables (#2)urn:md5:57e8678dbeb2c0b53d85b7b2fd834f9d2020-10-21T01:09:00+02:002020-10-21T01:09:00+02:00Le Préfet maritimeGamahésNadine BlochObiouPamphletRevue <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.DPH2_m.jpg" alt="DPH2.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="DPH2.jpg, oct. 2020" /><br />
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Plusieurs surprises dans cette deuxième livraison <em>Des Pays Habitables</em>.<br />
La première consiste en un nombre inhabituel de Lecomte dans le numéro. A croire que de Jules L. à Roger G.-L. ils ont envahi l'espace publiable. Qu'est-ce à dire ? Quand bien même le hasard seul serait au commande, il aurait bien fait puis qu'avec sa comparse l'analogie, il trouve une large place dans ce numéro. A commencer par les gamahés (1), ces pierres non précieuses à figure que l'esprit des rêveurs trouvent partout. Il était bon qu'en l'absence de FIAC digne de ce nom en 2020, on y revienne. C'est très sain car la nature est une artiste, nous le savons tous. Dès que nous regardons un miroir par exemple. Et les gamahés, c'est bien autre chose que les galets de Breton, combles ceux-ci d'un banal carabiné. Le gamahé, caillou comportant une image abstraite ou non inspira beaucoup nos grands poètes de la matière chinois ou bien occidentaux. Albert le Grand, Kircher ou Gassendi lui donnèrent des noms latins à base de "lithogène", de "séminale" ou encore d'"architectonique". Le Français Jules-Albert Lecomte, encore lui, dont Gallica nous gratifie depuis 2009 de <a href="https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55444265">la fameuse plaquette</a>, poussa l'étude de la chose. Tanquerel et Backes le confirment dans leur présente enquête. On pourra aussi retournera voir Roger Caillois qui savait ses cailloux sur le bout des doigts.<br />
Un peu plus loin Charles Fourier évoque l'analogie - cette vaste chambre à combustion de nos idées et il ouvre le chemin à Julien Starck qui dédie sa "Divagation sur la garde de troupeaux..." à Jean-Yves Chaillol, "berger à l'Obiou". Là, il faut le lire pour le croire : "berger à l'Obiou" ! Est-on berger à l'Obiou ?! Qui peut imaginer être "berger à l'Obiou" ? Sur cette montagne qui porte un nom de sortilège, un nom de nature fraîche et sauvage. Cette montagne qu'on admire depuis le cimetière de La Mure - la bourgade qui repose sur son anthracite pur... Et tandis que Starck (Julien) évoque la garde du troupeau et ses aléas, les forces actives et passives en jeu, le "jet de caillou" et autres techniques autorisant l'autonomie relative de la brebis collective dans son choix d'itinéraire, on se demande bien au chaud ce qu'on fait encore sur l'Obiou, là-bas, au-dessus du plateau matheysin, lorsque la bise est venue...Parce que la bise, en Matheysine, ça n'est pas un truc commun.<br />
Pas plus commun Juan Luis Martinez dont nous parle Béatrice de Chavagnac. Poète chilien "à la signature barrée", il fit chanter Luis Mariano ! Plus sociologue, Elie Reclus (le frère d'Elisée) explique "Comment la civilisation civilise" et prend l'exemple de l'Angleterre fournissant en toute connaissance aux Naturels d'Australie sa violence et son gibier de potence. Amoureux frustré, le Douanier Rousseau écrit à sa chère Eugénie qui fait des manières, et puis le naturaliste Robert Caze est là, qui trône, avec son "Petit Georges", puissant prétexte à relire toute son oeuvre qui n'est pas longue puisque Robert Caze est le duelliste embroché fort jeune dont on n'a qu'une poignée de livres (il en est question aussi dans <em>Une Forêt cachée</em>) publiés entre 1873 et 1866. Il s'était préoccupé du sort des enfants, des filles et des femmes en général, y compris des grand-mères...
Bref, on n'a pas un moment de répit lorsqu'on a mis un pied dans ce pays habitable. Il est bien confortable. Sympathique comme tout, il nous offre encore un étonnant document, un pamphlet dans la grande tradition fourbi dans les année 1977 par Nadine Bloch sous le titre "La Bourse ou la vie". Il était distribué comme il se doit à la main au bas de la gare Montparnasse. Il se conclue par ses mots : "Gagnons du temps. Dépensons-nous sans compter ! Supprimons le travail et le argent !"<br />
<em>Capisci</em> ?
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<strong>Sommaire</strong><br />
Roger Gilbert-Lecomte : Correspondance inédite d’Arthur Rimbaud (1870-1875)<br />
Yves Leclair ; Le Coup du chapeau<br />
Robert Caze : Petit Georges<br />
Antoine Marcel : En avant toute<br />
Sylvain Tanquerel et Katrin Backes : La Chasse aux gamahés<br />
Charles Fourier : Hiéroglyphes de passion<br />
Le Douanier Rousseau : À Madame Eugénie V***<br />
Julien Stack : <a href="http://www.alamblog.com/index.php?post/2020/10/20/Re" title="Re">Re</a>garder. Divagation sur la garde de troupeaux…<br />
Béatrice de Chavagnac : Le Poète à la signature barrée<br />
Juani Luis Martinez : Observations relatives à l’exubérante activité de la « configuration phonétique »…<br />
Nadine BLoch : La Bourse ou la vie<br />
Élie Reclus : Comment la civilisation civilise<br />
L’Ève cosmique : La Main amoureuse<br />
Illustrations : gravures de gamahés par Jules-Albert Lecompte et une ornementation aviaire de Gabrielle Cornuault<br />
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<strong>Des pays habitables</strong> (n° 2, octobre 2020, 84 p. 13 €<br />
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(1) Rien à voir avec le "Gabba Gabba Hey" de certaines tribus newyorkaises des années 1970. Aucun parallèle étymologique possible.</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2020/10/20/Des-pays-habitables-%282%29#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/4595Plus que treize jours !urn:md5:ea400d7fbafeef9d365f93792d3374112018-09-07T06:03:00+02:002018-09-08T17:00:32+02:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimBêtise managerialeFrançois CaradecManagerPamphletTechniquement <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.TristeconFCaradec_m.jpg" alt="TristeconFCaradec.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="TristeconFCaradec.jpg, sept. 2018" />
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Plus que treize jours de patience...<br />
Comme le temps passe lentement parfois...<br />
Sur notre île, nous trépignons dans l'attente du cargo qui nous livrera les piles de <em>Monsieur Tristecon, chef d'entreprise</em>, le livre qui nous apure de tout bacille macroneux, nous venge de l'idéologie ultralibérale et de la manie qu'ont certains de s'imaginer plus malins que la moyenne.<br />
Techniquement, disent-ils.<br />
Et François Caradec, ironiste en chef, subtil parmi les malins, humoriste sachant toucher le coeur des êtres nous régale d'un pamphlet ravageur.<br />
Bien entendu, la bêtise satisfaite paye les pots cassés.<br />
Techniquement, bien entendu.<br /></p>
<p>Que le temps passe lentement...<br />
Encore treize jours...<br />
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<strong>François Caradec</strong> <em>Monsieur Tristecon, chef d'entreprise</em>. Postface du Préfet martitime, suivie d'un entretien avec l'auteur et d'une lettre de ce dernier à Patrick Fréchet. - Talence, L'Arbre vengeur, 2018, coll. L'Alambic. 70 pages, 9 € Parution le 20 septembre.</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2017/11/24/Monsieur-Tristecon-rise#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/180La littérature ? laisse tomber...urn:md5:cdca40868a81af8281849144191f61342017-09-21T00:23:00+02:002017-09-22T08:41:26+02:00Le Préfet maritimeAlexandre JardinDenise BombardierEliette AbecassisEric NeuhoffEric-Emmanuel SchmittFrédéric BeigbederJean TeuléJoël KervielMilieu germano-creusoisPamphletYasmina Khadra <p><img src="http://www.alamblog.com/public/AABrouillonProsper.jpg" alt="AABrouillonProsper.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="AABrouillonProsper.jpg, sept. 2017" /><br />
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<br />Durant plusieurs années de critique littéraire, Éric Chevillard a souffert ce que souffrent les lecteurs qui se trouvent obligés de lire des livres frelatés. C'est pas une sinécure mais il a trouvé un remède à tant de souffrances, et une manière de vengeance souriante.<br />
Pour lutter contre une grave dépression qui l'aurait probablement conduit à une terrible remise en question de son être, forcément, il a entrepris de noter les plus beaux morceaux de phrases que des esprits embrumés ont couché un jour sur le papier, que des éditeurs négligents n'ont pas jugé étranges et que des correcteurs endormis ont laissé passer. De beaux morceaux, vous allez voir ça... C'est un peu ce que Régis Messac nommait les "<a href="http://www.alamblog.com/index.php/post/2006/07/26/79-de-delectables-bourdes-regis-messac-et-les-dents-de-vautour">Dents de vautour et mains de serpent</a> ", c'est-à-dire des grosses inepties ou des audaces particulièrement niaiseuses.<br />
La somme de ces subtils morceaux de bravoure destinés aux gourmets les plus pervers, il les a réunis et nous en présente le bouquet dans un livre conçu comme la défense de la créature Prosper Brouillon, le fameux auteur d'immarcescibles best-sellers à répétition auquel il attribue la totalité de ses trouvailles. <br />%
Un échantillon ?<br /></p>
<blockquote><p>Emma Besuchet "avait une voix douce qu'accentuait encore un fort accent vaudois"</p></blockquote>
<p>Tout en prétendant faire l'éloge de ce monstre de Prosper Brouillon, Chevillard le narquois parvient à souligner les dérives d'un milieu éditorial sans colonne vertébrale, tout en se payant le luxe d'égratigner le milieu "germano-creusois", mixte amer et jaloux composé des snobs de la Rive gauche de Paris et des locaux de tous poils. Outre que ce concept va probablement marquer les esprits et s'enraciner, c'est un régal de dérision, et probablement aussi d'autodérision.<br />
Bien sûr, Chevillard ne cite pas (par pure humanité) les auteurs qu'il a épinglés dans ce bestiaire du style. Mais rien ne nous empêche de donner ici quelques noms retrouvés après rapide enquête. Les mauvais auteurs de la décennie naissant sont, comme on pouvait s'y attendre, moitié niais, moitiés insignifiants : Denise Bombardier, le poids lourd de l'esprit, Joël Kerviel, Eric-Emmanuel Schmitt, Alexandre Jardin, Jean Teulé, Eliette Abecassis, Frédéric Beigbeder ou Yasmina Khadra, etc.<br /></p>
<p>Le conseil du Préfet maritime est par conséquent le suivant : plutôt que de vous embarquer dans un livre frais susceptible de n'avoir pas été "vérifié" par le personnel chargé de sa publication, ou d'investir une fois encore dans la littérature américaine (vous n'en avez pas marre ?), réclamez à votre libraire ce pamphlet souriant et faites-en un best-seller à son tour.<br /></p>
<p>Prosper Brouillon en serait vengé.<br />
Et les lecteurs avec lui.<br />
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<strong>Éric Chevillard</strong> <em>Défense de Prosper Brouillon</em>. Illustrations Jean-François Martin. - Lausanne, Noir sur Blanc, 2017, "Notabilia", 101 pages
Paru le 14 septembre 2017
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<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2017/09/21/La-litt%C3%A9rature-laisse-tomber#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/3363Le Paco Rabanne de la Révolutionurn:md5:3206d8110edc2b3b638c380a02f8203c2017-06-08T03:24:00+02:002017-06-08T09:34:56+02:00Le Préfet maritimePlouf !Comité invisibleComité translucideEntartageEric HazanFessée publiquePaco RabannePamphletRévolution <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.ComiteTranslucide_m.jpg" alt="ComiteTranslucide.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="ComiteTranslucide.jpg, juin 2017" /><br />
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Il y a longtemps que ça lui pendait au nez : <strong>Eric Hazan</strong> vient d'être fessé publiquement.<br />
Parfaitement en phase avec l'ère macroneuse, l'agitateur de librairie vient d'être dévoilé dans un pamphlet impeccable que l'on attendait depuis longtemps : <em>Je sens que ça vient</em>.<br />
Editeur et auteur fils d'éditeur, bon bourgeois assis, Eric Hazan promène depuis une paire de lustres une lippe de penseur "impliqué" jouant au prophète révolutionnaire. C'est en vérité un léger gourou entouré d'un "Comité invisible". C'est confortable, une institution rejouant la grande dramaturgie de la rébellion et de l'indiscipline dans un contexte doucement démocratique. Et à l'intention de qui ? de la moyenne bourgeoisie intellectuelle, largement laminée depuis 1968, inoffensive comme un caniche de concours, inodore, sottement convaincue de l'importance de sa critique radicalement "radicale"...<br />
Le Comité translucide vient mettre les points sur les i avec son petit pamphlet dont le ton très posé mérite des compliments : il est clair, précis et ne donne pas dans l'esbroufe de l'effet de manches. Tout le monde peut comprendre, y compris les apôtres de la Révolution à venir et les hazanophiles, qu'ils soient à turbine ou à ressort. Le Comité translucide ne prend pas non plus les vessies pour des lancers chinoises.
Echantillon de cette mise en garde contre cette "littérature pour happy few soucieux de distinction révolutionnaire" sans risque :<br />
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<blockquote><p>Personne parmi eux ne parle plus, bien sûr, de "grand soir" et de "lendemains qui chantent". Mais ce serait néanmoins mal les connaître que de croire pour autant que le "désir de révolution" qui taraudait leurs homologues des générations précédentes ne les ait pas saisis à leur tour, encore que là aussi on préfère parler d'"émancipation" — à la connotation plus individualiste et surtout moins violente voir non— ouvrant ainsi la voie à une nouvelle vague d'enchanteurs diplômés susceptibles, sinon de combler ce désir, du moins de l'apaiser à l'aide de fictions plus ou moins savantes dont le trait commun est la cocasserie, laquelle est redoublée par l'esprit de sérieux qui imprègne les auteurs.<br />
C'est à un premier échantillon — d'autre suivront — de ce pensée qui se pense subversive qu'est consacrée la série en trois volets qui suit, rédigée sous l'égide d'une comité auto-baptisé "translucide", faute d'un autre nom, pour faire rimer invisibilité et lucidité.<br /></p></blockquote>
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Au fond, outre l'erreur d'appréciation sur la situation présente d'Hazan et consorts, le Comité translucide dénonce une mystification moins inconséquente qu'il n'y paraît.<br />
En mettant à bas les arguments lénifiants d'Hazan et de son Comité aux emballements pré-pubères - voir l'édifiant entretien d<em>'Alternative libertaire</em> d'octobre 2013 où Hazan revêt la redingote du meneur d'hommes -, c'est une saine leçon qu'apportent les anonymes publiés par la maison Delga, vieux bastion communiste il est vrai.<br />
Nous vous laissons désormais découvrir le détail de l'argumentation (3 €, vous n'allez pas vous ruiner.)<br />
Nous nous garderons de l'oublier : Eric Hazan est le Paco Rabanne de la Révolution.<br />
Il devrait y songer : la prochaine étape, c'est l'entartage.<br />
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<strong>Comité translucide</strong> <em>Je sens que ça vient</em>. — Paris, La Phasique éditions (éd. Delga, 38 rue Dunois, 75013 Paris), 2017, 24 pages, 3 €</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2017/06/09/Une-fess%C3%A9e-pour-Hazan#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/3291Petite bibliographie lacunaire de la collection "Jaune Soufre"urn:md5:6c510d117a46579ac5dc731a37a36a642017-05-13T00:50:00+02:002017-06-06T06:41:24+02:00Le Préfet maritimeCollectionJauneMaurice ChappazMax FrischPamphletSoufreSuisse <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.Chappazmaquereaux_m.jpg" alt="Chappazmaquereaux.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Chappazmaquereaux.jpg, mai 2017" />
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Provoquée par la réédition à l'enseigne des éditions Héros-Limite du <em>Livret de service</em> de Max Frisch (1), la curiosité nous a poussé à jeter un oeil à la collection "Jaune Soufre" créée en 1976 par l'éditrice suisse Bertil Galland)<br /></p>
<blockquote><p>La collectionne Jaune soufre<br />
a institué en Suisse<br />
une tribune libre de langue française<br />
où sont débattues<br />
les affaires du temps.<br /></p></blockquote>
<p>C'est-à-dire qu'il y fut question d'y pamphléter tranquillement.<br />
La maquette de couverture était due à Etienne Delessert.<br />
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<strong>Catalogue de la collection</strong><br />
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<strong>Jean Dumur</strong> <em>Salut journaliste. Lettre ouverte sur la presse en Suisse romande</em>. — Vevey, B. Galland, 1976, 153 p. Collection jaune soufre (n° 1).<br /></p>
<p><strong>Maurice Chappaz</strong> <em>Les Maquereaux des cimes blanches</em>. — Vevey, B. Galland, 1976, 68 p. Collection jaune soufre (n° 2).<br /></p>
<p><strong>Alain Charpillon</strong> <em>Le Jura irlandisé. Le drame du Jaru méridional.</em> Traduction allemande par D. Balmer. — Vevey, B. Galland, collection Jaune Soufre (n° 3).<br /></p>
<p><strong>Jean-Pierre Vouga</strong> <em>De la fosse aux ours à la fosse aux lions</em>. — Vevey, B. Galland, 1976, 110 p. Collection jaune soufre (n° 4).<br /></p>
<p><strong>Max Frisch</strong> <em>Livret de service</em>, trad. de l'allemand par Alexandre Voisard. — Vevey, B. Galland, 1977, 115 p. Collection jaune soufre (n° 5). <br /></p>
<p><strong>Charles Bourgeois</strong> <em>Maman, qu'est-ce qu'il a l e monsieur ? Un invalide rompt le silence</em>. — Collection jaune soufre (n° 6).<br /></p>
<p><strong>Yves Velan</strong> <em>Contre-pouvoir. Lettre au groupe d'Olten</em>. — Vevey, B. Galland, 1978, 52 p. Collection jaune soufre (n°7).<br />
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<strong>Max Frisch</strong> <em>Livret de service</em>, trad. de l'allemand par Alexandre Voisard. — Héros-Limite, 2013, 128 pages, 10 €</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2016/12/07/Petite-bibliographie-lacunaire-de-la-collection-Jaune-Soufre#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/3143Fortunat Mesuré (pas tant que ça)urn:md5:7adefdbf8ff0891aca2cd37aa5f0818e2016-05-24T00:16:00+02:002016-05-24T09:06:19+02:00Le Préfet maritimeFortunat MesuréPamphletRevue d un seul <p><img src="http://www.alamblog.com/public/TextuJaponLigh.jpg" alt="TextuJaponLigh.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="TextuJaponLigh.jpg, mai 2016" /><br />
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Alors que le Préfet maritime met la dernière main à un long, long, long article promis à <em>La Revue des Revues</em> au sujet des "Revues uninominales" (ou "revues d'un seul", "revues personnelles", "one-manned journal" chez nos amis britanniques, etc.), il apparaît que la documentation largement pléthorique ne trouvera pas toute sa place dans la version imprimée de l'article. Il vous en livrera donc des bouts quand ça lui prendra.<br />
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Pour commencer, voici ce que Fortunat Mesuré, personnage encore mal éclairé du XIXe siècle (et qui faisait si bien mentir son patronyme entre parenthèse), précisait en épigraphe de son <em>Hic Haec Hoc, Cancans de l’an 40</em> (1840) :<br />
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<blockquote><p>« J’ai vu les fous, les sots, les méchans de mon temps, et j’ai publié ce PETIT LIVRE.
« Des douches, des sifflets, des étrivières. »<br /></p></blockquote>
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Et Mesuré d’engager le combat dès son premier éditorial :<br />
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<blockquote><p>« OR, EN L’AN QUARANTE : <br />
« Tout est petit, grelu, niais, misérable, odieux ; les hommes et les choses sont de la hauteur d'un sifflet. <br />
« En haut, au milieu, en bas, on ment, on radote, on déraisonne, on fait avec délices sottises, lâchetés, bassesses, comme par ambition des étrivières. <br />
« Nos chefs-d'œuvre littéraires naissent en feuilletons et meurent en cornets ;<br />
« Marco Saint-Hilaire écrit l'épopée de l'Empire en style d'almanach, et mérite la couronne académique de vingt-cinq mille abonnés au Siècle ;<br />
« Le théâtre fait pitié au lieu de faire rire, corrompt au lieu de corriger, épouvante au lieu d'émouvoir ;<br />
« Les hommes sont chemisiers et les femmes tricoteuses de romans humanitaires ; <br />
« Les bourgeois portent moustaches et les traineurs de sabre gilets de flanelle ; <br />
« Les reines du boudoir laissent l'amour aux blanchisseuses et la pudeur aux vivandières ;<br />
« Les demoiselles vont à la barrière du Combat et aux représentations de Carter, en se moquant de leurs grand'mères, qui se contentaient du spectacle des puces travailleuses ;<br />
« Les filles d'Opéra dédaignent les princes pour le bon motif ; <br />
« On fait, à la barbe des grands citoyens, cent mille francs de rente aux danseuses, aux chanteuses et aux joueurs de flûte ;<br />
« Les lions du Jokei-Club se déguisent au carnaval en rats d'égoût ; <br />
« Les plus chevaleresques vident des questions de soufflets en Cour d'assises ; <br />
« Les gens du peuple font de la logique et du drame de cabaret à coups de couteau ; <br />
« Les garçons perruquiers se tuent bravement comme des Catons ; <br />
« Dantan mérite bien de la postérité, en coulant nos grands hommes en plâtre, pour en faire un musée de grotesques ;<br />
« Nos hommes d'état sont moitié Crispins, moitié Verrès ; <br />
« Les lois se fabriquent, au Palais-Bourbon, à l'aide d'une machine a vapeur, de la force de 400… avocats ;<br />
« A la chambre des Pairs, la France est, nouvelle Suzanne, exposée aux regards d'un sérail de vieillards ;<br />
« Les imbéciles ont de la gloire et les coquins de la puissance ;<br />
« Gribouille et Robert-Macaire, Thersite et Vidocq, maître Aliboron et Erostrate, Salmonée et Titi-le-Talocheur, s'étonnent de n'être point : le premier, ministre de la marine ; le second, ministre des finances ; le troisième, ministre de la guerre ; le quatrième, ministre du commerce ; le cinquième, ministre de l'instruction publique ; le sixième, ministre des beaux-arts ; le septième, ministre des cultes ; le huitième, ministre des affaires étrangères et président du conseil ;
« Tous, de n'être point rois de France et de Navarre ! ! ! <br />
« Marat porte des gants blancs, et Brutus chante des romances plaintives dans les salons ;<br />
« Les apprentis-huissiers se posent en Lovelaces et les fils de concierges en athées ; <br />
« Le télégraphe domine sur nos temples le signe de la croix de vingt coudées ; <br />
« Les sceptiques et les esprits forts croient à la présence réelle dans un écu de cent sous ;<br />
« Enfin la vertu est passée de mode, et le mot DIEU n'est plus même trouvé une rime assez RICHE par les poètes !!!! etc., etc., etc., etc.<br />
« Qui pense cela ? tout le monde ! Qui le dit ? personne ! <br />
« Donc ce petit livre et ceux qui le suivront. »<br /></p></blockquote>
<p>Plus tard encore, dans la troisième livraison de sa publication, il ajoutait, bravache :<br /></p>
<blockquote><p>« Je savais bien que l'époque était lâche, affligée d'une surdité compacte et d'une ophtalmie de taupe ; mais j'ignorais qu'il fût possible de rencontrer des gens capables de se fâcher qu'on eût des yeux, des oreilles et du cœur pour eux. Dieu merci ma candeur est instruite sur ce point, depuis que j'ai publié les deux premières livraisons de ce pamphlet. Tous les eunuques, muets tremblans du sérail, où les tyrannies stupides et ínsolentes se vautrent, sous leurs yeux, dans les infamies du bon plaisir , sont scandalisés et s'irritent de ma virilité. Mes amis eux-mêmes, pleutres vertueux qu’ils sont, passent, après m’avoir lu, un foulard sur leur front en sueur ; essaient de mettre en repos leur âme qui a la chair de poule, et se plaignent, la tête penchée sur l’épaule droite ou gauche, que je suis, à rencontre des hommes et des choses du jour, trop incivil, trop rude, trop brutal, c'est-à-dire trop juste. J’empale en riant, j’ensanglante mon épigramme, mon calembourg tue raide. »<br /></p></blockquote>
<p><br />
Mon calembourg tue raide ! N'est-elle pas formidable, celle-là ?<br />
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P. S. Au sujet de Fortunat Mesuré, <em>Figaro</em> du 23 septembre 1859 rappelle cette anecdote :<br /></p>
<blockquote><p>A propos de Bourrienne, cet ancien secrétaire intime de Napoléon, un peu ingrat, il a eu, lui aussi, son "teinturier" pour écrire ses dix volumes de Mémoires.<br />
L'homme qui l'aidait était un écrivain très spirituel de la presse légitimiste, c'est-à-dire M. Maxime de Villemarest. II est mort en 1848 (1).<br />
M. Maxime de Villemarest avait été, dans les derniers temps, attaché au journal la France avec MM. Lubis et Théodore Anne. Il avait aussi travaillé au Brid'Oison et à la Mode.<br />
Un de ses collaborateurs, M. Fortunat Mesuré avait fondé le LUNDI, journal des marchands de vins.<br />
M. Maxime de Villemarest, qui connaissait la matière, lui disait<br />
- Mon cher ami, j'en suis fâché pour vous, mais ce journal ne réussira pas.<br />
- Pourquoi donc ?<br />
- A cause du titre.<br />
- Le Lundi, cela est pourtant neuf.<br />
- Oui, mais ça n'a pas de saveur. Il aurait fallu l'intituler le "Pochard", et tout le monde aurait voulu le boire.<br /></p></blockquote>
<p><br />
(1) En réalité 1852 (note du Préfet maritime).<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2016/05/22/Fortunat-Mesur%C3%A9-%28pas-tant-que-%C3%A7a%29#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/2980Les pamphlets graphiques de Lucien Laforgeurn:md5:9a46626ebbe02e39a28cb08e1329f9c32014-12-14T10:58:00+01:002014-12-14T14:36:52+01:00Le Préfet maritimeDernier reçu Premier servi1914-1918DessinLucien DescavesLucien LaforgePamphletWWI <p><img src="http://www.alamblog.com/public/laforgueFilm.jpg" alt="laforgueFilm.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="laforgueFilm.jpg, déc. 2014" /><br />
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Dessinateur du premier <em>Canard enchaîné</em>, celui qui avait encore aux pieds les boues de tranchées, Lucien Laforge (1889-1952) n'avait pas le caractère doux de la bergère. C'était à tout prendre un caractère qui, à l'instar de Jossot (récemment réédité par Finitude), trancha sa voie sans dévier. Un insoumis, un irréductible, un raide dont un roman graphique, si l'on peut dire, et une charge contre les profiteurs de guerre, c'est-à-dire deux pamphlets, viennent de paraître à l'enseigne de Prairial.<br /></p>
<p>Au sortir de la guerre, en 1922, une fois les affaires d'Anastasie taries, les éditions Clarté publiaient <em>Le Film 1914</em>, une anthologie de dessins de presse dont Paul Vaillant-Couturier fait l'éloge dans l'<a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k400323j">''Humanité'' du 27 février 1992</a> (on vous laisse découvrir le détail). Soulignons seulement ceci :</p>
<blockquote><p>La bourgeoisie française redoute l'esprit, la vigueur de pensée, comme la peste.<br />
Si elle avait de grands satiriques de crayons ou de plume pour le défendre, elle les étoufferait, leur rognerait les ongles, leur limerait les dents. Elle est une classe installée au pouvoir et qui présent s'y décomposer confortablement.<br />
Cham, Gavarni, Daumier, Gill qui la servirent du temps qu'elle était dans l'opposition, ne la défendirent pas sans l'égratigner, et le souvenir lui en cuit encore.<br />
***<br />
Je viens de parcourir l'album de Lucien Laforge, Le "Film 1914".<br />
On sort de là comme étourdi, comme assommé.<br />
C'est un réquisitoire massif, impitoyable, contre la guerre, ses causes et ses suites.<br />
(...) Dans cet album, Lucien Laforge passe la polémique. Il atteint à l'oeuvre d'art du grand pamphlétaire.<br /></p></blockquote>
<p>Qu'ajouter ? Que ses danseurs mondains et leurs mondaines chaloupant, ses curés de l'arrière prêchant et ses bons pères prenant leur jaune au "café du com" sont bons à battre ? Les légendes inspirées par leur penser sont assassines sous la plume de Laforge. Ce dernier souligne admirablement la bêtise de leurs propos en ôtant quelque lettre de leurs tirades, ce b de Boche en particulier, et il martèle la "comerie" générale en s'appuyant sur des dessins répétitifs stigmatisant les foules à front de bête, les bourgeois ou les mercanti assis dans leur cynisme satisfait et leur bêtise crasse. Un régal d'esprit, Vaillant-Couturier avait raison.<br /></p>
<p><em>Le Fim 1914</em> est à rapprocher des contestations de Jossot et de Masereel, même si Laforgee se rapprocherait graphiquement moins de ces deux derniers que de Félix Vallotton. Le trait de Laforge est très souple et efficace en effet, tandis que son propos fait immédiatement songer à celui d'Aurèle Patorni contondant les planqués au point que la réédition de <em>Ronge-Maille vainqueur</em>, recueil d'aphorismes rats, si l'on peut dire, de Lucien Descaves, mis en image par Laforge, évoque irrésistiblement les <em>Notes d'un embusqué</em> de Patorni (Mille et une nuits, 2013).<br /></p>
<p>Là, le dessinateur s'autorise tout lorsqu'il s'agit d'illustrer le pire cauchemar du poilu, le rat — et par métaphore les profiteurs de guerre —, jusqu'au monstrueux tableau d'un groupe de ces bestiaux fouaillant le ventre d'un poilu à terre...<br />
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<img src="http://www.alamblog.com/public/.laforgueRats_m.jpg" alt="laforgueRats.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="laforgueRats.jpg, déc. 2014" />
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Un mot encore de la maison <a href="http://www.editions-prairial.fr/index.html">Prairial</a> qui revendique de sa marque fleurie tout l'utopique émanant du calendrier républicain dont Fabre d'Eglantine a établi la table. Si on en croit ces deux productions, parions que le programme rencontrera ici quelques échos... :<br /></p>
<blockquote><p>c’est le 1er prairial an III que le peuple parisien se soulève pour reprendre un pouvoir qu’on lui a volé. Semblablement nous voulons que Prairial, la maison d’édition, soit celle des délirants, des révoltés et des prophètes.<br /></p></blockquote>
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<strong>Lucien Laforge</strong> <em>Le Film 1914</em>. — Paris, Prairial, 62 pages, 16 €<br />
<strong>Lucien Descaves et Lucien Laforge</strong> <em>Ronge-maille vainqueur</em>. — Paris, Prairial, 48 pages, 14 €<br /></p>
<p><img src="http://www.alamblog.com/public/laforgueRonge.jpg" alt="laforgueRonge.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="laforgueRonge.jpg, déc. 2014" /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2014/12/14/Le-roman-graphique-de-Laforgue#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/2581Lyon, proie des mercantisurn:md5:4904c6bd32053c363d0878deb755ebe92014-09-20T07:42:00+02:002014-09-20T11:04:36+02:00Le Préfet maritimeLes lauriers sont fanésHenri BéraudLyonMercantilismePamphletTravail <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.ImAlamHBeraud_m.jpg" alt="ImAlamHBeraud.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="ImAlamHBeraud.jpg, juin 2014" /><br />
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<strong>Lyon en proie aux mercantis</strong><br />
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Un Russe, régisseur des théâtres du feu czar, vint, en 1912, de Saint-Pétersbourg à Lyon pour mettre en scène <em>Boris Gondonnow</em>. Avant de reprendre le train, il dit à quelques gones qu'il avait connus au restaurant :<br />
— Dans votre ville, il n'y a pas de place pour les oisifs.<br />
Ce maître de ballet voyait juste et comptait bien et cela ne doit point surprendre car, au contraire de ce que pense de Beaumarchais, c'est peut-être parmi les danseurs que l'on trouve les plus habiles calculateurs.<br />
Lyon n'invite point au farniente. Les maisons massives et sévères, qu'elle accroche à ses deux collines, ne montrent point les riantes façades qui, partout ailleurs, pareraient ces faubourgs suspendus ; ce sont, sous le ciel plombé, sous la pluie sans fin et sous les brouillards malsains, autant de visages durs et fermés. Tout est commerce, travail, calcul, économie et rien ne se passe, là-bas, ni en discours ni en chansons — pas même les émeutes ! La canuts « montaient » leurs barricades comme des métiers Jacquard et ils façonnaient la liberté comme on tisse une pièce de soie.<br />Le Lyonnais naît marchand. Lyon demeure une colonie milanaise et ses plus aventureux enfants gardent toujours, dans leurs entreprises les plus risquées, le placide entregent des Sforza. C'est une ville où les poètes ont sans cesse vendu leurs vers, où les cabarets sont tout faits de recoins propres à la discussion des affaires et au paiement des commissions, où les curés savent les dates des inventaires. les commis-voyageurs sont estimés en raison inverse de leur éloquence, où les journaux impriment les mercuriales aux places d'honneur.<br />
Qu'est devenue cette capitale du négoce au milieu de la crise présente ? Comment a-t-elle subi la « vague de mercantilisme » que nous devons aux méthodes économiques de ces ministres dont nul ne déplore la disparition ? Ceux qui croyaient connaître Lyon, doivent convenir que bien des choses ont changé — et, non pour le mieux.</p>
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<p>Le nouveau riche qui pullule partout en France, grouille à Lyon d'une manière surprenante. Le culte des affaires y a. pris un caractère de fureur sacrée. Et nulle part, on ne voit aussi clair dans les manœuvres des mercantis qu'en ce pays de brumes et d'ombre. Tout se passe au vu et au su de tout le monde ; les fortunes scandaleuses » n'ont l'air de scandaliser personne. On entend d'austères bourgeois lyonnais vanter, d'un ton presque cynique, l'astuce de tel négociant notoire et honoré, qui fournissait l'Allemagne de soies destinées à la confection des gargousses à poudre, tandis que ses fils mouraient sur les champs de carnage ! Le rigorisme local a disparu ; les gains fusent tout. Les enrichis parlent avec jovialité de leurs condamnations, qu'ils considèrent comme des encouragements à persévérer et que, d'ailleurs, ils ont raison de juger telles. Certains petits fonctionnaires « facilitent » les transactions et j'en sais qui, à ce petit jeu, gagnent cent mille francs par mois. Un scandale récent a provoqué l'arrestation d'un spéculateur qui, achetant des salaisons en stocks aux intendants militaires, a gagné trente millions en quelques mois. On rit de sa mésaventure et l'on, ne cache point qu'on admire son savoir-faire. Une presse locale soucieuse de ne point s'aliéner les puissances du jour se tait ; et il fallut l'intervention récente d'un journal parisien, pour obtenir l'arrestation et la condamnation d'un fripon convaincu d'avoir, en 1918, introduit des obus défectueux dans un lot de munitions destiné aux armées.<br /></p>
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<p>Je suis Lyonnais. Je sais qu'en d'autres temps, ces choses eussent soulevé l'unanime réprobation de mes compatriotes. On était, alors, fort sourcilleux, dans mon pays, sur le chapitre de la probité commerciale. Je pense que cette antique vertu du « soyeux » - Il n'en a guère d'autres ! — n'a point disparu tout à fait. Mais je crois aussi que l'afflux de certains aubains est pour beaucoup dans cette modification du caractère local, La réussite de ces mercantis ne pouvait manquer de tenter un peuple commerçant et qui ne craint rien au monde tant que d'être « roulé ». Et ces succès ont donné de l'audace aux timides. On l'a bien vu quand le maire Edouard Herriot fut accusé par des monopoleurs, dont les offices municipaux de ravitaillement gênaient les manigances. On vient de le voir encore dans les campagnes menées contre le socialiste Cuminal qui créa une coopérative alimentaire, considérée, à juste titre, comme le modèle du genre.<br />
Il faut d'ailleurs considérer que tout cela aura bientôt une fin. Ce serait, comme a dit le poète, une erreur de croire que ces choses finiront par des chants et des apothéoses. La vieille et rude honnêteté lyonnaise reprendra le dessus et, de même que Lyon vit naître les premiers mouvements révolutionnaires purement ouvriers, on apprendra quelque jour que les fils des « Voraces » de la Croix-Rousse auront, les premiers accroché des mercantis aux lanternes de la « Grand' Côte » et du « Gourguillon ».<br />
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<br />
<strong>Henri Béraud</strong>
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<br />
<em>Floréal</em>, n° 12, 24 avril 1920, p. 273.<br />
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Illustration par Marix (1920).<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2014/06/23/Lyon%2C-proie-des-mercantis#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/2443L'inconnu du XIIe (1931)urn:md5:06f75cbb2cd404306cc1e0559e3f98c72013-11-09T01:07:00+01:002013-11-09T06:38:45+01:00Le Préfet maritimeLes Lacunes de l’AlamblogAndré GideAnonymeErrataMichel ZamacoïsPamphletPierre BenoitRobert Kemp <p><img src="http://www.alamblog.com/public/bonvivants.jpg" alt="bonvivants.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="bonvivants.jpg, août 2011" /><br />
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<strong>Appel aux plus érudits des Alamblogonautes : qui est donc l'auteur de cet <em>Errata</em> folliculaire et masqué ? Et où trouver des exemplaries ?</strong><br />
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<strong>L'inconnu du XIIe</strong><br />
Du 9 mai 1869 au 27 novembre 1872, des placards anonymes, collés sur les affiches officielles, ou accrochés à la grille du moulin, ou voletant au bord des chemins, mirent en émoi, comme on dit, les paisibles habitants de Milon-la-
Chapelle, près de Chevreuse. C'est une vieille et vilaine histoire que M. Étienne Le Gril, vient de conter et de résoudre, pour les amateurs de romans policiers. Pourquoi notre confrère n'utiliserait-il pas son ingéniosité native à éclaircir le mystère d'Errata ?<br />
Errata est un opuscule de seize pages que beaucoup d'hommes de lettres reçoivent chaque mois, et pour rien. Le premier numéro était consacré au <em>Robert</em> d'André Gide, qu'oit y maltraitait fort. Sur quoi l'un de nos confrères conseilla
à M. André Gide de prouver sa bonne humeur en s'abonnant à Errata. M. André Gide ne de mandait pas mieux, sans doute. Mais comment faire ? Errata ne donne point soit adresse ; ni les noms dit rédacteur, du gérant, du papetier.<br />
L'enveloppe reçue par les Treize portait le timbre de la gare de Lyon ; la mienne, affranchie correctement à o fr. 15, celui du bureau 57, rue de Dijon. Ainsi, et c'est tout ce qu'on en sait, Errata part du Xlle arrondissement qui, soit dit sans vouloir humilier personne, n'est pas le plus littéraire de Paris. Outre le P.-L.-M. et l'Entrepôt de Bercy, on y voit les hôpitaux Trousseau, Saint-Antoine et des Quinze-Vingts, la manufacture des Tabacs, un asile de vieillards,
et le cimetière de Picpus. Quelle indication tirer de là ?<br />
L'aviateur de lettres, le chevalier masqué de la grammaire française qui s'offre ce coûteux divertissement, fonce, cette fois-ci, contre M. Pierre Benoit, et son <em>Déjeuner de Sousceyrac</em>, en quoi il montre que, gourmet en beau langage, il ne connaît rien aux foies de canards et aux civets de lièvre bien crémeux ; car la seule description du déjeuner à Sousceyrac, fondante et parfumée, l'eût rendu indulgent; non moins que la description des routes en lacets, au pays de Sépala. L'anonyme d'Errata doit être dyspeptique, et n'aimer point l'auto.<br />
Après un romancier de gauche, il s'en prend à lm romancier de droite. Il épluche les articles de Monsieur des Grieux, où l'adverbe "désolamment" et le verbe "actualiser" soulèvent sa juste indignation, et surprennent bien de la part de M. Zamacoïs. Mais il corrige aussitôt après Pierre Dominique. Voilà un homme difficile à repérer.<br />
Il a résolu le problème du droit de réponse ; et ses arguments sont sans répliques, du fait qu'ils sont sans adresse. La critique par T. S. F. est moins dangereuse, car les textes restent aux archives, et l'on connaît les postes émetteurs. Voilà donc un petit jeu assez divertissant, un mystère qui pique. Mais il ne faudrait pas le prolonger trop longtemps. Il n'y a que Voltaire à qui l'on a pardonné l'anonymat. Parce que le style de Voltaire le démasquait assez vite.<br /></p>
<p><strong>Robert Kemp</strong>.
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<em>Les Nouvelles littéraires</em>, samedi 23 mai 1931.</p>
<p>NB "Errata" fut aussi le titre d'une rubrique rédigée par Roger Dévigne dans les <em>Nouvelles littéraires</em> au cours des années 1920.</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2013/10/24/L-inconnu-du-XIIe-%2819#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/2266Entièrement négatifurn:md5:7f4d55f90d6cd99d6c74a3a0da6f1a472013-03-05T00:11:00+01:002013-03-09T12:12:20+01:00Le Préfet maritimeApostilleJean-François RevelPamphlet <p><img src="http://www.alamblog.com/public/kralshruhh.jpg" alt="kralshruhh.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="kralshruhh.jpg, mar. 2013" /><br />
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<br /></p>
<blockquote><p>2. ce livre est entièrement négatif. Que ceux qui aiment les pensées positives ne l'ouvrent pas.</p></blockquote>
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<strong>Jean-François Revel</strong> <em>La Cabale des dévots</em>. - Paris, J.-J. Pauvert, 1965, "Libertés", n° 17, page 32.</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2013/03/09/Enti%C3%A8rement-n%C3%A9gatif#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/2095Bibliographie lacunaire de la revue l'Assommoirurn:md5:24796ad639367074e007445bb26b54af2013-01-20T03:01:00+01:002013-01-20T11:41:32+01:00Le Préfet maritimeApostilleContestationPamphlet <p><img src="http://www.alamblog.com/public/assomm.jpg" alt="assomm.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="assomm.jpg, janv. 2013" /><br />
<br />
<br />
Entre mars 1978 et le troisième trimestre 1985 parut la revue <em>L’Assommoir</em>, dont nous parlions un tout petit peu il n'y a pas si longtemps.<br />
Elle fut fondée à Paris par Roger Langlais et Bernard Pécheur, anciens membres des collectifs « Spartacus » (1961-1963) et de « Pour une critique révolutionnaire »
(1968-1972).<br /></p>
<p>Sept numéros ont donc paru entre 1978 et 1985 :<br />
1. La France stalinienne (mars 1978), 104 pages.<br />
2. Le Futur accompli (octobre 1978), 112 pages.<br />
3. Des progrès de l’action directe (avril 1979), 96 pages.<br />
4. Considérations sur l’état actuel de la Pologne (janvier 1981).<br />
5. La Nuit de la métamorphose (mai 1982).<br />
6. Un millésime révélateur. Rebuts et immondices déversés sur George Orwell et « 1984 » (décembre 1984).<br />
7. Les Habits neufs de la pensée. Nécrose des idéologies et métastases de la modernité (juillet 1985).<br />
<br />
Les deux premiers numéros ont paru aux <a href="http://www.alamblog.com/index.php/post/2010/06/10/Bibliographie-lacunaire-des-%C3%A9ditions-Plasma">Éditions Plasma</a>.<br />
Parmi les collaborateurs occasionnels de la revue, il faut compter Gérard Herz et Jaime Semprun. Les numéros ont été dirigés par Roger Langlais (1 à 5) et Bernard Pécheur (6 et 7).<br />
<br />
Les Éditions de l’Assommoir ont fait paraître en sus un pamphlet antinucléaire, <em>La Nucléarisation du monde</em> (mars 1980).<br /><br /><br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2013/01/19/BibcunAssommoir#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/2049Que d'art ! que d'art ! (1896)urn:md5:3d11506dd8ed50c584bf3a06e8f19df92012-03-02T01:21:00+01:002012-03-02T11:29:13+01:00Le Préfet maritimeApostilleEmile BergeratGéniela France artistePamphlet <p><img src="http://www.alamblog.com/public/agaka.jpg" alt="agaka.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="agaka.jpg, mar. 2012" /> <br />
Akseli Gallen-Kallela, <em>Démasquée</em>, 1888, huile sur toile, 65,5 x 54,5 cm, Ateneum Art Museum-Finnish National Gallery.<br />
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<strong>Que d'art ! que d'art !</strong>
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<br />
La quantité de Français, nés malins, qui ne peuvent pas faire autrement que d'être grands poètes, grands peintres, grands musiciens, grands statuaires ou grands dentistes, au choix et sans préférence, est telle que Paris en devient inhabitable. On n'y rencontre plus que des génies. Seuls les simples gens d'esprit disparaissent. Quant au talent, c'est toujours la même dose. Très
rare. Mais les génies, oh ! comme ils surabondent ! Nous vivons en des temps de vocations effroyables. Que d'art ! Que d'art !...<br />
C'est à ce point, je crois, que si, dans une famille honorable, un enfant s'avisait de témoigner d'un goût décidé pour le commerce,
l'agriculture ou la douce colonisation, d'affreux soupçons viendraient au père sur l'origine du monstre... Car, du sang latin, il ne
peut sortir que des artistes! Cet enfant, qui n'est pas comme tous ceux de sa race, doué par toutes les Muses, ne saurait être qu'un produit du nouveau monde.<br />
Il y a même là un effet nouveau pour le théâtre que Sarcey m'accuse de rêver.<br />
Voici — vous me permettez — comme je l'imagine :<br />
Le père. — Approche, mon garçon. Tu es majeur, donc la nature a parlé en toi. Prends ces brosses et cette palette, et fais-moi un
Rubens ! J'attends.<br />
Le fils. — Je ne sais pas.<br />
Le père. — Alors saisis cet ébauchoir, et dans cette motte de terre glaise, égale, sous mes yeux, Michel-Ange.<br />
Le fils. — Je ne peux pas.<br />
Le père. — Voici un dictionnaire de rimes. C'est celui de Rothschild lui-même. Double ou dégote Victor Hugo en ma présence.<br />
Le fils. — Ce serait avec plaisir, mais !...<br />
Le père. — Tu vois dans ma main tremblante un os de mouton. Sache t'en emparer et arrache-moi une dent, sans douleur, à moi-même. Je me sacrifie.<br />
Le fils. — Mais, papa !...<br />
Le père. — Minute. Tu m'appelles ton père. Le suis-je ? Cela dépend de. ta vocation. Latin, né d'une Latine, quelle est-elle, ta vocation ?<br />
Le fils. — Je voudrais gagner trois millions dans les suifs ! ! !...<br />
Le père. — Et tu te dis mon fils ! Arrière, tu n'es même pas Français ! Tes onze frères sont plus ou moins de l'Institut, de l'Académie, ou au moins du Chat Noir. Pas un qui ne touche de l'aquarelle, ne rende les "Lanciers" sur le piano et n'ait publié
quelques stridenees lyriques chez Lemerre. Tes huit soeurs gazouillent comme l'oiseau même et enterrent la Malibran tous les
jours. Tes cousins pincent de tout et; parmi nos connaissances et amis, je ne sache personne qui n'ait droit, soit sur la flûte, soit
sur le tambour, au titre de « cher maître ». Le moins doué est photographe ! Tu n'es donc pas des miens. Tu viens d'Amérique.
Retournes-y, bourgeois !<br />
Et il le chasse. Aux actes suivants, le jeune homme, déshonneur de sa race, car il n'est pas artiste, fait graduellement, dans
les suifs rêvés, une fortune énorme, devers Chicago ou Cincinnati. Puis il revient s'éprendre de la fille d'un tourneur de cannes
d'art. Il est même aimé de cette vierge, porcelainiste éminente, qui ne peut pas voir une assiette blanche sans y déposer
des fleurs peintes. Malgré les différences de position, car le tourneur est pauvre et tourne en vain, il risque sa demande :
— Un épicier dans ma famille," jamais ! s'écrie l'artiste en cannes.<br />
Et il flanque le jeune millionnaire à la porte (de droite), tandis que, par celle de gauche, il introduit un statuaire n'ayant pas
mangé depuis huit jours, et par conséquent Français, qui est le gendre de son choix.<br />
Le désespoir du jeune millionnaire devient immense. Retourner en Amérique, pourquoi faire ? Il y a réalisé son rêve de suif. D'ailleurs il aime la France, car, quoique dépourvu de génie artistique, il y est né... Il voudrait rester à Paris, quand cela
ne serait que pour consommer ces produits d'art que tous multiplient et qu'aucun n'achète. Il y restera. Sa résolution est prise.
Il deviendra artiste comme les autres, ses compatriotes, et il aura la jeune fille !<br />
Il envoie donc sa fortune à la Société Taylor, pour aider à l'extension des salons annuels. Puis il grimpe dans une mansarde
et il se met à faire des tableaux en cheveux — avec les siens ! Il sera chauve, mais il aura de la gloire. Le genre est peu exploité.
Il y excelle. Le voilà « cher maître », comme nous tous.<br />
Alors le père pardonne ! Le tourneur s'apaise. La porcelainiste pleure, on s'épouse, et la France bénit le seul artiste qu'elle
n'eût pas encore.<br />
Quant au statuaire, pour avoir voulu renoncer à la sculpture, il est arrêté, condamné à mort et guillotiné. Car il faut aussi
des exemples.<br />
Telle est la pièce, ou du moins, telle serait-elle si Sarcey m'en laissait faire. Mais je le connais, au premier abord, il jugera la donnée exagérée. Qu'il se paie un second abord et il en admirera la vérité magnifique. Cependant la scène ne peut se passer
qu'à Paris, soit dans une ville où l'on n'oserait pas ne pas être un grand artiste de peur d'être ridicule, et où le manque de génie fait remarquer.<br />
Me demander s'il y a un Desgenais dans l'oeuvre, c'est me demander si je sais mon métier. Il y en a un. Ce personnage, que j'ai fait aussi grinchu qu'il est permis de l'exiger de ma nature souriante, est surtout insupportable en ceci qu'il veut savoir tout
le temps ce qu'on entend en France par l'expression : une vocation contrariée.<br />
— Qu'est-ce que c'est que ça, s'écrie-t-il, une vocation contrariée, chez un peuple où tout peint, où tout rime, où tout sculpte et
où tout bémolise ? D'où vient cette absurde légende des parents de province, qui couperaient les vivres à l'héritier s'enfuyant à
Paris pour être grand homme ? J'offre un lapin de neige aux yeux de rubis à celui qui me montrera un jeune Français ayant voulu graisser la toile retentissante et dont le père ne se soit pas ruiné pour satisfaire à cette vocation. Dans le budget de toute famille il y a une somme réservée à la publication du premier tome de vers par lequel tout cocquebin débute dans la vie. On ne se marie plus sans avoir exposé !<br />
— Eh bien ! continue mon mauvais singe de Desgenais, je me dresse et je dis à la France, ma patrie : Tu as trop de génie, il faut te saigner. Tous tes murs sont peints. Tout ton papier est usé. Tu n'as plus de terre glaise, sorte d'argile impure. De toutes tes fenêtres ruisselle une mélodie et celui qui voudrait une minute de silence ne la trouverait pas dans tout le territoire. Il est donc temps d'aviser. Je propose un ministère de Découragement artistique.<br />
— Décourageons à tour de bras ! Fondons des concours de renoncement au génie. Donnons des primes à ceux qui jureront de jouir de l'art sans en faire. Décorons de la Légion d'honneur, pour services exceptionnels, ceux qui brûleront leurs oeuvres complètes en place publique. Distribuons des préfectures aux braves qui, bondissants, passeront à travers leurs toiles et retomberont à cheval, ou qui, ajustant des tubes à leurs statues, en feront des fontaines jaillissantes. Et que tout citoyen convaincu de musique personnelle soit attaché à un piano éternel et marchant toujours. Car il est inhumain, terrifiant et grotesque que, sur quarante millions d'habitants, un peuple compte quarante millions d'artistes, tous doués comme père et mère, et ne pouvant ni manger, ni boire, ni démanger, ni déboire, sans que ce soit l'art qui entre en eux - ou qui en sorte.<br />
Entre ces quarante millions de vocations on doit compter quelques erreurs de la nature — ou de l'éducation. Il y a, je l'espère, des
méprises, des confusions, des emballements attendris, et si Dieu protège la France, ce n'est pas pour qu'à la prochaine guerre les
canons de Krupp jonchent le sol de cent mille Raphaels, Mozarts, Jean Goujons, Racines mêlés à cent mille Molières, Beetho-
vens, Michel-Anges et Shakespeares confondus, tous de la garde nationale !...<br />
— Car enfin, ajoute Desgenais, dans les arts, outre le don, il y a le métier, et c'est à lui que ça commence. Le métier, c'est le
chiendent. Et alors il faut travailler. Et ça, c'est horrible.<br />
<br />
<strong>Emile Bergerat</strong><br />
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<em>Les Annales politiques et littéraires</em>, 21 mars 1897.</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2012/01/12/Que-d-art-%21-que-d-art-%21-%281896%29#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1798Bientôt, Roorda se fâche...urn:md5:01ecde1c60a4c37a060bd45d64db29002011-11-28T03:43:00+01:002011-11-29T13:49:23+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimHenri RoordaPamphletPédagogie <p><img src="http://www.alamblog.com/public/CouvPedagRoor.jpg" alt="CouvPedagRoor.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="CouvPedagRoor.jpg, nov. 2011" /><br />
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En librairie le 11 janvier 2012.<br />
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<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2011/11/28/BientotRoorsefache#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1738Petite bibliographie lacunaire de la collection Les Pamphlets du Siècleurn:md5:d110c8cff4bd6683ddc8776e6150e3502011-11-21T08:58:00+01:002011-11-21T08:58:00+01:00Le Préfet maritimeAd Usum BibliofilousCollectionHenri BéraudJacob-Nathan HourwitzJean de GourmontJules de GaultierLouis ThomasMarcel PéguyPamphletPierre Dominique <p><img src="http://www.alamblog.com/public/BeraudCroisade.jpg" alt="BeraudCroisade.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="BeraudCroisade.jpg, nov. 2011" /><br />
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<blockquote><p><strong>Les Pamphlets du Siècle </strong><br /></p></blockquote>
<blockquote><p>« Il semble — peut-être à tort — que jamais les passions politiques n’aient été déchaînées comme aujourd’hui. La violence des écrivains politiques des partis extrêmes, les outrances de leur vocabulaire, le donneraient du moins à croire. Or, peu d’époques ont été aussi pauvres que la nôtre de pamphlétaires. Une telle constatation est bien fait pour montre que le mot Pamphlet n’est pas synonyme de violence arbitraire, ni l’épithète pamphétaire appliquée à un écrivain une injure. Le pamphlétaire serait ainsi une sorte de dogmatique, un écrivain qui attaque ou défend une cause, mais toujours au nom d’une autre cause, d’une idée générale ou de principes qu’il croit bien assurés, et surtout quand il s’en prend à des personnes. L’un des plus brillants pamphlétaires de ce temps, Julien Benda, a expliqué tous ceux de sa race intellectuelle en écrivant : “Il n’est pas donné à tout le monde d’être violent par sensibilité aux idées”.</p></blockquote>
<blockquote><p>« Nous nous emploierons à publier, dans cette collection, les meilleurs écrits de ce genre et ceux qui intéressent le plus la sensibilité de notre temps dans tous les ordres où elle se manifeste.</p></blockquote>
<blockquote><p>« ** Nous publierons 5 ou 6 volumes par an dans cette collection, approximativement à raison d’un tous les deux mois. Le prix du volume est de 3 fr. 50. »</p></blockquote>
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Parmi les nombreuses collections (1) des "Éditions du siècle", voici la bibliographie de la collection "Les Pamphlets du Siècle" qui semble n'avoir accueilli que peu d'opus.<br />
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<strong>Henri Béraud</strong> <em>La Croisade des longues figures</em>. - Paris, Éditions du siècle, x-159 p.<br /></p>
<p><strong>Henriette Charasson</strong> <em>M. de Porto-Riche ou le "Racine Juif</em>. - Paris, Éditions du siècle, 1925, 126 p.<br /></p>
<p><strong>Pierre Dominique</strong> <em>Deux jours chez Ludendorff</em>. - Paris, Éditions du Siècle, 1924, 155 p. "Les Pamphlets du Siècle" (n° 3).<br /></p>
<p><strong>Jacob-Nathan Hourwitz</strong> <em>Lettre au "cher Blum"</em>. - Paris, Éditions du siècle, 1925, 125 p.<br /></p>
<p><strong>Docteur François Nazier</strong> <em>L'Anti-Corydon. Essai sur l'inversion sexuelle</em>. - Paris, Éditions du siècle, 1924, 126 p.<br /></p>
<p><img src="http://www.alamblog.com/public/.RebPamphl_m.jpg" alt="RebPamphl.jpg" /><br />
<strong>Jacques Reboul</strong> <em>M. Bainville contre l’Histoire de France</em>. - Paris, Éditions du siècle, 1925, 124 pp.<br />
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(1) Ces collections sont les suivantes :<br />
Idées et sentiments du siècle, collection d'essais sous la direction de Jean de Gourmont.<br />
Cahiers de la Quinzaine, sous la direction de Marcel Péguy<br />
Collection de philosophie intellectualiste, sous la direction de Jules de Gaultier<br />
Les Romans du siècle<br />
Maîtres étrangers<br />
Les Cahiers d'Occident<br />
Manuels pour adultes<br />
Les romans gais<br />
Les Affaires, collection économique et financière, sous la direction de Louis Thomas<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2011/11/07/Petite-bibliographie-lacunaire-de-la-collection-Les-Pamphlets-du-Si%C3%A8cle#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1721Jean Prévost pamphlétaire ?urn:md5:1c0a3953cacee259d873fce8437b10892011-07-28T01:53:00+02:002011-07-29T10:19:06+02:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimAlfred Fabre-LuceJean PrévostPamphletPierre DominiqueUsine à conneries <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.Prevostpeurhaine_m.jpg" alt="Prevostpeurhaine.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Prevostpeurhaine.jpg, juil. 2011" /><br />
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Vous avez lu l'histoire de <em>Jean Prévost</em>, comment il vécut, comment il est mort. Vous voulez en apprendre encore ?<br />
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Journaliste, romancier, essayiste, grand sportif, Jean Prévost a été tué par les soldats de la Wehrmarcht alors qu'il résistait dans le Vercors, les armes à la main. Son œuvre a connu depuis les années 1990 un regain d'intérêt et a été partiellement rééditée (<em>Dix-huitième Année</em>, <em>La Chasse du matin</em>, <em>Vie de Montaigne</em>, etc.) et les éditions Joseph K. donnaient en mars dernier le recueil de ses articles parus dans <em>Pamphlet</em>, la revue qu'il avait lancée avec Alfred Fabre-Luce et Pierre Dominique. L'association de la carpe et des lapins, peut-on constater aujourd'hui : Fabre-Luce et Dominique passaient tous deux dans les rangs de l'extrême-droite doriotiste après le 6 février 1934 quand Jean Prévost s'en tenait à une position démocrate.<br />
Organe d'interrogation de la société, de l'économie et de la géopolitique des années 1933-1934, au moment où Hitler montait au pouvoir, <em>Pamphlet</em> (16 pages, cinquante livraisons entre le 3 février 1933 et le 16 février 1934) n'avait, au fond, rien de réellement pamphlétaire. Le titre était probablement vendeur mais le propos plus analytique que contondant. Et les articles réunis de Prévost le montrent assez, ils sont d'une grande mesure.<br /></p>
<p>Voici toujours un fragment de l'éditorial, signé Jean Prévost :<br /></p>
<blockquote><p>Les rédacteurs de Pamphlet, puisqu'ils sont des hommes libres ne seront pas du même avis sur tous les sujets. Le cas échéant, ils soumettront au public leurs désaccords. Mais ils se sentent déjà tout à fait sûrs que ces désaccords seront minimes en comparaison de celui qui les sépare tous trois de l'idéologie régnante.<br />
Idéologie ? Il faudrait plutôt dire : rhétorique. Et c'est contre cela qu'il faut lutter. Nous vivons d'apparence, parmi des mots qui cachent les faits. Les intérêts que cette fiction recouvre, les vanités qu'elle flatte, les ignorances dont elle profite sont considérables. Contre tant d'ennemis, Pamphlet essaiera de remettre en honneur la logique et l'ironie, avec le ferme espoir, qu'un jour, à cause de cette effort, l'usine parlementaire et journalistique de sottises, si elle ne ferme pas complètement ses protes, réduira sa production."<br /></p></blockquote>
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On aimerait, aujourd'hui, pouvoir en lire autant.
Et nous regrettons d'annoncer aux mânes de Jean Prévost que l'usine à conneries fonctionne toujours à plein.<br />
Point ironiste pour de vrai, Jean Prévost le normalien était un réflexif plus qu'un vitupérant, et un raisonneur plutôt qu'un styliste très entraînant. Très lucide cependant, très observateur et exigeant sur la qualité des rapports des hommes et des institutions, des hommes entre eux, sur la liberté et l'égalité, la justice. Témoins ses articles sur les bourgeois ruinés recasés aux bons postes, sur la peur des Français, sur la littérature non rentable et les rapports de l'architecture et du monde politique...<br />
<br />
Le plus troublant reste que l'on a la forte impression en suivant la pensée de Jean Prévost qu'il évoque le monde d'aujourd'hui.<br />
L'histoire fait mine de ne pas repasser le plat...
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<strong>Jean Prévost</strong> <em>Ni peur ni haine</em>. Édition établie et préfacée par Emmanuel Bluteau. Joseph K., « métamorphoses » (n°2), coll. 256 pages, 12 €</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2011/07/22/Pr%C3%A9vost-pamphl%C3%A9taire#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1634Demain ? Pamphlet !urn:md5:3f46dbdef6cc36259a10613d806e593f2011-07-27T02:28:00+02:002011-07-27T18:33:45+02:00Le Préfet maritimeApostillePamphlet <p><br />
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<br /><img src="http://www.alamblog.com/public/PamphletFLDP.jpg" alt="PamphletFLDP.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="PamphletFLDP.jpg, juil. 2011" /><br />
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<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2011/07/27/Demain-Pamphlet-%21#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1637Michel Savon (de Marseille)urn:md5:aa005912b5ef7d8825dbc3a8a799a4612011-03-30T11:05:00+02:002011-03-31T15:00:26+02:00Le Préfet maritimeAd Usum BibliofilousHorace BertinLe Sémaphore de MarseilleMarseilleMichel SavonPamphlet <p><img src="http://www.alamblog.com/public/savontete.jpg" alt="savontete.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" /><br />
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Né en plein Marseille, capitale du soleil, le 19 avril 1856, il a l'enthousiasme et la sincérité qui façonnent les poètes aux moules primitifs de la beauté. Sorti de l'école primaire des frères, à l'âge de seize ans, n'a fait que des études très simples et n'a pu se nourrir sur la littérature antique, ce qui lui manquera toujours..Talent tout d'inspiration, de nature et d'instinct, sa guirlande poétique est curieuse, étant un mélange perpétuel et antithétique de rêves et de cauchemars, de réalité passant au trivial, d'élégance confinant, au fantastique, épines faisant pendant à des roses, fantômes escortant des génies.<br /></p>
<p>Fit ses débuts à <em>la Vedette</em>, où il publia en détail <em>les Indignations</em>, qui eurent en volume un très vif succès. Michel Savon était descendu du Parnasse, avec un relief étonnant pour flageller les travers de ses contemporains, et, soudainement pamphlétaire anacréontique, il charma ses lecteurs, qui s'abandonnèrent à la suite de ses héros ou de ses rêves. Vacquerie a dit des <em>Indignations</em> dans <em>le Rappel</em> : ''Oui, c'est bien une œuvre de combat, amère, injuste, violente, incapable, mais il y a là en germe, j'en conviens, un talent de poète incontestable et qu'on peut saluer en passant ». Michel Savon a regretté depuis les violences de sa plume et voilà longtemps déjà que pour lui la politique est morte.<br /></p>
<p>A appartenu de 1883 à 1885 à la <em>Gazelle du Midi</em>, où il rédigeait la locale et publiait des poésies à l'emporte-pièce sous le titre <em>Escarmouches</em>. Ces vers sont aujourd'hui absolument oubliés et par l'auteur et par le public. A sa sortie de <em>la Gazette</em>, collabore au Soleil du Midi, où il donne ses chroniques du lundi. Entre temps, publie dans <em>le Bavard</em> la « Chanson des bébés » et le « Livre des Aimées ». Le premier de ses recueils a largement contribué à sa réputation. Toutes ces fantaisies, revues et expurgées, formeront le texte d'un volume de luxe en préparation : <em>La Muse à genoux</em>. Fera paraître chez Dentu, dans le courant de l'année prochaine, son premier roman <em>Mureille Cladol</em>, roman dont l'exécution est sereine et les tons fins, diamantés, argentés.<br /></p>
<p>Michel Savon n'a jamais écrit de pièces de théâtres, mais a fait applaudir aux Variétés un Prologue d'ouverture ; au Gymnase, deux morceaux d'à-propos : <em>A Victor Hugo !</em> <em>A Carré !</em> ; Au Palais de Cristal : ''A Rouffe !'<br /></p>
<p>Son nom est intimement lié depuis dix à douze ans au mouvement littéraire marseillais. Il a été l'un des fondateurs du Portique et l'un de ses présidents. Fut, lors de sa fondation, secrétaire particulier du Syndicat de la presse marseillaise:<br /></p>
<p>Horace Bertin a dit de lui dans <em>Bustes et Masques</em> : « C'est un confrère d'une tolérance rare en matière d'opinions. Instinctivement bon et serviable, Michel Savon, au plus fort de la lutte, a su respecter toujours les personnalités. »<br /></p>
<p>Michel Savon est au demeurant un confrère loyal, droit, sympathique et qui n'a que des amis. Son prochain livre <em>Au Pays du Rêve</em>, est impatiemment attendu par tous.<br />
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<strong>Etienne Bellot</strong> (1865-1910?) <em>Nos écrivains marseillais</em>. - Marseille, Barthelet, 1896, pp. 144-146.<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2011/03/30/Michel-Savon-%28de-Marseille%29#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1563L'animal littéraire : le caméléonurn:md5:2337449c680322441891756929ee064e2011-02-24T06:11:00+01:002011-02-25T17:52:13+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimA. de MiomandreCaméléonCurzio MalaparteFrancis de MiomandreIsrael ZangwillMaurice FourréPamphletSatire <p><img src="http://www.alamblog.com/public/Cameleon.jpg" alt="Cameleon.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Cameleon.jpg, fév. 2011" /><br />
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Du caméléon on savait l'exégèse rare. On connaissait, et pour cause, <em>Mon caméléon</em>, de Francis de Miomandre, <a href="http://www.alamblog.com/index.php/post/2006/12/28/237-bibliographie-exhaustive-de-la-collection-l-alambic">référencé ici</a> ; nous avions lu, plus ou moins fastidieusement, <em>Les Caméléons ou les hommes d'aujourd'hui</em>. d'Alexandre P****** (Clermont, imp. A. Veysset, 1833), et puis <em>Les Désagréments d'un Caméléon, pamphlet politico-littéraire</em> d'A. de Miomandre (Annecy, imp. de Ch. Burdet, 1869) — A. de Miomandre, n'est-ce pas curieux ? — dont l'épigraphe empruntée à la préface des Fleurs du Mal disait ceci :</p>
<blockquote><p>Comme des noeuds de vipères sous un fumier qu'on soulève, il regarde grouiller les mauvais instincts naissants, les ignobles habitudes paresseusement accroupies dans leur fange.<br /></p></blockquote>
<p>Nous n'avions pas découvert encore <em>Monsieur Caméléon</em> de <strong>Curzio Malaparte</strong> dont la Table ronde donne peu à peu des <a href="http://www.alamblog.com/index.php/post/2009/03/29/Le-paysan%2C-le-cercueil%2C-la-femme-et-le-baudet-%28Malaparte-in%C3%A9dit%29">écrits gouleyants</a>.<br /></p>
<p>Ce texte, publié dans la revue <em>Chiosa</em> en 1928 (publié à la Table ronde vingt ans plus tard) valut bien entendu à son auteur la mauvaise humeur de Mussolini. Le directeur de la revue, également directeur du <em>Giornale di Genova</em>, qui osa donner ce feuilleton de la meilleure eau, connut quant à lui une mise au ban radicale. Cependant Malaparte n'aura pas été le seul à critiquer vertement le chef fasciste — Giuseppe Antonio Borgese publia en 1937 le pamphlet <em>Goliath, la marche du fascisme</em>, par exemple (1). Mais Malaparte le fit néanmoins à sa manière toujours assez directe, avec beaucoup d'intelligence et une grande connaissance de l'histoire des idées politiques et de l'oeuvre des moralistes, français notamment. Convoqué par Mussolini, il fit face à l'orage.<br /></p>
<p><em>Monsieur Caméléon</em> est donc une satire, et on peut la lire en parallèle du chapitre que son auteur consacra dans <em>Technique du coup d'Etat</em> (B. Grasset, 1931, ch. VII) au coup d'Etat fasciste d'octobre 1922. Ce nouveau livre vaudra à Malaparte cinq ans de déportation sur l'île de Lipari...<br /></p>
<p>Octobre 1922 : c'est à l'occasion de la montée sur Rome des chemises noires que Malaparte rencontra le Britannique Israel Zangwill, interpelé par des fascistes dans la gare de la capitale italienne. Zangwill, légaliste inconscient des risques qu'il avait encourus, se confia à Malaparte qui le sauvait du mauvais pas : "La révolution de Mussolini, ce n'est pas une révolution, c'est une comédie." (<em>op. cit.</em>, p. 208). De fait, si <em>Monsieur Caméléon</em> n'est pas tout à fait une comédie, Mussolini comprit aisément la charge dont il était l'objet. On ne place pas un dictateur au contact d'un caméléon élevé et humanisé <em>à sa demande</em>, caméléon qui muera naturellement en animal politique, sans souhaiter exprimer quelque idée narquoise si ce n'est subversive.
La charge est forte, les traits contre les travers de la politique Italienne tordants (libéraux et conservateurs en prenant pour leur grade), la mise à nu du fascisme assez saisissante, le parcours de la bestiole étonnant.<br /></p>
<p>Mais on ne dira rien ici du destin de l'animal, non plus que de son parcours idéologique. Ce serait vous ôter tous les délices de cette fable universelle qui fit comparer son auteur à Voltaire ou à Swift.<br />
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Une question nous reste au bout de la langue : se pourrait-il que le trublion <a href="http://www.alamblog.com/index.php/post/2007/11/04/Resurrection-du-Papini-anarchiste">Giovanni Papini</a> soit pour quelque chose dans le caméléon de Malaparte ?
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<strong>Curzio Malaparte</strong> <em>Monsieur Caméléon</em>. traduit par Line Allary. Illustrations d'Orfeo Tamburi. — Paris, La Table ronde, 2011, "la petit Vermillon", 319 pages, 8,50 €<br />
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<br />Frontispice du pamphlet d'A. de Miomandre (1869)<br />
<img src="http://www.alamblog.com/public/.CameleonPremier_m.jpg" alt="CameleonPremier.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="CameleonPremier.jpg, fév. 2011" /></p>
<p>Note (1) : Traduit par Etiemble et publié par les éditions Desjonquères en 1986.<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2011/02/10/Nouvelles-des-cam%C3%A9l%C3%A9ons#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1530Lisez Gilles Châtelet, bande d'indignésurn:md5:612a5fbe548413a0a1e279ae3a79051b2011-01-25T01:36:00+01:002011-01-27T10:32:50+01:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimGilles ChâteletPamphlet <p><img src="http://www.alamblog.com/public/CouvChateletBATweb-ce45b.jpg" alt="CouvChateletBATweb-ce45b.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="CouvChateletBATweb-ce45b.jpg, janv. 2011" /><br />
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En notre temps d'intense indignation, des "penseurs" à la mie de pain jouent avec les médias dans leur bac à sable afin de faire oublier que des entrepreneurs en papeterie enregistrent cd et dvd avec pompe, tandis que les restes (groupusculaires et auto-proclamés) des Grandes Consciences d'une époque enfuie râlent, dogmatisent et excommunient. Piètre paysage. Maigre nourriture pour l'esprit.<br />
Que faire ? demandaient Tchernichevski, puis Lénine.<br />
Oui, que faire ?<br />
Pour commencer, apprendre à comprendre ce qui se déroule depuis les années 1970 sous nos yeux impréparés. Pour ce faire, plusieurs moyens. Pour faire simple - le Préfet maritime ne va pas chercher midi à quatorze heures - on peut lire avec grand profit <strong>Gilles Châtelet</strong>.<br />
Ce mathématicien philosophe physicien économiste suicidé le 11 juin 1999 avait fait du bruit l'année précédant sa mort en publiant un pamphlet au titre ravageur : <em>Vivre et penser comme des porcs</em>. La pertinence dudit écrit n'avait échappé à personne. Une décennie plus tard, ses amis et collègues ont réuni ses articles afin de donner à voir les soubassements de sa pensée, et son cheminement. Premier constat, c'est agréable à lire. Deuxième remarque, c'est brillant, lucide, efficace, et, comme son précédent opus, présentait des irisations prophétiques.<br />
Formé par ses propres soins à l'économie politique pour comprendre le moloch, Châtelet aura fait un long parcours depuis ses travaux sur la notion de chaos, si attirante qu'elle est entrée dans les topoï de l'époque, jusqu'à la démocratie participative, cet hydre putrescible, en passant par le "citoyen-thermostat", "habitant-bulle d'un espace cyber-sympa", qui, combiné au citoyen-méduse et au citoyen-panéliste constitue l'idéal-type du moment. Sur tous les sujets qui nous préoccupent (voir le sommaire ci-dessous), Gilles Châtelet propose un regard et une réflexion à la fois rafraîchissants, sévères et propices à la recherche d'un soulagement.<br />
De quoi songer à mettre en pièces les "gloutonneries de l'Elite consensuelle qui dévore du Différent pour chier du Même".<br />
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<strong>Gilles Châtelet</strong> <em><a href="http://www.editions-lignes.com/LES-ANIMAUX-MALADES-DU-CONSENSUS.html">Les Animaux malades du consensus</a>.</em> Présentation par Catherine Paoletti. - Paris, Lignes, 256 pages, 17 €<br />
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Sommaire<br />
I. Industrie du consensus<br />
Les Animaux malades du consensus (1990)<br />
La société de la grande congruence (1978)<br />
Du concept philosophique du chaos (1994)<br />
<br />
II. La question des élites<br />
Prêt-à-penser et drapeau blanc (1978)<br />
L'université de masse (1987)<br />
La question des élites (1994)<br />
Le nomande et la pantoufle (1996)<br />
<br />
III. Pétrole et guerre du golfe<br />
Les larmes amères des pétro-tartarins (1990)<br />
De Prométhée à Faust en pasant par Dorian Gray (1991)<br />
<br />
IV. Effets de Drogues<br />
Permis de conduire à usage interne (1989)<br />
Cannabis et industrie du ressentiment (1994)<br />
L'affaire Diana (1997)<br />
<br />
V. Loisir et travail<br />
Espaces verts (1973)<br />
Homo Laborans (1996)<br />
Les liserons exquis du professeur Milner (1996)<br />
Les Loisirs, c'est la paresse performante (1998)<br />
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VI. Philosophies<br />
Pour Deleuze (1996)<br />
Aux armes rats pigeons cohons moustiques (1999)<br />
Entretien sur Herbert Marcuse (1999)<br />
Marcuse, l'homme pour qui la résignation était ringarde (1999)<br /></p>
<p>Semblent être resté inédit un chapitre consacré à la Politique de l’homosexualité qui aurait contenu :<br />
- XIII. Paris est une fête (1973)<br />
- XIV. Le square (1973)<br />
- XV. La rue (1973)<br />
- XVI. La république des chiennes... ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas (1994)<br />
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<strong>Voir aussi</strong><br />
<em>Vivre et penser comme des ports. De l'incitation à l'envie et à l'ennui dans les démocraties-marchés</em>. - Paris, Exils, 1998, 144 pages, 13,72 € ; Gallimard, "Folio. Actuels", 1999, 7,80 €<br />
<em>L'Enchantement du virtuel. Mathématique, physique, philosophie</em>. Edition établie par Charles Alunni et Catherine Paoletti. - Paris, Rue d'Ulm, 2010, 312 pages, 24 €<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2011/01/11/Au-lieu-de-vous-indigner%2C-lisez-Gilles-Ch%C3%A2telet2#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1506Les placets invectifsurn:md5:989978e27a6ed97342ced93af67282dd2011-01-04T01:40:00+01:002011-01-04T01:40:00+01:00Le Préfet maritimeDernier reçu Premier serviJules Barbey d AurevillyLéon BloyMarc VaillancourtPamphlet <p><img src="http://www.alamblog.com/public/Placets.jpg" alt="Placets.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Placets.jpg, janv. 2011" /><br />
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Sous l'appellation très claire de "Placets invectifs", Les éditions Obsidiane lancent une collection dédiée au pamphlet, signe que l'époque ne souhaite pas en rester au principe de l"Indignez-vous" mais manifeste aussi des velléités de "Passez à l'acte", ou "au verbe", ce qui n'est déjà pas si mal.<br />
En confiant l'ouverture de la série à Jules Barbey d'Aurevilly, Obisidiane manifeste son double soin de porter chez les libraires des textes de style et des textes de fer. Ce principe est évidemment le bon puisque, on le sait, un pamphlet écrit avec les pieds est un pamphlet dans l'eau. Un bon pamphlet a toujours été un pamphlet coupant.<br />
En piochant dans <em>Les Ridicules du temps</em> (Rouveyre et Blond, 1883), fruit des chroniques du <em>Nain Jaune</em> (1863-1866), et dans les <em>Quarante médailles de l'Académie française</em> (1864), l'éditeur nous propose de relire "Les Bas-bleus", "les lauréats d'académie" et "Le cabotinisme" ainsi que cinq fragments croustillants où Old Noll taillait des croupières à Victor Hugo, Cousin, de Vigny, Sainte-Beuve et Thiers. Il avait le projet de produire un "Grand Almanach des petits hommes"...<br />
La collection accueillera prochainement un deuxième opus, contemporain celui-là, "non pour béquiller l'actif par un nom illustre mais pour confirmer la pérennité du genre, pour faire écho..." Nous aurons donc le plaisir de lire <em>L'Honneur manque de bras</em> de Marc Vaillancourt qui tombe à bras raccourcis (forcément) sur les mœurs sans dignité de notre temps, en particulier dans le monde du livre.<br />Les amateurs d'horions seront attentifs, bien sûr.<br /></p>
<p><strong>Jules Barbey d'Aurevilly</strong> <em>Les Bas-bleus & autres Ridicules du temps</em>. Préambule par Léon Bloy. — Obsidiane, coll. "Les placets invectifs", 63 pages, 12 €</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2011/01/04/Les-Placets-invectifs#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/1501