L'Alamblog - Mot-clé - Radio2024-03-29T07:58:15+01:00Le Préfet maritimeurn:md5:891a4437ffb56035bcdd99ce6fc8c9f0DotclearMarcel Batilliat 1930urn:md5:a71c000375d802d4588d49cc513bb17f2021-05-05T00:18:00+02:002021-05-06T18:27:56+02:00Le Préfet maritimeApostilleAutomobileAviationInnovationMarcel BatilliatRadioTourisme industriel <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.MarcelBatilliat1930_m.jpg" alt="MarcelBatilliat1930.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="MarcelBatilliat1930.jpg, mai 2021" /><br />
<br />
<br />On ne voit guère souvent son museau : voici M. Marcel Batilliat.<br />
Il répond ci-dessous à une enquête de Mary Léolpold-Lacour au sujet de la radio :<br />
<br />
<br />
<strong>Marcel Batilliat, homme de lettres</strong><br />
<br />
J’admire avec enthousiasme tout ce que le génie inventif de l’homme peut arracher à l’inconnu pour créer du bien-être et pour embellir la vie. Les grandes découvertes récentes qui m’émerveillent le plus sont l’application lumineuse de l'électricité, l’aviation et Je fais quelques réserves en ce qui concerne l’automobilisme ou plutôt la généralisation de son usage. Je m’incline cependant puisque la majorité de mes contemporains y trouve sa commodité ou son plaisir quotidien. Mais l’envahissement frénétique de nos cités et de nos paysages a aboli ces deux joies exquises de naguère : la contemplation et la méditation.<br />
Quelques réserves aussi quant à l’industrialisation du tourisme : il est incontestable que le tourisme actuel, dénué de fantaisie et d’imprévu, n’a pas l’agrément du voyage tel que nous l’avons connu autrefois.<br />
Enfin, le cinéma ne m’a pas tout à fait conquis, et je ne le fréquente guère, à cause de la médiocrité de son répertoire. Celui-ci a ramené au premier plan tout ce qu’en avait banni le goût des élites : le vaudeville et le mélodrame, les situations factices et la psychologie sommaire. Mais ces possibilités d’avenir sont magnifiques et infinies. Un temps viendra où le cinéma sonore répandra partout les chefs-d’œuvre de toujours : on pourra alors admirer en tous lieux, dans leurs plus parfaites interprétations, Sophocle et Racine, Shakespeare et Schiller, Ibsen et Henry Bataille, Wagner et Debussy. Ce jour-là, le cinéma aura transformé le monde.<br />
Quant à l’aviation, conquérante de l’espace, je lui dois les plus beaux enthousiasmes de ma vie. Et la radiophonie, qui supprime les distances entre les hommes et qui met à la portée de tous une connaissance universelle, est, à l’égal de l’imprimerie, la plus précieuse découverte qui ait jamais été faite.<br />
Mais savez-vous ce que je suis tenté de reprocher à nos réalisations modernes ? Ce sont les termes affreux dont elles déparent notre belle langue française. Sauf le mot avion, qui est heureux, et qui s’accorde vraiment avec ce qu’il veut désigner, tout l’assemblage de vocables grecs juxtaposés et mal francisés que la mécanique ou la pathologie introduisent dans la conversation contemporaine, nous impose un mode d’expression aussi barbare que lyrique. Ne pourrait-on pas créer des mots aimables, chantants, imagés, avec de gracieuses désinences ? Ce n’est pas irréalisables : songez aux noms adorables que Fabre d’Eglantine avait donnés aux mois républicains.... Tandis qu’il est impossible d’introduire les néologismes scientifiques dans une page de haute littérature : ils défient le rythme et la rime... Je souhaite, pour les inventions qui nous passionnent et qui embellissent notre existence, des noms qui nous permettent de les célébrer avec amour.<br />
<br />
<br />
<em>Lumière et Radio</em> (Carlos Larronde dir.), 10 octobre 1930.</p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2021/05/05/Marcel-Batilliat#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/4837Radio & dactylogrammesurn:md5:ad1acc8dda5c5491cb640e6107d77d962019-10-27T00:21:00+02:002019-10-27T20:40:14+01:00Le Préfet maritimeAd Usum BibliofilousDactylogrammesLettresPoésie concrèteRadio <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.CarlaDemierreAVTORADIO_m.jpg" alt="CarlaDemierreAVTORADIO.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="CarlaDemierreAVTORADIO.jpg, oct. 2019" /><br />
<br />
<br />
Que faut-il pour faire de la poésie, concrètement ?<br />
Il faut des lettres, et Carla Demierre, poétesse de la jeune garde concrète nous livre « Autoradio » dont la couverture s’orne d’une proposition gracieuse : « Voici des lettres ».<br />
Et ces lettres sont « l », « ir » et « e ».<br />
C’est parfait, d’emblée, on en fait ce que l’on veut.<br />
De page en page, on aborde un ensemble de lttres, de phonèmes et mêmes de phrases, dactylographiées et positionnées de manières variées sur la pages. Certains sont très blanches — quoique le papier soit crème, pour être précis. On a presque envie d’y étaler quelques voiles d’aquarelle. On le fera peut-être, si le Préfet maritime s’y décide. (Pour l’instant, il se contente d’apprécier les petits bonheurs imprimés propagés par la maison Héros-Limite, et il songe aux dactylogrammes de Maurice Roche qui, il y a cinquante ans, traçait lui aussi des dessins de mots à la machine à écrire. La roue tourne, les bonnes idées trouvent toujours à se réactiver, comme les bons textes trouvent toujours leurs lectrices et leurs lecteurs.<br />
Voyez encore ce mémento de la poète qui nous dévoile le pourquoi de ces sons en mots mis sur le papier — un topo qui ne dit rien de certaines trouvailles graphiques que l’on louera ici sans vergogne :<br /></p>
<blockquote><p>« J’écoute beaucoup la radio et je suis une fétichiste des voix. Ce livre aimerait établir avec la radio un rapport analogique parce qu’il fonctionne et a été conçu comme un acte de syntonisation dans la pensée et parce que ces pages ont été écrites en faisant autre chose. J’ai pensé que la machine à écrire, à la fois obsolète et en état de marche, pouvait m’aider à ralentir mon écriture, à penser autrement les ratures et les ratés du texte et à écrire sans intention précise, mais aussi à m’éloigner de la phrase comme centre de l’écriture. Finalement, la machine à écrire a inauguré pour moi un travail d’«atelier» au sein duquel je tente de capter des «moments» de la pensée, saisir des superpositions entre des choses que je lis, détourner le surplus de phrases lues quotidiennement, tailler dans le brouhaha, prendre des notes qui seraient immédiatement des poèmes. La machine à écrire, sa matérialité encombrante et son obsolescence, font remonter à la surface de l’écriture un bain concret de fautes de frappes, de phrases bricolées, d’hésitations, de trous et de lenteur. Chaque page est une captation et chaque poème est un document. »</p></blockquote>
<p><br />
<br />
<strong>Carla Demierre</strong> <em>Autoradio</em>. — Genève, Héros-Limite, 118 pages, 16 €
<br />
<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2019/10/27/Posie-concrte-dactylogrammes#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/4089