L'Alamblog - Mot-clé - Scatologie2024-03-28T18:27:22+01:00Le Préfet maritimeurn:md5:891a4437ffb56035bcdd99ce6fc8c9f0DotclearLes oranges et l'étron sec (Ernest Vaughan)urn:md5:e35b2688cf0440600326ccf684a5a57b2015-03-30T05:51:00+02:002015-04-01T06:33:03+02:00Le Préfet maritimeLes Vrais Coupe-FaimErnest VaughanLieuxScatologieVesses <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.ErnestVaughan_m.jpg" alt="ErnestVaughan.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="ErnestVaughan.jpg, mar. 2015" /><br />
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<strong>Les oranges et l'étron (1) sec</strong><br />
Fable</p>
<p>Un vaisseau d'oranges chargé<br />
En pleine mer fut submergé.<br />
Tout périt, excepté les oranges légères<br />
Qui, seules restent au niveau<br />
De l'eau,<br />
Gagnèrent en flottant des rives étrangères.<br />
En disant seules, je dis trop :<br />
Un intrus par hasard se trouvait avec elles :<br />
C'était un étron sec, qui, je ne sais comment,<br />
S'était aventuré sur l'humide élément.<br />
Les habitants du lieu qu'abordèrent nos belles,<br />
Tout en les recueillant avec beaucoup de soin,<br />
Leur demandaient par quels moyens étranges<br />
Elles avaient pu venir de si loin.<br />
L'étron, oublié dans un coin,<br />
Crut le moment venu de chanter ses louanges.<br />
Aussi leur cria-t-il : " En fruits intelligents,<br />
"Tout aussi bien que vous, mieux même, ô bonnes gens !<br />
"Nous nageons, nous autres oranges."<br />
<br />
Je connais plus d'un vaniteux<br />
Qui, dans un cas pareil, n'aurait pas trouvé mieux.<br />
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(1) Je prie le lecteur de me tenir compte du soin que j'apporte à éviter les gros mots.<br />
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<strong>Ernest Vaughan</strong> (1841-1929) était un drôle de gaillard. Successivement journaliste, patron de presse jusqu'en 1903 puis administrateur civil (notamment de l'hôpital des Quinze-Vingt) jusqu'en 1919, il est avec Zola et Clemenceau le co-responsable de la publication de <em>J'accuse !</em> dans <em>L'Aurore</em> qu'il dirigeait alors.<br />
Fils d'ouvriers, Ernest Vaughan adhéra à l'Internationale en 1867 après avoir débuté comme apprenti. Dans sa vingtaine, il dirigeait déjà des usines à Rouen où il appliqua la doctrine proudhonienne et fut, dit-on, un directeur original. Et on ne peine curieusement pas à le croire. <br />
Communard à trente ans, il vécut son exil à Bruxelles et, de retour à Paris, s'engagea dans la cohorte des journalistes. Il collabora à l'Intransigeant qu'il quitta durant l'Affaire pour fonder <em>L'Aurore</em> au sein duquel on sait qu'il commit avec Zola et Clemenceau le plus grand geste du journalisme français.<br />
On notera à la lecture de ses vers de jeunesse, que le gaillard n'aura jamais manqué d'audace, ni d'humour dès lors qu'il s'agissait de bousculer le bourgeois.<br />
Nous donnons pour conclure son bouquet final, qui n'en manque pas.<br />
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<br /><strong>Épilogue</strong><br />
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(épigraphe) Et des tiennes, tu sais ce que j'en saurai faire<br />
Molière<br />
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Critiques constipés qui censurez mon livre,<br />
Et, d'un air de dégoût froissant chaque feuillet,<br />
Prétendez qu'il n'a pas la senteur de l’œillet,<br />
Et qu'il est, tout au plus, bon à vendre à la livre,<br />
<br />
Le public, avec moi, gaiment se moquera<br />
De vous, de vos gros yeux à la croque-mitaine,<br />
Puis nous vous renverrons au vers de la Fontaine :<br />
"Mais tournez-vous, de grâce, et l'on vous répondra."<br />
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Je veux vous enseigner, - ai-je l'âme assez bonne ? -<br />
L'emploi du blanc papier qu'enrichissent mes vers ;<br />
Il vaut cent fois celui des organes divers<br />
Auxquels l'homme insensé de plus en plus s'abonne.<br />
<br />
Allez trouver Fleurant, peignez-lui votre mal,<br />
Parlez-lui du dépôt que vous ne pouvez rendre,<br />
Bien que vous ayez su depuis longtemps comprendre<br />
Que l'engrais le meilleurs est l'engrais animal.<br />
<br />
Il verra votre peinte, et sa main impeccable,<br />
Moyennant quelques francs, au don d'un flacon nain,<br />
Versera pour deux sous d'un remède bénin<br />
Qui saura mettre un terme au mal qui vous accable.<br />
<br />
Dans n'importe quel lieu, dès que vous l'aurez bu,<br />
Rendez-vous, si pourtant le besoin vous y pousse.<br />
Là, délicatement, de l'index et du pouce,<br />
Lacérez mon recueil, et j'atteindrai mon but.<br />
<br />
Car vous la sentirez, ma vertu souveraine,<br />
Et vous voudrez alors m'élever des autels ;<br />
Calme, j'accueillerai votre encens, ô mortels !<br />
En conservant des dieux la majesté sereine.<br />
<br />
Enfin, libres d'esprit et légers d'abdomen,<br />
Devant mes vers, honteux d'avoir pu les proscrire,<br />
Vous irez au libraire et vous ferez inscrire<br />
Pour un autre exemplaire ou pour plusieurs. - <em>Amen !</em><br />
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<br />
<strong>Ernest Vaughan</strong> <em>Du neuf et du vieux, contes et mélanges. Première série. Étrennes aux délicats</em>. - Rouen, impr. de D. Brière et fils, 1866<br />
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L'illustration du billet est issue des <a href="http://1.bp.blogspot.com/_HS5JwT5XL0Q/SbVI3gAjIOI/AAAAAAAADJk/OKjAIfZHlYc/s1600-h/vaughan_001.jpg">''Joyeusetés de Frère Jean''</a> que nous empruntons au blog d'Olivier Bogros.<br />
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<br /><img src="http://www.alamblog.com/public/.Ernest_Vaughan_1916_m.jpg" alt="Ernest_Vaughan_1916.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Ernest_Vaughan_1916.jpg, mar. 2015" /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2015/01/21/Les-oranges-et-l-%C3%A9tron-sec-%28Ernest-Vaughan%29#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/2587