L'Alamblog - Mot-clé - Tristan Derême2024-03-29T07:58:15+01:00Le Préfet maritimeurn:md5:891a4437ffb56035bcdd99ce6fc8c9f0DotclearTristan Derême (1923)urn:md5:d3f91be30b8d05066313992b40dab61e2023-08-20T06:34:00+02:002023-08-22T15:22:50+02:00Le Préfet maritimeApostilleLilleTristan Derême <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.Dereme1926_m.jpg" alt="Dereme1926.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Dereme1926.jpg, août 2023" /><br />
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<blockquote><p>Les Conférences du Mercure de Flandre ».<br />
« La muse au téléphone » ou « La poésie et la vie moderne »<br />
par Tristan Derême<br />
En M. Tristan Derême survivent tous les artifices séducteurs, toutes les grâces, tous les charmes de l'enchanteur Merlin ! Pendant combien de temps nous a-t-il gardés, hier, en extase, devant son verbe fleuri, son esprit assaisonné d’humour très fin et de poésie délicate ? On ne sait !... On se laissait bercer par des rythmes, par des cadences, et l'on n’avait qu'une crainte, celle de voir se terminer trop tôt cette délicieuse promenade au pays du rêve.<br />
Mme Dussane jouait, à côté de l’enchanteur, le rôle de l'exquise fée Mélusine. Et cette collaboration nous ravissait.<br />
Nos concitoyens sont bien coupables qui n’ont point envahi serrées la salle où s'épanouissait, hier, en lumineuses gerbes, un plaidoyer aussi élégant, en faveur de la poésie pure.<br />
Tristan Derême, en prenant pour la première lois la parole à Lille, dit tout d'abord son émotion dans la ville de Samain et de Théo Varlet, il s’est vu, dit-il, dans l’alternative de saluer ou son public, ou l'éloquence du nombre ou le mérite de l’élite. La salle étant à demi pleine il se trouva que les deux préambules qu’avaient préparé conférencier furent également de circonstance.<br />
« La poésie, explique-t-il ensuite, en abordant son sujet, est une tendance naturelle à l’homme ; et, Théodore de Calandre, un des héros favoris du poète, prétend que nous sommes tous des descendants de Virgile, et voici comment l’auteur de « La verdure dorée » nous le prouve :<br />
« Vous admettez que vous et moi descendons d’un père et d’une mère. Chacun d’eux ayant également deux parents, nous arrivons par une progression géométrique à admettre qu’en remontant de onze générations, nous procédons de 1.024 ascendants. En continuant nos calculs affolants, nous constatons qu’en l’an mil nous comptions 67 milliards 108.864 ascendants, et plus de 37 milliards en l'an 700. Ce nombre dépassant la population totale du globe, vous voyez que nous sommes, non seulement les fils de Virgile, mais aussi d’Horace, de Tite-Live d’Ovide, de Salluste, etc... Et toutes les femmes procèdent de Cléopâtre, et sont des « filles de Minos et de Pasiphaé... »<br />
M. Derême prend la défense des grands poètes que l’on accuse à tort d’être ennuyeux. Platon, Socrate étaient des hommes comme les autres et qui. savaient rire avec leurs amis ; et pétillent alors des anecdotes excellentes où le conférencier met successivement en scène Boileau et la comtesse de Noailles dont Mme Dussane lit l'émouvant poème : « Jeunesse ».<br />
Que nous apporte la poésie moderne ? Que trouvons-nous en elle qui nous captive encore ? Rien de neuf sinon des nuances. Les sentiments que les poètes expriment sont toujours les mêmes : la vie, la mort, l'amour, la nature et la gloire, et les thèmes différents sur lesquels les lyres vibrent peu vent se résumer en ces trois mots : l’homme est mortel ! Et le poète qui ne veut pas mourir tout entier, parce qu’après lui la race des hommes continue, laisse à l’éternité son œuvre, qui n’est jamais que le reflet de lui-même.<br />
Et la Muse de Jean-Marc Bernard, par la voix de Mme Dussane, exhale les « Stances » désespérées que du fond de la tranchée, le poète écrivit avant de mourir.<br />
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Mais, le chemin de fer, le téléphone, la T. S. F., nous ont envahis. Chercherez-vous rêveur, un endroit<br />
"Ou d'être homme endormi ont ait la liberté<br />
Sans être réveillé par trente téléphones ?<br />
Pluton et Proserpine ont fui l’empire souterrain :<br />
Où ronflent aujourd'hui les métros triomphants<br />
... Nymphes nue<br />
Qu’êtes-vous devenues ?<br />
Quelle influence auront, sur les poètes, ces inventions trépidantes ?<br />
Aucune ! affirme M. Tristan Derême. Le poète a le sens de la vie et non celui de l’époque, Pyrrhus serait toujours Pyrrhus, même s’il téléphonait ses rancœurs à Andromaque et si Pierre Corneille eût été pourvu d'une torpédo, la face de la tragédie n’en eût point été changée ! On ne chante ni les ascenseurs, ni la T. S. F., si ce n’est pour s’en amuser, à la faon de Jean Pellerin :<br />
Les dieux s’en vont, s’en vont au trot,<br />
Jeanne se décourage<br />
Et ce dernier Abencerage<br />
Est mort dans le métro.<br />
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Les temps nouveaux nous ont apporté le vers libre. Mais pourquoi l'appelez-vous libre ? Tout ce qui n’est pas vers est prose et tout ce qui n’es pas prose est vers, disait cet excellent M. Jourdain. Il y a ici une erreur de définition dont Tristan Derême fait justice.<br />
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Si tout a été dit, que nous reste-t-il ? ajoute le conférencier. Rien que l’espoir d’emouvoir encore et d’être ému... Tentons d’apporter une nuance nouvelle et n’essayons pas de faire comme ceux qui, pour nous étonner. marchent sur les mains, ceux-là imitent — et grossièrement — ceux qui marchent sur les pieds !<br />
Nous voudrions dire encore tout le charme qui se dégage de l’histoire touchante de ce poisson rouge que Mme Dussane lut avec tendresse et nous terminerons en remerciant et en félicitant de son effort, le « Mercure des Flandres », en la personne de son rédacteur en chef, M Valentin Bresles qui nous a donné ce régal dont le bénéfice est destiné à la Société de patronage des aveugles du Nord.</p></blockquote>
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<blockquote><p>Pierre Manaut.<br /></p></blockquote>
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<em>L'Echo du Nord</em>, 25 octobre 1926.<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2023/08/04/Tristan-Der%C3%AAme-%281923%29#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/5848Consolations à Tristan Derêmeurn:md5:c774e0bc0bc155de2b710bb2336f37062018-02-09T07:16:00+01:002018-02-09T07:16:00+01:00Le Préfet maritimeRoger DévigneTristan Derême <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.Deremeconsolation_m.jpg" alt="Deremeconsolation.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Deremeconsolation.jpg, fév. 2018" />
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<blockquote><p><strong>Consolations à à Tristan Derême qui n'a pas eu le prix Vie-Heureuse</strong><br />
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Derême, en quelle erreur t'induit<br />
le besoin de dorer ta plume,<br />
toi, le seul rimeur d'aujourd'hui<br />
qui sache parler à la lune...<br />
Avec ton œil d'enfant, ton nez<br />
relevé comme une épigramme<br />%
et ton chapeau tout étonné<br />
de recouvrir, là-haut, ton âme ;<br />
Tu vas, Pierrot de la Garonne,<br />
vers quels rêves, quels jeux austères ?<br />
cherchant des rimes ? des couronnes ?<br />
ou le dernier train pour Cythère ?<br />
<br />
Mais tu conserves, dans ta malle<br />
poil de chèvre (entre ta pipe,<br />
quatre fleurs, un brin d'idéal)<br />
ô flûteur de fines musiques !<br />
tous tes poèmes, mon Derême.<br />
Et c'est pour eux, va, que l'on t'aime.<br />
<br />
Pour vous, chambres d'amour, pour vous<br />
soirs de Toulouse et d'Ariège,<br />
pour vous, tonnelles de rosiers,<br />
pour vous, guinguettes de baisers,<br />
pour vous, seins fous<br />
jaillis du corsage et vous,<br />
lèvres qui parcourez ces corps naïfs<br />
de rêveuses provinciales,<br />
pour toi, Théocrite de Tarbes,<br />
lyrique, érudit et lascif.<br />
<br />
Et quand les amants de Paris<br />
voudront chanter et voudront vivre,<br />
ils se liront, tout bas, ton livre<br />
et, tous, le donneront, le prix !<br />
<br />
Roger Dévigne<br /></p></blockquote>
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<em>Les Nouvelles littéraires</em>, 16 décembre 1922<br />
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<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2018/01/13/Consolations-%C3%A0-Tristan-Der%C3%AAme#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/3174Le Visionnaire est en avanceurn:md5:d59b6b726f3136dfd77306e8df363c192017-03-18T01:21:00+01:002017-03-18T18:11:02+01:00Le Préfet maritimeAventureDésespoirFriedrich von SchillerGeorges HeneinMarc LeclercPaul GadenneRomantisme allemandTchikaya U Tam siTristan Derême <p><br /><img src="http://www.alamblog.com/public/SchillerVisionnaire.jpg" alt="SchillerVisionnaire.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="SchillerVisionnaire.jpg, mar. 2017" /><br />
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Le nouveau catalogue de la <strong>librairie Henri Vignes</strong> met opportunément en lumière un roman inachevé de F. Schiller dont la portée n'est pas aussi notoire qu'elle le devrait.<br />
Son <em>Visionnaire</em>, roman de 1787-1789, littéralement "L'homme qui voit des esprits", parut par fragments dans <em>La Thalie</em> et fut d'abord traduit par Pitre-Chevalier (Paris, Maquet, 1840, 2 vol., 200 €) puis retraduit en français par Albert Béguin.<br />
Ce dernier, cité par le catalogue Vignes éclairait explicitement les vertus novatrices de ce roman qui avait eu les suffrages des romantiques allemands : "Toute la composition du récit, les énigmes qui s'y nouent, les relations inattendues qui se découvraient entre des faits apparemment sans liaison, entre des personnages que l'on croyait étrangers les uns aux autres, rappelant moins les romans du XVIIIe siècle qu'ils n'annoncent les procédés du futur roman populaire.<br />
En somme, au-delà des thématiques romantiques pures (Venise languissante et fétide, l'occultisme les rapports du pouvoir et de l'argent, l'illusion, la corruption et la droiture, Schiller devenait avec ce livre un précurseur du roman policier.<br />
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<blockquote><p>Je raconte une aventure qui paraîtra incroyable à beaucoup de gens, et dont j'ai été moi-même, en grand partie, témoin oculaire. (...)</p></blockquote>
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Au même catalogue, cette lettre de <strong>Paul Gadenne</strong> à un ami écrivain du 28 février 1950 truffant un exemplaire de <em>L'Avenue</em> : "Il y a peut-être des désespoirs qui exaltent mais pas celui que produit la répétition des ennuis quotidiens. Quelques jours passés avec Yvonne chez une amie, au milieu des arbres, ont un peu apaisé mes nerfs, mais ce paradis éphémère n'a fait que souligner le contraste entre ce que la vie pourrait être et ce qu'elle est ! (...° Je n'imagine plus, pour combler l'intervalle, que des gestes excessifs. Et je sais que cela mène en prison (...)".<br />
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Au même catalogue :<br />
<strong>Georges Henein</strong> <em>Deux Effigies</em>. - Le Caire, La Part du sable, 1953, 300 €<br />
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<strong>Tristan Derême</strong> <em>Petits Poèmes</em>. - Paris, Lecène et Oudin, 1913, 75 €<br />
<br />
<strong>Marc Leclerc</strong> <em>La Passion de notre Frère le Poilu</em>. — Paris, Crès, 1916, 80 €<br />
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<strong>Tchikaya U Tam'si</strong> <em>Feu de brousse. Poème parlé en 17 visions</em>. - Paris, Caractères, 1957, 75 €<br />
<br />
<strong>G.-L. Pesce</strong> <em>La Navigation sous-marine</em>. - Paris, Vuibert & Nony, 1906, 80 €<br />
<br />
<strong>Friedrich von Schiller</strong> <em>Le Visionnaire</em>. Traduction d'Albert Béguin. Préface de Pierre Péju. — Paris, José Corti, 1996.<br />
<br />
<strong>Paul Gadenne</strong> <em>L'Avenue</em>. — Paris, Julliard, 1949.<br />
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<strong>Librairie Henri Vignes</strong><br />
57, rue Saint Jacques<br />
75005 Paris<br />
Métro Cluny-Sorbonne, Saint-Michel ou Odéon<br />
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<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2017/03/15/Schiller-visionnaire-en-avance#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/3238Patachou pêche en ligneurn:md5:13304686e5c33cbdd637cd7831be31882016-03-23T01:00:00+01:002016-03-27T09:38:35+02:00Le Préfet maritimeAndré HelléTristan Derême <p><img src="http://www.alamblog.com/public/.DremPatchHell_m.jpg" alt="DremPatchHell.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="DremPatchHell.jpg, mar. 2016" /><br />
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Faute de le trouver dans le commerce du livre neuf sous la forme d'un fac-similé joli (manque un éditeur contemporain au nez creux), le Préfet maritime se doit de vous renvoyer vers Gallica pour vous pousser à admirer l'un des plus beaux livres du siècle dernier : <a href="http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96569137/f5.item"><em>Patachou petit garçon</em></a> de <strong>Tristan Derême</strong> illustré par <strong>André Hellé</strong> pour Emile-Paul Frères (1932), un livre qui connut deux couvertures différentes.<br />
Les œuvres de ces deux grands bonhommes étant tombées dans le domaine public (Derême est mort en 1941, Hellé le 29 décembre 1945), on peut se régaler l’œil à l’œil, si l'on ose dire.<br />
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<img src="http://www.alamblog.com/public/.DeremPatachA_m.jpg" alt="DeremPatachA.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="DeremPatachA.jpg, mar. 2016" /><br />
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Chacun pourra en outre constater que ce qui fait le succès de l'un ne devrait pas condamner l'autre à l'ombre.<br />
Oui, en lisant tout s'éclaire, vous verrez (les zoïles du <em>Petit Prince</em> comprendront ce que nous voulons dire lorsque nous prenons la défense posthume du grand cousin de la petite Zazie).<br />
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<br /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2016/03/23/Patachou-p%C3%AAche-en-ligne#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/2939Kenneth Grahame le très grandurn:md5:f5750dea28512046ec088ba06b2fd1912006-10-30T09:31:00+00:002009-11-06T09:22:54+00:00Le Préfet maritimeDernier reçu Premier serviA. A. MilneJames BarrieJean-Benoît PuechJules RenardKenneth GrahameLouis PergaudMichel PlessixTristan Derême <p><img src="http://www.alamblog.com/images/2840551683.08.LZZZZZZZ.jpg" alt="" /><strong>Kenneth Grahame</strong> (1859-1932), l’universel auteur du <em>Vent dans les saules</em> — un livre dont on sait à peine l’importance capitale tant il est mal promu, connu de vaporeuse manière et destiné, par tous ceux qui ne l’ont justement pas lu, à l’unique usage des enfants (quelle triste blague) —, le fabuleux créateur du “Dragon récalcitrant”, le mémorialiste inspiré des <em>Jours de rêve</em> et de <em>L’Âge d’or</em>, où la marmaille vibrante se voit confrontée aux discours et actes saugrenus de l’engeance adulte, ces Olympiens mal comprenants, Kenneth Grahame, disais-je, aura eu droit à une gloire tenace au Royaume-Uni et, de notre côté de la Manche, à une désinvolture indigne.<br />
<img src="http://www.alamblog.com/images/Kenneth Grahame.jpg" alt="" />Si Jean-Benoit Puech ou Alberto Mangel ont dit tout le plaisir qu’ils avaient eu à lire et relire ces trois chefs-d’oeuvre — répétons toujours : <em>Jours de rêve</em> (1896) et <em>L’Âge d’or</em> (1899), ces deux derniers prenant le titre collectif de <em>Au royaume des enfants</em>, et puis <em>Le Vent dans les saules</em> (1907) —, le parcours éditorial de Kenneth Grahame fut, en Angleterre, serti de bonheurs :<br /><img src="http://www.alamblog.com/images/Yellow Book.jpg" alt="" /> Il débuta à peu près dans les pages de <em>The Yellow Book</em>, la revue sublime où se coudoyaient John Buchan, Henry James, Max Beerbohm, Arthur Symons, George Moore et Baron Corvo, avec, au poste de directeur artistique, nul autre qu’Aubrey Beardsley — tandis qu’en France, il fut traité grosso modo avec le mépris dans lequel on tient généralement les auteurs de littérature pour mômes — quand il ne s’agit pas du St-Ex hexagonal —, exception faite de la traductrice Léo Lack qui sut lire juste et de Michel Plessix, un auteur de bandes dessinées qui a eu récemment et le nez creux et le formidable talent de mettre en pages les aventures de Taupe, de Blaireau et du compère Crapaud, le dingue d’automobiles, avec une grâce vraie et un sens impressionnant du texte que n’ont pas toujours eu les éditeurs de chef-d’oeuvre.<br />
Que l’on aborde l’œuvre de Kenneth Grahame par <em>Le Vent dans les saules</em> ou bien par <em>Jours de rêve</em>, on est immédiatement touché par une grâce magique – elle est encore épicée de la drôlerie et d’une tristesse souterraine, qui sont, avec la nostalgie, les composés majeurs mais si délicats à manipuler, des deux livres du <em>Royaume des enfants</em>. Ce que l’on peut considérer comme une autobiographie – mais l’autobiographie d’un autre, le gosse que Grahame tentait de rattraper – reconstruit une enfance autour des moments les plus forts, les plus doux, les plus étranges. Une enfance fantasmée pour l’exemple, qui parle à chacun et tire à tous le cœur vers l’autrefois, celui où il faisait bon gambader sans souci parmi les herbes folles, construire des cabanes idéales – bien souvent idéelles -, se repaître de l’air du monde dont nul poison n’avait rendu la consommation dangereuse.<br />
<img src="http://www.alamblog.com/images/Couv. Wind.jpg" alt="" />On n’a guère, en France, d’œuvres similaires. <em>Le Petit Prince</em> de Saint-Exupéry fait grise mine – il est si raide, si peu enfantin - aux côtés d’un <em>Peter Pan</em> folâtre (James Barrie) ou d’un <em>Oncle perdu</em> (Mervyn Peake) dont les lettres tiennent du coup de génie. Il faut fouiner du côté de <em>Patachou petit garçon</em> de Tristan Derême (Emile-Paul frères, 1929) — le modèle que s’est choisi Saint-Ex, comme l’a démontré Denis Boissier naguère —, du côté de <em>Poil de Carotte</em> de l’acide Jules Renard (Flammarion, 1894), ou de <em>La Guerre des boutons</em> de Louis Pergaud (Mercure de France, 1912) pour retrouver les humeurs vraies de l’enfance. Ils sont rares ceux qui savent faire résonner ce timbre délicat chez le lecteur adulte, et Kenneth Grahame, qui se plaça naturellement contre les « Olympiens », ces adultes tellement infatués, méprisants, incompréhensibles, incohérents et menteurs, fit un miracle. Comme, un peu plus tard, James Barrie avec Peter Pan.<br />
C’est en 1929 qu’A. A. Milne, le créateur de <em>Winnie l’ourson</em> assura d’une adaptation théâtrale aux personnages du <em>Vent dans les saules</em> une célébrité universelle. Kenneth Grahame pouvait être rassuré sur le sort réservé à ses créatures. Héritier du roman pastoral anglais, digne descendant des Romantiques anglais - qui, depuis Blake, ne considéraient plus les enfants comme de petits animaux -, pouvait rejoindre les harmonieuses prairies de Pan et poursuivre ses belles rêveries bachelardiennes, nostalgiques et douces qui nous font, aujourd’hui comme toujours, tant de bien.<br />
<strong>Michel Plessix</strong>, <em>Le Vent dans les saules</em>. — Delcourt, 1996-, 4 vol. <img src="http://www.alamblog.com/images/product-605352.jpg" alt="" /><br />
<strong>Kenneth Grahame</strong> <em>Jours de rêve, précédé de L’Âge d’or (Au royaume des enfants)</em>. Traduction de Léo Lack. — Paris, Phébus, 2005. <img src="http://www.alamblog.com/images/Jours de rêve.jpg" alt="" /></p>http://www.alamblog.com/index.php?post/2006/10/30/176-grahame-le-grand#comment-formhttp://www.alamblog.com/index.php?feed/atom/comments/368