Le facteur court toujours !

Par ces chaleurs, vous conviendrez que ça n'est pas raisonnable. Et pourtant il court. Ou elle court, puisque le sexe des préposés change chaque jour, sans qu'on puisse y trouver un rapport avec l'escargot. D'ailleurs, ce dernier ne court pas, même chez La Fontaine. Parfois, ce sont même des stagiaires (nous sommes en été, souvenez-vous, cette saison ousque rien ne fonctionne comme d'habitude ; oh, pas plus mal que d'habitude, non, différemment), lesquels stagiaires, qui nous font l'honneur de traîner leurs cabats jusqu'à nos humbles demeures, peinent à trouver les boîtes aux lettres. Mais si. Un petit manque de formation sans doute. Il est vrai qu'elles sont nombreuses (au moins douze) et pas postalement normées (celle de l'Alamblog est la plus grosse, vous pensez, et d'un marron luisant qui ferait rougir de honte la plus luxueuse des carrosseries). On se retrouve donc plus souvent qu'à notre tour avec des bulletins de passage convoquant le citoyen dans les locaux non climatisées de la Pétété du carrefour, où l'on fait des patiences, debout, dans sa tête, pour s'occuper un peu pendant la cuisson.
Bref, le représentant officiel de la maison Pétété, laquelle, entre parenthèses, sous-traite désormais discrètement à peu près tout le traffic du courrier de plus de 250 g, à l'exception de ses sympathiques tournées de chariots jaunes et bleus — son image de marque en somme —, depuis qu'elle fait sa Banque Postale, qui la fait ressembler à une banque comme moi à un garagiste spécialisé dans les 6-cylindres en ligne, bref disais-je, il est passé, les bras chargés, on l'adore.
Parce qu'il arrive qu'il nous oublie. Là, il est passé, et c'est pour ça qu'on l'adore.
Et qu'est-ce qu'il avait pour nous le représentant de la maison Pétété ? Hum ? Du courrier !
C'est imparable.
Pour écourter un billet qui aurait tendance à couler comme un sorbet sous les dardants rayons de l'astre flamboyant, je ferai l'impasse sur les diverses factures et facturettes du moment, simples éclats effilés d'une réalité emmouscaillante destinés à rabattre notre immarcescible joie (Raté ! c'est raté !), coupants qu'ils sont, pour m'attarder sur d'honnêtes enveloppes un peu bedonnantes ou bien encore joliment affranchies.
Sitôt les bulleux emballages passés par-dessus bord, nous eûmes le plaisir de découvrir deux opus de la firme Laure Limongi, un courrier de l'artiste Ginette Litt, veuve du bibliopole Gustave-Arthur Dassonville, feu le fomenteur du Brûlot, ainsi qu'un trio de vieilleries que nous n'attendions plus, une revue délectable, un recueil inattendu et puis une information des éditions de La Goulotte.

En substance,
Ginette Litt nous informe qu'elle vient de publier un hommage à Michaux intitulé Voyage en grande escargolie, sans donner plus de précision ;

La Goulotte signalel'exposition Lino-Livre/ Les Editions de la Goulotte/ Une Manière de voir dont on pourra se délecter en se transportant entre le 2 août au 17 septembre en la demeure de Jules Roy, à Vézelay. Et, en attendant, on renifle l'affichette sur papier pelure qui sent diablement bon l'encre (bleue) fraîche ;

les éditions Laure Limongi nous font parvenir deux romans destinés à paraître en septembre :

  • un inédit de l'oubliée (mais pas tant que ça) Hélène Bessette (LN B7 pour les intimes) dont Alfred Eibel et Julien Doussinault redorent la postérité depuis longtemps déjà. Il s'agit de Le Bonheur de la nuit, assorti d'une préface de Bernard Noël et d'un bandeau signé Duras : Lisez Hélène Bessette. Ce qu'en d'autres mots Queneau disait aussi, pour d'autres raisons. Mais Queneau n'a pas calqué sa prosodie sur celle de la phénoménale jeune femme, lui. Brèfle ;
  • un roman de Daniel Foucard qui a immédiatement retenu notre attention, et pour cause : il s'intitule Cold... C'est le livre de l'été ! Il narre les aventures d'un jeune homme, Lain, chargé de tester une substance désinhibante, l'olufsen, et où ça ? Sur la banquise antarctique ! Voilà ce dont nous n'osions rêver : des bancs de glace, des pingouins, du froid... Mais par une ironie du destin, il ne paraîtra que le 1er septembre, à l'heure où les sauts d'eau des Très-Hauts auront entamé leur grande lessive. Probablement. On n'espèrera alors plus que Hot. Ou Warm tout au moins.

Pour clore ce panoramique tour de boîte, il me faut souligner le plaisir que me cause l'irruption du nouveau recueil de notes et réflexions musicolittérotiques de l'amical Lambert Schlechter, Le Murmure du monde (Castor astral) et la nouvelle livraison de la Revue des revues qui va nous en apprendre cette fois sur l'histoire de La Revue des voyages, Idées, Art d'aujourd'hui, Travail théâtral et The Mask, le laboratoire d'Edward Gordon Craig. Sans rire, ça m'épate.

Restent encore les vieilleries : La Guerre du lierre de David H. Keller, rareté traduite par Régis Messac (Issy-les-Moulineaux, La Fenêtre ouverte, 1936, coll. "Les Hypermondes"), un numéro dépareillé et passablement roussi de la revue Lettres (n° 2, 1945), où figurent un beau texte de Jean Paulhan, "Les Morts", l'annonce de la mort de Jacques Guenne, le cofondateur des Nouvelles littéraires et... décidément... "Boire", un poème de Gabriela Mistral, traduit par Roger Caillois..., et pour finir, une édition ad usum bambini de contes de Rudyard Kipling dans la version de Théo Varlet, Bê, Bê, mouton noir (Paris, Nelson, 1937, coll. "Le Coin des enfants").

Autant vous le dire tout de suite, je vas me faire péter les rétines.

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