François Augérias et la Nouvelle-Zélande en Europe


Il a paru.
Le Préfet maritime, qui a pu se le procurer avant les autres — bénéficiant en l'occurence de la proximité géographique de ses îles, rarement aussi favorable — en a goûté la substance et peut, en connaissance de cause, féliciter l'éditeur, Jean-Baptiste Para, qui oeuvre depuis longtemps à la tête d'Europe et mérite les plus vifs éloges pour son travail d'homme de savoir et de sensibilité.

Au sommaire, un dossier François Augiéras, pour commencer, avec, surtout, des lettres inédites à Yves Bonnefoy, Joël Picton, Jean Boyé, Ilo de Franceshi très intéressantes. Ajoutons-y la lettre incluse dans l'article de Claude Pillet où Augérias écrit, le 16 décembre 1955 à André Malraux. Elle mérite d'être cité pour sa franche expression :

Monsieur, Je crois que mon éditeur vous a fait parvenir l'ouvrage intitulé Le Vieillard et l'Enfant.
Dans quelques jours je passe en correctionnelle. Avant d'aller en prison vous êtes un homme avec lequel je souhaite parler.
Je voudrais parler une heure ou deux avec vous. Si vous désirez me voir, envoyez un mot chez : Gaston Georges — 13 rue Etienne Marcel, Paris 1er. Je serai à Paris de lundi à jeudi soir. Je connais bien Les Voix du silence, que j'ai lues au Soudan (i. e. Mali), j'ai peut-être beaucoup à vous apprendre sur ce livre ; n'êtes-vous pas las de n'atteindre que des auditoires "d'élites", que les lecteurs de la Nouvelle N.R.F. Depuis dix ans vous chantez au clair de lune ; n'avez-vous jamais souhaité une réponse de la nuit...
Vous avez commencé par vivre les armes à la main, puis abandonné la fraternité révolutionnaire... disons au profit de la création artistique... N'avez-vous pas le regret de n'être plus qu'au service de l'Europe, de Paris fatigué et usé ?

J'ai souvent soupçonné Les Voix du silence d'être faites pour êtres lues au clair de lune : en Afrique, ou sur l'Océan.
Je ne peux croire que vous appartenez à la nullité de Paris. Enfin j'aimerais vous voir.

F. Augiéras

Il n'obtint pas d'audience, évidemment, mais, le 31 mars 1956, ce billet, qu'il cite dans La Trajectoire, une adolescence au temps du maréchal (Bourgois, 1968) :

"Monsieur, j'appartiens si peu à la Civilisation de Paris, que je n'y suis jamais."

Signé de Malraux.

La lettre d'Augiéras à Joël Picton est, par ailleurs, un document rare. Il s'y développe un genre extrêmement virile d'amitié bretteuse qui vaut le détour. Un bon sujet pour le prochain colloque des Invalides (Querelles et invectives).
Cette facette de la personnalité d'Augiéras nous avait jusque-là tout à fait échappé. Nous n'y avions pas beaucoup regardé non plus. L'ensemble des interventions réunies dans ce numéro d'Europe sont de nature à nous remettre les idées en place, c'est parfait. Soulignons encore l'article de Pascal Sigoda, très informé, comme d'habitude, de Francesca Y. Caroutch, de Claude Piller, etc.

Vient ensuite le dossier Lettres de Nouvelle-Zélande truffés d'excellents textes (proses et poèmes) où nous avons lu les délectables nouvelles de Tracey Slaughter ("Blé") et Patricia Grace ("Entre ciel et terre"), parmi d'autres très belles pages.

Et aussi, à propos de la littérature néo-zélandaise, au pinacle en ce mois de novembre :
Brèves (n° 79) accessible sur Lekti.com

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