Arcisse de Caumont et les casquettes (ex dono d'Olivier Bogros)



Nos remerciements à Olivier Bogros qui nous transmet généreusement ce billet rédigé autrefois par Arcisse de Caumont tout à fait salutaire en cette période électorale et de confusion politique...

Petite précision historique : Arcisse de Caumont (1802-1873), bien connu du côté des équipes de Gallica (clin d'oeil à Arnaud Dhermy himself), fut l'un des plus barbelés fers de lance de l'érudition et de l'histoire locale au XIXe siècle : fondateur de la Société linéenne de Normandie, du Congrès scientifique dont il fut le président général, de la Société pour la Conservation des monuments (qui deviendra la Société française d'Archéologie), des Antiquaires de Normandie et de l'Association normande en 1831 qui sera — évidemment ! — le modèle de l'Association bretonne.
Et parce qu'il restait du loisir à ce vaillant chevalier du savoir, il fut aussi directeur général de l'Institut des provinces.
Voilà, vous savez tout.
Nous ignorions, pour notre part, que l'homme s'intéressait d'aussi près à la vie politique...



La hiérarchie des casquettes
ou de la Nécessité de publier une monographie des casquettes administratives

Jusqu'aux dernières années des temps actuels, la casquette était portée par les gens à gages, et les laquais de grande maison se distinguaient des autres par la largeur du galon argenté ou doré qui ornait leur casquette. Aujourd'hui, tous les fonctionnaires de l'État, qui sont les gens à gages du Gouvernement, portent la casquette en petit uniforme. Est-ce un symbole de la soumission toute passive exigée du fonctionnaire par le Pouvoir qui le paie ? Je n'en sais rien ; toujours est-il que les casquettes sont portées avec orgueil par tous les fonctionnaires, depuis les plus élevés jusqu'aux plus humbles, et qu'il devient difficile pour un simple contribuable qui n'en a pas fait l'étude de se reconnaître dans ce dédale de casquettes plus ou moins galonnées.
Je crois donc qu'il est utile, pour l'histoire de l'art dans les temps futurs, de publier une monographie de la casquette administrative, accompagnée de figures qui fixent irrévocablement les règles de ce blason du XIXe siècle. Le travail ne sera pas si facile qu'on pourrait l'espérer au premier abord ; car on fait abus de tout à l'époque actuelle.
Ainsi, les fonctionnaires (si ce titre peut leur être donné) chargés de surveiller les balayeuses et la tenue du ruisseau ont une casquette. Pas de coucou correspondant avec le chemin de fer, dont le conducteur ne porte pas une casquette analogue à celle des hommes de la Compagnie avec laquelle il correspond.
Puis, le nombre de galons indiquant le rang des fonctionnaires est très-arbitraire. Tout chef de corps, quel que petit chef qu'il soit, porte les galons de colonel sur sa casquette. Je suis souvent embarrassé de savoir si la casquette que je vois indique un chef militaire ou civil.
Il est urgent de donner des notions claires et certaines sur la hiérarchie de la casquette administrative, soit dans les collèges, soit dans les écoles primaires, soit au moyen d'instructions officielles.

D(E) C(AUMONT)




Source: Almanach de l'Archéologue français par les membres de la Société française d'Archéologie. — Caen, chez Le Blanc-Hardel, 1866, 108 p.

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