En flânant sur le boulevard Voltaire (Paris XIe) — mais flâne-t-on sur le boulevard Voltaire ? —, je reprends : En passant sur le boulevard, la position d’un homme en faction le nez contre un mur attira notre attention d’islien en vacances. L’homme, tout de bleu vêtu et coiffé d’une charmante casquette Lustucru — un modèle qui n’apparaît pas dans la tentative taxinomique d’Arcisse de Caumont —, avait le regard fixé sur une affiche blanche.
La chose nous parut bien étrange, au point qu’ayant fait les cent pas dans les alentours, nous copiâmes son point fixe afin de découvrir ce qui était à ce point intéressant pour qu’un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions s’exerce à la lecture.
Nous ne fûmes pas point surpris : l’affiche en question était un dazibao du sieur Nabe (Marc-Edouard) que sa verve fielleuse a trouvé le moyen de couvrir. Il a la plume profuse, c’est connu.
Marc-Edouard Nabe dazibaote donc dur du côté du boulevard Voltaire, et sans doute ailleurs, en faveur de l’entropie générale et sur des sujets aussi incrongus que la re-candidature poilante autant que soudaine de Jacques Chirac, ou que la bataille mercatique d’un poussah Littell contre un bibelot Angot.
Nos murs parlent, cette fois c’est sûr.
On trouve bien d’autres choses, plus ou moins drôles, plus ou moins malignes sur le site du dit dazibaoteur : http://marc.edouard.nabe.free.fr/
1 De Bogros -
Votre introduction m'a fait repenser à ce joli petit texte de J. Petit-Senn (1792-1870) : "Le liseur d'affiches, croquis genevois" (1868) : "Pour lire un journal, il faut le tenir à la main, en tourner les pages, c'est incommode : pour l'avoir à soi, il faut payer un abonnement, être d'un cercle ou entrer dans un café, c'est coûteux : les caractères d'impression en sont parfois imperceptibles pour les myopes, c'est désagréable : les maximes en déplaisent souvent c'est irritant : il n'en est pas de même des affiches, genre de publicité inoffensif, économique, accessible aux plus mauvaises vues ; on les lit dans une pleine et entière liberté de ses membres, le nez dans son manteau ; on n'a point à attendre son tour. pour en prendre connaissance ; elles sont en regard de la voie publique, elles satisfont l'impatience d'une foule de curieux à la fois ; aussi ce genre de lecture à la portée de tous est-il goûté par bon nombre de personnes qui peuvent s'y livrer en plein vent, exposées à un air pur, placées contre un mur de rue, comme des pêchers en espalier, le dos sous l'influence d'un soleil bienfaisant ; de là vient sans doute qu'elles prennent racine devant nos lois et nos arrêtés placardés..."
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