Le fantôme de Loys Masson


Comme Léon-Paul Fargue, on a tous, un jour ou l’autre, croisé un fantôme. Le mien se nommait Loys Masson et il était installé en tapinois sous un amas de chaises mal remisées, dans une petite boutique située sur un boulevard périphérique de la Capitale. Tout près de la Porte Dorée, à l’endroit où la voie plus que spacieuse laisse frauduleusement imaginer qu’on touche au grand large.
Le brocanteur prétendait avoir acquis le lot de livres — non pas le fantôme de Loys Masson, qu’il n’avait pas deviné — sous le lit de son fils, lequel venait de disparaître. Guidé par la curiosité, je découvrais une partie de la bibliothèque personnelle de l’auteur, des piles de ses propres ouvrages tirés sur grands papiers, aussi neufs que possible mais tristement désaffectés dans l’attente du coupe-papier. J’en remplis le cabas dont je m’étais embarrassé, puisque j’étais mû d’abord par la nécessité de faire mon marché, et m’en retournai chez moi, suivi d’une ombre qui faisait se retourner mon fils inquiet. Il me fallut expliquer au petit qui était Loys Masson, et lui garantir qu’en sa qualité de poète, et de poète chrétien, ce dernier ne tenterait rien de désagréable. Nous n’avions rien à craindre…

Loys MASSON Saint Alias, préface et bibliographie par votre serviteur. — Bordeaux, L’Arbre vengeur, 2007, 135 p., 11 €

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