Sagesse de Raymond Cousse


Samedi 1er décembre.

Jean-Pierre évoque l’éventualité de son retour en France. Je le lui déconseille, d’autant qu’il est ici débordé de contrats. Le théâtre français, s’il a jamais été autre chose, n’est plus qu’une compétition féroce pour obtenir des rentes de situation. Le talent est contre-indiqué car il distrait de la quête du pouvoir. Manifester le moindre scrupule, c’est l’assurance de se voir doublé par cent rivaux autrement motivés. Le théâtre officiel français est tenu par les maffieux post-brechtiens, les nullités consacrées type Vitez ou Vincent, les semi-gâteux manière Brook, ou les faiseurs façon Chéreau, pour ne rien dire de la jeune génération aux dents encore plus acérées. Le Français ne révère que le pouvoir et la mode. Paris se prend pour le nombril de la France qui se considère comme le nombril du monde. Aujourd’hui plus que jamais, les signes distinctifs de la culture française sont le vide et l’arrogance.

Raymond Cousse




Raymond COUSSE L’Envers vaut l’endroit. — Paris, Le Dilettante, 1986, p. 32.

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