L’enquête littéraire est un genre en soi qu’il serait bien dommage de laisser roupiller.
C’est — faudra-t-il encore le prouver en sortant des bibliographies ? Hum ? — une riche matière que les revues du début du XXe ont usé jusqu’à la trame, sur les sujets les plus divers.
Pour l’heure, et afin de réjouir nos contemporains, puisque, paraît-il, le Français pète des flammes de bonne humeur, nous avons par la présente l’intention de lancer cette enquête-ci :
Quels sont, selon vous, les critiques littéraires les plus tartes de notre époque ?
Vous pourrez ajouter, si vous vous en sentez la force, la réponse à cette subsidiaire : Pourquoi ?
Nous publierons ici même, vous pensez, les réponses les plus fameuses et les moins anonymes (nous laisserons les autres en commentaire pour que nul ne s’en trouve frustré).
Réjouissons-nous, mes soeurs, mes frères, car il reste de beaux sujets !
Autant vous dire que nous avons, pour notre part, une paire de réponses odorantes comme tout.
A vous lire.
Le Préfet maritime.
1 De fornax -
Euh... sur un tel sujet, personne n'ose se mouiller. Apparemment. Il faut dire il est vrai, que la France compte, outre ses sujets de mécontentement, plus de 60 millions d'écrivains. Dès lors comment désigner comme tarte (voire pis) celui ou celle qui sera susceptible (et Dieu - s'il existe - sait s'ils sont susceptibles, les critiques) de parler en bien (ou en mal ce qui est tout un, le principal est qu'on parle) de ses productions cérébrales ?
Vous n'êtes pas raisonnable M. Dussert de proposer un tel exercice. Y répondre, c'est s'emparer de la marotte et du bonnet à grelot, c'est se coiffer de l'entonnoir fatidique, c'est avouer à la fa(r)ce du monde qu'on est fou...
2 De caboteur -
Cher Préfet Maritime
Mon préféré reste de très loin le dénommé Arnaud Viviant qui est sans doute à la fois le plus verbeux et le plus ignare d'une corporation qui ne compte certes pas que des phénix. C'est à lui qu'on doit la phrase célèbre : "avant , il y avait Stendhal, aujourd'hui, il y a Beigbeder." Un numéro spécial de l'alamblog ne suffirait pas à faire le tour de son intarissable génie.
Bien sûr, il profite de la mise au placard de Mme Savignaud qu'on aime bien aussi. On attend avec impatience le résultat de votre enquête.
3 De Gilles Babin -
L'ensemble des médiatiques télévisuels pourrait être désigné comme le pire critique littéraire. Mais au pinacle, celui qu'il convient d'exhausser est incontestablement Frédéric Beigbeder. Sa capacité à commenter des ouvrages qu'il n'a pas lu est athlétique.
4 De Dombrowski -
Les critiques tartes sont hélas nombreux, et les plumes sûres ne courent plus les rues. Ne voulant pas jouer les laudatores temporis acti, je ne vais pas répandre les noms de ceux qui, des revues décadentes à celles d'il y a cinquante ans, ont fait de la critique un genre à part entière. De plus, il serait trop facile de citer les cabotins médiatiques omniprésents et donc très facilement repérables. Non, il faut fouiller. Je propose un nom, celui d'un salonnard (attention au trop évident lapsus) hors pair: Pierre Le Pillouër, le Marcel Bucard de la poésie. Inscrit malgré lui dans une certaine tradition, il me fait songer - qu'on me pardonne le changement de camp - à Jean Kanapa ou au premier Garaudy, bien connu pour leur tolérance et le bien fondé de leurs goûts...