Un sonnet Arvers, par Pittié

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ARVERS

Sonnet

Tu peux dormir content, mystérieux Arvers,
Dans ta tombe discrète où, fiers de ton génie,
Ceux qui portent au coeur ta souffrance bénie
Viennent changer, le soir, tes lauriers toujours verts.

Tu ne périras pas dans la nuit infinie,
Car tu nous as laissé, Maître, en quatorze vers,
Un exemple hautain qui survit, à travers
Les mensonges du monde en proie à l'agonie

Tu n'as chanté qu'un jour, mais ce fut à jamais,
Pareil à cet oiseau qui, sur les grands sommets,
Voulant que sa chanson soit plus pure et demeure,

Jusqu'au fond de son coeur la couve très longtemps,
Afin qu'en la jetant sous les cieux palpitants,
Elle vole si haut et si loin, qu'il en meure !


Victor Pittié



La Jeune France, tome V, 6e année, n° 60, 1er avril 1883, p. 762.

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