Ne travaillez donc plus

sc00021c79.jpg



Confortablement installé à la terrasse d'un café de mon île, histoire de récolter le peu de calories solaires en circulation, il me fut donné d'assister, citoyen encore un peu abruti, à deux spectacles bien typique de notre humanité. D'abord la colère avec une algarade entre mâles — à distance, je n'ai pas compris l'objet de leurs débordements gesticulatoires et inutiles (pas un seul beau coup porté, c'est assez décevant : le prolétaire ne saurait-il plus se servir de ses poings ?). Ensuite la faim et le sentiment d'injustice lors du passage rituel du cortège noir des anarchistes de toutes tendances (CNT, FA et alii).
Promettant la révolte — on l'attend, on l'attend. Et on affûte en attendant, on affûte — l'anarchie se déroula sous mes yeux aux sons de slogans divers mais généreux et d'un rock'n'roll râpeux plutôt angle que saxon, tandis que le soleil passait, lui aussi, derrière un lourd nuage promettant la pluie. Baste.
On me distribua même — preuve que nous avions l'air un peu éveillé tout de même — une plaquette noire nous enjoignant de ne plus travailler. 14 pages sur le masochisme du travailleur dont l'entame est composée d'un apologue à vocation zazenifiante. Original. De tout ceci nous retiendrions celà : pour vivre heureux, sachons cultiver notre jardin à la campagne et à la ville, à condition de poser cette dernière à la campagne, ou au bord de l'eau et sous le soleil, précisément. — Deux ou trois autres, parmi lesquels Alphonse Allais et Voltaire, l'ont dit beaucoup mieux que cela.
Mais le nuage menaçant passa à l'action, lui, et déchargea abondamment, comme aurait dit le Marquis. Je repliai mes os en pédalant des cannes jusqu'à mon home où m'attendaient pour sécher mon âme les guillerets concerti con multi strumenti de ce cher Vivaldi.
Ça, c'est du reportage.
Joli muguet à tous.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Haut de page