Mais quel acacadémicien se cache sous ce masque du carnaval de Limoux ?
Non, cette couverture ne présente pas une photographie de Roger Rudigoz, c'est le portrait d'un acacadémicien à roulettes. Lequel ? Daniel Delort n'a pas voulu cracher le morceau ; l'enclume serait toujours vivante.
Ce qui saute aux yeux, en revanche, c'est que Roger Rudigoz trône sur la couverture de ce vieux vieux vieux numéro de Brèves aux côtés de Jack Thieuloy.
On a peine à y croire. Mais si. Reste que si les éditeurs voulaient s'en donner la peine, on aurait à la lecture des sommaires complets de cette revue dont les numéros d'autrefois semblent propices à bien des surprises. Quoique bien mal traitée par la zélite des gens de presse et de confusion, qui la tiennent sans doute pour une publication sans granzoteurs — qu'ils se gourent ! la preuve ! —, Brèves nous offre une nouvelle occasion de rester assis sur nos joufflus respectifs. Vous sur les vôtres, moi sur le mien : plaf, Roger Rudigoz.
C'est épatant.
Une nouvelle inédite, "L'homme qui mangeait des yeux", et un dossier monté par François Brégis. Chapeau.
Les plus curieux d'entre vous seront sans doute appâtés si l'on ajoute que Roger Rudigoz fut qualifié d'auteur "agressivement réaliste" et qu'on le compara à Marcel Aymé et à Jules Vallès.
Originaire de Pérouges, près de Lyon, fils d'un anar inventeur de la pelle de boulanger, Roger Rudigoz fut découvert par Françoise d'Eaubonne et fit l'essentiel de sa carrière chez Julliard (René), un peu chez Jean Vodaine, et laissa deux volumes de Journal, apparemment (nous ne les avons malheureusement pas lu) sans concession : Saute-le-temps (1960-1961) et A tout prix (1961-1962).
Les plus anars d'entre nous connaissent déjà la série de ses Solassier.
Rudigoz ? Imparable.
Brèves (n° 9, printemps 1983)
1 De gécé31 -
Merci, cher Préfet, de réactiver nos mémoires défaillantes en rappelant qui était Rudigoz. Ce numéro de Brèves était plein comme un oeuf avec aussi d'excellentes nouvelles, en particulier, celle du généreux et regretté Pierre Gabriel qu'il faudrait songer à republier.
En attendant, retrouvons Rudigoz pour échapper à la télévision "qui est la dernière métamorphose satanique de l'écriture" (in Le Fauteuil vert) et retourner sur notre île car "l'île est une île, mais il faut marcher d'un bord à l'autre, toujours marcher, toujours vouloir, toujours être et toujours paraître" (in Les Infirmières d'Orange).
Bon vent et voeux permanents.
2 De Anouk -
Que voilà un bel hommage et combien inattendu en 2008... Non il n'était pas vraiment originaire de Pérouges (mais ses ancêtres, eux, l'étaient) mais né à Romans la bien nommée.
Je voudrais juste ajouter à votre petit article qu'il y a eu une autre personne très importante dans la vie littéraire de Roger Rudigoz, c'est Guy Ponsard, le formidable éditeur du "Tout sur le tout" qui lui a donné une "seconde vie" littéraire et qui, si ma mémoire est bonne, était prêt à le publier encore si Rudigoz lui-même avait accepté. Cela ne s'est pas fait et c'est dommage car qui sait où dorment ses derniers manuscrits aujourd'hui ? Je préfère ne pas y penser :(
On ne remerciera jamais assez les petits éditeurs de la trempe de Guy Ponsard qui, souvent sur leurs deniers personnels, publient ou rééditent des auteurs formidables qui sans eux tomberaient dans l'oubli.
3 De citruspremier -
Mai 68 lecture de “la mort d’un autre” à l’institut d’art et d’archéologie, juillet 68 investissement de la maison sise à Mars par les routards et autres anars. Le drapeau noir est hissé,la gendarmerie sur le pied de guerre… Grands moments passés avec le conteur qu’était Roger…Les infirmières, le fauteuil vert, dernières lectures et puis s’en va… Je fus l’un des amoureux de Peynet de “saute le temps”.
4 De Bernadette -
Merci a L'Alamblog Pour Roger Rudigoz
Comme Anouk , je remercie Monsieur Ponsard qui sans lui Le fauteuil vert et les infirmières d'Orange n'auraient pas vus le jour.
Bien connu la maison de Mars pour y avoir vecu quelques années ,et partager les 25 dernières années avec Roger Rudigoz .
Comme a dit notre fille ce n'est pas fini , nous osons le croire
Merci encore
5 De deunis -
"Roger Rudigoz (..) laissa deux volumes de Journal, apparemment (nous ne les avons malheureusement pas lu) sans concession : Saute-le-temps (1960-1961) et A tout prix (1961-1962)."
J'ai l'un, A tout prix, et je désespère de lire l'autre : Saute-le-temps.
Quel lecteur pourrait procéder à un échange, le temps de la lecture... ?! Citruspremier ?
6 De marie -
Un petit passage ici pour annoncer que Rudigoz n'est pas encore oublié puisqu'il va être réédité (la première partie de son journal) d'ici l'automne par les éditions finitude.... Je parle en connaissance de cause puisque je suis sa fille et "fière de l'être" c'était un papa extraordinaire....
A bientot
7 De Hervé -
Bonjour, A tout hasard, je tente de retrouver Bernard et Gilles Rudigoz, mes copains d'enfance, avec qui j'ai vécu à Caluire-et-Cuire au tout début des années 60. Peut-être étaient-ils les fils de Roger Rudigoz car sur la porte de l'appartement familial, voisin du nôtre, une plaque annonçait "Rudigoz, peintre en lettres"... Ils avaient aussi une soeur prénommée Jacotte je crois. Merci.