Baal Babylone (Fernando Arrabal), par Sylvaine Viel-Notte

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Dessin de Topor sur couverture 10/18


Ce n’est pas une découverte, encore moins une nouveauté… Il n’empêche, Arrabal me plaît.
En escale sur l’île du généreux préfet maritime, je me risque, mains en porte-voix, à hurler mon plaisir :
BAAL BABYLONE !!!
C’est fait.
BAAL BABYLONE, je ne veux plus le ranger.
J’aurai mieux fait de le sortir plus tôt, car il est des retards de lectures impardonnables. Celui-ci en est un. Aussi, je fais pénitence sur cette île luxuriante et m’en viens, dans un râle informe — n’ayant ni vocation, ni capacité à émettre de la critique professionnelle — ne rien vous en dire car mes mots seraient impuissants à traduire l’atmosphère fascinante de ce livre.
Et s’il n’en reste qu’un qui n’ait pas eu ce Baal Babylone entre les mains qu’il court dans la première librairie du coin ou qu’il soit châtié de se refuser un tel plaisir.
À défaut qu’il se le fasse prêter.
Pas par moi, vous l’aurez compris.


P. S. S’il faut ajouter quelque chose au sujet du livre, j'ai entendu dire que c’est un peu une autobiographie de l’enfance d’Arrabal à l’époque franquiste et que les différents personnages sont comme des forces opposées (droite catholique contre anarchiste/féminité contre masculinité). Mais c’est bien plus que ça : c’est la chaleur moite qui nous pénètre, c’est une litanie de mots alors même que tout est silence et absence. C’est un monde d'adultes incompréhensibles interrogé sans cesse par un enfant, c’est le poids des convenances lorsqu’on est un enfant, c’est l’absence de repère masculin alors même que la virilité perce à chaque page, c’est le rire qui éclate lorsque le grand père pète en mourant sur cet univers matriarcal. Ce n’est pas un livre, c’est tout l’homme en quelques pages, l’homme social et l’individu profond. Quelle prouesse !

Sylvaine Viel-Notte



ARRABAL Baal Babylone. — Paris, Christian Bourgois, nlle édition avril 1995.

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