Histoire de l'oeil

Spitz.jpg




Il n'y a pas que les visages de cadavres, les vêtements tournant à la guenille, les feuilles mortes en plein été, c'est toute la pellicule brillante des choses, cela qui les rend agréables et flatte le regard, qui a disparu pour moi. Pas une carrosserie vernie, pas une devanture étincelante, pas un nickel qui brille, pas une rampe d'escalier astiquée, tout ce qui devrait renvoyer la lumière est déjà, pour mes yeux, mordu par la rouille. Il me semble que les pierres même se dégradent. En un mot : je ne vois plus le neuf. Je ne peux plus le voir puisqu'au moment même où il apparaît comme tel, je le vois tel qu'il sera je ne sais combien de mois ou d'années plus tard.


Une fable empreinte de sagesses du moderne Jacques Spitz (1896-1963), le grand auteur du Vent du monde, de La Guerre des mouches, de L'Oeil du purgatoire.

A ne pas garder dans sa poche. (Les dieux nous en gardent !)
Les amateurs de squelettes apprécieront.



Jacques SPITZ L'Oeil du purgatoire. Préface de Bernard Eschasseriaux. (Superbes) Illustrations d'Olivier Bramanti. — Talence, L'Arbre vengeur, 2008, 199 p. 13 euros

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Haut de page