Souvenirs des temps troublés

caradec.jpg


François Caradec, qui vient de nous quitter, avait écrit avant de disparaître un rompol, comme s’en souviennent les nautes qui ont passé par ici récemment. Ce roman très canin est le lieu où François Caradec a choisi de verser discrètement une part jusqu’ici tue de son histoire, sur ces temps où l’on prenait des bombes sur la poire à peu près partout entre le Finistère et Berlin.
En voici un court fragment où l’écho de Pierre Mac Orlan se laisse entendre

A ce propos, je fais une parenthèse. Notre génération n’a pas eu le temps de courir l’aventure. On nous l’a imposée. Imaginer une aventure suppose une grande liberté, de l’initiative et l’entière responsabilité de ses actes. Avec lea discipline nécessaire au bon fonctionnement d’une collectivité armée, l’imagination ne peut guère concevoir une histoire complète avec son commencement, son milieu et son dénouement. Chacun exécute sa petite part dans l’histoire, sans en voir véritablement le sens. C’est une peu le cas de l’ouvrier trop spécialisé, par exemple dans le polissage des têtes de vis, qui ne peut guère concevoir la forme et l’intérêt véritable du croiseur cuirassé à l’édification duquel il contribue par son travail.
Le parfait aventurier reste assis.



François CARADEC Le doigt coupé de la rue du Bison. — Paris, Fayard, 234 pages, 16 euros.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Haut de page