Nostromo, de Joseph Conrad (par Stéphan Huynh Tan)

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On pourrait se contenter d’écrire Nostromo, de Joseph Conrad. Et le lecteur de l’Alamblog, qui est au parfum, saurait déjà tout.

Ajoutons pourtant quelques précisions. Nostromo veut dire Nuostromo (la faute d’orthographe est volontaire) et Nuostromo en italien veut dire bosco qui veut dire maître d’équipage. Je n’ai pas grand mérite à le savoir : j’ai découvert le livre sur un bateau dont les marins venaient de La Spezia. La lecture devient une opération aisée quand on a les interprètes pour collègues.

Le bosco est l’homme le plus important du navire. Plus important que le capitaine ? Eh oui : il sert de contremaître. Il fait l’intermédiaire entre l’équipage et les officiers. Ce bosco-là s’appelle Gianbattista et il est né à Gênes. Il appartient à la famille des grands taciturnes conradiens, comme Axel Heyst (Victoire) ou Tom Lingard (La Rescousse). Comment il a échoué en Amérique du Sud, au lecteur de le découvrir : décortiquer l’intrigue est encore le moyen le plus efficace que certains ont trouvé pour nous dégoûter de lire.

Il est question d’Amérique latine, de révolution et de solitude. Conrad voyage bien : les anciennes colonies espagnoles lui seyent autant que la Malaisie. Il est question aussi du problème qui tracassait déjà le vieux Sophocle : de quoi est capable l’homme ? En bien comme en mal, de beaucoup de choses. Il est salutaire de se l’entendre rappeler dans ce monde moderne qui fait de nous tous des petits porteurs.

Stéphan Huynh Tan

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