Février 1911
12. — (…) Les Loups ont donné, en même temps que mon portrait, un article long et insensé de Marc Stéphane qui prétend m’admirer.
13. — A Belval-Delahaye, directeur des Loups :
Je reçois la collection des Loups, votre volume de vers et je me hâte de vous remercier. Je devrais aussi remercier, semble-t-il, Marc Stéphane. Mais mon embarras est extrême. Je suis un pauvre bonhomme d’écrivain public, n’ayant à ma disposition qu’un tout petit dictionnaire de cantonnier, et j’avoue n’avoir pas compris. Ce bon monsieur dit-il du bien de moi ou du mal ? Je n’en sais rien. Une gracieuse lettre dont il m’honora, il y a bientôt deux ans, lettre trop bienveillante sans doute, m’informait, de la façon la plus précise, que j’étais un “individu répugnant” ; quatre jours après, une autre lettre proclamant que j’étais le plus bravo garçon de la terre. Alors je ne sais plus. C’est peut-être une simple nuance que mon intelligence fruste est incapable de discerner.
Quoi qu’il en soit, je remercie. Cela fait du bien d’entendre parler de soi de temps en temps, cela donne l’illusion d’être vivant.
Décembre 1911
6. — Petite lettre de Marc Stéphane m’offrant ses excuses pour m’avoir autrefois « engueulé » à propos de Curie dont la veuve le dégoûte depuis qu’elle fait la noce.
Léon Bloy Le Pélerin de l’absolu… 1910-1912. - Paris, Mercure de France, 1914, pp. 94-96 et 209.