Le Démon dans l'âme, de Théo Varlet (Renée Dunan, 1923)

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Le Démon dans l’âme, par Théo Varlet (Malfère, 7 fr. 50).

Théo Varlet en son village méditerranéen écrit sans se se presser des livres classiques. Rien d’urgent ne le pousse à diminuer sa pensée, à faire plat ou à composer menu. Il fouille lourdement et puissamment la matière romanesque de façon à pouvoir, en écrivant : fin, dire que c’esl réellemenl fini. Ce n’est pas le travail à la mode, mais on lit ça comme on voyageait au temps du Président de Brosses, en regardant tout.
Le Démon dans l’Ame, c’est l’histoire d’une crise normale et intellectuelle dont sont parallèlement victimes, en sens contraires, deux époux qui s’aiment. La guerre, réduite à son aspect civil, c’est-à-dire avilissant et déchaînant tous les sales instincts, est le « deus ex machina » de la crise.
La femme, haute de coeur et d’esprit choit lourdement dans une sorte de folie, l’homme, lui, tend alors vers un égoïsme qu’il s’ignorait. Tous deux ont « le démon dans l’Ame » et ce démon n’est d’ailleurs qu’un masque de I’éternel devenir qui ne veut rien immobile et qui change en même temps le ciel, les continents, les sociétés el les individus.
C’est un livre sombre, analytique et cruel. Mais sa valeur est certaine et sa lourdeur apparente figure bien son secret : Tout s’écoule, mais l’essence est immuable.

Renée Dunan


La Pensée française, 3e année, n° 63, 22 novembre 1923, p. 18

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