Le catalogue pérave (tendances)

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Il y a quelques mois déjà, au Musée d’art moderne de la ville de Paris, nous avions renâclé lorsqu’on nous avait proposé en piles plastifiées le catalogue de la belle exposition Alfred Kubin. Pas un exemplaire qui soit en état d’être vendu - neufs mais salis, endommagés, flétris et pour le prix du neuf tout de même : 39 euros.
Un graphiste à la mode s’était réjoui l’égo en imaginant un truc “ouf” et chichiteux : une couverture sur papier crème clair et léger, léger… Avec rabats, certes, mais beaucoup trop léger pour accueillir et soutenir un corps d’ouvrage de XVI-146 pages. Faute de pouvoir lire ailleurs le texte de Christophe David, nous fîmes l’achat tout de même, le coeur lourd. Et, depuis, nous avons coulé dans le verre cette future ruine afin qu’elle subsiste un peu.
Pour flétrir le responsable de cette erreur olympique, signalons qu’il n’est autre que ce graphiste à la mode qui avait également foiré (hardiment) le catalogue Samuel Beckett du centre Beaubourg (solide celui-là, mais équipé d’un foliotage imbrogliotique). C’est à croire que les graphistes à la mode suivent les mêmes enseignements que les architectes à la mode…

Nous imaginions avoir tout vu lorsque, au sortir de l’exposition Max Ernst du Musée d’Orsay (les 184 collages originaux de La Semaine de bonté de 1933 réunis pour la première fois, après avoir été édités en 1934 par Jeanne Bucher), nous nous jetâmes sur la librairie pour acquérir le roman-photo réédité… Las…

Le gros catalogue était là, sous nos yeux, correctement imprimé. Sauf qu’un autre “artiste du livre” à la mode avait fait oeuvre d’imagination, prétendant sans doute nous trouer le fondement : des plats de carton brut, sans protection sur les tranches et des coins non couverts… Evidemment, aucun exemplaire n’était exempt de tonches, torsions, blessures. Et passons sur l’impression de la toile du dos qui ne résiste pas à l’ongle et sur le brochage beaucoup trop fragile pour subir sans blessure une consultation intégrale. L’objet valant 45 euros, nous filâmes, instruits par l’expérience. C’est à peu près la seule chose à quoi nous sert notre âge.
Et nous songeâmes - in petto, naturellement - qu’il y avait quelque déplaisir à voir des machins pareils, produits par des institutions pareilles, et à en causer ici, après avoir loué pas plus tard que la semaine dernière les travaux d’un imprimeur-éditeur indépendant de Bassac, Edmond Thomas, fine fleur du métier.

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