Ignacio Aldecoa enfin

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En 1997 paraissait Le naufrage attendu, un roman de l’Espagnol Ignacio Aldecoa, traduit en français par Jean-Marie Saint-Lu aux éditions Jacqueline Chambon. Depuis, plus rien, à notre connaissance.

En Espagne, son pays, deux éditions complètes de ses nouvelles avaient cependant paru en 1972-1973 (Madrid, Allianza editorial), puis en 1995 (Madrid, Alfaguara). Cela eût pu intriguer des éditeurs hexagonaux, et cela n’intrigua pas, ou trop peu, et cela reste un peu estomaquant. Car entre-temps, des milliers de mauvais romans anglo-saxons d’importation furent maçonnés en piles, promus, célébrés même à l’occasion. Et Ignacio Aldecoa restait pour nous tous un inconnu.

Nouvelliste de première importance en Espagne, il aurait probablement mieux passé la frontière, et plus tôt, s’il n’était mort aussi tôt, à quarante-quatre ans, le 15 novembre 1969 à Madrid. (Il était né le 24 juillet 1925 à Vitoria-Gasteiz.). Grâce à Jacqueline Chambon et à son traducteur, grâce aux éditions Autrement, à Karine Louesdon et José M. Ruiz-Funez Torres, Aldecoa a une chance de n’être plus ignoré en France, et pour de très bonnes raisons.

Le présent choix de nouvelles suffit à se faire une idée du goût de son encre, et de son art - assez remarquable - de tourner un récit.
Avec pour matériau sensible jeunes hommes et enfants - parmi lesquels celui qu’il fut, cancre crâne et rêveur -, les histoires d’Aldecoa sont motivées par les tournants de l’existence, et quels tournants, puisque la maladie y est un seuil, Entre le ciel et la mer. La maladie et puis le travail, la boxe et, parfois, la mort.

Il possédait un brin d’orgueil et manquait rarement sa cible ; il aurait pu avoir sa propre bande, obtenir un doctorat en friponnerie ou intégrer une amicale de jeunes chapardeurs. Or, rien de tout cela ne l’intéressait, car il avait l’âme pure et aventureuse. Des occasions de pécher contre le septième commandement, il en avait eu, et certains petits malins des bords de la rivière lui avaient prédit une belle carrière. Mais toujours il préféra le bonheur de ses chasses gardées et le coassement des grenouilles lorsque, les nuits d’été, allongé sur le dos et tout auréolé de lucioles, il contemplait les étoiles, tandis que les libellules veillaient sur son sommeil, son sommeil et le picotement des poux qu’il oubliait.

Sur notre île, bien appâté, nous attendons avec une grande curiosité la suite, d’autres pages, d’autres nouvelles d’Ignacio Aldeco.


Ignacio Aldeco Entre le ciel et la mer, nouvelles. Traduit de l’espagnol et postfacé par Karine Louesdon et José M. Ruiz-Funes Torres, Paris, Autrement, 2009, 98 pages, 13 euros


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