Bosnie Elégie (Adrian Oktenberg)

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Encore une belle trouvaille de Séverine Weiss , dont il se confirme qu’elle est taillée pour aller chercher chez les Anglo-Saxons les écrits qui se démarquent. Aujourd’hui, sa collection “Chaos”, hébergée par les éditions Isabelle Sauvage, propose de découvrir Adrian Oktenberg et son poème Bosnie Elégie.

Soutenu par une préface juste et subtile de François Maspéro, ce livre effroyablement marqué par le massacre de Srebrenica devrait entrer chez tous les lecteurs. Sous le couvert d’un titre patiné d’un charme désuet - “Elégie !” écrit le préfacier -, ce livre marquera-t-il nos contemporains ? ça serait justice si l’on en croit notre impression, et si l’on en croit la comparaison judicieuse - et nuancée - qu’établit François Maspéro entre Les Tragiques du protestant Agrippa d’Aubigné, qui détournait le récit guerrier pour en faire un poème de la déploration, et ce long poème d’une jeune Américaine dont la vie a été scarifiée, un jour, par l’atroce d’un drame européen

Il faudrait pour être parfait critique citer de nombreux vers de ce livre superbe. Nous allons cependant choisir le silence qui parfois pèse, et ne donner, à toute fins utiles qu’une précision de plus sur ce qui se joue dans ces pages : Adrian Oktenberg dit le massacre vue de loin et, tente de vivre avec, révoltée, blessée, impuissante. Où l’être humain s’émeut des injustices massacrantes, criardes et veules, la poésie reste la parole digne.
On n’en dira pas autant de l’action des institutions européennes, de la Forpronu et des diplomates du temps.



Adrian Oktenberg Bosnie Elégie. Préface de François Maspéro. Traduit de l’américain par Séverine Weiss. — Plounéour-Ménez, Editions Isabelle Sauvage, coll. “Chaos”, 128 pages, 17 euros

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