Josef Vachal, artiste révélé

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C’est la saison des livres extraordinaire : après Tante chinoise, de Marguerite Bonnevay, cette jeune devancière de la bande dessinée moderne, voici l‘Orbis pictus du tchèque Joseph Váchal, un créateur fort singulier, comme on les aime, écrivain, graveur, éditeur, imprimeur, homme-orchestre pour tout dire.
Après avoir fréquenté les cercles artistiques de son pays, il devint une sorte d’ermite tout entier consacré à son travail. Ses réalisations, maîtrisées de A jusqu’à Z, éditées par ses propres soins, sont d’une extrême rareté, car publiés à très petits nombres. Mais quelles splendeurs ! On comprend très bien l’engouement d’Etienne Cornevin, son traducteur, éditeur et exégète.
Pour lui donner raison, la petite image placée ci-dessus donne une idée de la richesse de l’univers esthétique de Joseph Váchal, artiste singulier si l’on peut dire, répugnant aux conventions et aux effets de réseaux (nous encourageons la lecture de l’appareil critique de l’album, mais aussi celui qui a été placé par les éditions Engoultemps dans son édition du Roman sanglant dudit Váchal il y a trois ans).

Conçu comme un complément moderne au « Monde en images (version anglaise) » du fameux Coménius (1592-1670), pédagogue et auteur du premier syllabaire illustré sous le titre d‘Orbis Sensualium Pictus - , l’Orbis pictus de Josef Váchal est donc enfin disponible en français sous forme d’un album superbe dont l’original n’avait été tiré qu’à 25 exemplaires en 1932.

Ce beau livre, qui attendrira tous les amateurs de gravure, de curiosités et de langue, se compose ainsi : chaque page est illustrée d’un bois gravé sur un thème exprimant le monde moderne, comme Coménius exprimait en son temps le monde plus rural dans lequel il vivait. Cette illustration est à son tour expliquée par un petit texte où Vachal fait preuve à la fois de pédagogie, c’est le but, et d’une ironie et d’un humour parfois très caustique.
Pour tout dire, c’est un régal et nous ne pouvons que conseiller la lecture des pages « le bibliophile », « le comédien », « l’esquimau », « la fabrication des films », « l’hôpital », « le littérateur », « les patrons », « le suicide », « le touriste » ou « le bar ».

Nous vous donnerons prochainement, si vous êtes sages, un exemple de ces compositions madrées, réalisées dans le goût expressionniste pour le plus grand plaisir de nos rétines, avec un soupçon de sarcasme vibrant, pour le plus grand plaisir de nos esprits…
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Pour aller un plus loin à la découverte de Joseph Váchal, nous recommandons en outre son Roman sanglant, volume à la fois érudit et fictionneux à mort, où après avoir retracé l’histoire de la littérature populaire, Váchal entreprend d’écrire un “pulp” un lui-même - et dans quelle exaltation ! - avec tout le bataclan du crime, de l’horreur et de sang…

Un Grand-Guignol tchèque ou rien !

On ne se fait guère de doute : la redécouverte de Joseph Váchal est aussi importante que celle d’Arno Schmidt et autres personnages poly-symphoniques de cet acabit. N’en ratez rien !



Joseph Váchal Orbis Pictus. - Châteauroux, Céphalophore entêté, 100 pages, 30 euros (port 6,70). 11 exemplaires de tête à 70 euros avec un ex-libris de l’auteur.

Éditions du Céphalophore entêté
84 rue Montaigne
36000 Châteauroux
etienne.cornevinATfree.fr

Et aussi : Joseph Váchal Roman sanglant, étude culturelle et historico-littéraire, traduit du tchèque par Myriam Prongué. Postface de Xavier Galmiche. - Woippy, Engouletemps, 325 pages, 21 euros

Éditions Engouletemps
12 rue du Paquis
57140 Woippy
infoATengouletemps.com

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