L'exécution des pirates

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J’avais vu pendre en Angleterre, fusiller en Sicile et guillotiner à Paris, mais la décapitation d’un pirate tonkinois m’aurait initié à des détails de mœurs et de stoïcisme qu’on chercherait en vain ailleurs. En effet, d’après ce qu’on me raconte, le laconisme de ces gens-là dépasse l’imagination ; chez aucun des condamnés on n’a jamais pu constater la moindre défaillance : ils attendent leur tour, comme le client chez le coiffeur, causant, fumant une cigarette, nouant tranquillement leurs cheveux, assistant aux préparatifs, et marchant enfin à la mort, le dédain sur la figure. M. Baille me montre le modèle du glaive avec lequel l’exécuteur leur coupe la tête, d’un seul coup s’il est bien habile, de plusieurs s’il n’a pas d’expérience ou si la famille a manqué de générosité.




Gerrit Verschuur (1840-1906) Aux colonies d’Asie et dans l’Océan Indien. - Paris, Hachette, 1900, pp. 128-129

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