Jean Aicard inédit

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Je baise tes pieds nus, charmante Fantaisie,
Tes pieds roses & nus qui n’ont jamais marché ;
J’aime l’air frémissant par tes ailes touché,
Sœur cadette de la divine poésie.


(Jean Aicard, Les Apaisements)



Si l'on faisait dans la littérature-spectacle, on commencerait ce billet en rappelant comment le jeune Rimbal ponctua, un jour, la fin des vers que récitait Jean Aicard. C'était bien dans la manière du sale gosse et cela nous permet de signaler que Jean Aicard, écraivain délectable (qui n'a pas lu Maurin des Maures ?) avait une généreuse particularité : il était réputé pour son talent de diseur de poèmes et semblait capable de captiver un auditoire avec n'importe quel texte.

Mais ce n'est pas là la seule particularité d'Aicard.

Avec Alphonse Daudet et Paul Arène, il formait le trio qui sut célébrer aux confins du siècle dernier leur "petite patrie", la Provence. Et Aicard le fit si bien qu'il finit par en décrocher un pompon de l'Académie française qu'il avait longuement souhaité. Ensuite, comme de bien entendu, on perdit le fil de son oeuvre après son décès, en mai 1921.

Trop confiants dans l'Immortalité de nos Immortels, on n'y alla pas voir très tôt, mais il reste des amateurs inspirés qui dégustent ses écrits avec plaisir, et communiquent celui-ci, conséquemment, d'enthousiasme. Depuis la parution de Maurin des Maures en 1908 pourtant, les régulières rééditions de ce livre et de sa suite, L'Illustre Maurin, auraient pu attirer l'attention plus fermement. Car il faut voir ce qu'Aicard a dépensé de belle encre pour célébrer son pays.

Un recueil vient à point nommé fournir des nouvelles qui n'ont point perdu de leur fraîcheur : "Jacqueline", tout d'abord, un très bel inédit retrouvé en Californie. Dominique Amann nous en parle :

Fort du succès de librairie de ses Jeunes Croyances, Jean Aicard voulut probablement s’essayer aussi à la prose et il paraît avoir remis un manuscrit à l’éditeur parisien Champion. Toujours est-il que cette histoire intitulée Jacqueline et datée « Toulon, Septembre 67 » n’a jamais été publiée mais fut précieusement conservée par Édouard Champion… et échoua dans la boutique d’un antiquaire de Los Angeles chez qui j’ai retrouvé cet autographe totalement inconnu de Jean Aicard !

Dans ses contes, il y a aussi des histoires de pâtres, des joueurs de flûte, des savetiers besogneux et la "Gueuse des marais", ainsi que "L'immortelle" qui narre le destin navrant du trop timide capitaine du Meyfret. Enfin, un "Discours sur les ruines de Solliès-Ville" nous attire l'oeil. C'est justement à Solliès-Pont, de la commune de Solliès-Ville, qu'était installé Théo Varlet à la fin de sa vie. Jean Aicard ayant été un temps l'édile de Solliès entre 1919 et sa mort, on ne peut s'empêcher de penser que Jean Aicard et Théo Varlet se sont croisés. Forcément.

Et qu'un amateur d'Aicard a trouvé ici ou là une aimable correspondance...

On peut rêver.



Jean Aicard Contes et légendes de Provence. Edition présentée par Dominique Amann. - Marseille, éditions Gaussen, 208 pages, 20 €


Rappel : Jean Aicard Maurin des Maures. Préface de Jean-Claude Izzo (Phébus, 2002, 9,90 €)

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