Simone Weil par Jean Duperray

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Nous avons souvent parlé de Jean Duperray ici. Nous ne croyons donc pas nécessaire de tout reprendre à zéro. Il convient toutefois d'ajouter une information fraîche relative à la remise à jour de cet écrivain : paraît enfin en volume le témoignage qu'il a laissé sur le passage de Simone Weil dans la Loire parmi les ouvriers et les syndicalistes.

Rédigé dans les années cinquante et publié quinze ans plus tard dans les Lettres nouvelles, ce texte ému n'avait jamais paru en volume et sa qualité, sa tonalité pudique et sobre le désignaient pourtant comme un écrit d'importance sur la principale figure féminine de la philosophie française du siècle dernier.

En fait, on est en droit de s'étonner de ce que ce témoignage unique, et parmi les tous premiers produits, n'a pas connu l'honneur d'une publication indépendante plus tôt. Et pour cause. En y regardant de près, c'est-à-dire au coeur des papiers Duperray conservées aux Archives municipales de Saint-Etienne, il apparaît clairement que le commentaire d'un syndicaliste, instituteur de surcroît, n'était pas le bienvenu au coeur de la guéguerre que se livraient les curés et les normaliens dans les années qui ont suivi la mort de la philosophe.

Albert Camus eut beau tenter de convaincre le comité de lecture de la maison Gallimard, la signature d'un contrat estampillé Sébastien-Bottin pour une biographe de Simone Weil par son amie et néanmoins normalienne Simone Pétrement ôta toutes ses chances à Jean Duperray. Le paradoxe est que cette dernière dit tout le bien qu'elle pense du témoignage de notre homme dans sa biographie qui parut (très) tardivement en 1973 (Fayard ; nouvelle édition : 1997).

Bref, Jean Duperray manqua de chance et aura pu concevoir quelque amertume de cette mise à l'écart. Envoûté qu'il était par la figure de Simone Weil, il ne cessa plus d'écrire et de réécrire cet épisode de sa vie, au point que c'en est troublant. Le livre des éditions Mille et une nuits en dit quelque chose : entre autres documents inédits, - dont une photographie en pied de Simone Weil à Barcelone, en bleu de chauffe CNT - certains écrits de Duperray tournent la rencontre à la fiction la plus fictionnante, signe que l'impact fut chez lui profond. Tellurique.

Son livre (désormais) n'est pas un document de plus, ses lecteurs en conviendront. Et avant d'en dire trop, on vous laisse y aller voir vous-mêmes...


Jean Duperray Quand Simone Weil passa chez nous. Témoignage d'un syndicaliste, suivi de textes inédits. Edition présentée par le Préfet maritime. - Paris, Mille et une nuits, 175 pages, 12,00 €

Et aussi Jean Duperray Harengs frits au sang. Préface du Préfet maritime. - Talence, L'Arbre vengeur, "L'Alambic", 320 pages, 15,00 €
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