Noyée dans la peinture ?

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Les éditions du Chemin de fer se font remarquer depuis quelques semestres déjà en proposant des ouvrages très richement illustrés. Somptueux collages de Jean Lecointre pour la décoiffante Reformation des imbéciles de Nathalie Constans (au sujet d'Iggy Pop et des Stooges), éclatantes gravures sur bois de Pascale Hémery pour la Génération perdue de Klaus Mann, écarlates huiles de Ronan Barrot pour Elodie Cordou, une disparition de Pierre Autin-Grenier plongée dans un bain de rouge bien rouge.
Couleur de la révolte, elle convient parfaitement à celui que l'on surnomme PAG, écrivain libertaire s'il en est dont le trigramme forme assez naturellement un sigle anarchiste. Son court récit est en forme d'énigme - quid d'Elodie Cordou, issue d'un monde abominablement bourgeois (voué à l'argent), envoûtée par la peinture et disparue sans laisser de trace après sa visite au grand maître inommé ?

Elodie n'a su que s'entêter dans d'interminables, ruines et vaines études philosophiques et artistiques pour lesquelles on s'est saigné aux quatre veines, dont on a tenté de la détourner maintes fois "pour son bien", dont on a tenté de la distraire pour la ramener "dans le droit chemin", mais tous ces sacrifices, tous ces efforts en pure perte, sans effet, répète à satiété madame Cordou mère, toutes ces mises en garde complètement inutiles, tellement butée et rebelle à tous conseils prodigués pour son bien que rien n'a jamais pu l'en faire démordre (...).


Ce livre délicieusement empourpré de colère est à l'évidence un très bel hommage à la peinture. Et cela tombe parfaitement bien : Ronan Barrot est quant à lui un grand portraitiste d'aujourd'hui.


Pierre Autin-Grenier Elodie Cordou, la disparition. (superbes) illustrations de Ronan Barrot. - Nolay, Les éditions du Chemin de Fer, 2010, 64 pages, 12 €

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