La Tour de Babel (Henri Allorge)

02Allorge.jpg



Bien qu'il fut notoirement spécialisé dans le roman conjectural, la science-fiction, le récit hypothétique et le voyage chimérique, l'exact contemporain de Théo Varlet (1878-1938) et son concurrent en ces matières, Henri Allorge (1878-1938), par ailleurs critique et fonctionnaire du ministère de la Guerre, n'a jamais été salué pour son optimisme.
Témoignent ses premiers recueils de vers passés au brou de mélancolie, à la manière de Léon Dierx.
On pourra lire à son sujet quelques mots dans le Matricule des Anges de septembre.


La tour de Babel

Si les fils de Noé dressèrent dans l'espace
Un monument d'orgueil, qui défiait le ciel,
Lorsque mon jeune sang bouillait encor d'audace,
J'ai construit dans mon coeur une tour de Babel.


Je voulais élever mon esprit vers les cimes.
Pénétrer les plus grands secrets de l'univers,
Puis, avoir du génie et des amours sublimes
Et vivre sur un mont environné d'éclairs.

Sur les ambitions, j'amoncelai les rêves,
Les désirs, les espoirs, l'ardeur qui me brûla...
0 mes illusions, combien vous fûtes brèves !
Un souffle du destin, et la tour s'écroula.

Rien n'en reste, sinon des pierres dispersées,
Que le Temps, chaque jour, s'acharne à démolir;
Des sculptures : mes vers; un peu d'or : mes pensées.
Avec le miel empoisonné du souvenir.




La Revue Belge (septembre 1934).

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Haut de page