Facétieux Franklin (l'autre face du génie)

FranklinChoisir.jpg




On ne connait pas très bien Benjamin Franklin.

Sait-on, par exemple, qu'il développa à la suite d'une mésaventure personnelle un intérêt profond pour la natation ? Il n'était certes pas aussi batracien que Jean-Pierre Brisset, c'est vrai ; il n'en a pas moins a laissé plusieurs écrits sur la pédagogie a adopter pour apprendre à nager.
Sait-on encore qu'il développa les bibliothèques publiques en Amérique ?
Et la poste ?

On est loin du paratonnerre, et cependant, il y a dans ce souci natatoire quelque chose qui singularise Franklin : le soin qu'il a porté à la Vie, et en particulier à celle de ses concitoyens, de ses contemporains. A l'Homme pour dire les choses simplement.

La moue qu'il arbore sur les billets américains, ou en couverture de la première réédition de ses Bagatelles, ses gouleyants écrits de Passy (imprimés de ses propres mains ad usu amici), ne trompe guère, d'ailleurs, sur le fond du personnage : inventif en diable, cérébral sans doute, témoin amusé du spectacle du monde, c'est une malice indéniable qui le caractérise le mieux.

Témoins encore les écrits proposés par Finitude tout récemment qui apportent d'autres belles occasions de constater que les génies souriants sont décidément les plus profitables.

De l'art de choisir une maîtresse (plus âgée de préférence, et pour des tas de raisons que les hommes comprendront aisément), du sort fait aux peuples amérindiens, de la perfidie de l'exportation des malfrats britanniques sur le Nouveau Continent, du sort des opprimés Main Gauche et Lettre Z, des vertus du commérage ou de la parturition hors mariage - et de l'inévitable Vérité du fond du verre (n'oublions pas que Franklin souffrait de la goutte pour d'excellentes raisons) -, l'honorable Benjamin Franklin sait tirer les leçons essentielles.

Du reste, réformateur grave, il lui fallait l'esprit de synthèse dont ses courts écrits portent la marque. On comprend en outre aisément que la facétie, déployée depuis son plus jeune âge, offrit à l'homme mûr de se délasser de sujets arides proposés par la vie publique. Mais le plus beau est qu'il reste encore des tas d'occasions de déguster la pensée du généreux Benjamin Franklin : son Almanach du bonhomme Richard, best-seller de l'économie domestique du XIXe siècle, ou La Science du bonhomme Richard (version condensée) n'ont pas été réédités depuis 1941 (Saint-Amand, Ch.-A. Bédu), non plus que certains écrits politiques qui feraient mouche aujourd'hui encore, comme sa pétition écologique qui doit reparaître bientôt...



Benjamin Franklin L'Art de choisir sa maîtresse, et autres conseils indispensables. Traduit par Marie Dupin. - Finitude, 112 pages, 13,50 €

Et toujours

Franklin.jpg
Benjamin FRANKLIN Bagatelles et autres textes. Menue traduction et postface du Préfet maritime. - Paris, Mille et une nuits, 13 mai 2009, 128 p., 3, 50 €

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Haut de page