Caroline Granier, que les Alamblogonautes connaissent déjà, nous annoncent la parution d'un ouvrage d'André Léo (Victoire Léodile Béra, 1824-1900), fameuse militante féministe et écrivain notoire, Aline-Ali, un roman de 1869, intéressant à plus d'un titre.
Luttant avec Louise MIchel, André "Coupons-le-câble" Léo fut une romancière, une journaliste et une essayiste socialiste qui fonda en 1868, soit un an avant la publication de son roman à la Librairie Internationale, la "Société pour la Revendication des droits des femmes". Membre de la Commune, elle connut l'exil et un relatif effacement des mémoires.
Le samedi 17 décembre 2011 prochain, à 15h30, aura lieu une présentation à la bibliothèque La Rue, par C. Granier et Alice Primi, deux des instigatrices de cette réédition.
Voici le résumé qui nous est proposé de son roman - que nous n'avons pas eu la chance de lire encore :
Paris, années 1850. La jeune et charmante Aline de Maurignan s'apprête à épouser l'aimable et fortuné Germain Larrey, quand cette idylle est brutalement interrompue par les révélations de Suzanne, la sœur aînée d'Aline. Désespérée par ses propres malheurs, qui lui ont ouvert les yeux sur l'assujettissement des femmes, elle exhorte sa cadette à ne pas se marier afin de préserver sa liberté et sa dignité.
Dotée d'un caractère ferme et indépendant, Aline se voue dès lors à une quête idéaliste : vêtue d'habits masculins, elle voyage sous le nom d'Ali, cherchant à vivre librement, à égalité avec les hommes. Le travestissement engendre des confusions riches d'enseignement : entre Ali/ne et Paolo, des sentiments troubles voient le jour, mais le retour d'Aline à son identité féminine n'apporte pas de solution : comment poursuivre une relation nouée entre égaux, dans une société où les rapports entre hommes et femmes reposent sur une inégalité fondamentale ? De désillusions en renoncements, l'héroïne choisira finalement de dépasser sa révolte personnelle pour se vouer à un engagement social et politique collectif.
Un siècle avant l'invention du concept de genre, le personnage d'Ali/ne démontre que les identités sexuées sont des constructions culturelles, historiques et profondément politiques. Par ce roman d'apprentissage et d'amour, qui relève à la fois de l'écriture engagée et de la littérature utopique, André Léo cherchait à éclairer ses contemporain-e-s sur le système patriarcal, mais aussi à interpeller l'ensemble des démocrates sur la question de l'émancipation. Aujourd’hui encore, cette étrange fiction nous met face aux contradictions de notre société concernant les rapports entre les sexes et nous invite à réfléchir aux moyens de notre propre émancipation.
André Léo Aline-Ali. Réédition présentée et annotée par Cecilia Beach, Caroline Granier et Alice Primi. - Association André Léo-Publications Chauvinoises, 2011, 184 pages, 20 €
Bibliothèque La Rue
10 rue Robert Planquette
Paris 18ème (métro Blanche ou Abbesses)
Et, pour information, un classique de la pensée hors-barrière, discours prononcé en 1871 au congrès de la pais de Lausanne, qui constitue, selon Michelle Perrot, l’une des rares irruptions d’une présence et d’une parole féminine en des lieux qui leur étaient jusque-là interdits. Léo y rappelle l'indissociabilité des principes d'égalité et de liberté et dénonce les politiques fondées sur l'ignorance des masses... Voilà qui nous évoque quelque chose, non ?
André Léo La guerre sociale, présentée par Michelle Perrot. - Le Pré-Saint-Gervais, Le Passager clandestin, 2011, 75 pages, 7 €
Le Passager clandestin
c/o Nicolas Bayart
71 Rue André Joineau
93310 Le Pré-Saint-Gervais
1 De Zugol -
La reproduction sexuée est un héritage précambrien, en plus des bactéries qui subsistent toujours et constituent en fait l'essentiel des formes de vie terrestres : elles sont de fait dominantes (cf Stephen Jay Gould : "L'éventail du vivant" éditions du Seuil 1997). D'ailleurs, la séparation des sexes a induit l'apparition de la mort de l'individu, inhérente à la reproduction sexuée. Mieux aurait valu une parturition bactérienne sur toutes les échelles du vivant, ce qui aurait évité tous ces problèmes liés à l'identité sexuelle ; Philippe Ebly dans son roman "Et les Martiens invitèrent les hommes" (Hachette, bibliothèque verte collection Les conquérants de l'impossible 1974) avait imaginé des Martiens se reproduisant par division comme les bactéries et les protistes unicellulaires. Nous avons hérité de ce fardeau évolutif, alors que la nature, sans toutes les contingences et aléas de la descendance par modification, aurait pu se contenter de ce mode de reproduction tout simple... qui induit une forme d'immortalité et d'éternité. Troublant, n'est-ce pas ?