Rose-Thé (Léonce Fabre des Essarts)

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Curieux personnage que ce Léonce Fabre Des Essarts (1848-1917). Entre sa naissance à Aouste-sur-Sye (Drôme) en 1843 et sa disparition en 1917 à Grenoble, il fit le poète, l'éducateur, le chronique et l'occultiste. Il fit même l'"Évêque gnostique de Bordeaux" (sous le nom de Tau Synesius).

L'Alamblog n'ayant jamais eu l'honneur de publier un patriarche, fût-il gnostique, nous en profitons...



Rose-Thé


A Félix Fénéon
Abstracteur de Quinte Essence


Est-ce à Pékin ? Est-ce à Yeddo ?
Je ne sais où j'ai vu ces choses...
Sur les méandres d'un cours d'eau
Le vent chantait parmi les roses...
— Est-ce à Pékin ? Est-ce à Yeddo ?

Fo-Hi laissait flotter sa conque
Au gré du flot qui sommeillait ;
Pas un radeau, pas une jonque ;
Le soir pensif se recueillait.
Fo-Hi laissait flotter sa conque.

Avec des tons de rose-thé,
Le fier couchant là-haut s'allume ;
Un beau pavillon enchanté
Rit là-bas sous la blanche brume,
Avec des tons rose-thé.

Je ne sais où j'ai vu ces choses ;
Est-ce à Pélon ? Est-ce Yeddo ?
Sur les corolles déjà closes
La nuit étendait son rideau...
— Je ne sais où j'ai vu ces choses !

II

La vérandah s'ouvrit au vent,
Comme aux baiser s'ouvre un bouche ;
Elle apparut, le front rêvant,
Son petit pied dans sa babouche...
— La vérandah s'ouvrit au vent !

Aux plis flottants de sa tunique
Des souffles vagues se jouaient ;
Elle avait pour parure unique
Des roses-thé qui se nouaient
Aux plis flottants de sa tunique.

Le doux éclat des roses-thé
Baignait sa figure idyllique !
Le soir partout avait jeté,
Comme en un rêve symbolique,
Le doux éclat des roses-thé.

Je ne sais où j'ai vu ces choses ;
Est-ce à Pékin ? Est-ce à Yeddo ?
A des clartés d'apothéoses
L'ombre mêlait son crescendo...
— Je ne sais où j'ai vu ces choses !



Fabre des Essarts La Chanson des Couleurs. Avec un dessin de Rivière. — Paris, Bibliothèque universelle (A.-M. Beaudelot), 1889.

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