De la notion de tradition (cum grano salis)

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A ceux qui croient encore que la tauromachie est une tradition de Provence, nous nous permettons de conseiller (c'est hardi, nous en avons conscience) la lecture de l'essai passionnant d'un universitaire américain, Robert Zaretsky, Le Coq et le Taureau.

Ils y découvriront comment le marquis Folco de Baroncelli (1869-1943), poète, et même félibre, né à Aix-en-Provence, a inventé la Camargue, devenant au passage le chef de la "nacioun gardiano".

Où l'on voit donc un marquis, poète et éleveur de taureaux entreprenant (tiens donc), inspiré par le folklore de Buffalo Bill, s'attacher à la sauvegarde de la Camargue au prix de sa transformation.

D'où la tauromachie.

Le baron est mort en 1943 ; on voit à quel point la tradition est traditionnelle...
Et les taureaux viennent d'Espagne aujourd'hui ; on constate à quel point la tradition est provençale...

Ne confondons donc pas économie touristique et traditions, même si Georges Bataille et certains snobs incapables de mener physiquement un troupeau de veaux au champ, se gobergent de la "pointe de la corne" et autres fadaises des planqués qui consomment l'excitation à dose sécurisée.
Après les reconstitutions historiques du Puy-du-Fou, ils ne préfèreraient pas une vraie bonne guerre, les cons ?
C'est pourtant drôlement traditionnel, ça, la guerre.



Robert ZARETSKY Le Coq et le Taureau. Comment le marquis de Baroncelli a inventé la Camargue. Traduit par Cécile Hinze et David Gaussen. Préface de Sabine Barnicaud. — Marseille, Gaussen, 2008, illustrations in et hors texte, 20 euros

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