L'imprécation selon Federigo Tozzi

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Au sujet de l'imprécation, nous vous avions parlé d'Olimpia, tonitruante création de Céline Minard (Denoël, 2010), à laquelle la comédienne Nathalie Richard a prêté sa chair et sa voix troublante.

Aujourd'hui, nous avons choisi, non pour y faire écho, mais pour vous offrir un prolongement qui vous offrira peut-être l'occasion d'une dérive, cette imprécation qui nous a paru... suffocante.

Federigo Tozzi (1883-1920) en est l'auteur. Poète et prosateur italien, décédé de la grippe espagnole comme Apollinaire, il était un homme en délicatesse avec son temps, les autres, et la ville qui l'oppressait. Au cœur des soixante-neufs récits qui composent les peu ordinaires Bêtes, il avait imaginé pour notre plus grande édification cette imprécation-ci qui n'est pas de vil monnaie.

Que Dieu veuille que l'azur que vous respirez, si limpide et si beau, se change en fiel ou durcisse tant que vous mourriez sur-le-champ, bouche ouverte, les dents cassées en pure perte en s'essayant à le ronger ! Que vos maisons soient englouties dans les tréfonds de la terre ; alors, avec tout un orchestre de musiciens, que je paierai autant qu'ils le voudront, je viendrai y danser dessus ! Que le poison tombe du ciel, et que ce soir j'apprenne que vous vous êtes noyés dans ce fleuve que je vous ferais boire de force !





Federigo Tozzi Les Bêtes. Traduction de Philippe di Meo. - Paris, José Corti, coll. "Biophilia", 2012, 112 pages, 16 € Une première traduction par Nathalie Castagné avait paru chez Rivages en 1988. D'autres livres de Tozzi ont d'abord vu le jour à l'enseigne de Éther vague, et de Circé.

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