Saint Polycarpe, Flaubert et le cochon de saint Antoine

Polycar.jpg


Un incontournable objet de désir vient de paraître qui va exciter les flaubertiens, gens de goût comme l'on sait.
Le dossier de la seconde fête de saint Polycarpe, en circulation dès les années 1930, en main des amis de Flaubert depuis, vient de paraître, édité à l'identique, dans une chemise élégante marquée du logo de la maison Elisabeth Brunet, bien connue des bibliophiles.
Autant dire qu'il est agréable d'approcher les fac-similé dont on avait entendu parler si souvent, et notamment cette maupassante lettre du cochon du saint... Mais rappelons les faits :
Attristée par les soucis d’argent et les difficultés que lui cause la rédaction de Bouvard et Pécuchet, la fin de la vie de Flaubert fut réjouie par l’initiative de ses amis Lapierre, directeur du Nouvelliste de Rouen, et Maupassant, qui mirent un soin particulier à le fêter dès 1879 le jour de la Saint Polycarpe.
Et pourquoi Polycarpe ?
Parce que Flaubert s’était placé avec amusement sous la protection de ce patron, qu’il citait dès lors qu'il prenait l'accent de la plainte, en une antienne ironique, depuis qu'en août 1853 il avait écrit à Louise Colet : « Saint Polycarpe avait coutume de répéter, en se bouchant les oreilles et s’enfuyant du lieu où il était : “Dans quel siècle, mon Dieu ! m’avez-vous fait naître !” Je deviens comme saint Polycarpe ». Le riche site des amis de Flaubert nous instruisait déjà à propos de cette seconde fête qui avait donné lieu à une mystification de ses amis Lapierre et Maupassant, convoquant des missives d'ici et de là, et jusqu'à des courriers d'évêque pour égayer Flaubert. Une bibliographie dit l'essentiel. Nous citons le site :

Bibliographie
Charles Lapierre, Esquisse sur Flaubert intime, Évreux, Charles Hérissey, 1898, p. 38-44 (sur les deux fêtes, que Lapierre a tendance à confondre).%MM Dr René Hélot, « La Fête de Gustave Flaubert. La Saint-Polycarpe », Bulletin de la Société archéologique, historique et artistique Le Vieux Papier, t. III, janvier 1905, p. 26-30) (sur la fête de 1879, comprenant le poème de 1879, composé par Boisse, et le discours de Lapierre.)
Pierre Dufay, « La lettre du cochon » (1880), Mercure de France, 15 février 1933, p. 254-255.
Pierre Dufay, « La Dernière Saint-Polycarpe, 27 avril 1880 », Le Figaro, 28 janvier 1933 (avec les textes de la plupart des lettres reçues en 1880).

Ainsi Pierre Dufay, donnait le 15 février 1933 le texte de cette fameuse lettre du "cochon de St Antoine", rédigée par Maupassant :

Illustre Saint
depui que vous avez fai un livre sur mon patron saint Antoine l'orgueil l'a perdu il est devenu insupportable il est pis qu'un cochon, - sof le respec que je me dois - II ne pense pu qu'aux fame et a un tas de vilaine chose - II me fait des propoposition obcène qu'il en es dégoutan, bref je ne peu pu resté avec lui, et je viens vous demandé si vous voulé bien de moi. je feré ce que vous voudré, même des cochonerie. je suis votre humble serviteur
Le cochon de St Antoine
évêque

Sous ces auspices, la seconde fête, celle du 27 avril 1880, fut une apothéose.
Elle se distingua en effet par la qualité et la variété des messages que reçut Flaubert ce jour, et par l’inventivité de Lapierre et de Maupassant qui multiplia les fantaisies postales que l'on retrouve aujourd'hui en fac-similés parfaits.
Flaubert, ravi, s’en ouvrit à sa nièce : « Je suis encore tout ahuri de la St-Polycarpe ! (…) J’ai reçu près de 30 lettres, envoyées de différentes parties du monde ! (…) J’oubliais un menu composé de plats tous intitulés d’après mes œuvres. » Flaubert mourra onze jours plus tard, le 8 mai 1880. La fameuse lettre du cochon de saint Antoine, de la main de Maupassant, n’est pas la moindre pièce reproduite à la perfection par Elisabeth Brunet qui fournit des fac-similés superbes réunis en chemise, ainsi qu’un dossier explicatif complet signé Yvan Leclerc.

L'histoire littéraire en s'amusant !



Lapierre, Maupassant et alii (Yvan Leclrec éd.) Flaubert et la Saint-Polycarpe. Iconographie en grande partie inédite réunie par Fabien Persil. - Rouen, Elisabeth Brunet et les Amis de Flaubert et de Maupassant. Portefeuille cartonné de 26 missives (fac-similé) et d’un dossier de 45 pages.
59 exemplaires seront numérotés, enrichis du fac-similé de la touchante lettre dans laquelle Flaubert raconte à sa nièce la dernière Saint-Polycarpe et serrés dans un élégant portefeuille à rabats en Balacron doublé de vergé. Tirage courant 35 € Tirage numéroté 135 €


Librairie Élisabeth Brunet
70, rue Ganterie
76000 Rouen
elisabethbrunet@wanadoo.fr

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Haut de page