Du flou sur les causes

marso.jpg



Du flou sur les causes, c'est le titre du nouveau livre de Marlène Soreda. Un titre comportant sa dose de mystère, comme l'art de cette femme qui fait revivre en six chapitres intitulés comme des récits indépendants différents moments de son existence.
Marlène Soreda avait publié en 1999 un roman chez Exils, Adelia ou l'égarement qui nous a échappé. Nous ne pouvons donc malheureusement rien vous en dire, si ce n'est que nous avons à faire dans Du flou sur les causes au rapport d'une existence tiraillée entre la plaine du Chelif, là-bas, au-delà des rives de la Méditerranée et la bibliothèque publique, lieu où se cristallise l'être, grâce aux pages des livres.
Derrière l'ironie d'un titre arraché aux sabirs médiatique et technocratique, il semble qu'il y ait d'abord un voile pour couvrir une retenue native, ou bien un sentiment de décalage que le parcours en nos terres froides et un peu trop humides d'une enfant du soleil n'a pas été à même d'effacer.
Entre les voitures qui patinent, comme la vie parfois, les difficultés, les parloirs et les amusements qui ponctuent le désarroi, Marlène Soreda s'est forgé une langue qui doit autant à celle de sa grand-mère qu'au dictionnaire de l'Académie française. Sa langue et sa prose sont personnelles, étonnement douces après les batailles, sans doute encore frappées de cette évidence du décalage qui prend parfois l'aspect du sourire et se nourrit à coup sûr de profitables lectures — l'indice des épigraphes n'est pas pour rien qui de Walter Benjamin à Philippe Jaccottet dit quelque chose en fil rouge.
On n'a pas souvent un tel sentiment de grâce, d'intérêt, d'apaisement et de lucidité en lisant les proses d'aujourd'hui.
Autrement dit, avant de vous pencher sur une sollicitation "de l'été", lisez ce livre qui est fait pour durer.


Marlène Soreda Du flou sur les causes. - Paris, Fario, 80 pages, 13 €

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Haut de page