La jeunesse politique fasciste de Cioran a toujours posé question. Vincent Piednoir, spécialiste et traducteur du Roumain publie un essai biographique qui
établit les faits et les met en perspective sainement. A partir de 1941, Cioran rejeta donc son antérieur aveuglement ; il faisait jusque-là
l'apologie du nazisme. Expatrié, insomniaque, il se cantonnera désormais à la langue française (le bretteur de Bucarest est arrivé à Paris en 1937),
recours contre les choix insanes de sa jeunesse, alors que l'imprègne toujours plus le désespoir. Très documenté et bellement rédigé, cet admirable livre est celui que l'on attendait, et il contient en outre un entretien inédit de 1978. Comme l'écrit le préfacier, Jacques Le Rider, « Après avoir lu Piednoir, on n'admire plus Cioran aussi naïvement, mais on est plus que jamais fasciné par son destin et par son œuvre. »
Vincent Piednoir Cioran avant Cioran, histoire d'une transfiguration. — Marseille, Gaussen, 224 p., 20 €