Une arche de clarté (Léon Deubel est de retour)

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LE SOIR EST CLOS

La mort, là-bas, te dresse un lit de joie.
(Paul Verlaine, Sagesse.)


Le soir est clos comme une tombe.
Tu m’émeus d’une étrange peine,
Pesante et pourtant incertaine ;
Tristesse de ce soir qui tombe !

Le soir est clos ; mon âme vide
Bat des ailes vers une Foi,
Mais son envol heurte, pavide,
L’opacité d’une paroi.

Ces murs d’ombre m’ont fait connaître
Qu’il en est fait de moi, de moi ;
Qui, mais, Seigneur, comme est étroit
Ce soir où disperser mon être !

Mourir ! être celui qui tombe,
Las de toutes les lassitudes ;
Mourir ! Mourir ! sous l’attitude
De ce soir clos comme une tombe !



On ne pouvait faire autrement que de laisser à Léon Deubel le champ libre le jour des morts.
Ce dernier des "poètes maudits", qui ne le fut pas, évidemment, le dernier, appartenait à une génération qui vénérait Verlaine et allait subir les affres de la guerre, puis de la modernité emballée.
Suicidé en juin 1913 après une courte existence de déboires, de malchances et, peut-être, d'orgueil mal placé, Léon Deubel a laissé quelques livres et plaquettes, la plupart imprimés à ses frais.
On doit beaucoup à ses amis Louis Pergaud et Eugène Chatot, ainsi qu'à l'anthologiste Henri Frossard de pouvoir lire sa poésie.
A l'occasion du centenaire de sa disparition, la ville de Belfort lui consacre une exposition, qui, inaugurée samedi prochain 9 novembre, sera précédée d'un propos sur les auteurs maudits par votre serviteur, et, le 7 décembre, par une soirée de lecture par Denis Lavant lui-même.



Léon Deubel Une arche de clarté. Anthologie par le Préfet maritime. — Paris, Archives Karéline, 2013, 144 pages, 10 €

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