Charles Sanglier se paye les commerçants

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Très bas je te salue...


Très bas je te salue, Épicier ! Épicier !
J'abaisse devant toi ma profonde ineptie
De poète miteux, de pauvre écrivassier,
O, moderne produit de la démocratie !

Et, pendant que j'y suis, citoyen patenté,
Je salue humblement ton chien et ta rombière,
Tes pruneaux, ta boutique... en mon humilité
Je voudrais, par surcroît, saluer ton derrière ;

Ca ton sceptre est dressé sur les valeurs d'antan.
Les vertus ne sont plus, mort est l'aristocrate.
C'est toi le tout-puissant, le prince de nos temps
Qui sut gagner son trône en vendant des patates.

Sois loué, citoyen, patriote, électeur ;
Homme d'opinion solide te raisonnable ;
Ennemi du bohème et du perturbateur ;
Prototype parfait de nos gens honorables

Qui ramènent la Vie au cours du demi-gros,
Et qui, jugeant de tout par le chiffre d'affaires
Ont pour tout idéal d'arrondir leur magot
Dans le cadre permis par les lois tutélaires.

De l'ordre social désormais le pilier,
Tu triomphes partout. Ta gloire se promène
Sur les Lettres, les Arts, et met ses gros souliers
Sur les dernières fleurs des antiques domaines

Dieu me garde à jamais de narguer ton pouvoir
J'approuve les arrêts que ta volonté dicte,
Par respect de ta force et pour ne point avoir
La visite d'un flic armé de tes vindictes.

Très bas je te salue, Épicier, Épicier !

Charles Sanglier

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