La Panique

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La Panique

La neige fouette au loin l'immensité tragique
Pleine du roulement des galops éperdus :
les yeux larges, hagards, les cheveux noirs tordus,
Blême, à tombeaux ouverts a chargé la Panique
Une torche agitée haut à son poing. Déjà
Sa longue robe blanche à fleurs mauves ou prunes
Se fend et flotte au loin comme un rayon de lune,
Et son ombre a mêlé chevaliers et goujats.
Aux gueules des canons, les lueurs écarlates
La montrent, emmêlée au chaos du torrent,
Activer l’Épouvante, amalgamée aux rangs,
Et pousser les derniers fuyards à coups de latte ;
Les bras nus, se haussant verdâtre et jaune, elle est
— dans l'inondation annihilant les grades -
Le chef suprême qui, plissant ses yeux de jade
Rit aux éclats, avec un geste de balais.

Louis Berger



Louis Berger (Berger-Boigeol) Sous le canon. — Paris, Eugène Figuière, 1928, Collection "Les Petites Anthologies du XXe siècle" dirigée par Jacques Salève, p. 11.

Où l'on constate que le sujet n'est pas tabou chez les combattants. Gabriel Chevallier l'évoquait dans La Peur, et son roman reste l'un des plus grands livres sur la Première Guerre mondiale...

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